Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Souffle de l’Âme…

dimanche 17 décembre 2023

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Olga Boznanska est née à Cracovie dans un milieu aisé en 1865. Adam, son père, polonais, était ingénieur des chemins de fer, Eugénie Mondan, sa mère, française,  professeure de français et peintre à ses heures. C’est elle qui apprend à Olga le dessin, ainsi que le pastel.

Olga suit une formation académique très poussée. À l’âge de 21 ans elle se rend à Munich et rejoint un groupe de peintres polonais dont le « chef de file » est un ami de la famille, Jozeph Brand. À cette époque, l’académie des Beaux Arts ne reçoit pas de femmes, elle suit donc des cours dans des ateliers privés (celui de Carl Kircheldorf et celui de  Wilhelm Dürr) et participe à ne nombreuses expositions dans de grandes villes européennes.

Elle est alors très sensible, nous dit-on, à la poésie de Maurice Maeterlinck et à la peinture japonaise.

À 33 ans, elle s’installe à Paris, y rencontre  un grand succès, les expositions de ses tableaux  se succèdent.  Son travail est très lent, indépendant de tout courant de mode. C’est une femme libre qui ne s’est jamais mariée par crainte de perdre le droit de s’exprimer picturalement.  Les années passent, elle reçoit de nombreux prix puis vient un temps d’épreuves, les guerres, le suicide de sa sœur cadette Izabela… Elle s’isole du monde, vit de manière recluse et meurt en 1940 dans un vif dénuement, laissant une œuvre considérable.

Une grande exposition lui sera consacrée à Varsovie en 2015…

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En regardant de près les toiles, j’invente souvent une histoire, j’aime les présenter par paire, j’ai la sensation qu’un dialogue s’instaure.

Ces deux enfants assis sur les marches d’un escalier, vêtus de tabliers en lin brun-rouge, un œil droit un peu étrange pour le petit garçon, un chapeau semblable à une auréole pour la petite fille, ces deux enfants, qu’observent-ils ? Leurs yeux ronds couleur aigue-marine semblent voir ou attendre quelque chose, ou sont-ils éblouis par une apparition, mais laquelle ?

L’autre tableau montre un intérieur coquet, la palette de couleurs est  délicieuse, un fin rideau s’agite dans la brise, plusieurs bouquets de fleurs fraiches – peut-être cueillies dans le jardin que l’on aperçoit sur la gauche.  Le verre mercurisé du miroir ancien ne dévoile pourtant rien. Que se passe-t-il dans l’invisible ?

Tout est mystère, là se love peut-être le cœur de l’inspiration. Quel est le point de départ d’une œuvre ? une réalité ? un fait vécu ? une émotion ? une vieille mémoire ? un rêve remontant telle une bulle sous les pinceaux du peintre ?

Ces deux toiles me semblent converser l’une avec l’autre, j’imagine une discussion intime, un temps suspendu, une illumination captés par l’artiste, un souffle de l’Âme… Qu’en pensez-vous ?

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« … Il est bon de croire qu’un peu plus de pensée, un peu plus de courage, un peu plus d’amour, un peu plus de curiosité, un peu plus d’ardeur à vivre suffira quelque jour à nous ouvrir les portes de la joie et de la vérité. On peut espérer qu’un matin tout le monde sera heureux et sage ; et si ce matin ne vient pas, il n’est pas criminel de l’avoir attendu… »

Extrait de : « La sagesse et la destinée » Maurice Maeterlinck  1862-1949

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Illustrations : 1/ « Enfants assis sur les marches d’un escalier »  2/ « Intérieur »  Olga Boznanska  1865-1940.

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Recevoir l’Illumination…

BVJ – Plumes d’Anges.

S’envoler…

dimanche 3 décembre 2023

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« … L’oiseau en vol donne une puissante image de liberté, mais cette liberté, il devait la conquérir au prix d’efforts terribles.

