Prendre conscience…

6 janvier 2020

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« … Transparence a été créée sur l’idée que l’individu ne peut échapper à ce qu’il est et que toute personne doit être en mesure de tout savoir sur son interlocuteur, qu’il s’agisse de raisons sentimentales, mais aussi de raisons professionnelles. Très vite nous avons été sollicités pour accompagner les recrutements, les embauches.

La confusion entre l’être et l’avoir nous a confrontés au cours des années à des individus qui avaient de plus en plus tout en étant de moins en moins, ce qui n’a pas facilité nos travaux car il était, compte tenu du lissage des personnalités, difficile de connaître réellement celui qui existait derrière celui qui possédait. Être pour avoir sans rien faire est devenu le triptyque de la révolution numérique qui a succédé sans difficulté au travail-famille-patrie ou liberté-égalité-fraternité…

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… Le citoyen américain, comme le citoyen européen, s’exprimait sur tout, à partir de son terminal qui lui permettait de voter en permanence sur une grande variété de sujets, ce qui donnait l’illusion d’un pouvoir populaire, sachant que les moyens mis en œuvre pour manipuler cette opinion dépassaient considérablement ceux dédiés à l’éduquer, à la former. L’individu avait ainsi le sentiment de participer directement à chaque décision concernant la vie de sa cité ou de son pays. Le phénomène majoritaire battait son plein, tandis que les autres pouvoirs, ceux des médias, de la politique et du renseignement, convergeaient pour donner de l’importance à certaines informations destinées à influencer les votes… »

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En 1968, on rêvait d’un autre monde, de paix et d’amour, on peignait des fleurs et des papillons partout, on écoutait des musiques planantes tout en fumant des herbes exotiques…

Cent ans plus tard – Marc Dugain situe volontairement son roman en 2068 – le numérique a pris le pouvoir, l’homme s’est asservi volontairement, il s’est totalement livré, Google sait tout de lui, et une petite start-up devenue grande émerge en pays d’Islande, porteuse d’un projet fou…

Un roman d’anticipation qui nous entraine dans une histoire singulière

et nous fait réfléchir sur beaucoup de nos comportements humains.

L’homme pourra-t-il survivre à la crise climatique ?

Y-a-t-il un avenir pour un monde basé sur la production et le consumérisme ?

Un monde aux mains des grandes multinationales qui imposent le mal d’un côté

et ses remèdes de l’autre ?

Un monde de moutons qui suivent sans lever la tête les modes mercantiles ? 

À lire, il y a urgence, c’est prenant, c’est intelligent… et la chute, superbe !

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Extraits de : « Transparence »  2019  Marc Dugain.

Illustrations : 1/« Nous »  et  3/« Portait d’Aldagisa » (poétesse, épouse du peintre)  Ismael Nery  1900-1934  2/ « La ville »  Mikalojus-Konstantinas Ciurlionis   1875-1911.

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Refuser la société du toujours plus…

BVJ – Plumes d’Anges.

Rêve éveillé…

31 décembre 2019

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Sur la première page du livre de l’année, au cœur d’un blanc profond,

se dessinent l’eau pure d’un ruisseau et le feuillage de frêles bouleaux.

Le sol exhale un parfum de mousse , enchantant notre esprit.

Des bancs de brume – des bancs d’amour – nous enveloppent, tels de neigeux manteaux.

Tout s’efface, tout réapparait…

Dans l’oisellerie terrestre, des notes délicates caressent nos âmes à l’infini,

d’improbables dentellières tissent des symphonies

nous propulsant vers les célestes sommets.

À l’horizon, point de sombres nuages,

juste quelques souriant pompons suspendus dans les airs,

prêts à voguer telles des aéronefs, vers les mystères à venir.

Au dessus de monts immaculés,

de scintillantes étoiles chuchotent à nos oreilles tous les secrets du monde.

C’est un grand jour de passage,

c’est un voyage vers la lumière que nous propose le moment présent.

Les belles résolutions affluent,

il serait bon d’abandonner les poussiéreux bagages,

ne conserver que ce qui nous fait du bien, nous fait grandir.

Le rêve est un premier pas… quel serait le vôtre  pour 2020 ?

