Archive pour août 2018

Ivresse des sens…

lundi 27 août 2018

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« … « Il faut toujours être ivre, tout est là ; c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous ! »

Elle hausse le sourcil droit. Ses traits se détendent. On ne se méfie pas d’un poète, on l’écoute, on marche avec lui. Les freins du métro crissent. Ils s’arrêtent dans le tunnel avant d’atteindre la station. La chance est avec toi ! Une voix désincarnée interdit aux voyageurs de descendre et assure que le train va bientôt redémarrer. Dieu a entendu ta prière. Tu poursuis sans te démonter : – « Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge ; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. »

Tu as joué ta dernière carte. L’œil bleu de l’inconnue est amusé. Son œil marron reste sceptique. Elle finit le poème d’une voix radoucie :

–  » Et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront, il est l’heure de s’enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise. »

Le monsieur en costume sourit. Il se doutait que vous vous connaissiez. Le jeune homme rasta vous salue en balayant l’air d’un invisible chapeau.

– Baudelaire, adepte de la confiture verte, un homme de goût… »

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Extrait d’un sympathique roman d’été : « Poste restante à Locmaria »   2018 Lorraine Fouchet.

À la fin de cette histoire, l’auteure nous offre la recette d’un Cake au romarin, celui de Brigitte de Lomener, je n’ai pas résisté (je l’ai un petit peu interprétée à ma façon) et il s’avère que

ce gâteau EST absolument délicieux !!!

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 – CAKE AU ROMARIN –

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Ingrédients : 3 œufs, 150 g. de farine, 110 g. de sucre, 125 g. de beurre salé (on est en Bretagne certes, mais je n’ai mis du beurre demi-sel), 225 g. de raisins secs et de fruits confits, 125 g. de noisettes, d’amandes ou de noix, une cuillère à soupe de romarin frais, 1 sachet de sucre vanillé, 1/2 sachet de levure chimique.

Réalisation : Battre les œufs et les sucres, ajouter le beurre mou, puis la farine, la levure, la poudre d’amandes (ou de noisettes ou de noix), le romarin ciselé, les raisins et fruits confits. Verser dans un moule à cake beurré, enfourner 15 minutes à 180 °(200° dans mon petit four), puis 50 minutes à 110° (130° dans mon petit four).

J’ai rajouté 10 minutes de cuisson…

C’est fabuleux de se régaler ainsi,

de lecture, de Bretagne et d’un gâteau,

vous n’avez plus qu’à… si vous voulez vous enivrer !

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Photos BVJ.

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S’enivrer joyeusement de beauté, de douceur et de poésie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Accompagner…

jeudi 23 août 2018

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« … C’est le moment. Les pigeons l’attendent avec de plus en plus d’impatience, ils tournent sur eux-mêmes dans l’étroit compartiment des cages, ils s’essaient à battre des ailes, et le bruit de leurs rémiges émet un sifflement qui exagère encore leur impatience. M.Cho ressent cela dans son propre corps, comme un fluide électrique qui parcourt ses membres, s’exaspère au bout de ses doigts, hérisse les petits poils sur le dos de sa main. Il s’accroupit devant les cages, il parle aux oiseaux, il prononce lentement leurs noms, l’un après l’autre :

renarde, et toi le garçon, pinson

bleu, et toi rouge-gorge

fusée, flèche blanche

lumière, lune

la mouche, la cigale

voyageuse, président

acrobate, petit-gris

diamant, dragon noir

chanteuse, roi

danseuse, sabre

Il aime bien dire leurs noms, en approchant son visage des cages, et l’un après l’autre, l’oiseau nommé cesse de s’ébattre, renverse la tête en arrière, et regarde de son œil jaune. Pour M. Cho, c’est comme s’il recevait une confidence, une phrase de remerciement en même temps qu’une promesse. Une promesse de quoi ? Il ne pourrait pas le dire, mais c’est comme ça : quelque chose qui s’unit à lui, et lui donne la mémoire du passé, quelque chose comme un rêve qui reprend après des jours de sommeil…

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Je me suis assise en face d’elle, non pas dans un fauteuil, mais sur la petite chaise basse – une chaise de couturière – qui me permettait d’être en face d’elle, comme à ses pieds. C’était la pose du conteur, je crois, et ça me plaisait bien…

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moi je suis plutôt du côté des bouddhistes, même si je ne crois pas vraiment en la réincarnation, je crois que la vie est un océan qui nous baigne tous, et que la mort nous emporte ensemble vers une autre forme que nous ne connaissons pas. Je crois aussi que nous sommes tous liés les uns aux autres, les enfants avec les parents, les parents avec leur descendance, et ceux et celles qui ne sont pas encore nés touchent ceux qui vivent aujourd’hui, et tendent la main à ceux qui ne sont plus…