Marta Arguerich, quand elle joue Chopin, donne elle-aussi une puissante image de liberté. Son visage amusé semble le confirmer. Faut-il rappeler les années de pratique ingrate dont elle a eu besoin pour atteindre ce niveau ?

Chaque année, au moment de leur apprendre à voler, les parents oiseaux perdent une proportion considérable d’oisillons. L’envol demeure un enjeu capital qui s’acquiert au prix de la vie. Encore faut-il l’entretenir une fois qu’il est obtenu. Pas question de s’octroyer un jour sans voler. La musculature nécessitée par cette activité demande un entraînement intensif où l’on ne peut se permettre aucun relâchement…

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… Découvrir les oiseaux, ce fut découvrir la sidération.

C’était tellement puissant qu’il m’est toujours aussi difficile d’exprimer ce trouble par le langage. Il y a des millions d’années, un dinosaure a conçu le désir délirant de voler. Ce pachyderme a mis en place un processus de dément dans le but d’accomplir un rêve improbable. (…) Mesure-t-on ce qu’il faut d’idéal, de candeur, de courage, de longanimité et de fulgurance pour se lancer dans une aventure pareille ? Il me semble qu’à ce moment-là, il m’a brusquement été donné d’entrevoir la grandeur de cette décision.

Depuis l’apparition du dinosaure jusqu’à celle du premier dinosaure volant, que l’on appelle archéoptéryx, s’écoulèrent quatre vingts millions d’années. Une telle durée nous écrase. Entrevoir une patience aussi sublime, c’est soupçonner le principe moteur de l’univers. Ce qui permet de tabler sur un infini pareil, c’est le désir…

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… « Cultive l’oiseau en toi, décidai-je. On verra où cela te mènera. »…

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… Mon chant serait écriture. Comme l’alouette, je chanterais au moment de voler. Plus précisément, mon vol serait ma musique. Mélodie ténue, peut-être audible de moi seule, musique de survie cependant.

L’immense majorité des peuples ont identifié l’oiseau au psychopompe. Cela semble évident : qui peut effectuer le voyage le plus radical sinon celui qui vole ? Et quand on désigne un psychopompe humain, c’est Orphée, le poète, celui qui chante – l’autre attribut de l’oiseau… »

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Un roman où tout n’est que métaphores. Il semble avoir la légèreté d’un oiseau tant il est pudique et poétique mais sa profondeur est évidente.

Amélie Nothomb porte son regard sur la passé, sur la rencontre avec différentes cultures au gré des affectations successives d’un père diplomate.

Suite à un évènement dramatique vécu à l’adolescence et une traversée douloureuse de l’existence, petit à petit, à force de volonté, grâce à l’écriture et ses amours aviaires, son âme a enfin pu « réintégrer » son corps, il aura fallu dix années.  L’auteure se métamorphose elle-même en oiseau tout au long de cette nécessaire migration intérieure. Au fil du temps, elle affine sa plume dans un lent travail d’épuration de l’écriture. La vie, la mort, balancier incessant… la vie est à traverser, l’Homme y laisse des plumes pour prendre son envol mais il est accompagné, l’oiseau psychopompe veille.

« Écrire, c’est voler. » dit-elle.

Cette lecture m’a beaucoup touchée, j’y ai senti l’intelligence et l’érudition de l’auteure, sa sensibilité, sa passion des oiseaux et du Japon depuis sa plus tendre enfance. Elle parle avec délicatesse des cycles de la vie et montre un chemin de reconstruction…

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Extraits de : « Psychopompe »  2023  Amélie Nothomb.

Illustrations : 1/ « Loriot à tête noire »  2/ « Étourneau brahmanique, chenille, cocon et papillons sur un jujubier »  3/ « Grue Antigone »  Sheikh Ain ud-Din  (élève de Lady Impey)  XVIIIème.

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Ramager avec ferveur…

BVJ – Plumes d’Anges.

