Archive pour janvier 2022

Dire OUI à la vie…

vendredi 28 janvier 2022

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« Sous mes yeux près de mon pinceau

Une libellule rouge s’est posée

Quelle âme accompagnait-elle ? »

Natsume Soseki

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« Il était une fois un vieil homme assis à l’entrée d’une ville.

Un étranger s’approche et lui demande : « Je ne suis jamais venu dans cette cité, comment sont les gens qui vivent ici ? »

Le vieil homme lui répond par une question : « Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ?

– Égoïstes et méchants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis parti. » dit l’étranger.

Le vieil homme répond : « Tu trouveras les mêmes ici. »

Un peu plus tard, un autre étranger s’approche et demande au vieil homme : « Je viens d’arriver, dis-moi comment sont les gens qui vivent dans cette ville. »

Le vieil homme répond : « Dis-moi, mon ami, comment étaient les gens dans la cité d’où tu viens ?

– Ils étaient bons et accueillants. J’y avais de nombreux amis. J’ai eu de la peine à les quitter.

– Tu trouveras les mêmes ici. » répondit le vieil homme.

Un marchand qui faisait boire son chameau non loin de là a entendu les deux conversations. À peine le deuxième étranger s’est-il éloigné qu’il s’adresse au vieillard sur un ton de reproche : « Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question ?

– Parce que chacun porte son univers dans son cœur. » lui répond le vieillard. »

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De la naissance au souffle dernier,

nos pensées construisent notre monde,

ne perdons pas de temps,

attirons à nous les belles et bonnes personnes,

les belles et bonnes situations,

racontons-nous de belles et bonnes histoires, le cœur ouvert et joyeux,

les jolis liens sont éternels…

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« Je suis vivant

Mes yeux se lèvent vers le ciel si haut

Où vole une libellule rouge »

Natsume Soseki

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Conte soufi (extrait du livre « Du bonheur. Un voyage philosophique »  2013  Frédéric Lenoir)

 

Illustrations : 1/ « Canard blanc »  Joseph Crawhall  1861-1913  2/ « Au soleil du soir »  Alexander Koester  1864-1932.

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Dire oui à la vie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Spams…

vendredi 21 janvier 2022

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« … Et oui, ne pas remettre au lendemain ce qu’il faut dire ou taire le jour même !…

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…Pas gai, pas gai… C’est la rançon des âmes vagabondes. Seuls vos mots sont aires de repos. C’est bien la seule chose un peu tangible à quoi se raccrocher. La douceur d’une voix, une bouche, une intention, un regard, son mystère effleuré, l’anecdote de chair, tout me sert, tout me sert, pour que je puisse m’agripper, reprendre mon vieux souffle et me calmer un peu.

Non, nous ne nous sommes jamais rencontrés. Vous êtes sans le savoir « la sœur de charité ». Celle sur qui poser un cœur bien malmené, ma clairière, une plage de sable fin et lumineux au milieu des brisants.

Comment c’est arrivé ? Je n’en sais fouchtre rien. Il me fut un jour donné, après des ronds d’éternité, de reprendre contact avec quelques échantillons d’humanité. Ce fut comme une grâce, un répit qui m’était accordé…

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Des messages qui choisiraient leurs destinataires en quelque sorte…

Brusquement me vient une vive inquiétude : serais-je moi-même dans cet entre deux que vous décrivez ? Une âme errante n’ayant pas su trouver le repos ? Comment autrement expliquer tous ces derniers évènements survenus dans ma vie avant la réception de vos mails sur mon écran d’ordinateur ?

Serions-nous quelques uns, vous, moi, des milliers, dans cet état de demi-sommeil qui, loin de nous diminuer, nous élève dans une supra conscience si difficile à supporter ? Ni morts, ni vivants, observant le Monde de notre point culminant, regardant les Hommes se débattre avec un sentiment de totale impuissance…

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Pardon pour l’anecdote. Encore un truc qui est remonté bien malgré moi à la surface. On en a tous de ces débris amers ou délicieux provenant de nos cales, de nos vaisseaux rouillés ayant coulé au large de nos âges. La plus petite perle dans un coffre de fer au fond des océans garde tout son éclat. C’est ainsi, même après. Alors débrouillez-vous avec cette bimbeloterie pour vous en faire des colliers rutilants, rivières de rubis, humbles vaisseaux d’opales.