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Je vous souhaite à toutes et à tous, du fond du cœur, une belle année,

riche d’énergies bondissantes et d’explorations nouvelles.

MERCI pour votre présence.

Bises lumineuses d’un an nouveau !

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Illustrations : 1/« Fleur de Passiflore »  Cornelis Markée  1709-1769  2/« Grenouille Litoria raniformis »  Arthur-Bartholomew  1833-1909.

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Prendre du recul et se ré-inventer…

BVJ – Plumes d’Anges.

Lumineuses Nativités…

23 décembre 2019

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Les histoires sont ce qu’elles sont,

nous sommes libres d’y croire ou pas,

mais quand elles nous apparaissent belles et lumineuses

sur les tableaux ou les fresques de divers artistes,

interprétant les textes chacun à leur manière,

on ne se lasse pas d’admirer ces chefs-d’œuvre.

J’aime infiniment les Nativités,

on y sent que quelque chose d’important se passe,

mettre au monde est un évènement merveilleux

mais aussi une lourde responsabilité,

cette Mère sait ce que la vie lui demande,

et la vie lui demande beaucoup !

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« Qui accueille s’enrichit

Qui exclut s’appauvrit

Qui élève s’élève

Qui abaisse s’abaisse

Qui oublie se délie

Qui se souvient advient

Qui vit de mort périt

Qui vit de vie sur-vit « 

François Cheng – 2004 – extrait de « Le livre du vide médian « 

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Je vous souhaite de très joyeuses fêtes de fin d’année,

avec des brassées d’amour à vivre et à partager. 

À l’année prochaine…

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Illustrations : 1/ « La Nativité »  Fra Filippo Lippi  1406-1469   2/ « La Nativité »  Arthur Hugues  1832-1915.

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Partager les étoiles venant du cœur…

BVJ – Plumes d’Anges.

Au bout de soi…

15 décembre 2019

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« … Certains voyages ont le goût des myrtilles et, comme elles,

la vertu d’aiguiser le regard…

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… Là, c’est un rite, Théo se met à genoux au milieu des fougères et boit cette eau qui sourd en bulles fraîches comme goulées de reconnaissance. Ce sont gorgées d’offrande claire. Chaque fois, après avoir bu à la source, il lui semble qu’il perçoit mille fois mieux tout ce qui l’environne. Chants d’oiseaux, stridulations d’insectes, craquements de lourdes branches, cliquetis de feuilles sèches…

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… J’ai bien tourné le dos au Monde. J’ai voulu disparaître. Dire que je ne sais même plus ce que j’ai voulu quitter ! C’est loin, si loin… Je me dis que je devrais avoir des regrets. Je n’en ai plus. Le sourire des miens, leur tendresse, leurs voix m’accompagnent. Mais ma vie est là, dans cet invraisemblable chaos minéral…

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… – Tiens, un cadeau pour toi. Elle l’a trouvé il y a deux jours, dans un labour, derrière la tour…

Lita lui tend une minuscule figurine en or massif. Elle représente une femme nue, les bras le long du corps. Elle est l’éternelle image des statuettes primitives. (…)

Théo ne peut la quitter des yeux. Il se dit que tout instant parfait tient du miracle. Le moindre mot, le moindre geste maladroits et tout s’envole comme un éparpillement de moineaux. Il y a chez Lita une telle acceptation des contraintes, il y a en elle un rêve si profond… et le tout cohabite, s’épanche ou se résume dans ce trait vigoureux , signe d’une ardeur en perpétuelle attente  : sa bouche…

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… L’incertitude est mon lot quotidien. Je souhaite simplement, que le plus longtemps possible, la couleur du Monde vienne encore chatouiller mon immense capacité de contemplation. C’est pour ça que je me battrai…

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… La montagne ondule, vibre, rampe, se secoue, siffle sa colère. Théo sait qu’elle ne peut ignorer sa détresse. Elle, dont il fut l’adopté,, le protégé, le gardien attentif, minuscule point de chair et de délicatesse, chaque jour, chaque nuit, bercé sous son grand corps de pierres rousses assoupies. Elle qui lui parle à voix haute maintenant, soupire, gronde, hoquette, le nomme, lui grogne à sa manière son chagrin partagé… »