Feux du ciel…

dimanche 26 novembre 2023

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« Je te souhaite d’entendre les mots doux que l’on te dit en silence…

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… Je te souhaite des ciels qui s’ouvrent…

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... Je te souhaite de penser à la chenille que tu étais…

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… Je te souhaite un soleil nouveau chaque matin…

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… Je te souhaite juste ce qu’il faut d’ombre pour connaître la lumière…

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… Je te souhaite de trouver ce que tu ne cherchais pas…

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… Je te souhaite des présences qui prennent soin de ta solitude…

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… Je te souhaite d’accorder ton rythme à tout ce qui bat…

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… Je te souhaite des poussières flottant dans la lumière…

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… Je te souhaite des étoiles filantes où accrocher tes vœux…

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… Je te souhaite de voir comme tout est déjà là… »

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Un bijou ! Un petit bloc de 99 souhaits lumineux et bienveillants,

imprimés sur un épais papier blanc dans une élégante typographie.

– un souhait par page –

Couverture cartonnée,

un seul anneau retient le tout, qui s’ouvre et se ferme :

on peut ainsi détacher les feuillets pour en faire présent

 ou simplement s’en souvenir.

Chaque exemplaire est numérotée…

C’est simple et profond, c’est doux et léger, c’est un baume…

à offrir en toute occasion !

Extraits de : « des étoiles filantes »  Mélanie Leblanc.

Illustrations : 1/ « Lys »  Olga Wisinger  1844-1926  2/ « Dahlias »  Anna Syberg   1870-1914.

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Allumer des météores…

BVJ – Plumes d’Anges.

Feuilles volantes…

samedi 18 novembre 2023

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« J’ai écrit ces textes dans des carnets, des cahiers, sur des pages volantes, des agendas, des tickets, des listes, des enveloppes, des marque-pages ou dans mon téléphone ; je les ai écrits dans les gares, les trains, les hôtels, les cafés, chez moi, dans le métro, en ville et en d’autres lieux.

La poésie demeure pour moi comme une apparition, une attention portée à l’infime, comme le surgissement d’un éclat fugace au cœur de nos vies. L’éclosion d’invisibles soleils. Peut-être, à cet instant-là, les mots peuvent-ils saisir quelque chose de ce jaillissement…

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… un verger imaginaire pour

accueillir la floraison

de nos désirs

 

songe à tout ce bleu

qui attend ton réveil…

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… l’odeur d’herbe fraîche de la nuit

le cri d’un oiseau entre les feuilles

 

un vêtement oublié sur un banc

il frissonne comme

un bouquet abandonné

 

et peut-être il danse

lorsque tout dort au jardin…

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… je tente d’arranger mes jours

en bouquet maladroit

en jardin capricieux

 

et parfois entre les ronces

une floraison survient

 

un miracle

et je ne sais pourquoi…

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… et recoudre le soleil

sur nos ciels fatigués

 

abondance de rubans pour

caresser nos épaules et

 

accompagner ce pas de danse

qui se découvre

incrédule

joyeux

fragile…

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… une éclaircie sur la page

les mots viennent s’y poser

étonnés

 

une éclosion soudaine

une fête

et mes mains comme un perchoir

pour des oiseaux multicolores…

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… ralentir le monde

l’or est à cueillir entre nos mains

étonnées du miracle

la ronde archaïque de l’eau du soleil et du vent

 

poser doucement

le pied sur cette terre pour

danser aussi…

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… lenteur de la nuit

la grande nuit comme un feu bleu

 

la rumeur la voix des vivants et

les étoiles qui veillent sur

nos bruissements de cœur… »

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Ce recueil est un bijou d’une délicatesse absolue.

La belle écriture de Gaëlle Josse cisèle les courts poèmes évadés de son cœur,

 graines d’or offertes aux oiseaux que nous sommes pour nourrir notre âme.

