Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Feux du ciel…

dimanche 26 novembre 2023

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« Je te souhaite d’entendre les mots doux que l’on te dit en silence…

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… Je te souhaite des ciels qui s’ouvrent…

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... Je te souhaite de penser à la chenille que tu étais…

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… Je te souhaite un soleil nouveau chaque matin…

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… Je te souhaite juste ce qu’il faut d’ombre pour connaître la lumière…

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… Je te souhaite de trouver ce que tu ne cherchais pas…

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… Je te souhaite des présences qui prennent soin de ta solitude…

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… Je te souhaite d’accorder ton rythme à tout ce qui bat…

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… Je te souhaite des poussières flottant dans la lumière…

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… Je te souhaite des étoiles filantes où accrocher tes vœux…

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… Je te souhaite de voir comme tout est déjà là… »

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Un bijou ! Un petit bloc de 99 souhaits lumineux et bienveillants,

imprimés sur un épais papier blanc dans une élégante typographie.

– un souhait par page –

Couverture cartonnée,

un seul anneau retient le tout, qui s’ouvre et se ferme :

on peut ainsi détacher les feuillets pour en faire présent

 ou simplement s’en souvenir.

Chaque exemplaire est numérotée…

C’est simple et profond, c’est doux et léger, c’est un baume…

à offrir en toute occasion !

Extraits de : « des étoiles filantes »  Mélanie Leblanc.

Illustrations : 1/ « Lys »  Olga Wisinger  1844-1926  2/ « Dahlias »  Anna Syberg   1870-1914.

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Allumer des météores…

BVJ – Plumes d’Anges.

Feuilles volantes…

samedi 18 novembre 2023

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« J’ai écrit ces textes dans des carnets, des cahiers, sur des pages volantes, des agendas, des tickets, des listes, des enveloppes, des marque-pages ou dans mon téléphone ; je les ai écrits dans les gares, les trains, les hôtels, les cafés, chez moi, dans le métro, en ville et en d’autres lieux.

La poésie demeure pour moi comme une apparition, une attention portée à l’infime, comme le surgissement d’un éclat fugace au cœur de nos vies. L’éclosion d’invisibles soleils. Peut-être, à cet instant-là, les mots peuvent-ils saisir quelque chose de ce jaillissement…

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… un verger imaginaire pour

accueillir la floraison

de nos désirs

 

songe à tout ce bleu

qui attend ton réveil…

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… l’odeur d’herbe fraîche de la nuit

le cri d’un oiseau entre les feuilles

 

un vêtement oublié sur un banc

il frissonne comme

un bouquet abandonné

 

et peut-être il danse

lorsque tout dort au jardin…

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… je tente d’arranger mes jours

en bouquet maladroit

en jardin capricieux

 

et parfois entre les ronces

une floraison survient

 

un miracle

et je ne sais pourquoi…

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… et recoudre le soleil

sur nos ciels fatigués

 

abondance de rubans pour

caresser nos épaules et

 

accompagner ce pas de danse

qui se découvre

incrédule

joyeux

fragile…

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… une éclaircie sur la page

les mots viennent s’y poser

étonnés

 

une éclosion soudaine

une fête

et mes mains comme un perchoir

pour des oiseaux multicolores…

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… ralentir le monde

l’or est à cueillir entre nos mains

étonnées du miracle

la ronde archaïque de l’eau du soleil et du vent

 

poser doucement

le pied sur cette terre pour

danser aussi…

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… lenteur de la nuit

la grande nuit comme un feu bleu

 

la rumeur la voix des vivants et

les étoiles qui veillent sur

nos bruissements de cœur… »

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Ce recueil est un bijou d’une délicatesse absolue.

La belle écriture de Gaëlle Josse cisèle les courts poèmes évadés de son cœur,

 graines d’or offertes aux oiseaux que nous sommes pour nourrir notre âme.

Merci à cette grande dame

et merci à celle qui m’a offert ce livret exquis, à lire et à relire…

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Ne l’oublions pas :

« La sagesse commence dans l’émerveillement »

Socrate

Alors, émerveillons-nous !

