Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Passion…

vendredi 16 novembre 2012

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« … Un adolescent atteint d’une maladie très particulière et nouvelle, jamais décrite dans les manuels de médecine : la maladie des escaliers. Une passion qui lui était venue très tôt. Déjà vers trois ou quatre ans, il répétait : « Que c’est beau un chemin qui monte ! Plus tard, je construirai des chemins qui montent…

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… À quel instant précis l’idée lui était-elle venue ? Les idées sont comme les arbres. Pour les comprendre, il faut commencer par l’origine : la graine. Celui qui ne garde pas à l’esprit le souvenir de la graine ne saura rien de l’arbre…

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… La passion est une armure… »

Extraits de : « Dernières nouvelles des oiseaux » 2005  Erik Orsenna.

Illustrations : 1/« Jeunes japonaises »  Lilla Cabot Perry 1848-1933  2/« Azalées et fleurs de pommiers »  Charles Caryl Coleman 1840-1928.

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Se laisser guider par nos passions…

BVJ – Plumes d’Anges.

Ardent désir…

mercredi 14 novembre 2012

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« La chute des corps. Tout corps lâché dans l’espace chute en se rapprochant du centre de la terre en vertu de la loi de la pesanteur. Tu n’eus pas l’occasion de chuter, bien-sûr, jusqu’au centre de la terre. La mer Égée t’arrêta, t’adopta et te garda. Tu y chutas dans une éclaboussure d’écume et de plumes qui aujourd’hui encore irise ta légende. Pourtant beaucoup de ceux qui ont écrit sur toi éprouvèrent une sombre jubilation devant ta chute, comme s’ils l’avaient souhaitée au fond d’eux-mêmes. Il fallait s’y attendre, disaient-ils. Il fallait écouter le Père. Tout Fils, surtout s’il prétend à de grands exploits, doit d’abord écouter le Père. Mais qu’as-tu fait au fond de toi de si impardonnable ? Vouloir voler de ses propres ailes, est-ce donc un crime ?

Que n’a-t-on pas tenté pour salir ta mémoire ou ridiculiser tes désirs et ton acte ! Jusqu’à faire de toi un fantasme, un elfe égaré dans le ciel de Crête,  un mannequin grimé en aigle ou en perdrix et précipité dans le vide, une vapeur subtile prisonnière d’une cornue, que sais-je encore, tout était bon pour refuser ou dévaluer ta tentative. Mais moi, je sais que tu n’es pas un rêve, que tu as vraiment désiré le ciel, connu l’ivresse de l’envol et de l’azur et que… tu n’as pas eu de chance. Nul alors – et nul encore aujourd’hui – ne semble avoir compris que tu n’étais ni un rêveur ni un fantasque mais un prophète. Un prophète sans désert, sans cris, sans sauterelles et sans imprécations, mais un prophète. Un prophète qui sut accomplir l’impensable et atteindre l’inaccessible. Et si tu es tombé, c’est que ton rêve était prématuré, et ton cœur immature et tes ailes fragiles. Tu as chuté victime de ta précocité. Tu as voulu voler alors même que le monde n’était pas préparé à recevoir ton acte et encore moins à le comprendre. Tu as chu incompris mais tu n’as pas chu oublié. Ta chute a servi d’exemple non à ceux qui rêvaient de voler mais à ceux qui vivent sans rêve. Tu nous as dit avec tes ailes : mieux vaut chuter libre dans le ciel infini que de vivre enchainé dans le renoncement. Tous ceux qui t’ont jugé et qui t’ont condamné ont eu bien tort de se réjouir. L’avenir t’a amplement donné raison puisqu’aujourd’hui ton rêve se réalise, que des milliers de gens peuvent enfin voler, seuls dans le ciel, avec des ailes. Sans toi, rien de tout cela ne serait. Non, tu n’es ni un esprit subtil, ni un aigle-émissaire, ni un oiseau manqué ni un ange novice, mais le premier de tous les hommes à être monté vivant jusqu’au ciel. À avoir approché les nuages et entrevu de près la splendeur du vrai. Ébloui. Tu fus ébloui. C’est pour cela que tu as chu. »

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« Lettre à Icare » Extrait de : « L’envol d’Icare » Jacques Lacarrière 1925-2005.

Tableaux : 1/ »Illusions » 3/« Le sens de la Vue » Annie-Louisa Swynnerton 1844-1933.

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Oser croire en notre magnificence…

BVJ – Plumes d’Anges.

