Archive pour août 2015

Réaliser…

vendredi 28 août 2015

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« … Je n’aime pas Fouquet du début de son existence jusqu’à son emprisonnement. Cet « honnête homme malhonnête » me déplaît dans ses outrances, ses manigances, ses orgueils, ses mondanités et son désir de paraître. Mais le ciel avait un plan pour lui et Fouquet l’a compris : il a dû faire tout cela, le château de Vaux-le-Vicomte, les intrigues à déjouer, les après-dîners secrets, les pots-de-vin à toute heure, les jets d’eau et les feux d’artifice nocturnes, les tapis de Turquie, les cuirs de Cordoue et les lits de brocart parsementés d’or, pour aller tout droit vers sa fin. Il a dû traverser les splendeurs illusoires pour toucher à la vérité profonde. Il a dû vouloir les plaisirs corsetés pour connaître la souffrance qui libère. Il a dû être un géant pour n’être plus rien. D’autres que lui font ce chemin à l’envers et perdent ce qu’ils avaient gagné au début…

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… Ceux qui se sentent étrangers sur terre en sont les vrais habitants…

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… L’étrangeté de la vie est pour moi un moins grand mystère que le mystère de ceux qui ne s’étonnent pas de l’étrangeté de la vie…

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… Soudain, papa s’agenouille devant un landau dans lequel s’est redressé un bébé joyeux. La maman n’est pas étonnée de voir papa, le visage rempli de bonheur, babiller quelques mots à l’enfant qu’il interroge d’un sourire de lumière. Le poupon lui répond d’un sourire plus lumineux encore. La maman dit merci, comme si le bon Dieu en personne la visitait. Et moi, je regarde cela furieux, piétinant sur place comme un diable authentique, tellement en colère de voir ce que je n’ai pas eu de ma vie, ce que je n’ai jamais vécu, ce que mon père ne m’a jamais donné. L’enfant s’en va et ses petits yeux soyeux dardent des rayons multicolores. Papa se retourne vers moi. Il lui reste sur le visage un peu de son sourire de lumière et je comprends soudain. Sans rien me dire, il m’a montré devant ce bébé joyeux comment il m’a aimé, avant, au début, et comment il regardait le petit garçon que je fus et qui ne peut s’en souvenir. Je me dis alors qu’il m’offre du passé perdu, papa. Je me dis qu’il ouvre une fenêtre du temps pour que j’inspire tout l’oxygène dont la suite de ma vie aura besoin. Mon père irréversible m’offre le plus beau des cadeaux et je me souviens qu’à cet instant-là, quand je comprends cela, l’émotion me coupe l’âme en deux parties égales, nuit noire et éblouissement.

Montreurs d’exemples, faiseurs de miracles, retournez vite au ras de mon enfance, allez me le chercher tout en bas, ce petit papa que je n’ai pas fini de serrer contre moi… »

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Extraits de : « Devance tous les adieux » 2015 Ivy Edelstein.

Illustrations : 1/« Le triomphe de la Loyauté – Chambre des Muses – Château de Vaux-le-Vicomte »  Charles Le Brun 1619-1690  2/« L’artiste danois Pietro Krohn et son fils Mario »  Albert Edelfelt 1854-1905.

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Nous sommes tous « accompagnés »…

BVJ – Plumes d’Anges.

Grand Jeu…

mercredi 26 août 2015

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« Tout est là. Tout commence avec la Nuit étoilée. Ce que tu cherches au plus obscur, ce que tu cherches sans chercher. Ce qui te traverse. Un abandon au monde. Et peut-être même un abandon de l’abandon. Tout est là. La nébuleuse spirale, les onze étoiles centrifuges et le croissant de soleil-lune, vestige d’éclipse, bouche de blessure-joie. Tout est là. Avec cette formidable force de réenchantement. Écoute. C’est la vie même, qui veut la nuit comme le jour. C’est la vie comme une naissance continue. Combien de naissances dans une vie ?…

