.
.
… »Si nous étions présents à nous-même, si nous ne nous absentions pas en regrets ou désirs, nous dilaterions notre existence, nous ne perdrions aucune parcelle de vie. Nous ne nous étonnons pas assez, nous ne nous émerveillons qu’occasionnellement…
.
… Hier elle m’a donné, non pas une leçon (ce mot la ferait bondir), mais une envie de vie…
.
… Au sein du couple qui s’aime, persiste et dure, le travail de maturation est l’envers exact du papillonnement qui se disperse, s’éparpille, miroite, sans jamais pénétrer au cœur du mystère. Qu’est-ce-que je connaîtrais de l’être qui m’est le plus proche si je ne lui voue pas une attention passionnée ? …
.
… Il nous arrive, en vivant certaines pages de notre vie, cousues, reliées à celles des autres, de savoir, comme une évidence, que ce moment, ce lieu se gravent à jamais en nous. Nous pourrons y revenir pour y puiser force et ferveur. Ainsi habiterons-nous ce jardin, ces jardins superposés à travers le temps et qui s’emboitent les uns dans les autres comme autant de poupées russes, de matriochkas…
.
… À chaque fois, la stupeur du réveil : je suis vivante, je suis au monde. En ce bref instant, s’épanouit la conscience précaire du présent, tel un cadeau sans prix. Un jour de plus, un jour comme un autre, pris dans le tissu continu des jours sans relief apparent, mais un jour à moi, un jour à vivre au milieu des autres, sur cette terre…
.
.
… Temps de recueillement avant l’éparpillement, le partage. Il y a ce texte sacré qu’on peut laisser infuser en soi, celui que propose l’ordinaire de l’année liturgique. Tant de formes de prières. Rassembler en soi tous ceux qu’on aime, dévider la litanie de noms bien-aimés, en faire le tour mentalement, les imaginer dans leurs lieux de vie et les accompagner de son amour vigilant. Lire et recopier un passage qui parlera à l’un, découper un fragment utile à l’autre, choisir la carte postale qui transmettra l’élan de tendresse. Histoire de liens perpétuellement noués, renoués…
.
… Bouger, quitter sa vision et ses certitudes afin de nuancer ses positions, évoluer…
.
… Le secret serait-il de renouveler à chaque aube le vœu de bonté ? Bienveillance, préjugé favorable, oubli de l’offense, générosité et magnificence, aisance et grâce. Aller vers ce qui vient, les mains nues, le cœur simple, sans anxiété ni impatience. La joie du vif plutôt que le poids du mort…
.
… Comment les mots qui se pressent sur nos lèvres échappent-ils à l’oreille de leur destinataire ? Tant de maladresse, unie à tant de bonne volonté, ne manque pas de surprendre…
.
… Ne rien attendre mais tout espérer…
.
… Tu tombes, tu te relèves, vas-y ! …
.
.
… Il se peut que nous ne soyons vraiment nous-mêmes que dans l’émerveillement, l’éloge, la reconnaissance. Là s’exprime le meilleur de notre être, ce qui chante, s’ouvre et va à la rencontre de Celui qu’on ne peut nommer.
L’admiration n’est qu’un des noms de l’Espérance, une petite voie d’Espérance. Sortir du moi, souvent étroit et sombre, pour se laisser saisir par l’admiration. Décaper l’être de la couche d’usage et d’usure afin de contempler ce qui se présente de beau aux yeux éteints, habitués.
Admirer le lever du jour, à chaque jour, inimaginablement neuf…
.
… Être à soi-même une présence amie…
.
… Jusqu’au dernier souffle, entretenir la flamme curieuse et vivace. Pour soi, pour l’autre, la richesse de l’échange…
.
… La beauté est étrangère à la richesse et à la pauvreté. Elle fleurit dans le dépouillement lumineux des églises romanes aussi bien que dans la splendeur baroque des églises d’Espagne et de Prague…
…
« Célébration du quotidien » 1997 Colette Nys-Mazure.
Tableaux : 1/Portrait d’ « Hélène Seldmayr » 2/Portrait de « Mathilde von Hessen » Joseph Karl Stieler 1781 – 1858 3/La petite fileuse » Emma Ekwall 1838 – 1925.
…..
Filer sa belle destinée…
BVJ – Plumes d’Anges.