Merci à cette grande dame

et merci à celle qui m’a offert ce livret exquis, à lire et à relire…

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Ne l’oublions pas :

« La sagesse commence dans l’émerveillement »

Socrate

Alors, émerveillons-nous !

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Extraits de : « et recoudre le soleil »  2022  Gaëlle Josse.

Illustrations : 1/ « Plantes vertes dans un verre »  Joakim Frederik Kovgaard  1856-1933  2/ « Rose dans un verre »  Franz Krüger 1797-1857.

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Capter notre lumière intérieure…

BVJ – Plumes d’Anges.

Beau thé…

mercredi 8 novembre 2023

 

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« La première tasse humecte mes lèvres et mon gosier

La deuxième rompt ma solitude

La troisième fouille mes entrailles mises à nu

et y débusque mille volumes d’étranges idéogrammes

La quatrième suscite une légère sueur

– et tout le noir de ma vie se dissout à travers mes pores

À la cinquième tasse, je suis purifié

La sixième m’expédie au royaume des Immortels

La septième – ah, je ne saurais en absorber davantage !

Je sens seulement un souffle de vent frais gonfler mes manches.

Où est Peng Lai Shan* ?

Ah ! Laissez-moi chevaucher cette douce brise et m’envoler loin d’ici ! »

* Peng Lai Shan : un des paradis taoïstes.

Poème de Lu Tong  795-835.

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« On boit du thé pour oublier le bruit du monde »

Lu Yu  733-884.

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« Alors que jadis les œuvres des artisans avaient toutes un caractère esthétique, conscient ou non, elles sont divisées aujourd’hui en deux catégories : les œuvres avec art et les œuvres sans art. Or, rien de ce qui est fait par la main de l’homme ne peut être bien indifférent : ou ce sera beau, élevant l’esprit, ou ce sera laid et avilissant. Les objets dépourvus d’art sont tellement dangereux ; ils blessent par le seul fait de leur existence et aujourd’hui leur nombre prédomine tellement que pour trouver les œuvres d’art nous sommes obligés de nous mettre à leur recherche, car les choses privées de sentiment d’art sont chaque jour les compagnons ordinaires de notre vie…

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« … Si vous voulez une règle d’or, qui convienne à tout le monde, la voici :

N’ayez chez vous rien que vous ne sachiez utile ou ne croyiez beau »…

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Extraits de : « L’esthétique de la vie »  William Morris  1834-1896 (Wikiquote)

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Fermer les yeux, s’extraire de la triste réalité,

retrouver en soi ce petit espace de paix qui tel un nid d’oiseau

nous accueille et réchauffe notre cœur meurtri…

Se tourner vers les doux moments, s’abreuver de beauté,

la rechercher partout, même dans les plus petites choses de la vie…

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Illustrations : 1/ « Théière »  2/ « Pot à lait »  Dessins de l’artiste Beulah Bradleigh  1892-?

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La beauté nourrit l’âme, la beauté apaise…

BVJ – Plumes d’Anges.

Braise ardente…

lundi 23 octobre 2023

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« … Père – Le premier examen qu’Isor a passé à l’hôpital, c’était pour un trouble de l’attention. J’y étais allé seul, Maude n’avait pu déplacer sa garde. Je n’oublierai jamais ce moment, les sourcils velus et arrogants du médecin, un jeune interne en psychiatrie. Docteur Jard – fier comme un coq. Pour lui, tout était clair. Isor avait effectivement des difficultés à se concentrer, c’était tout.  Il avait passé trente minutes avec elle mais ça y est, il la connaissait mieux que nous, avait tout compris et me démontrait l’infinie supériorité de son expertise par une chiée de mots savants appris d’hier. J’avais beau lui parler des colères, des retards de langage, des regards déconcertants (ceux d’une adulte mélancolique, pire que cela, ceux des statues de grands hommes qui sondent l’Avenir, le Progrès ou l’Âme humaine), il ne m’écoutait pas, et son visage dur était figé dans une expression dédaigneuse.