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… On sait que l’on aime à la profondeur du souffle. La même demande, le même besoin du souffle de l’autre. La nuit étoilée, la lune, l’éclipse, une trinité d’amour. Avec cette émotion de la nuit en plein jour. Écoute. Tu entres dans la nuit en plein jour. Tu entres dans la mort en pleine vie. Le labyrinthe t’interroge à tout instant. C’est le mystère d’une apparition qui est une disparition. Le mystère d’un affleurement. Tu tires la leçon de vie de ce qui te bouleverse. Il y a avant, il y a après. Tu sais quelque chose que tu ne savais pas avant. Tu repars de zéro, tu décantes. C’est une éclipse interne, le moment d’une éclipse interne, la fêlure qui peut devenir gouffre mais qui permet de s’ouvrir au monde. Dans une souffrance bien tempérée. Pourquoi, au fond, la souffrance serait-elle dramatique ? Pas de clé à l’énigme, là, on retourne à ce que l’on est. C’est-à-dire rien. Pulvérisé à nouveau. Poussière d’anges ou d’étoiles, ou d’asphalte. Le Grand Jeu. Le Grand Tourbillon. Nourri de ne plus rien savoir, de ne plus penser à soi. La clé, alors, ce serait de remercier. Dire merci à tout, même à l’épouvantable, dans une fulgurante attention…

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… Écoute, l’aube n’a plus de mémoire, et le soleil a oublié ses souvenirs. C’est un monde absolument neuf… »

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Extraits de : « Le battement du monde » (à propos de l’œuvre de Van Gogh « La Nuit étoilée ») 2002  Zeno Bianu.

Illustrations : 1/« Vues de phénomènes atmosphériques » Josef Gabriel Frey 1791-1884  2/« Arc en ciel-La chronique de Nuremberg »  Michael Wolgemut 1434-1519.

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Naître et renaître à soi-même…

BVJ – Plumes d’Anges.

Interrogation…

dimanche 23 août 2015

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« … « Il faut épouser son temps », avait un jour lancé le peintre Daumier à Ingres.

« Et si le temps a tort ? » lui avait répliqué le néo-classique… »

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Citation extraite de : « Les quatre saisons de l’été » 2015  Grégoire Delacourt.

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Tableaux : 1/« La baigneuse »  Jean-Dominique Ingres 1780-1867  2/« La nuit, sur un pont »  Honoré Daumier 1808-1879. 

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Prendre du recul…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chemin de lumières…

jeudi 20 août 2015

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 » … C’est certainement parce que l’écriture est un art léger que les hommes ont eu l’idée d’utiliser la plume de l’oiseau pour tracer les lettres sur le papier ou sur le parchemin. La « plume » du stylo en garde le souvenir. Lorsque j’entends déclarer que ceux qui boudent l’ordinateur en sont à « l’âge de pierre », modernisme oblige, je me dis que je préfère rester à « l’âge de plume » et écrire d’une main ailée…

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… La page blanche ne me fait pas peur, elle m’invite plutôt à une extrême délicatesse : l’art d’écrire ne consiste pas à « noircir » des pages, mais à y déposer des signes, des lueurs, telles les traces que les oiseaux laissent sur la neige…

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… Tout réside dans l’intention et dans l’orientation de celui qui écrit, peint, danse ou joue d’un instrument de musique…

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… Face à cet idéal, à cette utopie de fraternité sociale, de fraternisation des peuples que dément en permanence la réalité des guerres, je crois à la fraternité spirituelle parce qu’elle se réfère à une origine divine, à une Lumière ou à un Amour qui est notre véritable parenté. Quels que soient leur pays, leur langue ou leur religion, les personnes qui ont l’expérience de l’intériorité se comprennent et s’accordent sans même avoir besoin de parler, parce qu’elles sont reliées par le Haut…

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… Ce qui demeure précieux, dans toute relation, dans toute rencontre, c’est l’altérité : il ne peut y avoir dialogue véritable si on reste entre soi, si on ne fait pas la place à l’autre. L’accord et l’harmonie sont à ce prix…

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… Consoler un ami lors d’une épreuve, ce n’est pas le plaindre et l’enfermer dans son chagrin, ni le rassurer en lui donnant de bonnes raisons d’aller mieux. C’est d’abord faire acte de présence, être là auprès de lui, avec ou sans paroles, mais d’une présence totalement aimante. Et lorsque le moment vient, c’est le relier à une force qui le dépasse et qui vient de l’Esprit. Il y a un temps pour prendre l’ami affligé dans ses bras , et il y a un temps pour le relever et le consolider. J’aime bien l’adage qui énonce que « l’ami, c’est celui  qui te rappelle ta lumière lorsque tu l’as perdue ». Cette lumière, c’est d’abord celle de l’espérance… « 

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Extrait de : « Sois comme un Roi dans ton cœur » 2015   Jacqueline Kelen.

Illustrations : 1/« Oiseaux et balustrade »  Melchior de Hondecoeter 1636-1695   2/« Madonne du Magnificat » (détail) Sandro Boticelli 1445-1510.

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Voler plus haut…

BVJ – Plumes d’Anges.

