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« … Être là, enfin.
Au présent.
Quand s’abolissent les frontières qui me séparent du monde.
Quand reflue ma conscience, ne laissant que l’instant jaillir comme une source. Être là comme un brin d’herbe parmi les autres brins d’herbe, malmené par l’hiver, bruni par la neige, secoué par le vent. Être là, sans plus de quand ni de pourquoi.
M’échapper à moi-même…
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… Il n’est pas forcément nécessaire de nous enfermer dans un monastère ou de partir méditer au fin fond de l’Inde. Peut-être nous faut-il juste penser à respirer.
Lentement.
Être là maintenant.
Corps et âme.
Là. Dans l’humble et insignifiant moment présent qui toujours nous échappe, engoncés que nous sommes dans cette fatalité humaine qu’est la conscience du temps…
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… Débrancher.
Renouer, si peu que ce soit avec les cycles naturels. Aller jour après jour des ténèbres de l’hiver aux éclosions du printemps, des marées d’équinoxe aux mystérieux solstices.
Se connaître soi-même comme un être cyclique, avec ses temps de force et de faiblesse, ses moments fertiles et ses périodes où l’énergie reflue.
Laisser la Terre tourner…
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... J’aime à la folie cette ronde des saisons propre à nos latitudes tempérées, qui fait passer les collines du brun au vert puis à l’or poussiéreux des moissons. Qui chaque printemps rajeunit la forêt et ressuscite le lilas qui pousse sous ma fenêtre. Qui met dans la gorge du merle, et dans mon âme aussi, une telle ivresse de louange…
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… Retrouvons le pas allègre, la pensée incertaine – nous mourons de trop de certitudes.
Battons la campagne.
Plus rien de décidé ne nous guide, rien de tracé d’avance. Nous jetons… aux orties le monde bien jardiné de nos emplois du temps tracés au cordeau – ici un carré de rendez-vous, là un bosquet de réunions, saupoudrons de RTT, et trois repas quotidiens pour baliser le tout (mais n’oublions pas : cinq fruits et légumes par jour, pratiquons une activité physique régulière et pour votre santé, je vous en conjure, évitez de grignoter entre les repas).
Stop.
Pour quelques minutes ou quelques jours, passons des heures jardinées à la vie en friche, lesquelles, soustraites au temps balisé des horloges, s’enroulent et se déploient comme le fait le liseron qui lance ses lianes ductiles, épanouit ses corolles neigeuses et, dans un même abandon, reçoit lumière et rosée.
Passe ton chemin, homme de plans et de projets, c’est ici le monde sans projet, le monde au présent, sans autre but que la vie même.
Ne plus être pour, ne plus être quelqu’un, ou quelque chose. Renoncer aux attributs.
Être… »
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Pour continuer la balade…
Un des blogs d’Anne le Maître –> ici
Tania et Dominique en avaient parlé –> là et là
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Ce texte est un bijou à l’écriture délicatement ciselée, on ne marche plus, on vole, on se fait oiseau dégustant des images entre Terre et Cosmos. L’auteure est peintre et poète, ses yeux embrassent le paysage et nous livrent un tableau enchanteur. Quelle énergie communicative, ce livre est un cadeau à s’offrir et à offrir à ceux que l’on aime pour maintenir l’éveil et l’émerveillement – ou le susciter -, c’est si précieux, c’est notre seule richesse, le seul éclat qui vaille en nos temps grisés de morosité.
Je ressens une énorme gratitude vis à vis de celles et ceux qui sèment ainsi des graines sur notre chemin de Petit Poucet…
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À l’heure où vous lirez ces lignes, je serai un peu loin, vers l’est, pour quelques petits jours, à bientôt…
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Extraits de : « Sagesse de l’herbe – Quatre leçons reçues des chemins » 2018 Anne le Maître.
Illustrations : 1/ « Après un orage d’été » George Innes 1825-1894 2/ « La grande touffe d’herbe » Albrecht Dürer 1471-1528.
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Marcher, découvrir, apprendre, être…
BVJ – Plumes d’Anges.