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Extraits de : « et recoudre le soleil »  2022  Gaëlle Josse.

Illustrations : 1/ « Plantes vertes dans un verre »  Joakim Frederik Kovgaard  1856-1933  2/ « Rose dans un verre »  Franz Krüger 1797-1857.

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Capter notre lumière intérieure…

BVJ – Plumes d’Anges.

Beau thé…

mercredi 8 novembre 2023

 

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« La première tasse humecte mes lèvres et mon gosier

La deuxième rompt ma solitude

La troisième fouille mes entrailles mises à nu

et y débusque mille volumes d’étranges idéogrammes

La quatrième suscite une légère sueur

– et tout le noir de ma vie se dissout à travers mes pores

À la cinquième tasse, je suis purifié

La sixième m’expédie au royaume des Immortels

La septième – ah, je ne saurais en absorber davantage !

Je sens seulement un souffle de vent frais gonfler mes manches.

Où est Peng Lai Shan* ?

Ah ! Laissez-moi chevaucher cette douce brise et m’envoler loin d’ici ! »

* Peng Lai Shan : un des paradis taoïstes.

Poème de Lu Tong  795-835.

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« On boit du thé pour oublier le bruit du monde »

Lu Yu  733-884.

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« Alors que jadis les œuvres des artisans avaient toutes un caractère esthétique, conscient ou non, elles sont divisées aujourd’hui en deux catégories : les œuvres avec art et les œuvres sans art. Or, rien de ce qui est fait par la main de l’homme ne peut être bien indifférent : ou ce sera beau, élevant l’esprit, ou ce sera laid et avilissant. Les objets dépourvus d’art sont tellement dangereux ; ils blessent par le seul fait de leur existence et aujourd’hui leur nombre prédomine tellement que pour trouver les œuvres d’art nous sommes obligés de nous mettre à leur recherche, car les choses privées de sentiment d’art sont chaque jour les compagnons ordinaires de notre vie…

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« … Si vous voulez une règle d’or, qui convienne à tout le monde, la voici :

N’ayez chez vous rien que vous ne sachiez utile ou ne croyiez beau »…

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Extraits de : « L’esthétique de la vie »  William Morris  1834-1896 (Wikiquote)

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Fermer les yeux, s’extraire de la triste réalité,

retrouver en soi ce petit espace de paix qui tel un nid d’oiseau

nous accueille et réchauffe notre cœur meurtri…

Se tourner vers les doux moments, s’abreuver de beauté,

la rechercher partout, même dans les plus petites choses de la vie…

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Illustrations : 1/ « Théière »  2/ « Pot à lait »  Dessins de l’artiste Beulah Bradleigh  1892-?

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La beauté nourrit l’âme, la beauté apaise…

BVJ – Plumes d’Anges.

Braise ardente…

lundi 23 octobre 2023

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« … Père – Le premier examen qu’Isor a passé à l’hôpital, c’était pour un trouble de l’attention. J’y étais allé seul, Maude n’avait pu déplacer sa garde. Je n’oublierai jamais ce moment, les sourcils velus et arrogants du médecin, un jeune interne en psychiatrie. Docteur Jard – fier comme un coq. Pour lui, tout était clair. Isor avait effectivement des difficultés à se concentrer, c’était tout.  Il avait passé trente minutes avec elle mais ça y est, il la connaissait mieux que nous, avait tout compris et me démontrait l’infinie supériorité de son expertise par une chiée de mots savants appris d’hier. J’avais beau lui parler des colères, des retards de langage, des regards déconcertants (ceux d’une adulte mélancolique, pire que cela, ceux des statues de grands hommes qui sondent l’Avenir, le Progrès ou l’Âme humaine), il ne m’écoutait pas, et son visage dur était figé dans une expression dédaigneuse.

