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« Conseil à un vannier père de famille.
Certains affirment n’avoir aucun but dans l’existence, pourtant ils en ont assurément au moins un, celui d’être heureux, comme tous les êtres. Nous nous voulons tous du bien (…)
Qu’aimerions-nous transmettre à nos enfants ? Une belle image de nous-mêmes, de sorte qu’ils nous voient plus beaux que nous ne sommes en réalité? À quoi bon? Des biens matériels ? C’est leur mettre entre les mains un monceau de problèmes. Ils se disputeront nos richesses à notre mort, et même si nous partageons celles-ci de notre vivant, certains se penseront lésés et envieront ce que les autres auront reçu (…)
Ce qu’en revanche nous pouvons leur léguer, c’est une source d’inspiration, une vision des choses qui ait un sens et qui puisse leur donner confiance à chaque instant de leur vie. Pour cela nous devons bien-sûr acquérir nous-mêmes une certaine assurance, une certitude intérieure. Or, ce sentiment ne peut à l’évidence venir que de notre esprit ; il est donc grand temps de nous occuper de celui-ci.
Depuis notre naissance, nous laissons notre esprit fonctionner comme bon lui semble, à l’image d’un gamin capricieux, et nous sommes bien obligés de voir que rien de vraiment positif n’en a résulté. Reprendre les rênes devient indispensable et mérite que nous y consacrions du temps, ne serait-ce qu’un peu chaque jour.
Mieux vaut donc nous raviser et faire preuve de bon sens. Or si nous laissons notre esprit nous maltraiter au point que nous vivons dans la souffrance et faisons également souffrir les autres autour de nous, c’est le signe que nous manquons précisément de bon sens. On peut considérer comme « négatives » les pensées et les paroles qui proviennent de notre esprit perturbé. Si, au lieu de nous lamenter sur notre sort, nous cultivons l’altruisme et la compassion et que ces états d’esprit « positifs » améliorent notre bien-être et celui d’autrui, nous faisons preuve de bon sens.
Le désarroi dans lequel nous nous trouvons est en fait une aubaine : il témoigne de notre sensibilité. Ceux qui traversent la vie sans le moindre sentiment de détresse sont inconscients. La détresse induite par notre prise de conscience recèle un immense potentiel de transformation, un trésor d’énergie dans lequel nous pouvons puiser à pleines mains et que nous pouvons utiliser pour construire quelque chose de meilleur, ce que l’indifférence ne permet pas.
Si tu penses que le monde entier se dresse en ennemi, imagine, toi le vannier, que tu te trouves devant des tonnes d’osier. Pour faire des paniers, il te faudra tresser correctement cet osier. De même, face à toutes ces difficultés, tu dois tresser parfaitement un panier intérieur suffisamment grand pour contenir tous les aléas de l’existence sans qu’ils te submergent. Bref, il est essentiel que tu occupes de ton esprit avec discernement. »
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Extrait de : Jigmé Khyentsé Rinpotché cité dans « « Chemins spirituels » 2010 Matthieu Ricard.
Tableaux : 1/« Bouquet parfumé » Robert Anning Bell 1863-1933 2/« Corbeille de cerises et fleurs » Blas de Ledesma 1602-1614.
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Donner confiance…
BVJ – Plumes d’Anges.