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« … En toi est le jardin des fleurs, dit Kabir. En toi est le jardin des fleurs… Longtemps cela m’a paru une simple référence poétique. Aujourd’hui, ce titre me semble la clé de l’intimité avec le meilleur de soi.
Prenez quelques secondes pour imaginer un jardin intérieur. Il affiche des zones d’ombre et de lumière. On peut s’y livrer aux rayons du soleil. On peut s’y reposer et faire la sieste. On peut y écouter le vent dans les arbres et le chant des oiseaux. Il y a peut-être même une fontaine qui émet un léger gazouillement. On peut y contempler quelques sculptures, humer des fleurs et se laisser enchanter par les parfums de la nature. On peut y déambuler et y méditer. On peut y boire et y manger. Bref, c’est un endroit où prendre une bouffée d’air frais dans tous les sens du mot. . Fermez les yeux, laissez vos préoccupations à la porte, et abandonnez-vous, condition essentielle au ressourcement. Notre réceptivité passive s’ouvre alors et il devient possible de se nourrir de sensations subtiles.
À l’évidence, vous avez aussi la possibilité d’entrer dans ce jardin la tête remplie de soucis. Ce n’est pas grave, le jardin ne vous en voudra pas. Mais il ne pourra rien pour vous. Vous resterez enfermé dans la partie mourante de vous-même, dans cet univers concentré qui devient concentrationnaire avec le temps parce qu’on y tourne en rond comme les prisonniers dans la cour. Cela va tout à fait à l’encontre de notre entreprise.
Comme je l’ai déjà dit, rencontrer le meilleur de soi signifie prendre contact avec la partie vivante de soi. C’est honorer la partie lumineuse, large, abondante. C’est la nourrir, la stimuler, la cultiver. Cela veut également dire que l’on favorise l’intensité de la vie en invitant de nouvelles sensations, de nouvelles idées, de nouveaux rêves.
Le meilleur de soi est déjà présent. Il n’a pas à être créé ou inventé. Il ne s’agit pas d’une tâche de plus à accomplir. Il s’agit de permettre un ressenti, de lui ouvrir la porte comme on ouvre celle d’un jardin. Alors nos capacités subtiles favorisent la rencontre de l’océan en soi, le ciel étoilé en soi, chaque partie de l’univers en soi…
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… La première fleur du jardin du dedans est la détente. Elle contribue à rétablir l’ampleur naturelle de l’être…
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… Quand le souffle s’étire et se lance vers l’inconnu, c’est le moment de l’inspiration. J’inspire, j’accueille l’air dans mes alvéoles pulmonaires et l’univers s’imprime en moi. Je m’informe, je m’instruis, je m’inspire, je m’oriente et j’entre en expansion.
Quand le souffle revient à sa source, c’est l’expiration. J’expire, j’expulse l’air hors de mes poumons. Je m’incarne, je m’exprime, je me mélange, je participe…
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… Lorsque l’on respire consciemment, on a l’impression de communier avec la vie, et de s’unir à son immensité. Comme si l’univers était en soi et qu’on y participait intimement…
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… Les visites de l’espace intérieur ne règlent pas tout comme par magie. Les difficultés, les impatiences, les écueils sont toujours là, mais ils ont perdu le pouvoir de nous mettre à genoux. Avec le temps, ils deviennent les nombreux rappels qui nous gardent éveillé et qui nous invitent à choisir la part lumineuse et vivante plutôt que la part sombre. Au bout du compte, on réalise de plus en plus clairement que la qualité d’une vie n’a rien à voir avec ce que l’on fait, elle a plutôt à voir avec comment les choses sont vécues. Tout se résume à une disposition d’esprit… »
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Extraits de : « Le meilleur de soi » Guy Corneau 1951-2017.
Illustrations : 1/« Un jardin en septembre » Mary Heister Reid 1854-1921 2/« Jardin japonais » Emil Orlik 1870-1932.
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Entretenir un havre de paix en soi…
BVJ – Plumes d’Anges.