Songes…

lundi 12 novembre 2012

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« … S’interdire d’être heureux est le moins véniel de tous les péchés, même si aucune religion ne nous met en garde…

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… Ni les humains ni les chiens ne viennent nous hanter : ce qui nous poursuit c’est le temps qu’on ne leur a pas donné, les occasions perdues, le souvenir des attentes auxquelles on n’a pas su répondre…

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… J’ai l’air d’un bon vivant, mon petit, mais je suis si souvent fatigué des hommes, de cette terre sans amour… Ce sont les scientifiques qui m’ont rendu la joie d’aimer mon prochain, que j’avais perdue en fréquentant trop de gens d’Église. Je ne suis qu’un curé de bureau, moi, vous savez ; je ne comprends pas toutes vos découvertes ni vos langages techniques, mais auprès de vous, je me sens un peu de la famille… Je vous écoute, je m’émerveille, j’essaie de vous suivre et de vous emprunter un peu de votre intelligence. Même les illuminés comme ce Guido Ponzo, avec leurs théories fumeuses et partisanes, je les aime ; ils sont en quête d’une vérité, même s’ils se trompent. C’est si rare les chercheurs de vérité… Je vous regrette déjà…

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… Il y a un seul Dieu auquel je suis tenté de croire, parfois. Une sorte de voix intérieure qui s’adresserait à nous dans notre tombe, en nous engueulant pour toutes les occasions de bonheur qu’on n’a pas su saisir…

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… On devrait toujours se méfier de ce qu’on désire, même inconsciemment : la vie épouse parfois nos rêves secrets pour le meilleur ou pour le pire…

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… C’est à nous d’agir, pas au ciel… »

Extraits de : « L’apparition » 2001  Didier van Cauwelaert.

Illustration : « Voyage autour du monde de la Frégate autrichienne Novara- Papillons de Californie, Nevada et Colorado »  Alois Rogenhofer 1831-1897.

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Mettre en lumière notre propre vérité…

BVJ – Plumes d’Anges.

Contemplations…

mercredi 7 novembre 2012

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« … Les demeures humaines et leurs habitants rivalisent d’impermanence, disparaissent, et nous font penser à la rosée sur le liseron du matin. Tantôt la goutte de rosée tombe et la fleur demeure ; la fleur demeure sans doute, mais bientôt se fane elle aussi aux rayons du soleil levant. Tantôt la fleur se replie sur elle-même, tandis que la rosée demeure ; la rosée a beau demeurer, elle ne dure jamais jusqu’au soir…

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… le monde entier n’est, en somme, que la conscience que nous en avons. Si le cœur n’est pas en paix, les plus belles écuries ou étables, les trésors les plus rares ne signifient rien, ni les palais, ni les riches demeures ne sont désirables. En ce moment j’aime ma pauvre demeure, l’unique chambre de mon ermitage. Quand je dois me rendre à la capitale j’éprouve l’humiliation de n’être qu’un moine mendiant, mais une fois rentré chez moi, je plains tous ceux qui sont esclaves des choses terrestres.

Si quelqu’un doutait de ce que je dis ici, qu’il contemple l’allure des oiseaux et des poissons. Les poissons ne s’ennuient jamais d’être dans l’eau. Il faudrait être poisson pour comprendre ce sentiment. Les oiseaux ne demandent qu’à vivre dans les bois. Il n’y a que les oiseaux à comprendre cela. Il en est de même de la joie de la solitude ; on ne peut l’apprécier qu’en la vivant…

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… La lune brille, mais il est triste de la voir disparaître derrière les monts.
Puissions-nous voir la lumière éternelle !… ».

Extraits de : « Note de ma cabane de moine »  Karho No Chômei 1155-1216.

Illustrations : 1/« Liseron des garrigues »  Ferdinand Bauer 1760-1826 2/« Chelictinia ricourii » Louis Agassiz Fuertes 1874-1927.

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Avoir le cœur en paix…

BVJ – Plumes d’Anges.

