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« … Un adage tibétain dit : »Vous qui avez la chance de prendre forme humaine, ne perdez pas votre temps. » Cette formule choc peut nous faire intimement méditer sur notre destinée avec de très anciennes questions qui se révèleront d’actualité tout au long de notre vie : qui sommes-nous ? Où allons-nous ? Pourquoi sommes-nous ici ? Pour quelle tâche ? C’est là un mystère permanent. Nous avons endossé un vêtement de chair qui, sans le souffle qui l’anime en permanence, n’existerait pas : privés du va-et-vient d’air en nous, nous mourrons en peu de minutes. Respirer est le fondement de l’existence.
La méditation sur le souffle devrait donc être centrale dans nos vies. (…) Les sagesses orientales, qu’elles soient hindoues, bouddhistes ou taoïstes, ont remarqué par leur expérience multi-millénaire de la pratique de la méditation, que l’acte même de discipliner et rythmer sa respiration, permet de discipliner et de calmer le chaos présent en nous.
Il suffit de faire un exercice simple pour s’en rendre compte : s’asseoir sur une chaise, le dos droit, les pieds bien à plat sur le sol, les mains posées sur les cuisses. Fermer les yeux, observer et sentir sa respiration : la plupart du temps elle se trouve réduite à un fil ténu, une sorte de respiration de survie. Doucement, agrandir alors chaque inspiration et surtout, chaque expiration ; on nous a appris à gonfler nos poumons, mais pas du tout à expirer lentement tout l’air qu’ils peuvent contenir. On continue ainsi cet exercice plusieurs minutes durant. Et là, après un bref moment de calme initial, on s’aperçoit que notre mental reprend son agitation : préoccupations diverses, conversations eues ou rêvées, images multiformes… envahissent à nouveau notre cerveau et tout notre champs de conscience. Au point que nous en oublions que nous respirons ! Dès que nous reprenons en revanche, conscience de l’acte de respirer et que nous le poursuivons volontairement, cette agitation psychique obnubilante et tournoyante, se calme. Les maîtres du zen comparent d’ailleurs cette posture de méditant (car c’en est une, même s’il vaudrait mieux être assis sur un coussin le dos droit, les jambes croisées par terre), à une montagne environnée de nuages épais qui sont nos pensées, et la respiration au vent puissant qui va permettre de disloquer ce tissu nuageux et faire, petit à petit, réapparaître le ciel bleu… de la conscience… »
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Extrait d’un article de Marc de Smedt dans le numéro 3 du magazine Canopée – 2005.
Illustrations : 1/« Étude de nuages (détail) » John Constable 1776-1837 2/« Jungfrau » Albert Bierstadt 1830-1902.
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Avoir conscience du souffle de la vie…
BVJ – Plumes d’Anges.


























