.
.
« … La M’mé s’est mise à raconter, lentement, de cette voix de tombe, une histoire d’oiseau et de chant. Jeanne connaissait l’histoire. La M’mé racontait pour Zoé. Dans chaque vivant, homme ou bête, il y a un oiseau, a dit la M’mé, et cet oiseau a un chant. Il arrive que cet oiseau se taise ou se cache, il arrive aussi qu’il chante. Ce chant se voit dans les yeux, il apparaît sous la forme d’une part douce. Bien sûr, certains chants sont plus beaux que d’autres, mais il y en a un dans toutes les têtes et chacun doit faire en sorte que le chant de sa tête soit le plus beau possible. Il faut parfois une vie entière pour parvenir à faire chanter l’oiseau. Et il arrive qu’une vie n’y suffise pas. Parfois aussi, le chant est tellement pur que le monde entier s’arrête pour l’écouter. Entendre ce chant, a terminé la M’mé, c’est comme décrocher la lune.
Zoé a ri dans l’ombre. Décrocher la lune, ce n’est pas possible.
– C’est justement parce que certaines choses ne sont pas possibles qu’il faut essayer de les faire , a dit la M’mé.
Il y a eu un silence. Après ce silence, des froissements de robe, des mouvements dans l’obscurité… »
.
…
Extrait de : « La beauté des jours » 2017 Claudie Gallay.
Illustration : Peinture mogohle anonyme du XVIIème (ici en deux parties) – « Deux Loriots (en haut : Loriot d’Amérique, en bas : Loriot à capuchon) »
…..
S’arrêter pour mieux entendre…
BVJ – Plumes d’Anges.