Archive pour mai 2015

Être humain…

lundi 25 mai 2015

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« … C’est au moment très ancien où, avec un mélange de terre et de feu, les dieux façonnent la multitude des êtres vivants. Cela fait, ils demandent à Prométhée et à son frère Épiméthée, connu pour son étourderie, d’attribuer à chacun des êtres des avantages variés et spécifiques pour les aider avec leurs moyens particuliers à survivre dans un monde hostile. Épiméthée intervient alors pour demander à son frère de lui confier cette tâche. « Tu contrôleras après », ajoute-t-il. Et il se met à l’œuvre. À l’un il donne la force physique, mais pas la vitesse (on pense à l’hippopotame) tandis qu’à un autre, ce sera l’inverse (par exemple la gazelle). Certains animaux de petites tailles peuvent voler, d’autres peuvent creuser des abris souterrains. Pour les gros animaux (les éléphants ou les baleines) c’est la dimension corporelle qui sert de protection. À ceux qui allaient vivre dans les régions de grand froid, il attribue une fourrure épaisse (ours) , à tels autres, des sabots de corne (gazelle), des griffes solides (condor). De plus, selon leurs besoins alimentaires, il procure à chacun des herbes, des fruits, des racines et des viandes.


La fécondité est attribuée aux espèces qui se dépeuplent vite (les lapins). L’idée est de donner à chacun des chances égales pour éviter d’être exterminé dans la confrontation avec la dure réalité. Mais il a oublié l’espèce humaine. Prométhée, revenu pour faire son inspection, aperçoit au milieu des animaux convenablement pourvus, l’homme nu, sans fourrure, désarmé, qui se prépare à entrer dans le monde. Il faut l’aider. Il a alors l’idée de lui donner l’intelligence et le génie créateur. Il lui apprend à faire le feu, les pièges, les armes pour survivre avec sa famille parmi les bêtes féroces. L’intervention de Prométhée fait miracle. Grâce à ce cadeau, l’humanité réussit à résister à l’hostilité de son environnement. De leur statut précaire d’êtres faibles et menacés, les humains deviennent l’espèce la plus puissante et dominatrice de la nature… »

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UN JOUR, SUR LA TERRE,

TOUT N’ÉTAIT QU’ÉQUILIBRE,

QUE S’EST-IL DONC PASSÉ ?

N’EST-IL PAS TEMPS DE CHANGER NOS COMPORTEMENTS ?

Mythe de Prométée de Platon résumé par Hubert Reeves dans « Là où croît le péril… croît aussi ce qui sauve » 2013.

Illustrations : 1/« Tête d’âne » étude de Walter Hunt 1861-1941  2/« Chèvres du Cachemire » William Daniell 1769-1837  3/« Atelier à Paris »  Eva Bonnier 1857-1909.

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Voir autrement, servir l’intelligence du cœur…

BVJ – Plumes d’Anges.

S’ouvrir…

vendredi 22 mai 2015

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« Un fakir vivait dans une cabane. Une nuit où la pluie tombait à verse, il fut réveillé par des coups frappés à la porte.

– Il y a quelqu’un dehors, un voyageur. Un ami inconnu cherche un abri.

– Un ami inconnu attend dehors, va lui ouvrir la porte, dit-il à sa femme.

-Mais nous n’avons pas de place, protesta la femme. Cette cabane est déjà trop petite pour nous deux. Où mettre une troisième personne ?

– Ma chère, répondit le fakir, ce logis est tellement petit qu’il ne peut le devenir davantage. Un palais, oui, un palais semble rétrécir chaque fois que quelqu’un y pénètre. Cela ne peut arriver à cette cabane.

– Qu’est-ce que cela a à voir avec notre situation ? rétorqua la femme. Cette hutte est trop petite, un point c’est tout.

– Du moment qu’il y a de la place dans ton cœur, cette cabane sera une maison superbe, dit le fakir. Mais si ton cœur est étroit, même un palais te semblera insuffisant. Ouvre la porte, je t’en prie. Peut-on refuser d’accueillir une personne qui frappe à la porte ? Nous étions couchés, eh bien ! si nous restons assis, il y aura assez de place pour nous trois.

