Archive pour avril 2020

Patienta, miraculum et libertas…

lundi 27 avril 2020

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Je ne sais pourquoi le latin m’inspire,

peut-être parce que j’ai l’impression de le perdre certains jours ?

Mes balades virtuelles me font découvrir des paysages d’une incroyable beauté,

l’artiste en fut témoin, nous les recevons en cadeaux, c’est une chance inouïe.

Dans la série des explorations domestiques,

nous pouvons aussi pérégriner dans un dictionnaire…

Voyons, voyons, si je m’arrête sur le mot PATIENCE, qu’en pense le Larousse ?

« Nom féminin, du latin patienta.

Définition : Aptitude à ne pas s’énerver des difficultés, à supporter les défaillances, les erreurs, etc… : Faire preuve de patience.

Qualité de quelqu’un qui sait attendre avec calme : Montrer une patience inlassable.

Persévérance, constance à faire quelque chose, à poursuivre un dessein : Sa patience a été récompensée. »

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En remontant le fil des pages, mon regard se porte sur le mot MIRACLE.

« Nom masculin, du latin miraculum.

Définition : Phénomène interprété comme une intervention divine.

Fait, résultat étonnant, extraordinaire, qui suscite l’admiration : Les miracles de la science.

Chose merveilleuse en son genre : Le Parthénon est un miracle d’architecture.

Hasard merveilleux, chance exceptionnelle : C’est un miracle qu’il ait échappé à la mort.

En apposition, indique que quelque chose est inattendu, surprenant dans son efficacité : Un médicament miracle… »

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Là je reprends confiance et me dis que des Hommes vont sortir de leur léthargie,

de leurs peurs et reconquérir leur LIBERTÉ, que me souffle le Larousse à propos de ce mot magnifique ?

« Nom féminin, du latin libertas,-atis.

Définition : État de quelqu’un qui n’est pas soumis à un maître : Donner sa liberté à un esclave.

Condition d’un peuple qui se gouverne en pleine souveraineté : Liberté politique.

Droit reconnu par la loi dans certains domaines, état de ce qui n’est pas soumis au pouvoir politique, qui ne fait pas l’objet de pressions : La liberté de la presse.

Situation de quelqu’un qui se détermine en dehors de toute pression extérieure ou de tout préjugé : Avoir sa liberté de penser… »

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Voyager au pays des mots est un délice,

il nous faut les débusquer, les choisir, les porter et les vivre dans notre quotidien.

Les mots ont un grand pouvoir, ils sont une force,

nous pouvons jouer avec les mots doux mais faisons attention,

d’autres mots peuvent nous entrainer vers tous les maux du monde.

– Il y a aussi le silence et ses grandes vertus, mais là est un autre sujet –

Et vous, dans le grand Larousse de la vie,

 quels mots auriez-vous envie de rencontrer ?

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Ce blog aura 10 ans le 28 avril, le temps passe très vite,

merci à celles et ceux qui viennent s’y balader.

Le monde était différent il y a 10 ans, nous aussi d’ailleurs,

ainsi est le vie et c’est quand même formidable,

il n’y a aucune raison de s’ennuyer, tout est découverte…

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Mots cueillis dans le Dictionnaire Larousse.

Illustrations : 1/ « Matin d’été sur le Lac Windermere »  2/ « Chèvrefeuilles, roses et œillets »  Charles Robert Leslie  1794-1859.

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Entretenir la force de certains mots…

BVJ – Plumes d Anges.

Horizon…

jeudi 23 avril 2020

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JE RÊVE…

des miens,

de fêtes,

d’horizons lointains,

de balades sans fin,

de voyages,

de campagne,

de montagne,

de bord de mer,

de parfums printaniers,

de pirouettes sur le sable…

JE RÊVE…

DE LIBERTÉ !

Et je me réveille,

dans mon lit douillet,

et je me dis, je me dis… ce n’est pas pour demain.

Aujourd’hui, je suffoque un peu, beaucoup…

Et vous, vous tenez le coup ?

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« Tombée d’un brin d’herbe

elle s’envole à nouveau

ah ! la luciole »

Matsuo Basho  1644-1695.

Tableau : « Narcisse de campagne »  Elizabeth Boot  1846-1888.

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Se donner le droit de craquer…

BVJ – Plumes d’Anges.

Pom pom pom pom…

lundi 20 avril 2020

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Vous qui passez par là, venez donc lire ces quelques lignes :

– LE PARTAGE DE LA TERRE –

« Prenez le monde, dit un jour du haut de son trône, Jupiter aux hommes, prenez-le, il est à vous, je vous le donne pour en jouir à tout jamais, sachez seulement en faire un partage fraternel. »

Alors on vit accourir tous ceux qui pouvait en prendre une part, jeunes et vieux arrivèrent à la hâte : le laboureur s’empara du produit des champs, le gentilhomme de la forêt, le marchand remplit ses chariots, l’abbé choisit le vin chaleureux, le roi mit une barrière sur les ponts et les chemins et s’écria : »La dîme est à moi ! ».