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Quand on meurt, dit la rumeur, ce qu’on ressent n’est pas douloureux, bien au contraire, c’est doux comme du miel dans la gorge, c’est enivrant comme une fumée parfumée qui emplit la poitrine, et la porte qui s’ouvre au fond du cerveau est pareille à l’entrée du paradis. Ensuite l’âme s’échappe du corps par tous les pores de la peau, par les yeux et par les oreilles, par les cheveux et par les narines, pour s’éparpiller dans le vent, voyager sur les vagues de la mer, à travers les plaines des eulalies et sur les feuilles des lotus, au milieu des nuages aussi légers que les Dragons, jusqu’à ce qu’elle rencontre une forme à laquelle elle pourra se joindre, une forme vivante, une herbe, un arbre, une libellule, ou un chat…

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« Tu dois l’accepter, Naomi, c’est la seule solution pour lui, et pour toi aussi, tu ne peux pas empêcher ce qui doit arriver. » Mais comment pouvait-elle abandonner O’Jay maintenant, lui qui l’aimait et qui avait mis en elle toute sa confiance, qui la suivait partout, qui mangeait si bien, et puis après avoir mangé chantait et étirait ses ailes pour lui montrer ses plumes bleues ? Naomi ne l’avait jamais fait mais maintenant elle allait prier, elle s’adresserait à tous les saints et tous les esprits qu’elle avait rencontrés dans ses rêves, pour qu’ils aident le pauvre O’Jay à guérir. À partir de ce jour, chaque instant de la vie de O’Jay était soustrait à la destinée, c’était un jour, une heure de gagnés contre la maladie, chaque béquetée lui donnait de la force, chaque battement de cœur de Naomi faisait battre aussi son cœur dans sa poitrine, ce petit cœur qu’elle sentait à travers le duvet quand elle le tenait dans ses mains. Pour distraire O’Jay, Naomi s’est procuré un CD avec un enregistrement de chants d’oiseaux et elle le jouait sur l’ordinateur de sa mère. Elle a recherché sur Internet les enregistrements des geais de la montagne, elle les lui a fait écouter, O’Jay ouvrait très grands ses yeux et semblait aimer cette musique. Puis la nuit avant de dormir, Naomi l’installait sur sa branche, à côté de son matelas, pour l’écouter, pour être prête à agir s’il se passait quelque chose. La nuit, elle ne dormait pas, elle pensait à tout ce que pourrait connaître O’Jay s’il vivait, le goût du vent dans le ciel, le tapis vert des champs de riz au-dessous de lui, les montagnes et les forêts, l’odeur des pins au soleil quand il chasserait les vers dans leur écorce, comme Naomi le lui avait appris. « Ne meurs pas, s’il te plaît, murmurait Naomi comme une prière. Il te reste tellement de belles choses à voir dans le monde, puisque tu as échappé aux dangers et que je t’ai sauvé, ne meurs pas ! »… »

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Extrait de : « Bitna, sous le ciel de Séoul » 

2018 – un très beau livre fort émouvant d’un grand voyageur  J.M.G. Le Clézio.

Illustrations : 1/détail d’un « Costume de mandarin coréen »  Peintre anonyme du XVème  2/ « Plantes, animaux et insectes »  Shin Saimdang  1504-1551.

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Accompagner la vie vers la lumière…

BVJ – Plumes d’Anges.

Majestueuses montagnes…

lundi 20 août 2018

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Plus ou moins hautes, elles sont toutes majestueuses et c’est un grand bonheur de vivre en leur sein pendant plusieurs jours, sous un ciel immaculé ou sous un ciel habité de nuages. Les découvrir, les arpenter (modestement…), ressentir la fraîcheur de leur souffle, se vivifier dans les torrents ou les ruisseaux, admirer la flore et la faune, déguster les fruits sauvages, sentir le parfum des arbres et celle de l’herbe humide au petit matin, écouter le chant des grillons et le cri de la marmotte, décrypter la voute céleste ENFIN visible, goûter à d’autres rythmes, se lever et se coucher avec le soleil, partager ces moments avec ceux que l’on aime et rencontrer d’autres voyageurs « sauvages », la liste est longue et le plaisir infini !

Après, tout semble dérisoire, les petits conflits, les guéguerres à deux balles, les luttes de pouvoirs, le pourquoi du comment, l’important est ailleurs, on le sent bien, ah qu’il est bon d’emprunter d’autres chemins !

Photos BVJ – Haute-Savoie et Hautes-Alpes.

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Se rapprocher de la nature…

BVJ – Plumes d’Anges.