Vous verrez, pour nous vieux naufragés, comme le moindre bout de verre, la goutte de rosée, un regard, surgissant là, d’un coup nous inonde de joie. C’est un éclair dans un ciel noir… »

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 Qui donc est mort ? Qui donc est vivant ? Imaginez votre âme, coincée entre deux mondes, dont les « pensées » s’impriment sur les écrans d’ordinateurs de parfaits inconnus. Il leur faut lire jusqu’à la fin ces spams pour que ceux-ci disparaissent. Quel inconfort pour cette âme en peine, que de questions pour ses lecteurs !

Les réponses sont diverses et variées, il y a Mariam et Sarah, pleines d’écoute, de délicatesse et de compassion, il y a R.Thomas, digne et curieux, il y a le jeune Louis qui se questionne et se questionne encore sur la finalité de la vie… Il y a ceux qui refusent, raillent, se moquent, bref, il y a tous les comportements humains qui fusent vers ce pauvre Gaspard Stacatto.

Sont-ce les regrets d’une âme vagabonde ? Que lui manquait-il dans son existence pour qu’elle erre ainsi ? Un peu d’amour, de relations humaines, de douceur, de poésie visiblement. Le non-exprimé est là, à l’état brut et se déverse en un tourbillon d’images et de mots. Ne nous faudrait-il pas partager tout cela avant de nous éteindre pour que notre âme s’envole doucement ?

C’est encore une fois un très beau recueil d’Alain Cadéo qui nous interroge, le langage emprunte des chemins rugueux ou doux, touche à l’absolue poésie, l’imagination est riche et profonde.

Merci pour ce cadeau de lumière, à découvrir, à lire avec délectation…

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Extraits de : « Confessions (ou les spams d’une âme en peine) »  2021  Alain Cadéo.

Illustrations : 1/« Rochers à Belle-Île »  2/ « Buste de femme de profil »  Georges Clairin  1843-1919.

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Avoir le courage d’être soi, sans blesser l’autre, pour s’élever…

BVJ – Plumes d’Anges.

Mères de la lumière…

jeudi 13 janvier 2022

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« … Vois-tu, ma petite Dyja, contrairement à l’homme, les plantes se tournent vers la lumière. Ma grand-tante affectionnait ce genre d’équations, l’humain et le végétal, l’humain et l’animal…

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Sous

un

ciel

nouveau

une

nouvelle

terre

on

entend

un

oiseau…

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… Même si elle ne croyait pas en l’homme, ma grand tante avait foi en l’enfant. Ou disons plutôt : elle ne croyait en l’homme qu’en deçà de 50 cm. Cela correspond également au récit de ses collègues de la maternité. Selon elle, il y avait d’une part l’être humain et d’autre part l’enfant. Tout ce qui était petit, et de préférence plus petit que petit, vulnérable et faible, suscitait son intérêt et éveillait sa tendresse, que ce soit dans le monde des hommes, dans le règne animal ou végétal. La progéniture de toutes les espèces, surtout juste après la naissance, les chatons, les agneaux, les poulains d’un jour, le premier pissenlit du printemps, les œufs fragiles des oiseaux, les jeunes dans leur nid, les mouches et les abeilles, et jusqu’aux pommes de terre grenailles, suscitait en elle admiration et sensation de beauté. Elle préférait les petites baies des montagnes aux grosses gorgées de sucre, les graines et les bourgeons plutôt que les plantes arrivées à maturité, elle se réjouissait de voir paraître les petites pousses fines et vert tendre sur une tige et les caressait du bout des doigts en disant : la gracilité est un signe qui ne trompe pas. Elle s’inquiétait aussi beaucoup de tout ce dont l’existence était menacée dans la nature, les animaux et les plantes trompés par la promesse illusoire d’un printemps imminent, avec sa lumière froide qui s’infiltrait dans les moindres recoins avant de disparaître sans crier gare sous une épaisse couche de neige au moment précis où les arbres commençaient à bourgeonner et où les brebis mettaient bas.

