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« … Les demeures humaines et leurs habitants rivalisent d’impermanence, disparaissent, et nous font penser à la rosée sur le liseron du matin. Tantôt la goutte de rosée tombe et la fleur demeure ; la fleur demeure sans doute, mais bientôt se fane elle aussi aux rayons du soleil levant. Tantôt la fleur se replie sur elle-même, tandis que la rosée demeure ; la rosée a beau demeurer, elle ne dure jamais jusqu’au soir…
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… le monde entier n’est, en somme, que la conscience que nous en avons. Si le cœur n’est pas en paix, les plus belles écuries ou étables, les trésors les plus rares ne signifient rien, ni les palais, ni les riches demeures ne sont désirables. En ce moment j’aime ma pauvre demeure, l’unique chambre de mon ermitage. Quand je dois me rendre à la capitale j’éprouve l’humiliation de n’être qu’un moine mendiant, mais une fois rentré chez moi, je plains tous ceux qui sont esclaves des choses terrestres.
Si quelqu’un doutait de ce que je dis ici, qu’il contemple l’allure des oiseaux et des poissons. Les poissons ne s’ennuient jamais d’être dans l’eau. Il faudrait être poisson pour comprendre ce sentiment. Les oiseaux ne demandent qu’à vivre dans les bois. Il n’y a que les oiseaux à comprendre cela. Il en est de même de la joie de la solitude ; on ne peut l’apprécier qu’en la vivant…
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… La lune brille, mais il est triste de la voir disparaître derrière les monts.
Puissions-nous voir la lumière éternelle !… ».
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Extraits de : « Note de ma cabane de moine » Karho No Chômei 1155-1216.
Illustrations : 1/« Liseron des garrigues » Ferdinand Bauer 1760-1826 2/« Chelictinia ricourii » Louis Agassiz Fuertes 1874-1927.
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Avoir le cœur en paix…
BVJ – Plumes d’Anges.
J’aime bien les extraits que vous avez choisis. Avez-vous lu « Désert solitaire », d’Edward Abbey ? C’est aussi une réflexion sur la vie et les besoins que la société crée sans qu’ils soient vraiment nécessaires.
ah voilà l’auteur japonais, euh oui je l’ai lu et non seulement lu mais je compte bien le faire apparaitre dans une prochaine série de billets, c’est un texte magnifique que l’on trouvait chez gallimard et maintenant dans une jolie édition chez le Bruit du temps
La joie, la solitude : on ne les apprécient qu’en les vivant, Montaigne disait qu’il préférait être toujours seul que ne l’être jamais , les sages se rejoignent par delà les distances
C’est un texte magnifique sur la solitude. Je me réjouis à l’idée de le retrouver chez Dominique 🙂
J’aime beaucoup la délicatesse du liseron.
Et merci pour cette nouvelle référence de lecture !
Belle soirée !
Tout cela est si juste et pourtant nous avons tellement de mal à l’appliquer qu’en bien même on y pense …