Fête des plantes…

27 avril 2025

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Néflier du Japon dit bibacier

Garnier sous la direction de François Martin

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Rhododendron de pont

Garnier sous la direction de François Martin

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Rose de Cayenne

Garnier sous la direction de François Martin

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Amandier à coque tendre

Garnier sous la direction de François Martin

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Gros citron doux d’Hyères

Garnier sous la direction de François Martin

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Orchidée Epidendrum à grandes fleurs

Gravure de James Sowerby

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Raisin dit Tibouren des Toulonain

Garnier sous la direction de François Martin

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Bananier à bananes

Garnier sous la direction de François Martin

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Tomate pomme d’amour

Garnier sous la direction de François Martin

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Orange hermaphrodite

Garnier sous la direction de François Martin

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Iris germanica

Garnier sous la direction de François Martin

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Des plantes fleurissent ici et là, partout c’est une fête, un grand et joyeux moment à vivre.

Le musée de Toulon en profite, il offre au regard des jardiniers dans l’âme, une petite exposition très intimiste d’aquarelles des  XVIIIème et  XIXème siècles ( le musée en aurait acquis des centaines).

Réalisées par des naturalistes, des botanistes embarqués sur des navires vers de lointaines contrées, ces passionnés herborisaient et répertoriaient les spécimens inconnus. 

Les jardins botaniques des hôpitaux maritimes furent en partie créés pour cultiver ces plantes venues d’ailleurs et en déterminer les propriétés thérapeutiques. Il y en eu trois, un à Brest, un à Rochefort et le troisième à Toulon.

Ce dernier naquit en 1786, dirigé par le docteur Denis Barberet et le botaniste J.B.Martin. On doit à cet homme un Mémoire sur le sujet en 1791 et un important catalogue qui s’enrichira au fil du temps.

Lui succèdera en 1817 Gaspard Nicolas Robert, botaniste et pharmacien. Lui aussi rédigea un catalogue des plantes cultivées à Toulon. Il fut le premier à introduire le Néflier du Japon en France.

En 1849 malheureusement une décision administrative déplaça ce jardin à Saint Mandrier (en face de Toulon), près d’un hôpital secondaire, arbres et plantes y furent transportés.

Mais ce lieu était balayé par le Mistral et en 1870, un hiver très froid décima énormément d’essences, le jardin disparut peu à peu…

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« Cyprès chauve

Dernier vestige du jardin botanique de la Marine et plus vieil arbre de Toulon,

le cyprès chauve se trouve aujourd’hui dans la cour d’entrée de la médiathèque Chalucet.

Lorsque sa bouture est ramenée d’Amérique en 1797, Gaspard-Nicolas Robert la plante à cet endroit. Lors du transfert du jardin botanique en 1850, un ingénieur de la marine veille à la conservation de cet arbre remarquable. »

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« …Si je demeurais à Toulon, j’irais aussi tous les jours au jardin botanique (…) il y a là des roseaux de l’Inde à forme étrange et des bananiers, des agaves, des myrtes encore, des cactus, toutes ces belles plantes des contrées inconnues sous lesquelles les tigres bondissent, les serpents s’enroulent, où les oiseaux bigarrés perchent et se mettent à chanter. (…) il y a du jasmin qui embaume, des chèvrefeuilles, des fleurs dont je ne sais pas le nom, mais qui font qu’en les respirant on se sent le cœur faible et tout prêt à aimer ; des nénuphars sont étendus dans les sources, avec des roseaux qui s’épanchent de tous côtés… »

Extrait de Voyages de Gustave Flaubert.

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Photos BVJ

Informations glanées sur le net et sur la joli plaquette de l’exposition

« Aquarelles en fleurs »  8mars-18mai 2025.

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Entretenir tous nos jardins avec émerveillement…

BVJ – Plumes d’Anges.

Re-naître

21 avril 2025

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« J’ai aimé plus que tout la tristesse du soir,

la beauté qui passait ses soirées dans le ciel,

la pourpre qui traînait dans le ciel chaque soir,

le jour éliminé par la couleur du soir.

Le couchant donne à tout la couleur de l’esprit,

cet ambre que le soir travaille à nous donner,

cette liqueur dorée versée par la pensée

quand la beauté nous aide à tenir jusqu’au soir.