– La femme ouvrit la porte et un homme entra, trempé jusqu’aux os. Ils s’installèrent et se mirent à converser lorsque deux autres voyageurs arrivèrent.

– Le fakir demanda au premier d’ouvrir la porte.

– Ouvrir la porte ? Mais il n’y a plus de place !

Il n’avait pas compris que le fakir ne l’hébergeait pas par affection personnelle, mais tout simplement parce que la cabane était pleine d’amour. Des gens se présentaient à la porte et l’amour les recevait, c’est tout.

L’homme insista :

– N’ouvrons pas, c’est déjà si peu commode de se tenir à trois dans cette hutte !

– Mon ami, dit le fakir, nous avons fait de la place pour toi parce que l’amour règne sous ce toit. L’amour est toujours là, il n’a pas pris fin lorsque tu es arrivé. Ouvre la porte, je t’en prie. Nous nous serrerons les uns contre les autres, c’est aussi simple que cela. Cela nous tiendra au chaud, il fait froid cette nuit.

La porte fut ouverte et deux hommes entrèrent.

Puis ce fut le tour d’un âne qui vint cogner son front contre la porte. Il grelottait, il était tout mouillé, il avait besoin d’aide. Le fakir s’adressa à l’homme qui était assis contre la porte :

– Ouvre, s’il te plait, voici un nouvel ami.

L’homme jeta un coup d’œil dehors et dit :

– Non, ce n’est rien, ce n’est qu’un âne.

– Sais-tu, dit le fakir, qu’à la porte des riches les hommes sont reçus comme des chiens ? Ici tu te trouves dans la cabane d’un pauvre fakir. Nous ne faisons pas de différence entre les gens et les animaux. Ouvre la porte, je te prie.

Les visiteurs protestèrent en chœur :

– Mais il n’y a plus de place !

– Mais si, dit le fakir. Nous resterons debout. S’il le faut j’irai dehors. »

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Histoire citée par Jean-Yves Leloup dans « La grâce et l’absurde » – 1991.

Illustrations : 1/« Arbre et brouillard à l’automne »  Carl Gustav Carus Kahler 1789-1869   2/« Lion au repos »  Akbar XVIème.

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Ouvrir son cœur…

BVJ – Plumes d’Anges.

Famille humaine…

lundi 18 mai 2015

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« … Parmi les nombreuses difficultés rencontrées aujourd’hui, nous devons endurer et régler avec sérénité les catastrophes naturelles. En revanche, il nous appartient de remédier aux problèmes dont nous sommes responsables, nés de malentendus. Ainsi les religions, les idéologies ou la politique génèrent des guerres. Les hommes se battent pour défendre des croyances, négligeant l’idée que chacun d’entre nous est un membre de la grande famille humaine. Nous ne devons jamais oublier que les religions, les idéologies et les théories politiques sont apparues pour amener l’humanité sur le chemin du bonheur. Ce but ultime et fondateur ne doit pas être oublié. À aucun moment les moyens ne doivent être considérés plus que la finalité pour laquelle ils ont été créés : la compassion doit toujours l’emporter sur l’idéologie…

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… La pratique d’une grande religion n’est pas indispensable pour savoir cultiver la bonté et créer un sentiment d’intimité avec tous les êtres vivants. Les croyants ne sont pas les seuls concernés. L’origine ethnique, la religion ou le point de vue politique importent peu. Néanmoins le sentiment d’appartenance à la famille humaine concourt à embrasser ce point de vue immense durable. Les valeurs fondamentales d’amour et de compassion sont innées. Les opinions raciales, politiques et théologiques, nous les rencontrons plus tard. La violence est étrangère à la nature profonde de l’être humain. Pourquoi la presse s’intéresse-t-elle aux évènements violents et s’arrête-t-elle rarement sur des actes de compassion ? La violence est choquante. Elle n’est pas en accord avec notre nature profonde. Alors que les actes de compassion sont cohérents puisqu’ils émanent de notre propre nature… »

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Extraits de : « Se voir tel qu’on est » 2006  Sa sainteté le Dalaï Lama avec la collaboration de Jeffrey Hopkins.