Au moment de nous raccompagner à la porte, avec une politesse excessive et trop empressée pour être sincère, il jeta un dernier regard vers Isor. Elle était dans un coin depuis le début de notre entretien. Elle se tenait en face d’une bonne centaine de crayons alignés par taille et par teinte, selon un ordre allant du jaune au bleu. Elle nous faisait dos, mais on pouvait deviner à son immobilité qu’elle était parfaitement sereine. Ce ne pouvait être qu’elle qui avait fait cela, car, à notre entrée, les crayons gisaient tous en un tas informe.

L’interne s’est rassis à son bureau où il eut un moment d’absence. Puis il a simplement lâché : « C’est peut-être un peu plus compliqué que cela. »…

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… Mère – Quand Isor fait la sieste, son visage est si doux que j’ai pris l’habitude, parfois, de m’asseoir à côté d’elle.

Elle a la peau très fine et très blanche, encore plus que moi. C’est presqu’ une feuille de soie, un paravent chinois sur lequel affleurent et peuvent se lire ses moindres humeurs. Elles lui montent à la peau, elles la maquillent. À l’instar des mouches que les courtisanes appliquaient à la cour des rois, les emplacements de ces taches sur le visage d’Isor ont tous une signification particulière. Si son nez est rouge, c’est qu’elle se réjouit. Si c’est les paupières, qu’elle a pleuré. Les joues, qu’elle est embarrassée. Quand vient le tour des tempes, c’est qu’elle est en colère. Et le front enfin, cela veut dire qu’elle est épuisée. Ces taches persistent parfois une bonne heure après que le sentiment est retombé. Cela me permet de savoir ce qu’elle a ressenti en mon absence.

Lorsqu’elle dort, on peut presque voir sur sa peau de lait les ombres de ses rêves qui passent. C’est pour cette raison que je reste près d’elle ; et alors j’imagine tout ce à quoi elle pense…

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… (Lucien) – Et puis, un jour, tu es arrivée alors que je venais de lancer Les Quatre Saisons. C’était la fin du Printemps, les violons étaient déchaînés et tu as poussé un cri. Tu étais soufflée, terrifiée. Un sanglot montait en toi, je le voyais aux hoquets qui faisaient vibrer tes épaules. Comme quelqu’un qui viendrait de découvrir son reflet dans un miroir et serait bouleversée par sa propre image. Tu ne voulais pas que j’éteigne, tu te débattais. Tu as écouté le morceau jusqu’à la fin dans un état d’urgence, presque de survie. Il y eut un large silence. J’étais tétanisé à l’idée de t’avoir fait de la peine. Tu m’as regardé, en pleine catastrophe. Tu as pointé une dizaine de CD sur les étagères. Tu voulais les entendre. Tous. Nous n’avons fait que cela de l’après-midi. Et toute la semaine qui suivit. Tu voulais tout entendre. Avide. Tu aurais voulu être le compositeur, et puis l’instrument, et puis l’auditeur, et puis la musique elle-même. Tu écoutais comme on regarde un portrait de soi, fait par un inconnu. Avec sidération. Avec harmonie. La solitude enfin anéantie.

Avons-nous jamais été à ce point ensemble ?

J’admire tellement et je t’envie cette intelligence que tu as, une intelligence toute émotionnelle, toute corporelle. Moi aussi la musique me touche, me bouleverse même parfois, mais entre elle et moi, il y aura indéfectiblement cette médiation de l’intellect. Toi, tu accèdes aux vérités – de la musique comme du reste – avec un instinct quasi physiologique. Chez toi c’est le corps qui pense, il ne se trompe jamais… »

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C’est l’histoire d’Isor.

Maude et Camillo, ses parents, sont désarmés face à leur petite fille qu’ils sentent différente, ils sont démunis face au monde qui porte sur eux des jugements parfois implacables. Ils s’isolent, s’organisent, observent, créent des petits bonheurs et imaginent d’éphémères possibles.