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C’est un roman qui parle d’un fil de lumière au milieu de la « sombritude » du monde. Théo quitte tout et s’en va loin, très loin, il se retrouve au pied d’un volcan au milieu d’une étrange communauté d’âmes, des gens cabossés par la vie et des profiteurs. Théo est en quête de sens, il vit avec un âne merveilleux, Ferdinand, il se lie d’amitié avec Solstice, s’éprend de Lita, construit une cabane dans les brumes au dessus de la rivière, d’abord en bois, puis recouverte de pierres de lave. Il herborise à ses heures et cultive un petit jardin de fleurs. En bas, des forces s’affrontent, le mal fait ses ravages, Théo et Lita tissent un lien indestructible et vont au bout d’eux-mêmes et de leurs convictions profondes.

Ce fil de lumière persiste quand on ferme le livre. Pour vivre en cohérence avec soi-même il faut inévitablement faire des sacrifices. Le chemin choisi est courageux, c’est un chemin de solitude. Dans ces temps agités – comme le cratère d’un volcan actif – et cette période de l’année où les jours sont si courts, on sent l’impérative nécessité de tisser ces fils de lumière…

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Extraits de : « Mayacumbra »  2019  Alain Cadéo.

lllustrations : 1/« Cratère intérieur d’un volcan (Mauna Loa) »   William Hodges   1744-1797   2/« Lave volcanique »  Helen Thomas Dranga  1866-1927 .

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Tisser ardemment son fil de lumière…

BVJ – Plumes d’Anges.

Inspire, expire…

9 décembre 2019

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Loin des médias, loin des foules, loin des villes, loin du bruit,

loin des magasins à ouverture dominicale, loin de l’hyper-consommation…

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Choisir un petit coin de nature où se retirer,

dans le calme du jour – la campagne, la mer ou la montagne –

pourvu qu’il soit beau à nos yeux…

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Inspirer la sérénité ambiante, la magnificence du lieu, la douceur du paysage…

Expirer les tensions anciennes, les conflits construits par nos pensées,

les violences du monde…

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Faire silence en soi pour comprendre ce qui nous fait du bien, s’en souvenir,

y revenir encore et encore pour mieux le partager.

Où donc se trouve votre petit coin de paradis à vous ?

Photos BVJ – Littoral côtier dans le Var.

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Trouver ses paradis sur terre…

BVJ – Plumes d’Anges.

Exquisités…

4 décembre 2019

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Il est un endroit, un peu à l’est, où les rondeurs sculptées par l’eau et par l’homme sont enchanteresses. Ici, aucune pierre, juste une terre sablonneuse. Les anciens l’avaient bien compris, il fallait planter pour retenir le sol, les fermes et les palazzi ne pouvaient être faits que de briques.

En été, notre regard se perd dans l’infinie douceur des collines dorées, à l’automne, tout change. On passe de la verte fraîcheur des pousses de blés durs semés en octobre à la terre de Sienne qui elle, attendra le mois de mars pour accueillir les semences des blés tendres. Cycles éternels, divins paysages ponctués de cyprès, d’oliviers, de réceptacles d’eau au fond des vallons, de troupeaux et de doux nuages de brume accrochés sur les crêtes…

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On continue la route vers Arezzo, pour  admirer les sublimes fresques de Piero della Francesca. Artiste talentueux, homme humble qui n’a jamais cherché l’aval des puissants, bien au contraire, il s’est souvent évertué à offrir son art à des lieux moins célèbres. L’église San Francesco abrite en son sein de nombreux chefs d’œuvre. Mes rêves se portaient vers la chapelle Bacci où l’artiste fut appelé à réaliser en 1452 un cycle de fresques,

la Légende de la Vraie Croix,

– inspirée nous dit-on de la Légende dorée de Jacques de Voragine

qu’il termina, après quelques pauses, en 1466. Les visages sont magnifiques, à la fois calmes et graves, le temps semble suspendu, la palette des couleurs est très riche et la lumière puissante.

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Bicci di Lorenzo fut le premier appelé pour décorer le cœur de l’église.

