.
.
« … Il n’y a que des miracles dans cette vie, et notre aveuglement en est un, le plus grand. Dans cette librairie à Paris, j’ai regardé les visages et j’ai soudain compris que nous vivions tous à bas rythme, et j’ai vu que si nous vivions vraiment la librairie aurait été en feu, incendiée de visages pareils à des soleils…
.
… Ce n’est pas moi qui voit les choses. Ce sont les choses qui me donnent leurs yeux. Les images pures, personne ne les invente. L’âme de l’arbre se sépare un instant de l’arbre, vient sur la page, écrit le poème sur l’arbre et signe Ronsard…
.
… Il n’existe pas d’ « intelligence » artificielle. La racine de l’intelligence, son centre invisible à partir de quoi tout rayonne, c’est l’amour. On n’a jamais vu et on ne verra jamais d’ « amour artificiel »…
.
… Un arbre s’est arraché un bras pour donner une porte à l’abbatiale. Une montagne ou une carrière ont donné des vertèbres pour que naissent les piliers. Le sable des rivières s’est dépouillé de sa blondeur pour colorer les murs. Des abeilles ont travaillé sans salaire pour qu’il y ait des bougies. La grâce est le fruit de milliers d’effacements… »
.
Lecture époustouflante, elle est un feu de joie.
104 chapitres comme les 104 vitraux de l’abbatiale de Conques,
l’auteur est sous le choc de la vision ,
les mots nous sont offerts,
l’âme de Conques est venue jusqu’à nous et a signé Christian Bobin…
.
…
Extraits de : « La nuit du cœur » 2018 Christian Bobin.
Illustrations : 1/ « Étude de nuages » 2/ « Étude de rose » Frederic Edwin Church 1826-1900.
……
Vivre et transmettre la lumière…
BVJ – Plumes d’Anges.
Oui, livre éblouissant comme son auteur et comme l’abbatiale de Conques, perdue au milieu de nulle part et où chaque soir de l’année, on écoute, du haut d’une galerie circulaire éclairée à la bougie dans d’incroyables entrelacs de dentelles de pierre, le concert d’orgue offert gratuitement par l’un des frères qui ne demande qu’une chose, nous transporter.
Et les vitraux de Pierre Soulages, diaphanes ailes de libellules qui disent toutes les couleurs de la lumière selon le temps qu’il fait, l’heure du jour et l’angle d’ouverture de nos coeurs!
Oui, merci aux bâtisseurs du Moyen-Àge, à Christian Bobin, à Pierre Soulages, et à tous ceux éperdus de foi en la vie pour cet effleurement de grâce, inoubliable.
Et merci à toi, plus que tout.
Voilà qui me rappelle « Les pierres sauvages » de Fernand Pouillon que j’ai lu grâce à toi. Je n’ai jamais visité cette abbatiale, Bobin semble un excellent guide.
Un peu lassée par les répétitions de Bobin, je n’ai pas lu celui- là; toi, tu me dis que c’est un éblouissement……..Alors, je ne sais plus que penser!
Comme Tania, j’ai repensé aux Pierres sauvages de Fernand Pouillon ! Cela fait bien longtemps que je n’ai pas lu Bobin… envie ? je ne sais pas…
Bon dimanche.
Éblouissement dis-tu, chère Brigitte ?
Oui, le mot est bien choisi car la réunion des phrases de Christian Bobin,
de l’évocation de Conques et de la lumière noire de Soulages rencontre
en ce moment chez moi les images de « Noces à Tipasa »
que je relis en boucle en chaque début d’année.
La lumière du ciel qui nous manque dehors se trouve partout
autour de nous : les écrits de nos auteurs aimés, les souvenirs
des gens aimés, les rencontres, les conversations et les surprises
quotidiennes, jaillissent dans la pénombre de janvier…
Hier, au courrier, quatre cartes manuscrites ont empli la maison
de leur parfum respectif : point besoin de lumière crue lorsque
la douceur et la chaleur de l’amitié éclairent ainsi nos demeures 🌟🌼🌟
Merci et à très bientôt, lumineuse reine des abeilles !
Je me suis lassée des envolées de Bobin, j’ai surtout aimé ses premiers livres. Mais Conques est un lieu superbe où je suis passée plusieurs fois, j’ai même séjourné à l’Abbaye entre les allers et venues des pélerins, les concerts d’orgue d’un frère passionné, les heures passées à contempler les changements de lumière dans les vitraux de Soulages. Je ne rêve que d’y retourner. Bises Brigitte.
cela me semble « génial » et d’autant plus vrai que nature dont pourtant tout découle !
merci du partage !
amitié
c’est « génial » et tellement vrai, tout prend sa source en nature …
amitié .
Bobin….Oui à petites doses….Mais Conques que c’est beau. Il y a ainsi des lieux magiques !!
Quel auteur, quel poète, j’adore et ces extraits sont très beaux !! Je ne connais pas cette abbaye mais elle doit être splendide. Merci Plumes d’Anges et belle semaine, je t’embrasse.
conques est une merveille, merci à toi je lirai Bobin sur ce sujet
Oui essayons de vivre à haut rythme !
Belle semaine Brigitte
J’ai adoré Bobin, dans le Très Bas pas exemple et dans des productions anciennes ( la plus que vive par exemple). Ses productions plus récentes sont parfois décevantes… Heureusement la nuit du coeur a été un moment de lecture heureux et souriant…. Belle journée à vous
Je suis justement en train de lire ce livre
Quelle beauté ! Quelle merveille !! Oui, vraiment la lecture de Christian Bobin est un miracle sans cesse renouvelé… Merci Brigitte pour ces mots et aussi pour la belle toile qui les précède.
Des les premières lignes je l’ai reconnu. Il écrit comme je respire, et happe la beauté par ses pores pour la restituer en mots.
C’est tellement beau que j’ai prévu d’aller à Conques au printemps.
Pour voir.
Bisous ma Plume
BA4A
Me voilà presque obligée de programmer un voyage à Conques, note que ce n’est pas une chose désagréable!:-) Je blague mais voir cette abbaye à travers les yeux de Bobin doit déjà être une merveille.
Merciiii, un beso