Au moment de nous raccompagner à la porte, avec une politesse excessive et trop empressée pour être sincère, il jeta un dernier regard vers Isor. Elle était dans un coin depuis le début de notre entretien. Elle se tenait en face d’une bonne centaine de crayons alignés par taille et par teinte, selon un ordre allant du jaune au bleu. Elle nous faisait dos, mais on pouvait deviner à son immobilité qu’elle était parfaitement sereine. Ce ne pouvait être qu’elle qui avait fait cela, car, à notre entrée, les crayons gisaient tous en un tas informe.

L’interne s’est rassis à son bureau où il eut un moment d’absence. Puis il a simplement lâché : « C’est peut-être un peu plus compliqué que cela. »…

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… Mère – Quand Isor fait la sieste, son visage est si doux que j’ai pris l’habitude, parfois, de m’asseoir à côté d’elle.

Elle a la peau très fine et très blanche, encore plus que moi. C’est presqu’ une feuille de soie, un paravent chinois sur lequel affleurent et peuvent se lire ses moindres humeurs. Elles lui montent à la peau, elles la maquillent. À l’instar des mouches que les courtisanes appliquaient à la cour des rois, les emplacements de ces taches sur le visage d’Isor ont tous une signification particulière. Si son nez est rouge, c’est qu’elle se réjouit. Si c’est les paupières, qu’elle a pleuré. Les joues, qu’elle est embarrassée. Quand vient le tour des tempes, c’est qu’elle est en colère. Et le front enfin, cela veut dire qu’elle est épuisée. Ces taches persistent parfois une bonne heure après que le sentiment est retombé. Cela me permet de savoir ce qu’elle a ressenti en mon absence.

Lorsqu’elle dort, on peut presque voir sur sa peau de lait les ombres de ses rêves qui passent. C’est pour cette raison que je reste près d’elle ; et alors j’imagine tout ce à quoi elle pense…

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… (Lucien) – Et puis, un jour, tu es arrivée alors que je venais de lancer Les Quatre Saisons. C’était la fin du Printemps, les violons étaient déchaînés et tu as poussé un cri. Tu étais soufflée, terrifiée. Un sanglot montait en toi, je le voyais aux hoquets qui faisaient vibrer tes épaules. Comme quelqu’un qui viendrait de découvrir son reflet dans un miroir et serait bouleversée par sa propre image. Tu ne voulais pas que j’éteigne, tu te débattais. Tu as écouté le morceau jusqu’à la fin dans un état d’urgence, presque de survie. Il y eut un large silence. J’étais tétanisé à l’idée de t’avoir fait de la peine. Tu m’as regardé, en pleine catastrophe. Tu as pointé une dizaine de CD sur les étagères. Tu voulais les entendre. Tous. Nous n’avons fait que cela de l’après-midi. Et toute la semaine qui suivit. Tu voulais tout entendre. Avide. Tu aurais voulu être le compositeur, et puis l’instrument, et puis l’auditeur, et puis la musique elle-même. Tu écoutais comme on regarde un portrait de soi, fait par un inconnu. Avec sidération. Avec harmonie. La solitude enfin anéantie.

Avons-nous jamais été à ce point ensemble ?

J’admire tellement et je t’envie cette intelligence que tu as, une intelligence toute émotionnelle, toute corporelle. Moi aussi la musique me touche, me bouleverse même parfois, mais entre elle et moi, il y aura indéfectiblement cette médiation de l’intellect. Toi, tu accèdes aux vérités – de la musique comme du reste – avec un instinct quasi physiologique. Chez toi c’est le corps qui pense, il ne se trompe jamais… »

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C’est l’histoire d’Isor.

Maude et Camillo, ses parents, sont désarmés face à leur petite fille qu’ils sentent différente, ils sont démunis face au monde qui porte sur eux des jugements parfois implacables. Ils s’isolent, s’organisent, observent, créent des petits bonheurs et imaginent d’éphémères possibles.

