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« … Le Qi-Kong l’aurait-il vraiment sauvée ?
Un jour, en visitant le temple de Tao, j’appris par hasard qu’un moine pratiquait cette magie. Alors je demandais un entretien et lui posais une question assez agressive : De quelle façon votre Qi-Kong prétend-il soigner le corps humain ? Le moine taoïste ne fut pas du tout vexé, il me sourit avant de m’expliquer avec patience : Tout objet dans l’univers, comme l’univers lui-même, se maintient dans un équilibre complet, le Yin et le Yang doivent être rigoureusement égaux, un rien de plus ou de moins dans la balance du positif-négatif, et l’objet se détruit et se transforme en un autre. Dans le corps humain, le Yin et le Yang sont représentés par deux Qi qui s’entretiennent, qui s’alimentent, et qui bien sûr perdurent. L’un est le positif l’autre le négatif, l’un le chaud l’autre le froid, l’un la joie l’autre la tristesse, l’un la bonté l’autre la méchanceté, l’un la force l’autre la tendresse, l’un l’amour l’autre la haine, l’un la beauté l’autre la laideur, l’un le mouvement l’autre l’immobilité… Ces deux Qi tourbillonnent ainsi chaque seconde dans notre être et nous font agir selon le côté fort de l’instant. C’est pourquoi une même personne peut paraître méchante ou bonne à des moments différents, et tombe malade ou recouvre la santé selon les circonstances. La maladie de quelqu’un revient ainsi à un agissement incorrect de ses Qi…
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… « L’homme et le ciel ne font qu’un, notre corps est un univers en petit, chacune de nos cellules est un amas d’étoiles. »…
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… « Est-ce facile d’apprendre à canoter ? demandai-je un jour à ma mère.
– Oui, c’est facile lorsqu’on sait déjà nager.
– Mais je veux dire faire de la barque, insistai-je, quel rapport avec nager ? »
Ma mère eut un sourire presque moqueur avant de me répondre :
« Parce que, sachant nager, tu ne te soucieras plus de l’eau. Comme on dit : un bon nageur oublie l’eau. Alors tu canoteras comme si tu marchais sur le sol… »…
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… » Devant mon temple, dans la montagne de Jio-Hua, une vieille femme qui vend des bougies pleure tous les jours. On la surnomme la Dame aux sanglots. Un jour, je lui ai posé une question :
« Pourquoi pleures-tu ?
– J’ai deux filles, me répondit-elle, l’aînée a épousé un marchand de chaussures, et la cadette un vendeur de parapluies. Quand il fait beau, je pense que personne n’achète les parapluies de ma pauvre petite fille et lorsqu’il pleut, je m’inquiète pour ma fille aînée qui ne vendra sûrement pas ses chaussures. Voilà pourquoi je pleure. »
« Alors je lui ai dit qu’elle devait inverser l’ordre de ses filles, penser à sa fille marchande de parapluies quand il pleut et à sa fille aînée qui vend bien ses chaussures quand il fait beau. C’est ce qu’elle a fait, et la joie ne la quitte plus. »…
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… La connaissance de l’Univers ne réside pas dans la quantité ni dans la qualité des concepts que nous faisons sur Lui, mais dans la profondeur et dans la finesse de ce que nous sentons de Lui… »
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Extraits de : « Le cercle du petit ciel » 1992 Ya Ding.
Illustrations : 1/« Mes enfants » Abbott Handerson Thayer 1849-1921 2/« Soleil » Mikalojus Konstantinas Ciurlionis 1875-1911.
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Affiner nos perceptions…
BVJ – Plumes d’Anges.