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« … Transparence a été créée sur l’idée que l’individu ne peut échapper à ce qu’il est et que toute personne doit être en mesure de tout savoir sur son interlocuteur, qu’il s’agisse de raisons sentimentales, mais aussi de raisons professionnelles. Très vite nous avons été sollicités pour accompagner les recrutements, les embauches.
La confusion entre l’être et l’avoir nous a confrontés au cours des années à des individus qui avaient de plus en plus tout en étant de moins en moins, ce qui n’a pas facilité nos travaux car il était, compte tenu du lissage des personnalités, difficile de connaître réellement celui qui existait derrière celui qui possédait. Être pour avoir sans rien faire est devenu le triptyque de la révolution numérique qui a succédé sans difficulté au travail-famille-patrie ou liberté-égalité-fraternité…
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… Le citoyen américain, comme le citoyen européen, s’exprimait sur tout, à partir de son terminal qui lui permettait de voter en permanence sur une grande variété de sujets, ce qui donnait l’illusion d’un pouvoir populaire, sachant que les moyens mis en œuvre pour manipuler cette opinion dépassaient considérablement ceux dédiés à l’éduquer, à la former. L’individu avait ainsi le sentiment de participer directement à chaque décision concernant la vie de sa cité ou de son pays. Le phénomène majoritaire battait son plein, tandis que les autres pouvoirs, ceux des médias, de la politique et du renseignement, convergeaient pour donner de l’importance à certaines informations destinées à influencer les votes… »
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En 1968, on rêvait d’un autre monde, de paix et d’amour, on peignait des fleurs et des papillons partout, on écoutait des musiques planantes tout en fumant des herbes exotiques…
Cent ans plus tard – Marc Dugain situe volontairement son roman en 2068 – le numérique a pris le pouvoir, l’homme s’est asservi volontairement, il s’est totalement livré, Google sait tout de lui, et une petite start-up devenue grande émerge en pays d’Islande, porteuse d’un projet fou…
Un roman d’anticipation qui nous entraine dans une histoire singulière
et nous fait réfléchir sur beaucoup de nos comportements humains.
L’homme pourra-t-il survivre à la crise climatique ?
Y-a-t-il un avenir pour un monde basé sur la production et le consumérisme ?
Un monde aux mains des grandes multinationales qui imposent le mal d’un côté
et ses remèdes de l’autre ?
Un monde de moutons qui suivent sans lever la tête les modes mercantiles ?
À lire, il y a urgence, c’est prenant, c’est intelligent… et la chute, superbe !
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Extraits de : « Transparence » 2019 Marc Dugain.
Illustrations : 1/« Nous » et 3/« Portait d’Aldagisa » (poétesse, épouse du peintre) Ismael Nery 1900-1934 2/ « La ville » Mikalojus-Konstantinas Ciurlionis 1875-1911.
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Refuser la société du toujours plus…
BVJ – Plumes d’Anges.