Un jour, un évènement (l’explosion de leur chaudière) fait qu’ils demandent à un voisin septuagénaire, Lucien, de s’occuper d’Isor le temps de la réparation par un homme de l’art. Entre Isor et Lucien, c’est une rencontre d’âmes, une rencontre de « faille à faille »… Isor est vaste, elle saisit tout, capte le monde, désire vivre en grand, aller au bout des choses. Son énergie sculpte l’histoire et tout va crescendo.

C’est un lumineux premier roman, plein d’amour et de beauté, c’est une mise au monde dans une langue originale et poétique,

c’est un conte, une pièce de musique qui nous emporte haut…

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Extraits de : « La Colère et l’Envie » 2023  Alice Renard.

Illustrations : 1/ « Lever de soleil sur l’île de Bornholm » Claus Johansen  1877-1943  2/ « Sommet de l’Etna »  Edward Peithner von Lichtenfels  1833-1913.

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Naître à soi-même…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chants de paix…

lundi 16 octobre 2023

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UN CHANT POUR LA PAIX

« Donnez au soleil de s’élever,

Au matin d’éclairer.

La force des prières

Ne nous fera pas revenir

Celui dont la bougie s’est éteinte

Et qui git dans la poussière,

Les larmes amères ne le réveilleront pas,

Ne le ramèneront plus ici.

 

Personne ne nous ramènera

Du fond de la fosse obscure.

Ici ne servent à rien

Ni l’allégresse de la victoire

Ni les cantiques de louange.

 

Alors chantez seulement

Un chant pour la paix,

Ne murmurez pas de prière,

Il vaut mieux que vous chantiez

Un chant pour la paix,

À grands cris.

 

Laissez le soleil entrer

À travers les fleurs.

Ne regardez pas en arrière,

Accordez le repos à ceux qui sont partis.

Levez les yeux avec espoir,

Et pas sur une ligne de mire.

Chantez un hymne à l’amour,

Et pas aux guerres.

 

Ne dîtes pas : « Un jour viendra »,

Faîtes le advenir !

Car ce n’est pas un rêve

Et sur toutes les places

Acclamez la paix ! »

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Shir la-shalum, chanson devenue l’hymne du mouvement pacifiste israélien,

chantée par  Yitzhak Rabin juste avant son assassinat, le 4 novembre 1995…

Auteur : Yaakov Rotblit – 1969

Compositeur : Yair Rosenblum

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« … La laïcité française n’oppose pas la foi à l’incroyance. Elle ne sépare pas ceux qui croient que Dieu veille, et ceux qui croient aussi ferme qu’il est mort ou inventé. Elle n’a rien à voir avec cela. Elle n’est fondée ni sur la conviction que le ciel est vide ni sur celle qu’il est habité, mais sur la défense d’une terre jamais pleine, la conscience qu’il y reste toujours une place pour une croyance qui n’est pas la nôtre. La laïcité dit que l’espace de nos vies n’est jamais saturé de convictions, et elle garantit toujours une place laissée vide de certitudes. Elle empêche une foi ou une appartenance de saturer tout l’espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer… »

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Extrait de : « Vivre avec nos morts » – Petit traité de consolation –  2021  Delphine Horvilleur.

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Delphine Horvilleur est une femme rabbin,

elle accompagne les morts et leurs proches avec une extrême humanité.

En 11 chapitres elle nous raconte des faits et le sens qu’elle a tenté de leur donner.

Avec humilité, elle parle de ses rencontres et de moments de son existence.

Très érudite, elle éclaire tous les sujets abordés d’une lumière singulière,

  nous offre une talentueuse célébration de la vie,

dit à la mort « tu n’auras pas le dernier mot »,

la traduction de cimetière en hébreu n’est-elle pas « maison des vivants » ?

Ce « petit traité » d’une grande richesse est à lire et à relire sans modération,

parce que la bienveillance n’a pas de prix…

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Photos BVJ  – octobre 2023 – La Sainte Baume dans le var.