Ce qu’on voit de divin dans le monde nous sauve,

ce que l’odeur des roses arrive à nous donner

quand le parfum des roses arrive à nous trouver. »

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« La couleur de l’esprit »  Lydie Dattas

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« J’ai appris à penser en regardant l’aurore,

j’ai appris à aimer en admirant les roses.

La beauté de l’aurore a formé ma pensée,

les anges ont préparé mon âme à la beauté,

mon âme inaugurée par le bleu de l’azur.

Le ciel me demandait mon avis sur les roses,

l’azur me consultait au sujet du lilas.

L’amour élucidait le mystère des roses,

la joie me traduisait la pensée de l’azur.

Le malheur m’a aidée à comprendre l’azur,

le malheur a rendu mon cœur intelligent. »

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« Le malheur m’a aidée »  Lydie Dattas

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De la nuit d’hier à la clarté d’aujourd’hui…

s’ouvrir à un monde nouveau,

notre monde intérieur et ses profondeurs.

Patiemment, en exhumer les trésors,

les hisser vers la lumière…

Belle semaine à toutes et à tous !

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Poèmes extraits de : « Le livre des anges »  2003  Lydie Dattas.

Illustrations : 1/ Vitrail « Ange de la paix »  2/ Projet de guirlande – gouache –  William Morris 1834-1896.

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Créer un nouveau monde lumineux…

BVJ – Plumes d’Anges.

Fleurs des cieux…

13 avril 2025

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… « Au cœur du bleu un accord de rouge

vibre puis s’estompe ! Langueur

et nostalgie du chromatisme…

Quand le bleu se fait mélodie

les feuilles frissonnent,

jaunes sous les trilles,

et accompagnent le récitatif du soir.

Alors le bleu peint la conscience

avec des brosses qui dégorgent

d’anges, d’arbres et de sonates. »

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« Il faudra prendre les plus belles couleurs,

se saisir des pigments et des pierres broyées,

y ajouter le blanc de l’œuf,

il faudra préparer le mur, consolider le mortier

et déplier encore et le lys et le sourire de l’ange

près des ailes qui palpitent dans la fraîcheur du matin.

Le frère avait donné ses instructions à la cantonade,

la Parole pouvait enfin s’accomplir. »

Fra Angelico I

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« La joie, il la connaissait, la vraie joie quand il déversait aux pieds de l’archange en salutation les petites fleurs rouges qui grésillent sur le vent des prairies et qu’il répandait, plus légères dans les airs, les lettres d’un message auquel il croyait plus que tout. Mais il aimait surtout ses couleurs. Il ignorait que viendrait la Peinture, qu’en d’autres temps les hommes continueraient, après avoir révoqué les dieux, son interminable travail. Mais de son cœur qui battait devant le jaune des chemins et le rose des tuniques montait la joie qui emplit les siècles avec la force indestructible de la douceur. »

Fra Angelico II

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« Après matines, quand le jour peint ses oiseaux sur la surface déjà bleue d’un ciel de fête, ils quittent le monastère et vont observer les bourgeons sur les branches et le vent dans les marguerites. Chaque abeille leur est connue. Chaque coccinelle est leur amie. Quand sonne la cloche des vêpres, ils se dépêchent de regagner la chapelle et lisent sur les fresques l’étonnante histoire de ces messagers célestes semblables à de grands papillons bariolés qui butinent, parmi les fleurs des champs, le suc d’une nouvelle aurore. »…

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Ayant été conviée à une soirée POÉSIE organisée par deux jeunes et lumineuses professeures de Français, chaque invité devait apporter un ou plusieurs poèmes, les lire ou les déclamer. Nous avons écouté Aragon, François Cheng, Alicia Gallienne, Anna Akhmatova

En recherchant des textes nouveaux, j’ai découvert « Vies silencieuses » de Daniel Kay – c’est le titre qui m’a attirée, le poète était pour moi un parfait inconnu – et j’avoue avoir ressenti du plaisir à lire ce recueil dont je partage ici quelques extraits. Au fil des pages, Daniel Kay explore des tableaux ou déambule dans des paysages qui ont inspiré des Peintres, il questionne, il se fait voyageur transportant mots et couleurs.