Douces fleurs…

lundi 5 novembre 2012

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… » Si l’on veut aujourd’hui savoir à quoi ressemble l’âme, il faut

chercher dans les images anciennes, celles des mineurs aux yeux de

porcelaine blanche roulant dans la chair noire, ou celle des

nouveaux-nés sidérés aux berceaux enflammés de dentelles. Les livres

sont des huttes pour les âmes, des mangeoires pour les oiseaux de

l’éternel, des points de résistance. Je tends une main de papier à des

êtres invisibles. J’ai la faculté de voir à travers le mur de fer : nous

allons vers de très belles choses, une fois passé l’enfer. Ma mère m’a

appris que j’étais né entre deux éclats de rire, ce qui sans doute

explique le grain de cette phrase : nous allons par le pire à des choses

très fleuries et très douces, accordées au secret de nos âmes…

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DE DOUCES FLEURS POUR ÉLISABETH BAYSSET

ARTISTE PEINTRE DE GRAND TALENT

MERVEILLEUSE RENCONTRE DU NET

JE GARDE EN MÉMOIRE SON  REGARD

D’UN MAGNIFIQUE BLEU

JE SAIS QUE SON ÂME

« EST ALLÉE PAR LE PIRE VERS DES CHOSES FLEURIES »

AU ROYAUME DES ANGES

LÀ OÙ SON CŒUR EST EN PAIX.

UN SOIR, ELLE M’AVAIT ENVOYÉ CETTE PHRASE

« Nous sommes tous des étoiles
avec le potentiel de briller dans le ciel infini de l’éternité. »

Shanti

MERCI ÉLISABETH,

MERCI DE NOUS AVOIR PEINT UN MONDE ENCHANTÉ

AUJOURD’HUI

TON ÉTOILE BRILLE DANS LA NUIT DE MON CŒUR,

DOUX, DOUX VOYAGE À TOI…

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Si vous voulez feuilleter les pages de son blog,

un petit clic —>  ICI

Extrait de : « Un assassin blanc comme neige »  2011  Christian Bobin.

Illustrations : 1/« Fleurs de pommier avec insectes » 2/« Jacinthe blanche avec insectes »  Margaretha Barbara Dietzsch 1727-1795.

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Cueillir la douceur du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Sage souhait…

mercredi 31 octobre 2012

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« Il est au Mogol des follets

Qui font office de valets,

Tiennent la maison propre, ont soin de l’équipage,

Et quelquefois du jardinage.

Si vous touchez à leur ouvrage,

Vous gâtez tout. Un d’eux près du Gange autrefois

Cultivait le jardin d’un assez bon bourgeois,

Il travaillait sans bruit, avait beaucoup d’adresse,

Aimait le maître et la maîtresse,

Et le jardin surtout. Dieu sait si les zéphirs,

Peuple ami du démon, l’assistaient dans sa tâche !

Le follet de sa part travaillant sans relâche

Comblait ses hôtes de plaisirs.

Pour plus de marques de son zèle,

Chez ces gens pour toujours il se fut arrêté,

Nonobstant la légèreté

À ses pareils si naturelle ;

Mais ses confrères les esprits

Firent tant que le chef de cette république,

Par caprice ou par politique,

Le changea bientôt de logis.

Ordre lui vient d’aller au fond de la Norvège,

Prendre le soin d’une maison

En tout temps couverte de neige ;

Et d’Indou qu’il était on vous le fait Lapon.

Avant que de partir l’esprit dit à ses hôtes :

« On m’oblige de vous quitter :

Je ne sais pour quelles fautes ;

Mais enfin il le faut, je ne puis arrêter

Qu’un temps fort court, un mois, peut-être une semaine.

Employez-la ; Formez trois souhaits, car je puis

Rendre trois souhaits accomplis,

Trois sans plus. » Souhaiter, ce n’est pas une peine

Étrange et nouvelle aux humains.

Ceux-ci pour premier vœu demandent l’abondance ;

Et l’Abondance, à pleines mains,

Verse en leurs coffres la finance,

En leurs greniers le blé, dans leurs caves les vins ;

Tout en crève. Comment ranger cette chevance ?

Quels registres, quels soins, quel temps il leur fallut !

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Tous deux sont empêchés si jamais on le fut.

Les voleurs contre eux complotèrent ;

Les grands seigneurs leur empruntèrent ;

Le prince les taxa. Voilà les pauvres gens

Malheureux par trop de fortune.

« Ôtez-nous de ces biens l’affluence importune,

Dirent-ils l’un et l’autre : heureux les indigents !

La pauvreté vaut mieux qu’une telle richesse.

Retirez-vous, trésors, fuyez ; et toi déesse,

Mère du bon esprit, compagne du repos,

Ô Médiocrité, reviens vite. » À ces mots

La Médiocrité revient ; on lui fait une place,

Avec elle ils rentrent en grâce,

Au bout de deux souhaits étant aussi chanceux

Qu’ils étaient, et que sont tous ceux

Qui souhaitent toujours et perdent en chimères

Le temps qu’ils feraient mieux de mettre à leurs affaires.

Le follet en rit avec eux.

