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« Dès que la joie se lève, tout s’élargit. Notre respiration se fait plus ample, notre corps, l’instant d’avant replié sur lui-même, n’occupant que sa place ou son coin, tout à coup se redresse et vibre de mobilité, nous voudrions sauter, bondir, courir, danser, car nous sommes plus vifs dans un plus vaste espace, et le défilé resserré de notre gorge devient le gué du cri, du chant, du rire déployé. Rire ou pleurer, rire en pleurant, pleurer en riant, qu’importe ! c’est la réponse au même excès de ce qui vient. Notre visage s’ouvre et notre regard s’éclaire. Qu’est-ce qui vient ? L’à venir. Mais il n’est pas seulement projeté, calculé, anticipé, imaginé, il surgit ici et maintenant, et c’est parce que cet ici et ce maintenant ne sauraient être ponctuels que tout s’élargit.
(…) La joie ne forme pas un état, mais un acte et un mouvement, une inchoation vive. Cet acte est l’acte commun de l’homme et du monde, il ne peut être rabattu et mis en boîte dans la psychologie ni dans une pensée du « sujet ». La joie en effet donne de l’espace, du champ et du jeu, être joyeux, c’est être au large dans le grand large du monde soudain révélé comme tel, et l’épreuve de la joie est toujours une épreuve de l’espace en crue. Espace du soi, espace du monde ? Espace intérieur, espace extérieur ? Le propre de la joie est de rendre cette distinction caduque, c’est d’être indivisément une épreuve du soi et une épreuve du monde. Nul ne l’a mieux dit que Baudelaire, dans ces vers du « Balcon » :
« Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées
Que l’espace est profond ! que le cœur est puissant ! »
C’est seulement quand l’espace s’approfondit que le cœur se renforce, et c’est seulement quand le cœur se renforce que l’approfondissement de l’espace nous est donné à voir et à vivre… »
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TRÈS BELLES FÊTES DE FIN D’ANNÉE À TOUTES ET À TOUS,
QUE DES MILLIERS D’ ÉTOILES BRILLENT DANS LE MONDE
ET QUE LA JOIE ILLUMINE NOS CŒURS !
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Extrait de : « La joie spacieuse » 2007 Jean-Louis Chrétien.
Illustrations : 1/ Photo BVJ (étoile peinte par Amélie Jackowski) 2/« Anges divertissant le divin Enfant » Marianne Stokes 1855-1927.
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Faire vœu de joie…
BVJ – Plumes d’Anges.