Il y a toujours à s’émerveiller sur le chemin de la vie pour peu que l’on s’ouvre à d’autres horizons, guidé(e) par un signe…

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Extraits de : « Vies silencieuses »  2019  Daniel Kay.

Illustrations : 1/ « Étude de nuages »  Edgar Degas  1834-1917  2/ « Annonciation » – détail d’une fresque   et  3/ « Jardin de Gethsémani » détailCouvent San Marco  Fra Angelico  1395-1455   .

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Veiller silencieusement, l’œil ouvert…

BVJ – Plumes d’Anges.

Feu divin…

6 avril 2025

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« … L’Univers est. Une Puissance-créatrice l’a fait advenir. Il se présente à nous sous forme du Cosmos, au sein duquel se déploie une entité spécifique : la Vie. Première constatation qui frappe l’esprit : l’aboutissement de cette Création n’est pas la réalité physique du Cosmos, mais la Vie.

Certes, le Cosmos nous émerveille par sa splendeur sans égale et sa vastitude sans bornes, alors que la Vie se développe dans un espace plus que restreint, même si bien d’autres planètes que la nôtre pourraient être habitées. Cette écrasante disproportion de volume ne doit pas faire oublier, à l’inverse, une différence de substance tout aussi écrasante. Alors que le Cosmos ignore sa propre existence, la Vie, elle, vécue par nous, est douée de conscience. Nous, les humains, connaissons la réalité de l’univers physique  jusqu’à un certain degré, et surtout, nous sommes capables de nous interroger sur notre destinée en son sein. Le mouvement du Cosmos est mécanique et répétitif ; la voie de la Vie, en revanche est en devenir, comportant étapes et étages qui ouvrent sur de possibles dépassements qualificatifs. Elle est d’un autre ordre.

Je suis donc là et j’observe. La magnificence produite par les milliards de galaxies aux feux entrecroisés m’impressionne, me stupéfie. Que de fois pourtant, face à la sublime scène d’un soleil levant ou d’un couchant, nous pouvons nous dire : « Cela est sublime parce que nous, humains, l’avons vu. Sinon tout serait en pure perte, tout serait vain. » Je prends soudain conscience que nous sommes, à notre niveau, l’œil ouvert et le cœur battant de cet univers. Si nous sommes à même de penser l’univers, c’est que véritablement, il pense en nous…

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… À quinze ans, s’éveilla en moi la révélation de la poésie. Surgis d’une source inconnue, des mots alignés, chantants, signifiants, illuminants, telles les coulées d’une lave, traversaient le souterrain de mon être.

Puis vint le jour divin. Dans une aube délavée par une brusque averse, sur la colline habillée de hauts pins dont les aiguilles scintillent de perles irradiantes, un oiseau qui soudain s’envole fait entendre les échos d’une chute toute proche. Une présence, aussi souveraine que maternelle, se penche sur l’adolescent tremblant d’émotion. D’une voix résolue, elle lance un appel : « Chante, et tu seras sauvé, et tout sera sauvé.

Désormais, même au moment du plus imminent risque de perdition, retentirait en moi cette voix d’injonction qui m’empêcherait de succomber au néant… »

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François Cheng, poète, romancier, essayiste, calligraphe, enseignant… nous offre ici un texte qui parle de la vie et de la mort, texte incandescent dédié à son épouse disparue le 30 juin 2024 et si profond qu’on pourrait croire son auteur riche de mille vies.

Une lectrice presque inconnue, sachant son goût pour la méditation en des lieux retirés, lui offre sa maison pour un court séjour. Il nous raconte cette nuit passée seul au cap de la Chèvre sur la divine presqu’île de Crozon, loin du bruit du monde, immergé dans le cosmos, au bord d’un l’océan riche du chant des vagues. L’instant prête à une réflexion, un retour sur son passé – il fut un enfant fragile et hypersensible qui eut du mal à trouver sa voie – , il se sent envahi par une gratitude et un amour infini envers ceux qui l’ont précédé ou accompagné. La corde poétique de l’auteur vibre ici avec une infinie délicatesse, inspiration et lucidité brillent comme la lune pleine dans le ciel nocturne.

Splendide !

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Extrait de : « Une nuit au Cap de la Chèvre »  2025  François Cheng.