Pour profiter de sa largesse,

Quand il voulut partir et qu’il fut sur le point,

Ils demandèrent la sagesse ;

C’est un trésor qui n’embarrasse point. »

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« Les souhaits » Fable de Jean de la Fontaine 1621-1695.

Illustrations : 1/ Anges en adoration – Oiseaux (détail) »  Benozzo Gozzoli 1421-1497  2/« Réunion d’oiseaux étrangers placés dans différentes caisses » et  3/ »Oiseaux exotiques (détail) » Alexandre-Isidore Leroy De Barde 1777-1828.

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Un souhait pour le monde, la sagesse…

BVJ – Plumes d’Anges.

Se relever…

vendredi 26 octobre 2012

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« … Pourquoi faut-il que nous prenions des décisions aussi graves pour notre vie entière quand nous sommes trop jeunes pour savoir ce que nous faisons ? Les grandes fautes nous pèsent sur la nuque et on doit les supporter pour toujours…

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… « Derrière la montagne

Le chant du rossignol.

Ne restera-t-il demain

Que le vent violent ? »…

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… Voilà en réalité ce que j’ai fait depuis que je suis arrivée dans cette jolie petite maison : ne prendre aucune décision, laisser les évènements suivre leur cours naturellement, même s’il ne se produit pas grand chose…

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… L’idée qu’un vénérable végétal puisse avoir une âme ne me paraît pas toujours saugrenue, tout au moins quand je suis dehors, comme une invitée dans mon propre jardin…

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… Il a dit que je ressemblais à un voyageur qui se déplaçait autour du monde avec une malle lourde de tout son passé, et qu’il était grand temps que je réalise que chacun de nous n’avait besoin que d’une petite valise très légère… Il a dit que je devais absolument fouiller dans cette grande malle et en sortir tout ce qui ne rentrerait pas dans une petite valise…

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… Ma détermination à remettre cette maison et ce jardin dans cet état aussi proche de ce qu’ils étaient auparavant n’est pas seulement due à une folie qui m’est propre, mais au sentiment que partagent des milliers et des milliers de Japonais qui trouvent, dans un environnement naturel des plus instables, une espèce de continuité de cette façon. Les autels de Ise, où l’Empereur allait régulièrement se prosterner devant ses ancêtres, sont en bois et en paille, reconstruits des dizaines de fois au cours des siècles, mais toujours à l’identique, selon un plan immuable. Il est d’ailleurs dans ce pays presqu’aussi facile de refaire son jardin que sa maison, car il n’est pas du tout question de planter de jeunes arbres et d’attendre qu’ils veuillent bien pousser ! On achète des arbres de l’âge et de la taille que l’on désire, qui vous sont livrés à domicile et plantés par des experts, qui vous garantissent de transformer en un an un terrain sauvage en un jardin d’une certaine maturité. Avant le tremblement de terre, constater pareille transformation sur un terrain en friche m’étonnait toujours, mais on peut voir en ce moment partout à Tokyo et Yokohama des jardins entiers arriver dans des charrettes tirées par des bœufs ou des chevaux fatigués, venant de la campagne avoisinante qui n’a pas souffert du tremblement de terre. La circulation fait preuve de patience à l’égard de ces chargements, qui sont autant de symboles de renaissance. Ainsi, un immense pin aux racines enserrées dans un énorme ballot de paille retient toute une procession d’automobiles et de camions qui ne klaxonnent même pas…

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Extraits de : « Une odeur de gingembre » 1977  Oswald Wynd 1912-1998.

Illustrations : 1/ et 2/ Paravents japonais « Paysages avec le soleil et la lune » Artiste inconnu XVIème siècle.

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Trouver notre point d’équilibre…

BVJ – Plumes d’Anges.


Partage…

mardi 16 octobre 2012

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« Prenez le monde, dit un jour Jupiter aux hommes du haut de son trône, qu’il soit à vous éternellement comme fief ou comme héritage ; mais faites-en le partage en frères.

À ces mots, jeunes et vieux, tout s’apprête et se met en mouvement : le laboureur s’empare des produits de la terre, le gentilhomme, du droit de chasser dans les bois.

Le marchand prend tout ce que ses magasins peuvent contenir ; l’abbé choisit les vins les plus exquis ; le roi barricade les ponts et les routes et dit : « le droit de péage est à moi. »

Le partage était fait depuis longtemps quand le poète se présenta ; hélas ! il n’avait plus rien à y voir, et tout avait son maître.

« Malheur à moi ! Le plus cher de tes enfants doit-il être oublié ?… disait-il à Jupiter en se prosternant devant son trône.

