.
.
« Si le lecteur veut comprendre comment toute cette histoire a pu arriver, il ne doit pas avoir peur de remonter le temps. S’il se limitait au réel qui baigne chacune de ses journées, il risquerait de ne pas saisir le fin mot de tout ce qui va suivre, ou pire encore, de ne pas y croire du tout. Il comprendrait à la rigueur le comment, mais le pourquoi lui échapperait. Il serait comme un de ces touristes qui, le jour de crue du Calavon, n’en croient pas leurs yeux et se demandent comment un si petit rataillon peut se transformer en quelques heures en fleuve Amazone, aussi large que violent. Les Anciens lui diront que forcément, c’est lié au relief du pays : une cuvette, une vallis clausa en entonnoir dont le Calavon est l’unique réceptacle en temps de pluie, vous comprenez.
Oui, si le lecteur veut vraiment comprendre, il doit remonter jusqu’à la création du monde. Pas celle que tout le monde connaît, mais bien celle des légendes du coin, celle que l’on raconte aux enfants d’ici pour qu’ils s’endorment.
.
Les légendes prétendent qu’au matin du septième jour, le bon Dieu était fatigué de son labeur et décida de se reposer. Il s’assit au soleil et, caressant sa barbe blanche, contempla son œuvre : la croûte terrestre, la voûte du ciel et des étoiles, la nature embryonnante, l’homme et la femme. Il n’était pas mécontent de lui mais il n’était pas complètement satisfait non plus : il avait l’impression qu’il manquait quelque chose. Il avait besoin d’une cerise sur le gâteau, d’une touche finale avec un peu plus de gueule que les simples Adam et Eve. Il fit venir les Quatre Éléments, et leur dit qu’il voulait mettre un petit bout de paradis en ce bas monde. Pour cela il comptait sur eux… »
« Les sentiers battus n’offrent guère de richesses ; les autres en sont pleins. »
Jean Giono
« La vie parfois se présente vulgaire ; mais le sage, pour en relever l’originelle bassesse, a cette ressource de rêver. »
Paul Arène
.
Une histoire qui prend sa source au matin d’un orage, on en suit le fil avec délice, en compagnie d’un chat surgi de nulle part. Le narrateur, jadis mutique, nous emmène dans ses mondes par d’admirables digressions. S’élèvent page après page, la voix des légendes, la puissance des rêves et l’Histoire des origines en pays de Lubéron.
Des mots de Pétrarque, Giono, Bosco… qui ouvrent les chapitres, la langue provençale qui chante joyeusement, un décor puissant autour du magnétique Mont Ventoux, des couleurs primaires qui explosent, la blancheur du calcaire, une source ferrugineuse et magique, l’incontrôlable Maitre-Vent qu’est le mistral, une histoire d’amour, un mystère, le feu qui galope… C’est à la fois un conte et un récit épique qui fait la part belle à l’imagination.
Amis du sud, ce livre est pour vous, amis des autres régions qui aimez le sud ou qui ne le connaissez pas encore, ce livre est aussi pour vous ! Sa lecture est splendide, c’est une sorte de quatorzième dessert de Noël, à la saveur exquise.
Merci à celle qui a mis ce livre entre mes mains et dans mon cœur.
Dominique en avait parlé ICI
.
…
Extraits de : « Le Dit du Mistral » 2020 Olivier Mak-Bouchard.
Illustrations : 1/ « Chat et oiseau » Paul Klee 1879-1940 2/ « Paysage » Edgar Degas 1834-1917.
…..
Cultiver avec soin notre imagination, elle est notre poésie…
BVJ – Plumes d’Anges.