Illustrations : 1/« Nuit »  Georgia O’Keeffe  1887-1986  2/« Frégate »  John White  1540-1593.

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Élever la fréquence de notre chant humain…

BVJ – Plumes d’Anges.

Antienne…

30 mars 2025

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« De tout cœur, de tout corps,

Peindre en écoutant le chant de la vie,

Voir les couleurs se mêler,

Les traits s’unir et danser,

Voir apparaître l’espace libre,

S’ouvrir l’œil du cœur

Puis tracer le trait unique

Sur l’infini du ciel. »

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« Venue au monde pour l’éclosion des fleurs,

Même les choses infimes

Les recevoir et les chanter.

L’infini souhaite-t-il que mon cœur s’ouvre,

Qu’il me donne un amour débordant ?

Parfois mon cœur obscur

Se ferme,

N’écoute plus sa voix,

Alors je me retire

Afin qu’il vienne

Épanouir les fleurs

 

En écoutant le chant des bourgeons

Je m’ouvre pour l’accueillir. »

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En haut, en bas…

Les hauts, les bas…

Ne retenir que le chant d’un monde, sa lumière, son parfum,

cheminer vers des lieux sereins, calmes et paisibles,

 se souvenir de qui on est vraiment et vers où nous désirons aller,

notre travail terrestre est là il me semble,

le chanter chaque jour en chœur, élargir la vibration.

Fêtons encore et encore le Printemps des Poètes,

sa ressource est infinie…

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Poèmes de Bang Hai-Ja  1937-2022.

Photos P.J. et BVJ – Alpes mars 2025.

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S’ouvrir et s’épanouir…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chant du renouveau…

23 mars 2025

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« … Il faut apprendre à faire au mieux

Avec ce rien que l’on est

Pour quelque temps encore… »

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« … Rue des rêveurs, des déserteurs

Rue des anciens sommeils et des rideaux tirés

Rue où ne pleure jamais la pluie

Rue où le ciel affleure

Rue des oiseaux jaseurs

Rue des justes rumeurs

Rue des enfants qui chantent

Rue où l’on n’entend pas crier

Rue des paroles données et des promesses tenues

Rue des gestes paisibles et des petits bonheurs

Rue où se disent les mots d’amour… »

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Tout semble et reste éternellement fragile

mais nous pouvons cueillir ou recueillir

les quelques fleurs si riches en couleurs que nous offre la vie,

les partager, vivre leur énergie et 

oublier la grisaille que certains peignent avec appétit et violence.

« Rue des fleurs« , quelle belle adresse !!!

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Poèmes extraits de : « Rue des fleurs »  2022  Jean-Michel Maulpoix.

Illustrations : 1/ « Jardin de Vaucresson »  2/ « Roses mousseuses et boite de peinture de l’artiste »  Edouard Vuillard   1868-1940.

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Le renouveau vers la lumière…

BVJ – Plumes d’Anges.

Cours d’une destinée…

16 mars 2025

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« … – Asseyez-vous, asseyons-nous ! 

Klimt avait une bonne voix rocailleuse. Il désigna à Franz le lit recouvert d’un drap à larges rayures noires et blanches.  

– Laissez-moi vous débarrasser.

Klimt prit le tableau et le posa sur le matelas. 

– Vous permettez ?

  –  Oui, oui, je vous en prie. 

Sans trop de précaution, Klimt commença à déballer le tableau de ses diverses couches de tissu. Quand enfin le visage de la jeune fille se dévoila, Frantz fut prit d’un léger vertige.

– Ah ! 

Klimt enleva une toile inachevée d’un des chevalets et y plaça le portrait.

C’était une très jeune femme de trois quarts, sur fond vert. Une jeune fille aux yeux bleus rêveurs, avec des mèches brun-auburn encadrant son visage qui lui donnaient un air plutôt négligé. Elle portait un grand chapeau de feutre marron, trop grand, et une étole de mauvaise fourrure autour du cou. Une veste en velours bleu lui tombait des épaules qu’elle avait à peine couvertes par une chemise transparente, elle ressemblait à ces filles de la ligne qui vendent leurs charmes à tout prendre. 

