Archive pour septembre 2020

Plongement…

mercredi 30 septembre 2020

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« … Elle parcourt la baie argentée du regard. Et, l’espace d’un instant, il est là avec elle, à tel point qu’elle sent l’odeur des croûtes de sel sur sa peau. C’était pourtant dans une autre vie. Elle était quelqu’un d’autre. Elle est venue s’occuper des affaires de son défunt mari, sans songer que ces autres fantômes allaient refaire surface. Si elle avait réfléchi davantage, elle ne serait jamais venue. C’est ici qu’elle s’est sentie elle-même pour la dernière fois. Elle avait presque oublié cette sensation…

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… La fin du jour approchait et la lumière s’estompait déjà, diluée par d’immenses ombres diaphanes. Les pierres et les rochers impassibles semblaient faire écho à ses souvenirs. Debout dans la bruine, face à la baie qui s’assombrissait, elle s’est soudain sentie insignifiante. Comme si elle se confondait avec la broussaille brune parsemée de mégalithes et de moutons, les montagnes grises et l’étendue de la mer métallique. Était-ce ce qu’avait ressenti Caspar David Friedrich sur son rocher en regardant loin dans la brume ? Ou l’impétueux Cortés quand, de son regard d’aigle, il fixait le pacifique ? Freud rejetait ces sentiments qui s’apparentaient pour lui à la religion. Mais ce n’était pas nécessairement de cela qu’il s’agissait. N’était-ce pas aussi tout simplement une mesure de la conscience humaine ? Un désir de transcendance qui nous mène au-delà du banal ? Le besoin de donner un sens à ce qui, si souvent, n’en a pas ? …

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… Quand votre esprit s’imprègne de cet endroit sauvage, c’est là que votre poésie est la meilleure. Comme si le paysage était capable de se souvenir. Quand vous décrivez la lande sombre, les falaises et les tourbières, vous ne semblez pas, comme Yeats, créer des symboles mais plutôt comme Hopkins révéler l’essence des choses. Et cette essence – c’est du moins ce qu’il me semble – est l’individualité intrinsèque et la solitude innée de toutes les choses animées et inanimées. Il y a quelque chose de sauvage dans vos poèmes. (…)

L’acte de regarder et d’attendre correspond à ce qui est, au sens le plus large du terme, beau et même si c’est un mot difficile à utiliser dans la culture contemporaine, spirituel. Comme si, tant qu’on est mus par le désir, la beauté ne pouvait pas apparaître. Vous capturez ce paradoxe… »

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Martha, enseignante à Londres, vient de perdre son mari, Brendan, cinéaste de documentaires, passionné d’art. Il possédait un petit cottage en Irlande – son pays d’origine – dans le Kerry face aux îles Skellig,  il y venait écrire et travailler. Elle prend la décision de le vendre et doit le « vider ». Elle a bien connu ce lieu mais il y a très longtemps qu’elle n’y est pas retournée. Dans ce moment difficile, triant lettres, papiers, livres et photos, des souvenirs remontent, des rencontres anciennes refont surface, de nouveaux liens se nouent : elle se rapproche de son époux, leurs déchirures les avaient éloignés et l’on comprend pourquoi au fil des pages…

L’écriture est belle, la force des paysage nous emporte, le monde change, l’Irlande change, la vie de Martha change. C’est un roman qui parle du deuil, des deuils que l’on doit vivre, traverser et dépasser, chacun avec ses forces et ses fêlures. C’est un roman dont le fil conducteur est l’importance de la parole donnée. Pour que la vie continue, il faut mettre au jour le passé, pardonner et se pardonner.

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Extraits de : « Le chant de la pluie »  2020  Sue Hubbard.

Illustrations : 1/« Lumière et ombre »  John H.Vanderpoel  1857-1911  2/« La mer »  James Hamilton Hay  1874-1916.

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Plonger courageusement dans le passé pour soigner nos blessures…

BVJ – Plumes d’Anges.