Tout passe mais…

samedi 15 août 2015

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« … Je cherchais dans mes souvenirs ce que j’avais aimé.

– Peut-être le monde lui-même, lui dis-je. La vie, bien sûr. Mais plus encore le monde. Le monde et son spectacle. Il y a dans la vie une prétention, une violence, un côté content de soi et vaguement conquérant qui ne me plaisait qu’à moitié. Les imbéciles répètent que la vie est un combat, qu’il faut lutter pour vivre. Ces sonneries de clairon, ces appels aux armes me fatiguaient plutôt. J’aimais regarder le monde d’un peu loin,comme nous le faisons aujourd’hui, comme Lucrèce sur sa falaise – « Suave mari magno… » – , comme si j’étais de passage. Et je l’étais en effet. Une sorte de touriste en vacances sur les plages de cette planète, dans ses collines, dans ses campagnes. « Et vous restez combien de temps ? »  » Oh ! Sauf accident, un peu moins d’un petit siècle. » Visitez le monde au printemps ! Visitez le monde en automne ! Vous ne le regretterez pas : soixante quinze ans de souffrances et de plaisirs mêlés et d’émerveillement garanti ! All the world’s a stage : le monde est un théâtre. Nous y bâclons tous notre numéro sous les projecteurs de l’histoire, nous récitons notre texte, on nous applaudit, on nous siffle et, après avoir fait de la figuration à peine intelligente dans la plus belle des pièces – un succès universel, un triomphe, un chef d’œuvre : l’histoire des hommes sur la Terre -, nous rentrons à jamais dans les loges de l’oubli et de l’éternité…

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… – Mais alors, demanda A, si ce n’est ni pour le chagrin, ni pour le bonheur, pourquoi êtes-vous sur la Terre ?

-Çà, mon petit bonhomme…

– Mon petit bonhomme ?… dit A en levant un sourcil.

– Excuse-moi, bredouillais-je, c’est l’enthousiasme, c’est la crainte, c’est l’angoisse d’être un homme – ou de l’avoir été… personne ne peut te le dire. Beaucoup pensent que c’est comme ça et que nous sommes ici par hasard. D’autres soutiennent qu’il y a un Dieu – ou peut-être plusieurs, un Père, un Fils, un Olympe, toute une famille de dieux – qui a tout arrangé et qui nous laisse croire, à tort ou, on ne sait pas, à raison, que nous agissons par nous-mêmes. Et ce qu’il y a d’épatant, c’est que le piège est si bien tendu et la machine montée avec tant de rigueur et de précision que personne n’a aucun moyen de décider avec certitude si nous sommes nos propres maîtres ou les jouets de quelqu’un d’autre. Les génies, à cet égard, en savent aussi peu que les idiots du village et tout le monde, sur cette Terre, est logé à la même enseigne. Je crois que je t’ai déjà parlé de toutes ces choses qui agitent les philosophes et les théologiens et dont le reste des hommes ne s’occupent pas beaucoup.

– Comment expliques-tu que les hommes s’inquiètent si peu de leur origine et de leur destin à venir au seul bénéfice des quelques mois qu’ils ont à passer sur cette Terre ? C’est comme si un voyageur dans un train oubliait tout à coup d’où il vient et où il va.

– C’est qu’ils ont autre chose à faire, lui dis-je.

– Et quoi donc ? demanda-t-il.

– Du jardinage, lui dis-je.

– Du jardinage ?

– Et il tendit la main vers son carnet de notes.

Je l’arrêtai d’un geste.

– Du jardinage. Des courses à pied. Des opéras bouffes. Des terrines de canard. Des rectifications de frontière. Des statues de marbre. Des jeux de mots. Tout cela s’enchaîne sans fin dans de subtils engrenages qu’on appelle le destin…

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… Tout passe à fond de train. Tout s’oublie. Les gens crient tous en même temps. Et personne n’a plus le temps de voir le monde et sa beauté. Il n’est pas impossible que le silence devienne la seule issue dans un monde pressé et bruyant… »

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Extraits de : « La douane de mer » 1993 Jean d’Ormesson.

Illustrations : 1/« Beate Maria »  Julius Gari Melchers 1860-1932   2/« Le concert des oiseaux » (détail)  Melchior de Hondecoeter 1636-1695  3/« Roses » Giovanni Boldini 1842-1931.

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Percevoir un doux chant du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.


Des miracles…

mardi 11 août 2015

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« Eh quoi – fait-on si grande affaire d’un miracle ?