Longtemps après que le partage était terminé, arriva le poète. Il venait de loin, hélas ! et il ne restait plus rien, chaque chose avait son maître.

– « Malheur à moi ! faut-il que je sois ainsi seul entre tous oubliés, moi, ton fils le plus fidèle ? » Il exhalait ainsi sa plainte et se jeta devant le trône de Jupiter.

– « Ne m’accuse pas, répondit le Dieu, si tu t’égares dans l’empire des rêves. Où étais-tu lorsqu’on a partagé le monde ? »

– « J’étais, reprit le poète, près de toi. Mes regards contemplaient ta splendeur, mon oreille écoutait l’harmonie céleste. Pardonne à l’esprit qui, dans le charme de ta lumière, oublie les biens terrestres. »

– « Que faire, s’écria Jupiter, le monde est donné, les fruits, la chasse, les marchés ne m’appartiennent plus. Veux-tu venir dans mon ciel auprès de moi ? Chaque fois que tu voudras y monter, il te sera ouvert. »

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– DÉSIR –

« Ah ! Si je pouvais trouver une issue à cette vallée profonde, sur laquelle pèse un froid nuage, oh,  que je serais heureux ! Là-bas j’apercevrais les belles collines toujours riantes et toujours vertes. Que n’ai-je des ailes pour m’élancer vers ces collines !

J’entends résonner les douces harmonies du ciel, et des vents légers m’apportent des parfums balsamiques. Je vois briller des fruits d’or sous un épais feuillage, et les fleurs qui s’épanouissent là ne seront la proie d’aucun hiver.

Oh ! qu’il doit être doux de vivre à cet éternel rayon de soleil, que l’air de ces collines doit être rafraichissant ! Mais un torrent fougueux me sépare de cette contrée, et la fureur des vagues épouvante mon âme.

Je vois une nacelle se balancer sur l’onde, mais, hélas, je ne vois point de batelier. Allons, courage, n’hésitons pas, les voiles sont enflées, il faut croire, il faut oser, sans attendre l’assurance des Dieux. Le miracle seul peut te porter dans la terre du miracle. »

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et venez donc aussi admirer et écouter :

LA SYMPHONIE DU DESTIN

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Textes et musique (merci R.T.) trouvés sur le net,

ces voyages virtuels nous font faire d’agréables découvertes, souvent très à propos,

les talents sont immenses et l’imagination galopante, ne trouvez-vous pas ?

Bien-sûr, une fois encore, il nous faut faire preuve de vigilance,

vérifier, croiser, encore et toujours, et ne pas tout gober comme de petites mouches.

Courage aminautes de France, de Navarre et d’ailleurs,

nous nous tenons la main silencieusement et

la musique du monde continue à jouer sa partition…

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Poèmes de Friedrich Schiller  1759-1805.

Film de Edvard Grieg – Symphonie numéro 5

écrite par Ludwig van Beethoven entre 1804 et 1808

et jouée pour la première fois au Théâtre de Vienne le 22 décembre 1808.

Illustrations : 1/« Papillons et autres insectes » Jan van Kessel l’ancien  1626-1679   2/« L’eau silencieuse »  Sydney Laurence   1865-1940.

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Voyager joyeusement sur les ondes…

BVJ – Plumes d’anges

Transmutation…

vendredi 17 avril 2020

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« Ce que la chenille appelle la fin du monde,

le Maître l’appelle un papillon »

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« Il n’est jamais problème qui n’ait un cadeau pour toi entre ses mains.

Tu cherches des problèmes parce que tu as besoin de cadeaux »

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Un petit livre lu il y a longtemps et relu ces jours derniers,

un petit livre tout simple, léger comme une bulle, un peu magique,

un éclat de lumière dans la vie.

Changer notre regard sur le monde me semble important,

c’est une volonté, cela ne se fait pas tout seul,

nous devons chercher, faire appel à notre imagination,

la laisser déborder,

elle nous étonnera certainement…

  Qu’en pensez-vous ?

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Citations extraites de : « Illusions – Le Messie récalcitrant »  1977  Richard Bach.

Illustrations : 1/ « Chenille lunaire »  Abott Handerson Thayer  1849-1921    2/ « Papillon de l’Atlas »  Miniature anonyme du XVIIIème.

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Changer notre regard sur le monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Doux baume…

mardi 14 avril 2020

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C’est notre corps qui est « prisonnier »,

c’est lui qui est confiné par les décideurs politiques du monde entier.

