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« … Le livre dont je m’inspirais était le Kôyagire daisanshû, la plus ancienne copie connue de poèmes Kokinshû. Puisque d’après l’Ainée, contempler de belles choses était un moyen de progresser, je passais mes journées à le feuilleter, au lieu de lire des livres pour enfants…
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… – Quelle est votre saison préférée, Madame Barbara ? ai-je demandé sans quitter la mer des yeux.
– Toutes, a-t-elle répliqué du tac au tac. Au printemps, les cerisiers sont beaux et en été, on peut se baigner. À l’automne, on mange plein de bonnes choses, et l’hiver, le calme règne et les étoiles sont magnifiques. Moi, je suis une gourmande incapable de choisir. Alors printemps, été, automne et hiver, j’aime toutes les saisons…
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… Derrière les arbres nus, dépouillés jusqu’à la dernière de leurs feuilles, les étoiles brillaient. C’est alors que Madame Barbara a lancé :
– Je vais te confier quelque chose qui va t’aider, Poppo.
– Comment ça ? ai-je demandé.
– C’est la formule secrète du bonheur, que j’ai appliqué toute ma vie, a-t-elle dit en riant.
– Apprenez-la moi !
– Eh bien, il faut se dire à l’intérieur : « Brille, brille. » Tu fermes les yeux et tu répètes, « Brille, brille », c’est tout. Et alors, les étoiles se mettent à briller les unes après les autres dans les ténèbres qui t’habitent, et un beau ciel étoilé se déploie.
– Il suffit de répéter « Brille, brille » ?
– Oui, c’est simple, hein ? Et ça fonctionne n’importe où. Quand tu fais ça, les problèmes, les chagrins, tout s’efface sous un joli ciel plein d’étoiles. Vas-y, essaie…
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… Plutôt que de rechercher ce qu’on a perdu, mieux vaut prendre soin de ce qui nous reste. Et puis… a-t-il ajouté. Si quelqu’un vous a porté sur son dos, la prochaine fois, à vous de le faire pour quelqu’un d’autre. Moi aussi, ma femme m’a souvent soutenu. C’est pour ça que maintenant, je peux le faire à mon tour. Et ça, c’est déjà bien… »
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Un livre d’une incroyable douceur : une jeune fille revient sur les lieux de son enfance, après la mort de sa grand mère, l’Ainée . Reprenant le métier de celle-ci, elle s’applique à l’exercer avec sérieux et délicatesse. Elle retrouve le fil d’une jolie histoire, la leur, pleine d’amour et de générosité. Elle tisse petit à petit des liens d’une belle humanité avec ceux qui se présentent à elle, le monde n’est que découvertes, la paix peut prendre place et l’univers s’élargir, une lecture lumineuse…
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Extraits de : « La papeterie Tsubaki » 2018 Ogawa Ito.
Illustrations : 1/« Vases, éventail et Amours-en-cage » Hubert Vos 1855-1935 2/« Poèmes et fleurs » Konoe Nobutada 1563-1614.
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Donner du sens…
BVJ – Plumes d’Anges.