Il réalisa les fresques de la voute avec Les quatre évangélistes, mais il mourut en 1452

et c’est alors qu’intervint Piero della Francesca.

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Je suis encore sur un petit nuage pourtant la météo ne fut pas extraordinaire,

mais la beauté du monde est si nourrissante !

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« Chaque expérience de beauté, si brève dans le temps tout en transcendant le temps,

nous restitue chaque fois la fraîcheur du matin du monde. »

François Cheng  2017  « Cinq méditations sur la beauté »

Photos BVJ.

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Expérimenter encore et toujours la beauté…

BVJ – Plumes d’Anges.

Riches chemins…

25 novembre 2019

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« … Être là, enfin.

Au présent.

Quand s’abolissent les frontières qui me séparent du monde.

Quand reflue ma conscience, ne laissant que l’instant jaillir comme une source. Être là comme un brin d’herbe parmi les autres brins d’herbe, malmené par l’hiver, bruni par la neige, secoué par le vent. Être là, sans plus de quand ni de pourquoi.

M’échapper à moi-même…

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Il n’est pas forcément nécessaire de nous enfermer dans un monastère ou de partir méditer au fin fond de l’Inde. Peut-être nous faut-il juste penser à respirer.

Lentement.

Être là maintenant.

Corps et âme.

Là. Dans l’humble et insignifiant moment présent qui toujours nous échappe, engoncés que nous sommes dans cette fatalité humaine qu’est la conscience du temps…

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… Débrancher.

Renouer, si peu que ce soit avec les cycles naturels. Aller jour après jour des ténèbres de l’hiver aux éclosions du printemps, des marées d’équinoxe aux mystérieux solstices.

Se connaître soi-même comme un être cyclique, avec ses temps de force et de faiblesse, ses moments fertiles et ses périodes où l’énergie reflue.

Laisser la Terre tourner…

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... J’aime à la folie cette ronde des saisons propre à nos latitudes tempérées, qui fait passer les collines du brun au vert puis à l’or poussiéreux des moissons. Qui chaque printemps rajeunit la forêt et ressuscite le lilas qui pousse sous ma fenêtre. Qui met dans la gorge du merle, et dans mon âme aussi, une telle ivresse de louange…

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… Retrouvons le pas allègre, la pensée incertaine – nous mourons de trop de certitudes.

Battons la campagne.

Plus rien de décidé ne nous guide, rien de tracé d’avance. Nous jetons… aux orties le monde bien jardiné de nos emplois du temps tracés au cordeau – ici un carré de rendez-vous, là un bosquet de réunions, saupoudrons de RTT, et trois repas quotidiens pour baliser le tout (mais n’oublions pas : cinq fruits et légumes par jour, pratiquons une activité physique régulière et pour votre santé, je vous en conjure, évitez de grignoter entre les repas).

Stop.

Pour quelques minutes ou quelques jours, passons des heures jardinées à la vie en friche, lesquelles, soustraites au temps balisé des horloges, s’enroulent et se déploient comme le fait le liseron qui lance ses lianes ductiles, épanouit ses corolles neigeuses et, dans un même abandon, reçoit lumière et rosée.

Passe ton chemin, homme de plans et de projets, c’est ici le monde sans projet, le monde au présent, sans autre but que la vie même.

Ne plus être pour, ne plus être quelqu’un, ou quelque chose. Renoncer aux attributs.

Être… »

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Pour continuer la balade…

Un des blogs d’Anne le Maître –> ici

Tania et Dominique en avaient parlé –> et 

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Ce texte est un bijou à l’écriture délicatement ciselée, on ne marche plus, on vole, on se fait oiseau dégustant des images entre Terre et Cosmos. L’auteure est peintre et poète, ses yeux embrassent le paysage et nous livrent un tableau enchanteur. Quelle énergie communicative, ce livre est un cadeau à s’offrir et à offrir à ceux que l’on aime pour maintenir l’éveil et l’émerveillement – ou le susciter -, c’est si précieux, c’est notre seule richesse, le seul éclat qui vaille en nos temps grisés de morosité.