« Si tu t’es trop longtemps arrêté au pays des chimères, répondit le dieu, qu’as-tu à me reprocher ?… Où donc étais-tu pendant le partage du monde ?

– J’étais près de toi, dit le poète.

Mon œil contemplait ton visage, mon oreille écoutait ta céleste harmonie ; pardonne à mon esprit, qui, ébloui de ton éclat, s’est un instant détaché de la terre, et m’en a fait perdre ma part.

– Que faire ? dit le dieu, je n’ai rien à te donner : les champs, les bois, les villes, tout cela ne m’appartient plus ; veux-tu partager le ciel avec moi ? Viens l’habiter, il te sera toujours ouvert. »

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« Le partage de la terre »  Friedrich von Schiller 1759-1805.

Illustrations : 1/« Vignes d’automne, arbres lointains et neige »  Artiste inconnu XVIIème/XIXème   2/« Bouvreuil sur une branche »  Edwin John Alexander 1870-1926.

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Regarder vers le ciel quand la terre est trop bruyante…

BVJ – Plumes d’Anges.

Blancheur immaculée…

vendredi 12 octobre 2012

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« … Il m’a fallu venir dans les montagnes pour retrouver le besoin de parler avec le monde, comprenez-vous ?…

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… Ce blanc qui habitait les profondeurs du miroir, c’était la neige, au cœur de laquelle se piquait le carmin brillant des joues de la jeune femme. La beauté de ce contraste était d’une pureté ineffable, d’une intensité à peine soutenable tant elle était aiguisée, vivante…

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Elle porta son regard vers le ciel, qui avait la pureté d’un cristal. Au loin, sur les montagnes, la neige avait une tonalité crémeuse et tendre et se voilait, eût-on dit, d’une mousseline de fumée…

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… Certains des kimonos de Shimamura étaient faits de l’étoffe tissée par ces mains féminines, probablement vers le milieu du siècle passé, et il avait lui-même conservé l’habitude de les envoyer « blanchir à la neige »…

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… Le blanchissage « à la neige », depuis des âges et des âges déjà, était assuré par des spécialistes, les tisserands eux-mêmes ne s’en occupaient pas. On blanchissait à la fin du tissage le Chijimi* blanc, par pièces entières, tandis que la toile avec des couleurs était traitée sur le cadre même, au fur et à mesure, en cours de fabrication. La meilleure saison pour ce faire tombait aux mois de la première et de la deuxième lune. Prés et jardins, à cette époque très enneigés, se transformaient partout en ateliers de blanchiment.

On commençait par tremper le fil ou l’étoffe, toute une nuit, dans une eau de cendre. Lavé à grande eau le matin, bien essoré, on l’exposait alors tout le jour sur la neige, recommençant de même jour après jour. À la fin de l’opération, Shimamura l’avait lu récemment, quand la toile atteignait à la blancheur immaculée et recevait la caresse du soleil rouge du matin, le spectacle dépassait toute description. Les habitants des provinces méridionales, ajoutait le vieil auteur, devraient tous aller le voir. » Et lorsque la blancheur arrivait à la perfection, le printemps arrivait aussi : c’était le signe propre du printemps dans le Pays de Neige…

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… Et les connaisseurs de l’ancien temps ne manquaient pas d’expliquer, comme un effet harmonieux des principes échangés de la lumière et de la nuit, la fraîcheur remarquable de cette toile, tissée dans le froid de l’hiver, qui se perpétuait jusque dans la chaleur du plus torride été… »

* Chijimi : toile de chanvre

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Extraits de : « Pays de Neige »  Yasunari Kawabata 1899-1972.

Illustrations : 1/« Rivière et montagnes enneigées » 3/« Province de Bizan »  Utagawa Hiroshige 1797-1858  2/« Femmes sous les arbres »( détail du feuillet 4 du paravent) VIIIème  Artiste inconnu.

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Tendre à l’excellence…

BVJ – Plumes d’Anges.

Poétiser la vie…

mercredi 10 octobre 2012

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« Que vas-tu me peindre ami ?      L’invisible.

Que vas-tu me dire ami ?       L’indicible

Monsieur car mes yeux sont dans ma tête.

– N’ayez pas peur, c’est un poète. »

Poème 1, extrait de « Trente et un poèmes de poche »   Pierre-Albert Birot 1876-1967.

Tableau : Les violettes »  Henry Meynell Rheam 1859-1920.

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Écouter et entendre le poète qui est en nous…

BVJ – Plumes d’Anges.