Klimt resta un instant devant le tableau qu’il avait peint quelques années auparavant et plissa les yeux comme pour se souvenir de celle qui avait posé pour lui dans cet atelier même. Frantz restait silencieux, respectueusement, n’ayant pas encore osé s’asseoir. On ne s’asseyait pas sur les lits des gens que l’on rencontrait pour la première fois.

  – Alors dites-moi, jeune homme, que puis-je faire pour vous ? (…) 

– J’ai fait l’acquisition de ce tableau de vous, je veux dire que c’est un honneur pour moi… j’admire, j’ai toujours énormément admiré votre travail… et le fait est que, les hasards de la vie, le fait est que je connais cette jeune fille, ou plutôt je la connaissais et je ne m’attendais pas à ce que… Franz soupira, il avait eu beau répéter plusieurs fois la façon dont il formulerait sa demande, il se dit qu’il avait mal démarré.

– Je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps…

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… – Maman ? Maman, j’ai soif ! Isidore se sentait encore très faible, il enfouit la tête dans le parfum familier de la lourde chevelure de sa mère. – Maman ?  Martha émergea avec peine, elle avait mal au crâne. Elle se leva, titubant presque, et alla chercher un verre d’eau à l’enfant. (…)

– J’ai un secret, un secret important.

Isidore approcha son oreille car sa mère chuchotait mal. 

– Ton père n’est pas mort mais il ne sait pas que tu existes… Ton père est vivant… Il habite une maison… très belle… Johannesgasse, qui donne sur le Stadtpark… une maison à Vienne… Il s’appelle Franz Brombeere… c’est son nom, il faudra que tu t’en souviennes… Répète son nom…

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Certains philosophes voient la vie comme un pendule qui oscille de droite à gauche, entre la joie et la peine, la souffrance et la guérison, l’exaltation et l’ennui. Il est ainsi rassurant de penser que si les choses vont mal, il y a de fortes chances qu’elles aillent mieux, puis immanquablement mal mais alors à nouveau mieux et ainsi de suite indéfiniment… »

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Il est bien difficile de résumer cette histoire tant elle est riche en évènements et rebondissements. Le fil conducteur en est un tableau de Gustav Klimt, Portrait d’une dame, qui est peint, retouché, qui apparait, disparait, qui est acheté, volé…

Martha est une jeune employée de maison dans une famille bourgeoise de Vienne, Franz est enfant unique, très seul et quand Martha arrive, elle le touche profondément, il en tombe amoureux. Et puis, Martha disparait sans le moindre mot…

On la retrouve dans un village de la banlieue de Vienne, maman d’un petit Isidore, elle travaille douze heures par jour dans « une manufacture spécialisée dans la confection de panaches de militaires« , elle est aux cuves dans des vapeurs d’alcool, c’est difficile et éprouvant physiquement. Son petit garçon est un enfant sage, il grandit, trouve « refuge dans les chiffres » ; un jour elle l’emmène visiter Vienne, elle leur offre un divin chocolat chaud au Café central, l’enfant est ébloui, il est heureux de partager ce moment avec sa maman. Quand Isidore a neuf ans, la grippe espagnole s’abat sur le monde…

Sur près de quatre cents pages, Camille de Peretti fait preuve d’une grande imagination, elle nous raconte une incroyable histoire, une histoire de famille et de ses secrets, entre Autriche et Texas au vingtième siècle. Les mœurs de certains à cette époque, la volonté farouche de s’élever dans l’existence, l’intelligence du cœur, le courage, le mensonge, les faits qui semblent se répéter d’une génération à une autre… le livre est très documenté, cette fresque qui mêle fiction et réalité nous tient en haleine.

C’est un formidable moment de lecture,  je vous souhaite de vite découvrir ce livre.

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Extraits de : « L’inconnue du portrait »  2024  Camille de Peretti.

Illustrations : 1/ « Beautés »  2/ « Le cactus »  2/ « Des milliers de beautés »  Lucie van Dam van Isselt  1871-1949.

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Toujours croire aux jours meilleurs…

BVJ – Plumes d’Anges.