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Chanter et chanter encore la paix…

BVJ – Plumes d’Anges.

Merveilleusement…

lundi 2 octobre 2023

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… « J’épluchais une pomme rouge du jardin quand j’ai soudain compris que la vie ne m’offrirait qu’une suite de problèmes merveilleusement insolubles. Avec cette pensée est entré dans mon cœur l’océan d’une paix profonde. »…

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… « L’eau dans le verre de cristal danse imperceptiblement. »…

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Merveilleusement…

Avez-vous remarqué comme parfois il suffit d’un mot doux

cueilli au hasard d’une lecture ou d’une discussion

et en un éclair le sens donné à notre vie change.

Ce mot allège l’existence,

il est un halo de tendre brume, agit comme un baume étoilé,

nous aide à accepter la réalité.

On ne marche plus, on danse, on ne pense plus, on rêve.

Il nous faudrait inventer un dictionnaire des mots doux

pour illuminer nos relations,

pour la traversée d’épreuves, pour les jours de disette…

Quels mots pourrions-nous imprimer sur ses pages ?

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« Mieux vaut allumer sa petite bougie que maudire les ténèbres. »

Lao Tseu

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Extraits de : « Noireclaire »  Christian Bobin  1951-2022.

Illustrations : 1/ « Coupe de fruits » et 2/ « Panier d’oranges »   Léon Bonvin 1834-1866.

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Enrichir la douceur du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Envolées…

lundi 25 septembre 2023

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« … Je n’avais pas tout de suite remarqué que Kat Epadô, le pseudo de Sayo (sans doute parce qu’il résonnait rock, me faisant penser à Kat Onoma), était la première personne du présent du verbe grec : Chanter aux oreilles, Prononcer des paroles magiques, Ensorceler. J’avais trouvé ce choix bizarrement calé. Et même gonflé. Qui le lui avait soufflé ? De plus, un pseudo n’est jamais gratuit. Il vous camoufle et en même temps vous révèle. Je m’étais demandé pourquoi Sayo avait choisi un fragment de grec ancien. Pour le feu du son ou pour la cendre du sens ? Ou seulement pour l’élément mort d’une langue morte, complètement étrangère au Japon afin d’y passer elle aussi pour morte ? Et quand cessait-elle d’être Sayo pour devenir Kat-Epadô ? Qu’est-ce qui changeait alors en elle ? Je ne le lui ai jamais demandé.

Le samedi 1° décembre, j’ai découvert la nouvelle annonce :

CdG  Tunique avec implant

Elle est en fine matière extensible, gris irisé.

Sur l’épaule gauche se trouve une longue forme qui entoure à moitié votre cou comme un implant bizarre

Moi je dis qu’elle est mon chat gris, mon chagrin, couché sur mes épaules  =^^^= …

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J’allume la radio, à chaque fois j’entends comme un immense tremblement de terre. Quelque chose s’écroule.

Je connais un oiseau qui chantait avec assurance au cœur de la dévastation, m’a soudain dit Emily D. La dévastation, on y est, ça c’est sûr, lui ai-je répondu. Mais comment chanter ? Chante, a dit Emily D…

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… Il existe toutes sortes de rencontres. On peut rencontrer un vêtement : il vous foudroie. On peut rencontrer un pseudo : il vous possède. On peut rencontrer un oiseau : il vous fait rougir. La plus petite rencontre contient sa part explosive qui fracture quelque chose en vous…

