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« … Le rituel chrétien multiplie les symboles de la vie renaissante : bénédiction de l’eau purificatrice, célébration du feu nouveau, de la lumière nouvelle…
L’eau de Pâques, l’eau nouvelle qui régénère et purifie, a suscité des jeux comme les aspersions du Lundi de Pâques en Pologne et en Hongrie, pour chasser les démons, conjurer le mauvais sort, favoriser la fécondité des femmes et du bétail, assurer la fertilité des champs. Les jeunes gens poursuivaient les jeunes filles pour les asperger de quelques gouttes d’eau parfumée… ou d’un plein seau d’eau glacée tirée du puits ! En retour, il arrivait que les jeunes filles se saisissent, à plusieurs, d’un garçon, et le jettent à la rivière ! En Allemagne centrale, l’eau puisée à la veille de Pâques était conservée et considérée comme un médicament, pour les bêtes comme pour les gens. En Italie du Sud, le même usage était réservé à l’eau bénite de Pâques. En outre quand sonnaient les cloches, le jour de la Résurrection, on aspergeait d’eau bénite tous les recoins de la maison, tout en faisant le plus de bruit possible, afin de chasser les démons.
Célébrations du feu nouveau, les feux de joie de Pâques sont une tradition bien implantée dans une grande partie de l’Allemagne. Allumés sur des collines dites « montagnes de Pâques », leur lumière, leur fumée, leurs cendres sont autant d’éléments bénéfiques. En Angleterre, en Autriche, en Suisse, on faisait de tels feux pour « brûler Judas », la veille ou le jour de Pâques.
Symboles de l’abondance retrouvée, les gâteaux de Pâques sont caractérisés, dans toute l’Europe, par une débauche de lait, de fromage blanc et d’œufs, mariés en une infinité de combinaisons selon la richesse d’invention propre à chaque pays…
En Pologne, préparé selon les rites et béni par le prêtre le soir du Samedi Saint, le baba trônera dans toute sa gloire au milieu de la table du festin de Pâques… »
Extraits de : « Fêtes et gâteaux de l’Europe traditionnelle de l’Atlantique à l’Oural » 1993 Nicole Vielfaure.
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« La cuisson des babas de Pâques est toujours un évènement plein d’émotion. Autrefois, la cuisinière et toutes les femmes de la maison s’enfermaient à clé pendant la préparation. Aucun homme ne pouvait pénétrer. Elles passaient au tamis le plus fin la plus blanche de leur farine de froment. Dans des terrines, elles mélangeaient des centaines de jaunes d’œuf avec des dizaines de kilos de sucre. Elles faisaient fondre du safran dans de la vodka et l’ajoutaient à la pâte pour lui donner une belle couleur et un parfum épicé. L’une moulait les amandes, l’autre triait les raisins de Corinthe, la troisième pilait la vanille qui embaumait la cuisine, et la dernière préparait le ferment avec du levain. Les moules remplis de pâte étaient recouverts de nappes de lin, car un baba « qui prenait froid » ne lèverait pas bien. On calfeutrait les fenêtres et les portes de peur des courants d’air. Une fois la pâte levée, les babas étaient mis au four, parfois dans celui du boulanger, avec d’infinies précautions. Lorsqu’on les retirait enfin des profondeurs du four brûlant, sur une pelle de bois, on entendait parfois des cris de désespoir. Le baba était trop cuit, ou insuffisamment gonflé, et c’était le ridicule sur la maison. On posait les babas sortis du four sur des édredons en duvet, afin qu’ils ne se déforment pas en refroidissant. On parlait en chuchotant, car le bruit de la voix risquait de faire retomber le baba. Une fois refroidis, ils étaient recouverts de sucre glace, et parfois décorés de motifs de couleurs. »
Extrait du « Le livre de Pâques » 1986 François Lebrun.
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Bientôt, dans Plumes d’Anges, la recette du baba à la polonaise ?
Et vous, de quelle renaissance rêvez-vous ?
Je vous souhaite de passer de très belles fêtes de Pâques.
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Illustrations : cartes anciennes de Pâques 1/ Autriche 2/ Amérique 3/ Vieille Russie.
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Retrouver le sens, redonner du sens…
BVJ – Plumes d’Anges.