Archive pour juin 2022

Clin d’œil…

lundi 27 juin 2022

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La Nature est extraordinaire, elle invente de merveilleuses histoires, son imagination est débordante…

Imaginez un oiseau au plumage indigo et brillant, ourlé de lignes de noir mat, à l’œil d’un bleu profond tirant sur le violet, au bec jaune près pale, un oiseau de bonne taille. C’est un mâle, il se nomme le JARDINIER SATINÉ

Sa belle est tout autre, ses plumes sont d’un doux vert-gris, brodées de beige et de brun, le bec est noir, l’œil bleu profond…

Ils vivent dans les forêts humides d’Australie et de Nouvelle-Guinée., suivent un régime végétarien auquel sont ajoutés des insectes pendant la période de reproduction.

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Au printemps, les mâles veulent séduire. Sieur oiseau entreprend la construction d’un « berceau ». Pour cela,  il délimite un espace rectangulaire qu’il recouvre d’herbes sèches puis érige deux parois courbes en plantant des brindilles sur quelques dizaines de centimètres.

Une fois l’édifice réalisé, il se fait décorateur du lieu en y apportant plumes, coquilles, fleurs, feuilles… plutôt de couleur bleue, madame aime le bleu. Aujourd’hui, il ajoute au trésor de menus objets en plastique, terribles « bijoux » des temps modernes comme les capsules de bouteilles d’eau, « oubliées » par les hommes.

Il effectue alors une parade, danse en émettant d’incroyables vocalises, sortes de mantras d’amour. Dame oiselle visite les berceaux des différents prétendants, choisit le plus beau,  prend son temps,  admire, écoute, s’éloigne un peu, revient et enfin s’installe sous le voûte, l’accouplement peut avoir lieu.

Puis la femelle s’envole, elle ira construire un nid en forme de coupe dans lequel seront déposés de un et trois œufs, les oisillons naitront, elle s’en occupera seule..

Le mâle lui, continuera ses parades extraordinaires pour tenter de séduire d’autres dames…

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Prenez quelques minutes,

allez admirer cette fabuleuse parade amoureuse —>  ICI

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« Pour faire le portrait d’un oiseau

Peindre d’abord une cage

avec une porte ouverte

peindre ensuite

quelque chose de joli

quelque chose de simple

quelque chose de beau

quelque chose d’utile

pour l’oiseau

Placer ensuite la toile contre un arbre

dans un jardin

dans un bois

ou dans une forêt… »

Jacques Prévert dans Paroles – la suite –>  ICI

Illustrations : 1/  et 2/ « Jardinier satiné  » – mâle et femelle – Nicolas Huet le jeune et J-Gabriel Prêtre  XIXème  3/« Les oiseaux d’Australie »   Gracius J.Broinowski  1837-1913.

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S’envoler vers la beauté du monde…

BVJ – Plumes d Anges.

Esprits des lieux…

dimanche 19 juin 2022

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« … Je pratiquais des rites à la gloire de la lune, mon astre. Je faisais appel à elle quand l’œil de mon esprit était vide. J’amalgamais la lune à la terre et voyais naître de cette union un rideau de lumière, avec des pieds drapés flamboyants qui caressaient les pâturages, et une ribambelle de têtes à deux cent vingt mille miles au-dessus des hommes. Le rideau était surplombé par l’archange Gabriel, ange de la lune, messager divin. J’avais entendu parler d’un rituel à faire, entre la nouvelle lune et la suivante, permettant d’invoquer la protection des archanges, de se couvrir de leurs ailes, le temps d’une lunaison. Ils étaient chacun maîtres en leur domaine, Gabriel était grand gardien de l’amour, de la clairvoyance et de la parole…

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… Quand j’étais enfant on parlait toujours des esprits dans ma région, des esprits qui prenaient des formes invraisemblables, ma grand-mère disait par exemple que celui de son ancien voisin s’était transformé en fer à repasser, c’est pour dire. Celui de Yeats, vous allez vous dire que je suis aussi fou qu’une punaise de lit, mais en visitant sa tour – vous savez, Thoor Ballylee ? – je l’ai immédiatement senti, je veux dire physiquement, il a profité que je franchisse le seuil de sa porte pour passer sur mon visage – je vous assure – une brassée d’air chaud, piquant, à la limite de la douleur. Savez-vous ce qui m’est arrivé ensuite ? On aurait dit que je me trouvais soudain sous une douche de cailloux, des cailloux invisibles, des cailloux fantômes qui se déversaient sur moi, un véritable éboulement sur mon crâne. J’ai cru me fendre. Et tout à coup… plus rien. Allez comprendre. Mais je vous empêche de lire, non ? Je suis trop bavard, excusez-moi.