Quant à moi, je ne connais rien d’autre que des miracles,

Quand je me promène dans les rues de Manhattan,

Ou que je darde mon regard par-dessus les toits dans le ciel,

Ou que je patauge pieds nus le long de la plage dans la marge même de l’eau,

Ou que je me tiens sous les arbres dans les bois,

Ou que je parle le jour avec n’importe qui que j’aime,

Ou que je dorme la nuit avec n’importe qui que j’aime,

Ou que je suis à table en train de dîner avec les autres,

Ou que je regarde les étrangers assis en face de moi dans l’omnibus,

Ou que j’observe les abeilles qui s’affairent autour de la ruche un matin d’été,

Ou les bêtes qui paissent dans les champs,

Ou les oiseaux ou la merveille des insectes dans l’air,

Ou la merveille du couchant ou celle des étoiles qui brillent si tranquilles, si lumineuses,

Ou l’exquise, la mince et délicate courbure de la lune au printemps,

Tout cela et le reste, toutes ces choses et chacune sont pour moi des miracles,

Chacune se rapportant au tout, quoique distincte et à sa place.

Pour moi, chaque heure de lumière et d’obscurité est un miracle,

Chaque pouce cubique de l’espace est un miracle,

Chaque yard carré de la surface de la terre est jonché de miracles,

Chaque pied de l’intérieur pullule de miracles.

Pour moi la mer est un continuel miracle,

Les poissons qui nagent – les rochers – les mouvements des vagues – les navires avec les hommes qu’ils portent,

Y a-t-il plus étrange miracle ? »

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« Miracles » Poème de Walt Whitman 1819-1892.

Illustrations : 1/« Visage de femme paupières baissées »   Federico Barocci 1535-1612  2/« Coucher de soleil en baie de New York »  Gifford Sanford Robinson 1823-1880.

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Ouvrir son cœur aux miracles…

BVJ – Plumes d’Anges.

Mûres mûres…

dimanche 9 août 2015

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Délice des mûres et autres fruits rouges…

Fruits des bois, nostalgie de l’enfance ou nostalgie des vacances ?…

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« … J’ai vu des riches pauvres parce qu’ils désiraient sans fin

Et des pauvres riches car ils ne désiraient pas plus que ce qu’ils pouvaient avoir…

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Je veux retrouver le goût des mûres des chemins de mon enfance

Écraser des fraises dans ma bouche

Avaler le jus des framboises et le sentir descendre chaud dans ma gorge

Respirer la fleur du sureau

Mâcher le brin d’herbe

Mettre le bouton-d’or sous le menton d’une femme en robe d’été

Lui apprendre à faire des poupées avec des coquelicots

Manger des groseilles

S’arracher la peau aux épines des groseilles à maquereau

Cueillir des noisettes

Croquer dans le ventre d’une pomme

Augmenter ma salive avec son jus

Devenir moi-même pomme puis pommier

M’allonger dans l’herbe

Voir le ciel derrière la danse des brins

Cligner des yeux et les fermer à cause de la clarté du soleil

M’endormir le dos épousant la terre de mon destin… »

Extraits de :« Le recours aux forêts » 2009  Michel Onfray.

Illustration : « Rubus articus » Carl Axel Magnus Lindman 1856-1928.

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Hello, hello, mais c’est dimanche,

si nous fêtions ce jour de retrouvailles avec joie et gourmandise ?

Partons ensemble…

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FONDANT AUX FRUITS ROUGES

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Ingrédients : 350 g de fruits rouges, 150 g de farine, 100 g + 3 c.à soupe pour le second mélange de sucre roux, 10cl de lait, 3 œufs, 30 g de beurre + 80 g  de beurre pour le second mélange, 1 sachet de levure chimique, quelques gouttes d’extrait d’amande amère.

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Réalisation :

première préparation…

Fouetter 2 œufs et 100 g de sucre jusqu’à obtention d’un mélange mousseux.

Incorporer farine, levure, lait et 30 g de beurre fondant.

Verser cette pâte dans un moule beurré et chemisé, disposer les fruits rouges en les enfonçant légèrement, enfourner 25 à 30 minutes à 180° (200° sur mon petit four).

deuxième préparation…

Battre un œuf avec 3 c. de sucre en poudre, incorporer l’extrait d’amande amère et 80 g de beurre fondant.

Quand la première cuisson est terminée, verser ce mélange et enfourner à nouveau 20 minutes.

Laisser refroidir le gâteau dans le four, le décorer avec des fruits rouges frais

et écouter son murmure intérieur avec délectation…

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Interprétation personnelle d’une recette du net.

Photos P.J.

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Être riche de choses simples…

BVJ – Plumes d’Anges.