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Nous nous sentons amputé(e)s,

un peu disloqué(e)s,  déstabilisé(e)s.

Quelqu’un demande « Jusqu’à quand ? »,

nul ne nous répond, nul ne sait,

le printemps, lui, nous parle de balades en bord de mer ou en forêt…

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Il nous faudrait nous recentrer, nous réunifier,

écouter mais pas trop, parler mais pas trop, réagir mais pas trop…

Où donc est cette voie du milieu,

celle qui nous souffle de goûter au ralentissement offert – pour l’instant -,

de saisir cette chance d’être présent à soi-même.

Notre esprit et notre cœur sont libres,

c’est à nous d’inventer un baume pour les ré-enchanter,

un nouveau petit lieu à explorer dans notre être intérieur,

ou bien une action nouvelle à initier,

ou encore un temps pour méditer.

Demain sera un autre jour…

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« Le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit »

St François de Sales,

patron des journalistes et des écrivains.

Illustrations : 1/ « Visage de femme » – Etude –  Vassily Polenov  1844-1927  2/ « Bras de femme »  Adolphe Tidemand   1814-1876  3/ « Pied capturé »  Juan-Manuel-Blanes  1830-1901.

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Trouver un baume pour adoucir le moment…

BVJ – Plumes d’Anges.

Résurrection…

jeudi 9 avril 2020

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« Un poème a perdu l’image qui le fit naître.

La petite illumination qui accompagnait l’image

et qui l’avait peut-être créée,

resta là désabritée comme un vol sans oiseau.

 

La petite illumination

oublia alors le poème

et entra dans les yeux du poète

afin qu’ils voient au moins

le poème non écrit.

 

Et aussi pour attendre en eux

et s’ajouter à tout poème futur. »

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« De façon inespérée

survient quelquefois une musique

qui palpe notre parole la plus cachée.

 

Il peut arriver alors

que cette musique la mette en lumière

ou reste avec elle

dans le candélabre le plus secret.

 

Dans tous les cas

notre solitude a rencontré

une présence indéfectible. »

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Sortons des brumes, sortons des clichés…

Petite illumination, petite musique…

Et si nous transformions nos plus belles fleurs sauvages,

celles que nous n’avons jamais osé laisser vivre en nous ?

Peut-être trouverions-nous là un remède à la bonne santé du monde…

Poèmes :« Quatorzième poésie verticale »  Roberto Juarroz  1925-1995.

Illustration : « Lys de Pâques »  Théodor Grust  1859-1919.

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Cueillir les fleurs de lumière pour transformer notre chemin…

BVJ – Plumes d’Anges.

Puits de forces…

lundi 6 avril 2020

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« À CŒUR VAILLANT RIEN D’IMPOSSIBLE« 

nous dit un proverbe, et si nous lui donnions raison ?

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Nous sommes tous riches d’une énergie unique,

et la somme de celles-ci peut faire de grandes choses.

Les cœurs de nos frères humains, inconnus pour la plupart,

vivent ensemble une même expérience…

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Redescendons dans nos racines,

allons puiser dans nos souvenirs, dans nos liens profonds,

guérissons nos maux intérieurs en ces temps de « silence »…

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 N’écoutons et ne relayons pas d’informations anxiogènes,

faisons confiance à nos intuitions,

éteignons nos habitudes, elles nous endorment,

enrichissons nos pensées pour que les cœurs des confinés battent à l’unisson

et qu’un bouquet de forces fleurisse…

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J’ai commencé un nouveau carnet aujourd’hui,

la première phrase que j’y ai notée :

Écouter ce silence nouveau, entendre chanter mon oiseau intérieur…

Illustrations : 1/ « Acanthe »  2/ « Chardon »  3/ « Iris »  –  Planches botaniques issues de « De historia Stirpium »   Albrecht Meyer – Illustrateur du XVIème siècle.

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Demeurer dans la confiance…

BVJ – Plumes d’Anges.

Lettres d’intérieur…

jeudi 2 avril 2020

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Des voix s’élèvent, magnifiques, émouvantes,

des voix qui viennent des profondeurs de l’âme.

Ces Lettres d’intérieur,

lues par Augustin Trapenard  dans le 7/9 de France Inter,


lui ont été confiées par des gens connus.

Elles ont été écrites sur le sujet de leur choix et adressées à la personne de leur choix.

– il y en a d’autres, très belles elles aussi, allez les lire dès que vous le pourrez –

Ces voix témoignent de la vraie humanité,

celle que la société a égarée sur son chemin en ne pensant qu’à l’argent et aux profits.