Là où les manuscrits se contredisaient, c’est que même si ma grand-tante prévoyait la disparition de l’être humain, elle supposait qu’il y aurait dans le monde du futur une place non seulement pour les animaux et les plantes, mais aussi pour les enfants.Et pas uniquement eux puisque deux autres catégories y seraient également représentées. D’une part les gens qui avaient conservé leur âme d’enfant, qui s’amusaient à souffler sur les graines de pissenlit et savaient s’étonner, et d’autre part – ce qui n’a rien de surprenant, a souligné ma sœur – les poètes… »

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Encore une lumineuse histoire, en terre de glace,  de cette auteure tant aimée  !

La narratrice, Gyja, exerce le beau métier de sage-femme – mère de la lumière en islandais -, comme sa grand-tante Fifa, qui, à son décès, lui a légué son appartement et tout ce qu’il contenait, des manuscrits entre autres choses et quels manuscrits, ils fourmillent d’éclairages sur la complexité de la nature.

Il y a dans ce roman mille et un détails du quotidien qui, suite à la traversée de l’ombre, trouvent résolution dans l’arrivée de la lumière.

Les fils conducteurs nous montrent l’importance des relations humaines et de l’observation de la nature, la richesse infinie des beaux souvenirs qui sont une éternelle force intérieure.

La générosité, le courage, le don de soi, la connaissance, la transmission entre générations, les « hasards heureux » illuminent l’existence de ceux qui y croient, les vrais poètes de la vie !

Ce fut pour moi un très doux moment de lecture…

Dasola en avait parlé —>

Extraits de : « La vérité sur la lumière »  2021  Audur Ava Olafsdottir.

Illustrations : 1/« Ours polaire »  et  3/ « Scène d’été »  Thorolf Holmboe  1866-1914  2/ « Le monde de la mer »  Planche XXXI – Développement du Pluvier doré – Alfred Frédol  1804-1863.

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Rechercher les sources de lumière et les transmettre…

BVJ – Plumes d’Anges.

Texte fondateur…

vendredi 7 janvier 2022

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« Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité. Mon premier souci sera de rétablir, de préserver et de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.

J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.

Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.

Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.

Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.

Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.

J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.

Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque. »

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J’aime à lire ces textes fondateurs emplis d’une belle humanité,

souvenez-vous, nous avions relu ensemble

« La déclaration des droits de l’Homme«  , aujourd’hui voici

« Le serment d’Hippocrate » ( ici texte revu et corrigé par l’Ordre des médecins en 2012).

Ces mots nous disent l’élan fraternel qui unit les hommes, une vision du monde,

l’engagement avec humilité et désintéressement… C’est beau !

N’est-il pas important qu’une société avance

derrière des valeurs de bienveillance, de liberté, de partage et ré-union ?

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J’ai parfois l’impression en croisant des écrans,

que certaines et certains ont oublié ces mots,

quel dommage et que de dommages,

souhaitons que notre monde prenne un autre chemin

et laissons la place à la poésie…

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« Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec les allumettes

Parce que Messieurs quand on le laisse seul

Le monde mental Messieurs

N’est pas du tout brillant

Et sitôt qu’il est seul

Travaille arbitrairement

S’érigeant pour soi-même

Et soi-disant généreusement en l’honneur des travailleurs du bâtiment

Un auto-monument

Répétons-le Messsssieurs

Quand on le laisse seul

Le monde mental

Ment

Monumentalement. »

Jacques Prévert « Il ne faut pas » dans « Paroles » – 1946.

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1/ « À chacun son masque  »  Ridolfo Ghirlandaio  1453-1561.  2/ « Le château de cartes »  Jean-Baptiste Siméon Chardin  1699-1779.

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Tenir nos engagements…

BVJ – Plumes d’Anges.