Illustrations : 1/« Éléphant et cornac »  Amal-e Hashim 1620-1660 2/Panneau brodé en soie et velours – Œuvre anonyme du XVIIème. 

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L’humain, avant toute chose…

BVJ – Plumes d’Anges.

Petite annonce…

mercredi 13 mai 2015

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Cascades célestes

cherchent à nouer conversation

avec parfums terrestres

en vue de changer le monde…

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Célébrer notre printemps,

s’unir dans la beauté,

éclore,

fleurir ensemble…

Photos BVJ

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Imiter la Nature…

BVJ – Plumes d’Anges.

Quintessences…

lundi 11 mai 2015

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« … À quel moment commence réellement le voyage ? L’envie, le désir certes, la lecture, bien-sûr tout cela définit le projet, mais le voyage lui-même, quand donc peut-on le dire entamé ?…

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… Comment procéder avec les ivresses induites par le voyage ? Écrire ? Noter ? Dessiner ? Envoyer des lettres ? Et si oui, brèves ou longues ? Préférer des cartes postales ? Photographier ? Transporter avec soi des carnets sur lesquels on consigne croquis et phrases, mots et silhouettes, chiffres et nombres …

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… Noter, donc. Noter ce qui, dans le déroulement temporel et fluide du temps réel, dégage du sens et quintessencie le voyage. Couper, tailler dans le ruban de la chronologie des durées magnifiques, des instants qui rassemblent et résument l’idée, puis synthétisent l’esprit de déplacement. La mémoire fonctionne ainsi : prélever dans l’immensité longue et lente du divers les points de repère vifs et denses utiles pour cristalliser, constituer et durcir les souvenirs…

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… Dans le fouillis et le fatras de l’expérience vécue, la trace cartographie et permet le relevé d’une géographie sentimentale…

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… Entre l’absence de trace et leur excès, la fixation des instants forts et rares remplace le long temps de l’évènement en un temps court et dense : celui de l’avènement esthétique. Avec de longues durées, il s’agit de produire de brèves émotions et du temps concentré dans lequel se comprime le maximum d’émotions expérimentées par le corps. Un poème réussi, un cliché retenu, une page qui reste supposent la coïncidence absolue entre l’expérience vécue, accomplie et la souvenance réactivée, toujours disponible malgré l’écoulement. D’un voyage ne devraient rester que trois ou quatre signes, cinq ou six, guère plus. En fait, autant que les points cardinaux nécessaires à l’orientation…

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… Réactiver la fixation des vertiges, reprendre ses notes, ses carnets de croquis, ses photos, ses billets, ses carnets, ses papiers divers, consulter à nouveau les supports auxquels on a confié ses impressions sollicite la mémoire avec efficacité. On replonge dans le fouillis des impressions immédiates arrêtées dans le temps en pouvant dégager l’essentiel et faire remonter à la surface les morceaux de lumière avec lesquels se construit le souvenir. L’œuvre s’annonce puis s’énonce dans ce travail volontariste. Avec du passé se prépare du futur, ainsi le présent se trouve densifié, durci, plus cohérent, plus consistant. Ordonner les traces débouche, met en forme l’âme… »

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Extraits de : « Théorie du voyage – Poétique de la géographie » 2006  Michel Onfray.

Illustrations : 1/  2/  3/  Feuilles d’un « Carnet de voyage au Maroc »  Eugène Delacroix 1798-1863.

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Extraire les quintessences de nos petits et grands voyages…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chant…

jeudi 7 mai 2015

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« … Le chant

C’est comme l’eau du ruisseau

Qui coule sur les galets,

Vers la source.

C’est la promesse

De la source au soleil.

Tous peuvent avoir accès au chant.

Certains ne le savent pas.

Le chant a une manière bien à lui

d’ouvrir des blessures enchanteresses.

Ne te fatigue pas à chanter

Ou bien le chant te porte en sortant de toi,

ou tu l’attends… »

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Extraits (trouvés sur le net) de : « Le chant »  Eugène Guillevic 1907-1997.