Ces voix sont des cadeaux, des lumières pour nous aider à réfléchir,

pour nous aider à imaginer et réaliser un monde nouveau…

Merci à ces voix et à celles et ceux qui les font entendre.

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Montreuil, le 26 mars 2020

Bonjour, « beau gosse »,

Je décide de t’appeler « Beau gosse ». Je ne te connais pas. Je t’ai aperçu l’autre jour alors que, masquée, gantée, lunettée, j’allais faire des courses au pas de charge, terrifiée, dans une grande surface proche de ma maison. Sur mon chemin, je dois passer devant un terrain de foot qui dépend de la cité dans laquelle tu habites et que je peux voir de ma maison particulière pleine de pièces avec un jardin. 

Je suis abasourdie de vivre une réalité qui me semblait appartenir à la science fiction. 

À mon réveil chaque jour je prends ma température, j’aère ma maison pendant des heures au risque de tomber malade, paradoxe infernal et ridicule. La peau de mes mains ressemble à un vieux parchemin et commence à peler, je les lave avec force et savon de Marseille toutes les demie heures. Si je déglutis et que cela provoque une légère toux, mon sang se glace et je dois faire un effort sur moi-même pour ne pas appeler mon médecin. Je n’ai d’ailleurs pas fui en province pour rester proche de lui. Je deviens folle ! 

Sortir me demande une préparation  mentale intense, digne d’une sportive de haut niveau, car pour moi une fois dehors tout n’est que danger ! Et c’est dans cet angoissant état d’esprit, que je t’ai vu, loin, sur ce terrain de foot, insouciant, jouant avec tes copains, vous touchant, vous tapant dans les mains comme des chevaliers invincibles protégés par le bouclier de la jeunesse.

Vous étiez éclatants de sourire, d’arrogance, de vie mais peut-être  aussi porteurs de malheurs inconscients. 

Si vous étiez dehors, c’est qu’il n’est pas aisé d’être je ne sais combien dans un appartement toujours trop étroit, c’est invivable et parfois violent. 

Vos parents travaillent, eux, toujours, à faire le ménage dans des hôpitaux sans grande protection ou à livrer toutes sortes de denrées et de colis que nous récupérerons prudemment avec nos mains gantées après qu’ils ont été posés devant nos portes fermées. Prudence oblige. 

Bakari, je suis née dans un monde similaire au tien je n’ai eu de cesse de l’avoir toujours très présent dans mon cœur et ma mémoire, et je n’ai eu de cesse de le célébrer et d’essayer de faire changer les choses. 

Aujourd’hui je te demande pardon, à toi porteur sain certainement qui risque d’infecter l’un des tiens. 

Je te demande pardon de ne pas avoir été assez convaincante, assez entreprenante, pour que la société dans laquelle tu vis soit plus équitable et te donne le droit de penser que tu en fais partie intégrante. Tout ce que je dis aujourd’hui, tu ne l’entendras pas, car tu n’écoutes pas cette radio. 

Je voudrais juste que tu continues à exister, que ta mère, ton père, tes grands-parents continuent à exister, à rire et non pleurer. 

Je ne sais pas comment te parler pour que tu m’entendes : je suis juste une pauvre folle masquée, gantée, lunettée, qui passe non loin de toi et que tu regardes avec un petit sourire ironique car tu n’es pas méchant, tu es simplement un adolescent qui n’a pas eu la chance de mes enfants.

Ariane Ascaride

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Cergy, le 30 mars 2020

Monsieur le Président,

« Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et  ce qu’on pouvait lire sur la  banderole  d’une manif  en novembre dernier -L’état compte ses sous, on comptera les morts – résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui prônent le désengagement de l’Etat, préconisant l’optimisation des ressources, la régulation des flux,  tout ce jargon technocratique dépourvu de  chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du pays :  les hôpitaux, l’Education nationale et ses milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de  livrer des pizzas, de garantir  cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle,  la vie matérielle.  

Choix étrange que le mot « résilience », signifiant reconstruction après un traumatisme. Nous n’en sommes pas  là. Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps   pour désirer un nouveau monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent  déjà  sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde  dont l’épidémie révèle les inégalités criantes, Nombreux à vouloir au contraire un monde  où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie,  nous n’avons qu’elle, et  « rien ne vaut la vie » –  chanson, encore, d’Alain  Souchon. Ni bâillonner durablement nos libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui  permet à ma lettre – contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio – d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale.

Annie Ernaux

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Que de magnifiques initiatives dans ce moment délicat,

laissons parler notre intuition…

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Illustrations : 1/ « Grands chardons et coquelicots » Franz-Xaver Gruber   1787-1863  2/« Bouquet de coquelicots près d’une fenêtre » Olga Wisinger-Florian  1844-1926.

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BVJ – Plumes d’ Anges.