Visions étranges…

9 mars 2025

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« Je sais des arbres

Striés de leur corps à corps avec les vents

  Et certains dont les têtes résonnent

Des contes de la brise…

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… D’autres solitaires et debout 

Défiant le sol renégat 

Et d’autres qui se ressemblent 

Autour d’une maison grise…

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… Je sais des arbres 

Qui s’humilient au pied des eaux 

Pour l’amour de leur image 

Et ceux qui secouent d’arrogantes chevelures

À la face du soleil…

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Je sais des arbres 

Témoins de très anciennes naissances 

Et qui redoublent de racines 

J’en sais d’autres qui expirent 

Pour un frôlement d’aile…

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Je sais des arbres vains et qui ne sont 

Que feuilles

  Tous ils ont trop vécu

  Sur la terre des hommes. »

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 Plonger au cœur de l’arbre, explorer ses contours…

Est-ce un arbre colonnaire ? non, en s’approchant,

je crois reconnaître le tronc d’un micocoulier.

Micocoulier, symbole de puissance et de longévité.

L’arbre est étendu, dans un calme absolu, une méditation finale sans retour.

D’où vient-il ? A-t-il fait un long voyage ? Que s’est-il passé dans sa vie ?

Nous n’en saurons rien, arraché à sa terre, parti à la dérive,

il s’est échoué là, pour y finir sa vie d’arbre,

sous le regard médusé de quelques dizaines de roses méduses.

Des arbres, des hommes, drôles de vies, non ?

Mais tout peut redevenir paisible, si nous le décidons…

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Poème « Arbres » – Andrée Chédid  1920-2011.

Photos BVJ – Plage de Saint-Clair au Lavandou – mars 2025.

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Observer le dessous des choses…

BVJ – Plumes d’Anges.

Fantastique…

2 mars 2025

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« Galet veiné du rivage

Battu, roulé par la vague,

Œuf veiné, battement de cœur,

Battement d’ailes en essor –

Comment de la stase lithique

Vient le chant d’oiseau, l’oiseau ?

 

Un flux d’eau rafraîchissante

En profondeur ouvre le regard :

Étoiles, cieux infinis

Dans un trait de lumière en fuite

Un arc-en-ciel, ombre et brillance,

Des forêts, des arbres en fleur

 

Du terreau de la mort éclatant

En une myriade de fleurs

Vues par une myriade d’yeux –

Comment l’insensible peut-il s’éveiller en fête, l’inerte

Apprendre les pas de la danse ?

 

Des harmonies inouïes

Somment la terre d’écouter,

La lumière allume le regard,

Le désir crée son paradis :

Substances de choses qu’on espère,

Gage des choses à venir. »

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Poème extrait de : « La présence »  Katleen Raine  1908-2003.

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Suivre le fil d’Or de la Vie, de la Nature, de l’Amour, de l’Imagination, de la Paix, du Rêve…

là est la vraie richesse.

Faut-il puiser dans les mémoires du monde ou inviter nos yeux à arpenter les cieux ?

Soyons les gardiens d’un univers de Beauté,

chaque jour affûtons notre regard et découvrons la lumière nouvelle qui n’attend que nous.

En ce mois de poésie jaillissante, allumons des feux intérieurs,

laissons libre cours à notre imagination,

vagabondons dans les plus hautes sphères de notre bel esprit.

Nos gouttes ailées, si petites soient-elles, feront fleurir de verdoyantes prairies…

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Illustrations : 1/ »Lac de Llyn-y-Cau, Mont Cadrer Idris » Richard Wilson  1714-1782   2/ »Gorges de Darial »  Rufin Sudkovsky  1850-1885  3/ »Dent de lion, escargot et papillons »  Barbara Regina Dietzsch  1706-1783.

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Transformer l’Ordinaire en Extraordinaire…

BVJ – Plumes d’Anges.

 

Lente résilience…

23 février 2025

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« ... La Line d’aujourd’hui – celle qu’on déterre et qu’on ramène à la vie – est née d’un séisme. Elle incarne un miracle. Comme ces légendes, au cœur des catastrophes, qui échappent au désastre – fantômes sortant des décombres, bébés aux sourires immaculés extraits de l’enfer, arbres centenaires et vieux temples épargnés par les secousses meurtrières. Ces histoires, on les murmure comme des contestations ; elles obéissent aux lois d’un monde dévasté.