Illustrations : 1/« La séparation de la terre et de l’eau » 2/« Le Parnasse » détails de fresques de Raffaello Sanzio 1483-1520.

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Sentir en soi le chant du Souffle…

BVJ – Plumes d’Anges.



Regard intérieur…

lundi 4 mai 2015

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« … Chaque maladie est un récit. Ce qui compte, c’est la version que vous vous racontez…

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… N’était-elle pas bizarre, en fait, cette façon que nous avions tous de penser que lorsqu’on est malade il suffit d’aller voir un médecin et de se faire prescrire un médicament ? D’où cela vient-il ?…

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… Déplacées, malvenues, les pensées passaient à tire-d’aile dans mon espace mental, allaient et venaient, çà et là, comme des oiseaux se poursuivant les uns les autres dans le ciel vespéral, se perdant et se retrouvant, faisant la course, tournoyant, se dispersant, se rassemblant, planant un moment puis battant des ailes dans un vol âpre, toujours en mouvement, se traversant et se chevauchant, à des altitudes différentes, des vitesses différentes, tandis que la lumière décline, que le vent se lève et que la pluie crépite sur des feuilles qui bruissent. Alors un par un, finalement, ils commencent à se poser, et disparaissent. Dans un dernier battement d’ailes, une pensée se pose sur son perchoir et se tait. Sur un toit peut-être, ou dans votre poignet, dans votre gorge. Une autre rejoint la première, puis une autre encore. Des pensées qui font bouffer leurs plumes avant de s’immobiliser. Une dernière croasse… puis c’est le silence. Jusqu’à ce que, blotties les unes contre les autres sur leur fil, entre vos oreilles, elles perdent leurs délimitations, se fondent les unes aux autres, deviennent une simple flaque d’ombre duveteuse, d’ombre profonde dans l’obscurité, une couche sous une autre, sous d’autres, tandis que les yeux se ferment derrière des paupières closes, surveillés par des yeux situés plus profond encore, et que l’esprit se découvre enfin transparent ; l’esprit est finalement immobile et clair comme de l’eau claire, et de la tête aux pieds le corps est plein à ras bord d’esprit transparent et sans mots…

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… Il me semblait savoir de quoi il parlait quand il disait que tout circulait, esprit et matière se dissolvant pour se muer en énergie. Il n’était pas non plus impensable que les douleurs étranges que j’avais ressenties aient eu, d’une certaine façon, quelque chose à voir avec toutes ces années passées assis, dans un état de tension, à me creuser la cervelle devant la feuille blanche, à échafauder des espoirs, à me réjouir de petites réussites, à réagir de manière excessive face aux échecs et aux déceptions. Et il était vrai que si l’on se plaçait soi-même, ou que l’on plaçait son attention, en quelque sorte à côté de ces douleurs, si on demeurait en leur compagnie et les laissait tranquilles, sans réagir ni vouloir qu’elles s’en aillent, elles finissaient par s’apaiser. De même pour les pensées : si on les laissait monter à la surface en bouillonnant, sans les juger ni les attaquer d’aucune façon, petit à petit elles tournaient court. En outre on avait la sensation qu’une certaine sérénité avait été gagnée au cours de ce processus, on comprenait qu’une grande part de la douleur que nous ressentons vient de notre réaction à la douleur, une grande part de notre agitation de notre frénésie d’agitation…

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… « Voilà, ai-je fini par dire, on me demande de considérer la vie comme un malheur, une source de souffrance, et d’apprendre à ne pas en vouloir, alors qu’en vérité je la trouve très belle. La vie. Ces collines, les gens ici. Je suis très attaché à tout cela… »… »

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Extraits de : « Le calme retrouvé » 2010  Tim Parks.

Tableaux : 1/« Chants d’oiseaux dans un arbre » et 3/ »Oiseaux au nid »   Michelangelo Meucci 1840-1890   2/« Oiseaux »  Aart Schouman 1710-1790.

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Apaiser nos pensées…

BVJ – Plumes d’Anges.