Je ressens une énorme gratitude vis à vis de celles et ceux qui sèment ainsi des graines sur notre chemin de Petit Poucet…

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À l’heure où vous lirez ces lignes, je serai un peu loin, vers l’est, pour quelques petits jours, à bientôt…

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Extraits de : « Sagesse de l’herbe – Quatre leçons reçues des chemins »   2018  Anne le Maître.

Illustrations : 1/ « Après un orage d’été »  George Innes  1825-1894  2/ « La grande touffe d’herbe »  Albrecht Dürer  1471-1528.

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Marcher, découvrir, apprendre, être…

BVJ – Plumes d’Anges.

Part d’humanité…

21 novembre 2019

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 » … Peut-être faut-il avoir abondamment lutté dans le noir et finalement accepté une forme de ténèbre pour reconnaître de quelle attention nous fûmes inlassablement l’objet. (…)

Cette conscience d’être sans cesse soutenu et aimé, elle est si lente à s’ouvrir à une époque où la confiance ne subsiste que dans le discours – si rarement dans les actes – quand l’assureur a remplacé la foi en l’instinct divin. C’est par cette confiance et cette conscience dont l’enfant est naturellement doté qu’il reconnaît que l’invisible l’appuie et le porte ; mieux, le protège. L’instinct divin, oui, de celui qui en soi ne s’est pas délié de l’infini d’où il vient. Il est là. Il attend. Nous espère. Je ne crois pas qu’il y ait urgence plus grande que de transmettre cette confiance entre les Hommes. Avec elle se redessinent tous les possibles quand bien même nous voilà apparemment détruits. Quel fil fait tenir les soirées d’ombre jusqu’aux matinées de joie, sinon celui de la confiance ? …

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… Je parie dessus et j’ai confiance. Non pas en l’Homme mais en tout ce qui œuvre à tresser en lui sa part d’humanité. Chaque pas que nous accomplissons sur notre propre chemin engendre son lot de défaites. C’est à ce prix que se forge la dignité. Mais la confiance nous redresse. Exactement comme le verbe nous emporte plus loin dans un manuscrit lorsqu’on s’abandonne à lui…

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... Pourquoi s’offusquer de quoi que ce soit ? Rien ne nous appartient. Rien ne nous sera repris. Seules nos illusions nous font croire le contraire. Que possédons-nous réellement sinon ce que nous avons patiemment fait fructifier en nous-mêmes ? C’est le seul trésor qui vaille. Tous nos rêves en s’accomplissant ouvrent sur un rêve plus radieux encore qui révèle la splendeur de la vie… »

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Un texte très intimiste, l’auteur remonte le cours de sa vie

et nous livre ses observations apaisées.

Quel travail, quel chemin pour poser ces mots,

quelle exigence pour vivre sa vérité !

C’est l’écriture qui l’a sauvée,

c’est le verbe qui lui a permis d’amener l’obscur vers la lumière.

Un livre courageux, généreux, d’un auteur inspiré,

qui nous incite à nous éveiller

et à exprimer notre part d’humanité…

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Extraits de : « Le chagrin des origines »  2019  Laurence Nobécourt.

Illustrations : 1/ « Main avec gland et noyau de prune »  2/ « Fœtus humain »  Encyclopédie médicale et sociale    d’Edward Bliss Foote  1829-1906.

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Exprimer notre part d’humanité…

BVJ – Plumes d’Anges.

Vertus de la patience…

15 novembre 2019

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« … Munier m’avait montré les photographies de ses séjours précédents. La bête mariait la puissance et la grâce. Les reflets électrisaient son pelage, ses pattes s’élargissaient en soucoupes, la queue surdimensionnée servait de balancier. Elle s’était adaptée pour peupler des endroits invivables et grimper les falaises. C’était l’esprit de la montagne venu en visite sur la Terre, une vieille occupante que la rage humaine avait fait refluer vers les périphéries…

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… – Vénérer ce qui se tient devant nous ? Ne rien attendre. Se souvenir beaucoup. Se garder des espérances, fumées au dessus des ruines. Jouir de ce qui s’offre. Chercher les symboles et croire la poésie plus solide que la foi. Se contenter du monde. Lutter pour qu’il demeure. (…)

– Les champions de l’espérance appellent « résignation » notre consentement. Ils se trompent. C’est l’amour…

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J’avais appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle aidait à aimer le monde avant de prétendre le transformer. Elle invitait à s’asseoir devant la scène, à jouir du spectacle, fût-il un frémissement de feuille. La patience était la révérence de l’homme à ce qui était donné.