Vous êtes sûr? Eh bien après cela, il y a eu comme un changement de décor et de lumière. Du rose partout, du sol au plafond. La pièce était entièrement envahie par un brouillard sublime, vous ne pouvez pas vous figurer la beauté de ce nuage. Je me suis mis à entendre quelque chose – vous savez, ça défile beaucoup dans ma tête -, cette fois c’était un oiseau qui chantait, si magnifiquement que j’ai cru que j’étais mort, que j’étais passé dans l’autre monde. Le brouillard lui, circulait, il était vivant, il remuait comme un animal. Je me suis levé, j’avais envie de le le suivre, d’aller dans la direction qu’il m’indiquait. Sa fumée pastel gagnait tout partout, embellissait tout, se faufilait dans tous les interstices, s’entortillait autour des lustres poussiéreux, enlaçait les étagères, éclairait sur son passage les tableaux sur les murs – je me souviens d’un bébé endormi recroquevillé sous une couverture. Je crois bien que c’était W.B. dessiné par son père quand il était enfant. Beau comme un astre sous le brouillard. Le chant de l’oiseau se rapprochait, de quelques pieds, de quelques pouces, puis il s’est collé à mon oreille. L’oiseau ne sifflait pas, il disait… il disait… des vers. Oui, il déclamait comme un type au pub se lance dans une tirade. Cet oiseau était même, je dirais, un vrai conteur, il portait le soleil et la lune – j’imagine que vous connaissez le poème – dans une coupe d’or et un sac d’argent. Eh bien figurez-vous qu’à l’époque, moi, je ne le connaissais pas, et c’est l’oiseau qui me l’a appris…

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... La rage s’est évaporée, noyée par les braves qui poursuivent le chemin de lauriers roses et de violettes, qui guidés par les vers du poète enchanteur continuent à tracer des lignes dans les cieux obscurs.
Rien n’a disparu.
Nothing has gone. »

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Madeleine se rend à l’enterrement de sa voisine à Roquebrune-Cap-Martin quand la radio délivre une information concernant le poète W.B.Yeats. Ce dernier fut enterré dans ce village en 1939, ses restes  ne purent être rapatriés en Irlande qu’en 1948, à cause de la guerre. Le problème soulevé par le journaliste est qu’en France Yeats fut « jeté » dans une fosse commune, alors qui donc fut envoyé dans son cercueil ? Une enquête commence…

C’est une roman à plusieurs voix dont l’écriture et l’architecture sont remarquables. L’auteure nous parle, par petites touches, d’inspiration, de poésie, de beauté, d’ésotérisme, de liberté, elle nous fait naviguer entre deux mondes, des personnages glissent de l’un à l’autre, entre visible et invisible, entre dit et non-dit, entre vérité et imaginaire. Des secrets émergent pour libérer la douleur inscrite dans la chair, des fantômes se lèvent et racontent l’Histoire, les rêves et les amours.

De nombreuses rencontres se font sur le chemin de Madeleine, le puzzle se met en place comme si l’âme du poète exigeait qu’ordre fut remis dans cette fosse commune… et dans la vie des personnages.

Là est encore une belle lecture, rafraîchissante,

elle incite à plonger dans la poésie de ce grand irlandais, quel cadeau !

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Extraits de : « Les amours dispersées »  2022  Maylis Besserie.

Illustrations : 1/ « Boglands »  2/ « Fin du jour sur les champs »  George William Russel   1867-1935.

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Planer, flotter, se mouvoir en douceur…

BVJ – Plumes d’Anges.