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Autour de nous, je sentais un immense territoire dressé, avide, vivant. La nuit quelque chose s’éveille, sort, se tend, tiré, étiré en un grand bond, un jaillissement, et ça pousse, ça marche, ça avance. Beaucoup plus qu’en plein jour. Les rochers aussi (il y en avait beaucoup là bas, le chemin traversait un paysage de moraines), même eux, les rochers qui après avoir roulé semblaient s’être immobilisés, étaient en route, comme nous, je voyais bien qu’ils étaient encore en route, à leur dos rond, à leur épuisement, et j’ai compris qu’on n’est jamais arrivé, que rien n’a jamais de fin, même pour les pierres. Et quand je levais la tête, les constellations comme les moraines, leurs cygnes, leurs ourses, leurs lièvres, leurs chevaux et leurs chiens, traversaient le ciel, prises elles aussi dans le même interminable éboulement… »

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Zsazsa quitte son compagnon Thomas, abandonne Paris (pour une année au moins) et part dans les montagnes en vue d’étudier la langue des oiseaux, . Elle arrive la nuit, sous la neige, dans une baraque (dessinée par Jean Prouvé) au cœur de la forêt. Elle apporte dans ce lieu de solitude juste l’indispensable, deux livres d’Emily Dickinson publiés aux éditions Corti, deux livres de poésie chinoise  (de Li Bai et de Du Fu), un livre signé du russe Isaac Babel, un IMac 27 pouces, un téléphone portable, un duvet, des draps…

Ce soir là, elle fait la connaissance sur EBay de Sayo, celle-ci vend sous le pseudo de Kat-Epadô, des fringues de la célèbre marque Comme des garçons. Ce qui interpelle la narratrice, c’est le style de la petite annonce accompagnant la photo du vêtement : un texte court, étrange, poétique, mystérieux, elle tombe immédiatement sous le charme. S’en suit une relation entre ces deux « oiseaux » qui évoluera au fil des pages…

J’ai adoré cette lecture, une sorte de petit roman japonais où l’on s’attache à la délicatesse des mots, à l’essence des choses. Zsazsa  questionne et se questionne, tout a son importance mais tout est dérisoire aussi. C’est la quête de deux femmes qui vont grappiller un peu de l’autre, elles sont à une étape de leur vie, elles cherchent à entrevoir qui elles sont vraiment et vers où elles veulent aller.

L’écriture de l’auteure est toujours belle, ses descriptions de la nature, son côté sauvage et érudit, cet attachement aux maladresses et aux petits détails qui illuminent le présent sont un enchantement.

Sans se voir, sans se connaître, on peut tisser des liens, de lumineux liens.

AIFELLE en avait parlé –>

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Extraits de : « La langue des oiseaux »  2014  Claudie Hunzinger.

Illustrations : 1/ « Oiseaux »  Elise Konstantin-Hansen  1858-1946  2/ « Roses »  Elizabeth Bigelow Greene  1837-1915.

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Chercher un sens…

BVJ – Plumes d’Anges.

Fleurs et fleurettes…

lundi 11 septembre 2023

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« J’aimerais que mes souvenirs qui clignotent souvent soient munis d’un interrupteur

afin que je puisse au besoin les rallumer après les avoir éteints un certain temps. »

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« Toute vie est un hasard

Pourtant mes yeux ont vu trop de choses

Pour vivre comme un simple visiteur. »

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Dans les après-midi pré-automnales, je ne veux encombrer mon esprit,

j’aspire à la sérénité, j’appelle des souvenirs fleuris, j’en fais un doux bouquet.

Des forces lumineuses et colorées se tissent, se sculptent, se disent, se chantent,

des bulles d’énergie s’élèvent pour peindre dans le ciel de nouvelles étoiles.

Ainsi va la vie, elle nous montre que nous sommes en vie,

que la lumière est là en nous, à côté de nos zones d’ombre.

Ne perdons pas de temps à ressasser,

choisissons nos lignes de force,

 le tableau de notre quotidien se fera harmonieux et joyeux…

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Poèmes du sud-coréen Eom Won-tae  « Dans une région obscure »  2023

Tableaux : 1/ « Jeux d’enfants »  Alexei Harlamov  2/ « Fleurs dans un verre »  Albert Edelfelt

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Choisir notre lecture du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.