Quel attribut permettait-il de peindre un tableau, de composer une sonate ou un poème ? La patience. Elle procurait toujours sa récompense, pourvoyant dans la même fluctuation le risque de trouver le temps long en même temps que la méthode pour ne pas s’ennuyer.

Attendre était une prière. Quelque chose venait. Et si rien ne venait, c’était que nous n’avions pas su regarder…

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L’affût commande de tenir son âme en haleine. L’exercice m’avait révélé un secret : on gagne toujours à augmenter les réglages de sa propre fréquence de réception. Jamais je n’avais vécu dans une vibration des sens aussi aiguisée que pendant ces semaines tibétaines. Une fois chez moi, je continuerais à regarder le monde de toutes mes forces, à en scruter les zones d’ombre. Peu importait qu’il n’y eût pas de panthère à l’ordre du jour. Se tenir à l’affût est une ligne de conduite. Ainsi la vie ne passe-t-elle pas l’air de rien. On peut tenir l’affût sous le tilleul en bas de chez moi, devant les nuages du ciel et même à la table de ses amis. Dans ce monde, il survient plus de choses qu’on ne le croit… »

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À l’invitation du grand artiste, photographe animalier, Vincent Munier,

Sylvain Tesson nous emmène dans une magnifique aventure sur les hauteurs tibétaines,

pour observer la panthère des neiges.

Attendre des heures dans des conditions climatiques évidemment difficiles,

affûter son regard pour déceler des signes, des traces de l’animal

est le « travail » de chaque jour.

Il y a très peu d’hommes et peu d’histoires d’hommes dans ce livre,

ce qui importe c’est de traquer la beauté,

 l’auteur semble avoir « grandi »,

son regard sur le quotidien ne sera plus jamais le même,

il nous décrit des paysages lumineux dans lesquels

les yeux – les yeux , l’âme ? – ont le pouvoir,

ceux des animaux qui observent,  sans se laisser voir très souvent

et ceux des voyageurs.

Des souvenirs remontent, des réflexions émergent,

il regarde et voit différemment, il est tout à l’instant.

C’est un très beau moment de lecture qui n’a rien à voir avec

« Le léopard des neiges » de Peter Mathiessen

ou le « Sans jamais atteindre le sommet » de Paolo Cognetti,

Sylvain Tesson rend là, il me semble, un hommage « silencieux »

à Vincent Munier,

il a de la gratitude vis à vis de lui.

Alors ?

On ne peut que partir à la découverte du livre de ce dernier : « Tibet, minéral animal »    .

Que de cadeaux !!!

Extraits de : « La panthère des neiges »  Prix Renaudot 2019  Sylvain Tesson.

Illustrations : 1/« L’Once »  Jacques de Sève  1742-1788   2/ »Pic dans les Monts Kulun »  1871  Planche extraite du livre de Robert Shaw « Visite en Tartarie, Yarkand et Kashgar« .

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Être à l’affût de ce que nous offre la vie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Automner…

11 novembre 2019

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J’automne, tu automnes, elle ou il automne,

nous automnons, vous automnez, ils ou elles automnent…

Les feuilles – paillettes d’ors dans dans le cosmos – roussissent puis se détachent,

voltigent et choient avec délicatesse, l’automne danse,

au gré des bises et des brises.

Tout s’endort, tout semble mourir, tout deviendra poussière,

– c’est le début de la grande dormance –

poussière qui nourrira la terre,

semence de printemps,

jalousement abritée par l’hiver sous son manteau de froid…

Ah, les doux moments !

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« Appuyé contre l’arbre nu

aux rares feuilles

une nuit d’étoiles »

Masaoka Shiki  1867-1902.

Illustrations : 1/« Paysage d’automne au Texas »  Dawson Dawson-Watson  1864-1939  2/« Automne sur un plateau du Jura »  Auguste Emmanuel Poitelin  1839-1933.

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Automner sereinement…

BVJ – Plumes d’Anges.