Indispensables novations…

lundi 13 juin 2022

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« … Les « petits gestes » et autres « initiatives individuelles » sont certainement bienvenus. Mais ce n’est plus la question de fond. Un problème systémique ne peut avoir de solution que systémique. Il faut une révolution politique, poétique et philosophique. Dans un jeu où nous sommes sûrs de perdre, il n’est pas utile de faire un bon coup, il faut changer les règles. Le reste relève du détail ou du cache-misère…

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… Il ne faut pas renoncer à la croissance, il faut la redéfinir. Je pense sincèrement qu’il y a quelque chose de profondément débile – je n’ai pas de mot plus poli – à nommer croissance une éradication systématique de la vie sur terre. La croissance vraie ne pose aucun problème : l’amour, la créativité, l’entraide, la connaissance, les explorations artistiques et scientifiques peuvent évidemment croître. Elles le doivent ! Mais la production délirante d’objets inutiles, devenue une fin et non plus un moyen, doit être nommée pour ce qu’elle est : une maladie. S’il faut la nommer croissance, alors voyons-la comme une croissance tumorale.

Que les délinquants en costume osent qualifier de « progrès » le délire techno-nihiliste qui consiste à attendre le bus en parcourant son mur Facebook et sa galerie Instagram, bercé par les notifications Snap et Twitch, à proximité d’une poubelle connectée – alors même que les chants d’oiseaux ont presque disparu et que lire devient une quasi-anomalie – relève de l’aliénation.

Ne nous faisons pas d’illusions : il n’y aura aucune retenue de la part des chercheurs et des acteurs industriels. Ils demeurent, pour la plupart, prisonniers des carcans de leurs corporations et englués dans leurs pointilleuses convictions ratant la vision globale. Mais l’enjeu n’est pas de se restreindre : il consiste à s’interroger sur ce qui est désirable et à s’enivrer, sans réserve, de nouveaux enchantements.

L’avènement d’une société gestionnaire, étriquée dans ses desseins et sale dans ses rêves, montre qu’avec quelques décennies d’avance, Gébé avait raison. Il est temps de crier : « On arrête tout, on réfléchit et c’est pas triste. » Les bouffons ne sont pas ceux qu’on croit…

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Je ne suis pas convaincu par les arguments évolutionnistes. L’échec auquel nous faisons face n’est pas l’échec de l’humanité mais d’une petite partie de l’humanité qui emporte beaucoup d’autres vivants dans sa chute. D’innombrables autres cultures humaines ont développé des rapports au(x) monde(s) très différents de celui de la modernité occidentale… »

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 À la manière du Professeur Keating dans « Le cercle des poètes disparus  » qui demande à ses élèves de monter sur son bureau pour prendre de la hauteur et observer d’un autre point de vue, Aurélien Barrau, astrophysicien, philosophe et poète, nous propose une réflexion visant à élargir notre vision et nos perspectives. Il insiste sur l’urgence de créer et de produire du réel, d’avoir de l’imagination pour enfanter un monde respectant la vie sous toutes ses formes.

Nos mots devraient être précis, choisis, avoir un sens réel et non être les coquilles vides employées par la société de spectacle que certains cherchent à nous imposer…

Là est un riche petit opuscule dont le propos est fort intéressant, à lire vite et sans modération. 

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Extraits de : « Il faut une révolution politique, poétique et philosophique » Aurélien Barrau et Carole Guilbaud – 2022Éditions Zulma.

Illustrations : 1/ « Planisphère étoiles australes »  2/ « Planisphère étoiles boréales »  John Flamsteed  1646-1719.

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Élargir notre vision du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Interlude…

dimanche 5 juin 2022

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« Le silence nettoie, purifie, opère un détachement entre l’essentiel et l’accessoire, entre le temporel et l’impérissable, il permet de se délester de l’illusoire et de l’encombrant. »

Marie-Madeleine Davy

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« Le silence a sa propre éloquence, parfois plus précieuse que les paroles. »

Elizabeth Kübler-Ross

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« Le silence unifie, rassemble, centre et relie. Il ouvre la profondeur à la paix intérieure. »

Marie-Madeleine Davy

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Faire silence, se ressourcer dans la beauté, une fois encore…

Décision de plus en plus nécessaire,

voire indispensable pour continuer à

arpenter les chemins de la vie et élever nos pensées…

Ressentez-vous ce même besoin ?

Photos BVJ – Alpes – Petit lac au Col de la Lombarde – Mai 2022.

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Rechercher nos propres chemins de paix…

BVJ – Plumes d’Anges.