Au cœur du chaos, elles ouvrent des chemins de lumière…

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Thomas passa la matinée à chercher des récits et des témoignages de survivants de catastrophes en tout genre. Il lui fallait comprendre l’effacement, lent, graduel de Line – cette métamorphose qui opérait en elle de manière sourde, mais radicale. À quel moment les êtres s’effaçaient-ils ? À quel moment quittaient-ils réellement l’histoire ? Était-ce simplement une question de présence au monde, de mouvement, de corps ?…

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… À mesure que les mots revenaient frapper à la porte de sa conscience, à mesure que les souvenirs devenaient plus nets, Line avait poursuivi ses recherches. Elle pensait à la femme de Tokyo, tout le temps. Quel que soit l’endroit où elle se trouvait, elle n’arrivait pas à la semer. Et elle n’en dormait plus. Depuis le séisme, enfin un désir était né. Plus qu’un souhait, c’était une nécessité, un besoin qui balayait tout le reste : la retrouver. Savoir ce qu’ils avaient extrait de la terre.

Elle en était venue à la conclusion qu’il n’existait qu’un lieu où elle pourrait avoir des réponses : cette île, dont Saki avait parlé, où elle avait grandi – son île abhorrée. Line était obsédée par cette terre. Où se trouvait-elle ? À quoi ressemblait-elle ? Qui vivait là ? Qui la visitait ?…

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… L’agitation des oiseaux du littoral, leurs cris et leurs manœuvres mystérieuses, le tumulte incessant des vagues. Ce paysage était à la fois immuable et changeant. En bord de mer, aucun jour ne ressemblait à un autre, aucune nuit n’était la même. Suivant le continuel mouvement des marées, la lumière et la densité de l’air se modifiaient sans cesse. Quelque chose – une couleur, une voile, la force du vent ou la forme d’un nuage – venait toujours s’immiscer dans le décor pour la bouleverser.

Saki pensait aux systèmes parfaits, utopiques, où tout pouvait se dérégler si rapidement. Où tout parasite corrompait l’ensemble. Elle pensait aux abeilles, aux fourmis, s’organisant à merveille pour maintenir la vie de leur ruche, de leur nid. Elle pensait à sa propre famille, à ce microcosme qu’ils avaient formé tous les trois avant le départ de son père. Un merveilleux système qui avait été rompu à leur arrivée sur l’île…

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… Tout a une fin, Line. Mais l’espoir… L’espoir n’a pas de fin… »

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Ce livre écrit en deux parties, raconte une longue – et difficile – histoire de renaissance suite à un traumatisme vécu. Line, hôtesse de l’air, est appelée à en remplacer une autre sur la ligne Paris Tokyo. C’est l’époque des cerisiers en fleurs, le spectacle sera grandiose. MAIS, un énorme tremblement de terre frappe cette île japonaise, et Line se retrouve prisonnière des décombres, aux côtés d’une autre jeune femme, Saki. Elles vont se donner la main, parler sans cesse et taper alternativement au cas où elles pourraient être entendues.  Line pense et se souvient, elle voulait devenir danseuse mais un accident de moto à l’adolescence fracture certains de ses os, son rêve est brisé… Elle volera dans les airs et deviendra hôtesse de l’air. Certaines bribes du passé remontent et une nouvelle compréhension émerge.

Le calvaire durera 8 jours et 8 nuits, Line, sortie de cet enfer, est hospitalisée pendant quelques jours au Japon puis en France, où elle retrouve son compagnon Thomas, son appartement. À la chance d’être survivante succède une profonde dépression… puis une reconstruction.

Je vous laisse découvrir la suite. Ce qui m’a touchée dans ce livre, c’est l’histoire bien-sûr mais aussi la façon de traiter ce sujet grave et douloureux. Le respect pour les victimes est toujours présent et l’auteure parvient à raconter les faits dans une langue poétique. Elle analyse avec justesse les tourments du miraculé, le combat contre ses fantômes, le séisme intérieur et cette nécessité, après l’enfermement, de partir à la rencontre de Saki et de respirer l’air du large pour rentrer dans un processus de résilience.

Un roman vraiment talentueux que je vous conseille.

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Extraits du livre : « Insula »  2024  Caroline Caugant.

Illustrations : 1/ « Bouquet de jasmin »  2/ « Rangées d’arbres »  3/ « La route des merveilles »  Jan Mankes  1889-1920.

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Rechercher la voie de la lumière…

BVJ – Plumes d’Anges.