Un jour, un évènement (l’explosion de leur chaudière) fait qu’ils demandent à un voisin septuagénaire, Lucien, de s’occuper d’Isor le temps de la réparation par un homme de l’art. Entre Isor et Lucien, c’est une rencontre d’âmes, une rencontre de « faille à faille »… Isor est vaste, elle saisit tout, capte le monde, désire vivre en grand, aller au bout des choses. Son énergie sculpte l’histoire et tout va crescendo.

C’est un lumineux premier roman, plein d’amour et de beauté, c’est une mise au monde dans une langue originale et poétique,

c’est un conte, une pièce de musique qui nous emporte haut…

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Extraits de : « La Colère et l’Envie » 2023  Alice Renard.

Illustrations : 1/ « Lever de soleil sur l’île de Bornholm » Claus Johansen  1877-1943  2/ « Sommet de l’Etna »  Edward Peithner von Lichtenfels  1833-1913.

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Naître à soi-même…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chants de paix…

lundi 16 octobre 2023

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UN CHANT POUR LA PAIX

« Donnez au soleil de s’élever,

Au matin d’éclairer.

La force des prières

Ne nous fera pas revenir

Celui dont la bougie s’est éteinte

Et qui git dans la poussière,

Les larmes amères ne le réveilleront pas,

Ne le ramèneront plus ici.

 

Personne ne nous ramènera

Du fond de la fosse obscure.

Ici ne servent à rien

Ni l’allégresse de la victoire

Ni les cantiques de louange.

 

Alors chantez seulement

Un chant pour la paix,

Ne murmurez pas de prière,

Il vaut mieux que vous chantiez

Un chant pour la paix,

À grands cris.

 

Laissez le soleil entrer

À travers les fleurs.

Ne regardez pas en arrière,

Accordez le repos à ceux qui sont partis.

Levez les yeux avec espoir,

Et pas sur une ligne de mire.

Chantez un hymne à l’amour,

Et pas aux guerres.

 

Ne dîtes pas : « Un jour viendra »,

Faîtes le advenir !

Car ce n’est pas un rêve

Et sur toutes les places

Acclamez la paix ! »

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Shir la-shalum, chanson devenue l’hymne du mouvement pacifiste israélien,

chantée par  Yitzhak Rabin juste avant son assassinat, le 4 novembre 1995…

Auteur : Yaakov Rotblit – 1969

Compositeur : Yair Rosenblum

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« … La laïcité française n’oppose pas la foi à l’incroyance. Elle ne sépare pas ceux qui croient que Dieu veille, et ceux qui croient aussi ferme qu’il est mort ou inventé. Elle n’a rien à voir avec cela. Elle n’est fondée ni sur la conviction que le ciel est vide ni sur celle qu’il est habité, mais sur la défense d’une terre jamais pleine, la conscience qu’il y reste toujours une place pour une croyance qui n’est pas la nôtre. La laïcité dit que l’espace de nos vies n’est jamais saturé de convictions, et elle garantit toujours une place laissée vide de certitudes. Elle empêche une foi ou une appartenance de saturer tout l’espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer… »

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Extrait de : « Vivre avec nos morts » – Petit traité de consolation –  2021  Delphine Horvilleur.

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Delphine Horvilleur est une femme rabbin,

elle accompagne les morts et leurs proches avec une extrême humanité.

En 11 chapitres elle nous raconte des faits et le sens qu’elle a tenté de leur donner.

Avec humilité, elle parle de ses rencontres et de moments de son existence.

Très érudite, elle éclaire tous les sujets abordés d’une lumière singulière,

  nous offre une talentueuse célébration de la vie,

dit à la mort « tu n’auras pas le dernier mot »,

la traduction de cimetière en hébreu n’est-elle pas « maison des vivants » ?

Ce « petit traité » d’une grande richesse est à lire et à relire sans modération,

parce que la bienveillance n’a pas de prix…

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Photos BVJ  – octobre 2023 – La Sainte Baume dans le var.

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Chanter et chanter encore la paix…

BVJ – Plumes d’Anges.