Royaume des songes…

vendredi 25 septembre 2020

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Vision d’une pluie d’or, le lac ensommeillé s’étire, accueillant

en ses rides la poudre étincelante d’un soleil levant…

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Ils furent nombreux jadis, à se presser sur ces rives…

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… pour en vivre les émerveillements et gouter la sérénité.

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Ici, l’air du temps offre des ondes paisibles,

juste quelques bruits de clapotis, une végétation luxuriante.

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Les questions sont inutiles, nul besoin de réponses.

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Être là, témoin de l’instant, de la vie et de sa grandeur…

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… observateur, observatrice d’une force lumineuse entre sommets et profondeurs…

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… au moment où la saison nouvelle souffle sur la précédente.

Une douce flânerie en pays d’Italie !

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« … L’ESSENTIEL EST ENCORE AILLEURS. La pensée transforme l’univers. Elle le change en autre chose. Elle ne cesse jamais de lui apporter du nouveau. Elle y introduit la surprise et l’attente. Elle le colore. Elle l’anime. Elle en fait un théâtre où chacun joue son rôle, une œuvre d’art, un trésor. Elle suffit à l’enchanter. La pensée des hommes est l’enchantement du monde.

Le monde ne devient beau – mais qu’est-ce- que la beauté ?… qu’avec et par les hommes et les femmes. Les formes, les couleurs, les fleuves entre les collines, les arbres et les fruits, les montagnes au loin entrent enfin dans l’histoire… « 

Extrait de : « Un hosanna sans fin »  Jean d’Ormesson  1925-2017.

D’autres extraits —>  ICI

Photos BVJ – Lac de Garde – Septembre 2020.

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Ressentir la vibration du lieu…

 BVJ – Plumes d’Anges.

Audace…

dimanche 20 septembre 2020

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« En cette nuit,

en cet instant de cette nuit,

je crois que même si les dieux incendiaient

le monde,

il en resterait toujours une braise

pour refleurir en rose

dans l’inconnu.

Ce n’est pas moi qui l’ai pensé ni qui l’ai dit,

mais cette nuit d’hiver,

mais un instant, passé déjà, de cette nuit d’hiver… »

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Extrait d’un poème de Philippe Jacottet.

1/ « Oiseaux »  Shuki Okamoto  1807-1862  2/ « Fleur de célosie » Isenin Hoin Eishin  1775-1828.

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S’envoler, haut, pour mieux fleurir…

BVJ – Plumes d’Anges.

Merveilleux monts…

dimanche 13 septembre 2020

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Les monts et leurs surprises…

La palette des couleurs change d’une saison à l’autre,

d’une montagne à l’autre…

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Monter, descendre, se poser, repartir…

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À la sortie d’un virage embrumé,

les rois des lieux semblent déguster l’invisible…

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Le ciel change, des nuages s’accrochent,

s’étirent et naviguent vers d’autres sommets…

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La découverte est totale, seule l’intuition guide…

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La piste monte haut, un lieu insolite apparait, une steppe de Mongolie…

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Royaume du silence, dépouillement extrême,

pas le moindre arbre, juste la rondeur des reliefs…

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Au delà, dans le monde d’en face :

des sommets éternellement enneigés et de vaillants glaciers…

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Au petit matin, une blanche gelée a jeté son voile,

le soleil levant fait briller des diamants…

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À plus de 2000 mètres d’altitude, cette couleur ocrée

transporte notre imaginaire vers des déserts de sable…

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Dans cet univers, une incroyable énergie, nous aide

à déposer les fardeaux intérieurs, à lâcher les tensions,

à s’allèger du poids du monde…

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On sent que de nouvelles vibrations

peuvent trouver leur place,

enfin !

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« Monde de rosée

– c’est un monde de rosée –

 Et pourtant, pourtant »

Kobayashi Issa

Photos BVJ – Dans les Alpes françaises – Septembre 2020.

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Lâcher les tensions…

BVJ – Plumes d’Anges.