.
.
« … Pourquoi faut-il que nous prenions des décisions aussi graves pour notre vie entière quand nous sommes trop jeunes pour savoir ce que nous faisons ? Les grandes fautes nous pèsent sur la nuque et on doit les supporter pour toujours…
.
… « Derrière la montagne
Le chant du rossignol.
Ne restera-t-il demain
Que le vent violent ? »…
.
… Voilà en réalité ce que j’ai fait depuis que je suis arrivée dans cette jolie petite maison : ne prendre aucune décision, laisser les évènements suivre leur cours naturellement, même s’il ne se produit pas grand chose…
.
… L’idée qu’un vénérable végétal puisse avoir une âme ne me paraît pas toujours saugrenue, tout au moins quand je suis dehors, comme une invitée dans mon propre jardin…
.
… Il a dit que je ressemblais à un voyageur qui se déplaçait autour du monde avec une malle lourde de tout son passé, et qu’il était grand temps que je réalise que chacun de nous n’avait besoin que d’une petite valise très légère… Il a dit que je devais absolument fouiller dans cette grande malle et en sortir tout ce qui ne rentrerait pas dans une petite valise…
.
… Ma détermination à remettre cette maison et ce jardin dans cet état aussi proche de ce qu’ils étaient auparavant n’est pas seulement due à une folie qui m’est propre, mais au sentiment que partagent des milliers et des milliers de Japonais qui trouvent, dans un environnement naturel des plus instables, une espèce de continuité de cette façon. Les autels de Ise, où l’Empereur allait régulièrement se prosterner devant ses ancêtres, sont en bois et en paille, reconstruits des dizaines de fois au cours des siècles, mais toujours à l’identique, selon un plan immuable. Il est d’ailleurs dans ce pays presqu’aussi facile de refaire son jardin que sa maison, car il n’est pas du tout question de planter de jeunes arbres et d’attendre qu’ils veuillent bien pousser ! On achète des arbres de l’âge et de la taille que l’on désire, qui vous sont livrés à domicile et plantés par des experts, qui vous garantissent de transformer en un an un terrain sauvage en un jardin d’une certaine maturité. Avant le tremblement de terre, constater pareille transformation sur un terrain en friche m’étonnait toujours, mais on peut voir en ce moment partout à Tokyo et Yokohama des jardins entiers arriver dans des charrettes tirées par des bœufs ou des chevaux fatigués, venant de la campagne avoisinante qui n’a pas souffert du tremblement de terre. La circulation fait preuve de patience à l’égard de ces chargements, qui sont autant de symboles de renaissance. Ainsi, un immense pin aux racines enserrées dans un énorme ballot de paille retient toute une procession d’automobiles et de camions qui ne klaxonnent même pas…
.
…
Extraits de : « Une odeur de gingembre » 1977 Oswald Wynd 1912-1998.
Illustrations : 1/ et 2/ Paravents japonais « Paysages avec le soleil et la lune » Artiste inconnu XVIème siècle.
…..
Trouver notre point d’équilibre…
BVJ – Plumes d’Anges.
Un roman que j’ai noté depuis longtemps et qui me fait brusquement très envie à lire tes extraits .. les paravents sont sublimes.
un roman que j’ai lu avec plaisir mais brusquement en lisant ton billet je me dit que mon souvenir s’est un peu évanoui, je crois que tu me donnes envie d’y revenir
j’avais gardé le souvenir d’un roman se passant en chine ???
Vous me tentez bien : je vais lire ce roman. Tout à l’heure en descendant à la librairie chercher ma commande de la semaine, je vais le commander. Merci et bon week end.
Une odeur de gingembre… Le titre est déjà rempli de poésie… Merci Brigitte pour ce partage, j’ai eu quelques temps d’absence, je suis heureuse de pouvoir revenir lire tes billets si précieux et touchants.
Bisous et bon week-end
Nath.
Un livre que je ne connais pas. Allant sur un blog pour en voir un résumé, j’ai vu une critique qui n’incite pas du tout à la lecture. Mais d’autres ont adoré … Ces délicats paravents, eux, me parlent bien.
Très joli texte sur le Jardin et la création de celui-ci, vaste programme mais apparemment rendu plus facile en achetant de grands sujets. Effacer un sinistre et redonner plus vite vie à la nature. Moi qui croyais que le Japon était le pays de la lenteur et de la contemplation !
Je l’ai lu et je l’ai adoré!
Il faut le lire!
On s’embarque avec Mary Mc Kenzie, on fait l’incroyable voyage qui l’emmène vers sa liberté, si chèrement payée, et avec elle, on découvre la dimension illimitée des femmes, leur courage, la beauté de ce qu’elles décident de faire de leurs vies.
Je suis si heureuse que tu l’aies aimé, que tu aies décidé d’y aller!
Je t’embrasse Brigitte.
PS : A propos du Japon et du courage des femmes, je viens de finir « Certaines n’avaient jamais vu la mer », bouleversant…
J’ai beaucoup aimé l’écriture de ce livre que j’ai dévoré l’été dernier ! Merci de me rappeler ces passages !
Rien que le titre et déjà j’ai envie de le lire… Les extraits m’y incitent aussi, alors je crois que je vais l’acheter ;p Merci pour ces beaux textes que tu choisis avec soin et sensibilité, merci de ce partage. Les paravents m’enchantent comme peut le faire l’art japonais.