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« … Hier
Tu tenais ma main bien serrée dans la tienne
Pour traverser les rues de mon enfance
Qui conduisaient joyeusement et en toute confiance
Vers des chemins cent fois parcourus.
Ah ! La complicité de nos fous rires contagieux…
Aujourd’hui
C’est moi qui tiens doucement ta main
Pour t’accompagner sur cette route inconnue
Qui s’ouvre
Telle la bouche d’un géant sur un gouffre-paysage
Semé de mystérieuses confusions
Tu souris faiblement pour ne pas nous faire de chagrin…
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… Elle est toujours là
La lumière
Qui illumine à travers le voile de nos faiblesses
Les purs jours de l’enfance.
Ici,
Vivante,
Elle irradie en réveillant des souvenirs flous et mouvants.
Ta peine s’embrasera
Peu à peu.
Ne restera que la part intime de nos feux de joie,
Préservée,
Sauvegardée,
Sublimée…
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… Un faible frémissement
Fait imperceptiblement frissonner
Les ors délicats de ton visage.
Tu dors
Et ton rêve te renvoie
Ailleurs
Vers l’alchimie d’un souvenir ancien
Qu’à ton réveil en sursaut
Tu ne saurais dévoiler.
Dans ton sommeil de plomb, tu as appelé
« Maman ! »…
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… Que n’aurais-je donné
Pendant l’ultime bataille
Pour alléger le brûlant fardeau
Qui pesait sur tes épaules ?
Que n’aurais-je donné
Pour étancher cette soif infinie
Qui mordait ta langue ?
Que n’aurais-je donné
Pour nourrir de douceur et de miel
Ta faim dévorante
De nourritures célestes ?… »
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Accompagner, aimer, se tenir la main jusqu’au dernier jour, et au-delà…
Entrer dans le bleu de la nuit, bleu encre de la voûte céleste
où se reposent les étoiles dans une paix bien méritée.
Bleus à l’âme dissouts dans l’océan du passé, on ne garde que la lumière
des beaux souvenirs qui se fait bleu saphir, elle est si précieuse !
Réminiscences d’instants révolus, l’avant est un pré où de sauvages fleurettes
resplendissent pendant que d’autres fanent et tombent dans l’oubli.
On se surprend à sourire, comme autrefois.
Et puis une date se grave à jamais sur la pierre, le papier, au cœur d’un cœur battant,
date du passage d’un monde à un autre,
du visible à l’invisible mais on se tient la main éternellement,
on s’aime et on s’aimera,
on sème et on sèmera, se disent-elles en silence
Ce livre est un très bel hommage rendu par l’auteure à sa mère,
elle l’a accompagnée deux années durant, jusqu’à son dernier souffle.
Mots, collages, encres et aquarelles nous montrent la lumière radieuse
d’une relation cultivée avec tendresse, courage, patience et grâce,
elles seront riches à jamais de cet amour partagé.
C’est lumineux, c’est un cadeau d’humanité qui donne envie
de se dépasser soi-même tant qu’il est encore temps…
Je leur dis MERCI !
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Extraits de : « Transpositions hasardeuses » 2020 eMmA MessanA.
Illustrations : 1/« Constellation de la Balance » 2/« Couronne Boréale » Johann Bayer 1572-1625.
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Se tenir la main, éternellement…
BVJ – Plumes d Anges.