Merveilleusement…

lundi 2 octobre 2023

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… « J’épluchais une pomme rouge du jardin quand j’ai soudain compris que la vie ne m’offrirait qu’une suite de problèmes merveilleusement insolubles. Avec cette pensée est entré dans mon cœur l’océan d’une paix profonde. »…

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… « L’eau dans le verre de cristal danse imperceptiblement. »…

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Merveilleusement…

Avez-vous remarqué comme parfois il suffit d’un mot doux

cueilli au hasard d’une lecture ou d’une discussion

et en un éclair le sens donné à notre vie change.

Ce mot allège l’existence,

il est un halo de tendre brume, agit comme un baume étoilé,

nous aide à accepter la réalité.

On ne marche plus, on danse, on ne pense plus, on rêve.

Il nous faudrait inventer un dictionnaire des mots doux

pour illuminer nos relations,

pour la traversée d’épreuves, pour les jours de disette…

Quels mots pourrions-nous imprimer sur ses pages ?

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« Mieux vaut allumer sa petite bougie que maudire les ténèbres. »

Lao Tseu

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Extraits de : « Noireclaire »  Christian Bobin  1951-2022.

Illustrations : 1/ « Coupe de fruits » et 2/ « Panier d’oranges »   Léon Bonvin 1834-1866.

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Enrichir la douceur du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Envolées…

lundi 25 septembre 2023

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« … Je n’avais pas tout de suite remarqué que Kat Epadô, le pseudo de Sayo (sans doute parce qu’il résonnait rock, me faisant penser à Kat Onoma), était la première personne du présent du verbe grec : Chanter aux oreilles, Prononcer des paroles magiques, Ensorceler. J’avais trouvé ce choix bizarrement calé. Et même gonflé. Qui le lui avait soufflé ? De plus, un pseudo n’est jamais gratuit. Il vous camoufle et en même temps vous révèle. Je m’étais demandé pourquoi Sayo avait choisi un fragment de grec ancien. Pour le feu du son ou pour la cendre du sens ? Ou seulement pour l’élément mort d’une langue morte, complètement étrangère au Japon afin d’y passer elle aussi pour morte ? Et quand cessait-elle d’être Sayo pour devenir Kat-Epadô ? Qu’est-ce qui changeait alors en elle ? Je ne le lui ai jamais demandé.

Le samedi 1° décembre, j’ai découvert la nouvelle annonce :

CdG  Tunique avec implant

Elle est en fine matière extensible, gris irisé.

Sur l’épaule gauche se trouve une longue forme qui entoure à moitié votre cou comme un implant bizarre

Moi je dis qu’elle est mon chat gris, mon chagrin, couché sur mes épaules  =^^^= …

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J’allume la radio, à chaque fois j’entends comme un immense tremblement de terre. Quelque chose s’écroule.

Je connais un oiseau qui chantait avec assurance au cœur de la dévastation, m’a soudain dit Emily D. La dévastation, on y est, ça c’est sûr, lui ai-je répondu. Mais comment chanter ? Chante, a dit Emily D…

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… Il existe toutes sortes de rencontres. On peut rencontrer un vêtement : il vous foudroie. On peut rencontrer un pseudo : il vous possède. On peut rencontrer un oiseau : il vous fait rougir. La plus petite rencontre contient sa part explosive qui fracture quelque chose en vous…

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Autour de nous, je sentais un immense territoire dressé, avide, vivant. La nuit quelque chose s’éveille, sort, se tend, tiré, étiré en un grand bond, un jaillissement, et ça pousse, ça marche, ça avance. Beaucoup plus qu’en plein jour. Les rochers aussi (il y en avait beaucoup là bas, le chemin traversait un paysage de moraines), même eux, les rochers qui après avoir roulé semblaient s’être immobilisés, étaient en route, comme nous, je voyais bien qu’ils étaient encore en route, à leur dos rond, à leur épuisement, et j’ai compris qu’on n’est jamais arrivé, que rien n’a jamais de fin, même pour les pierres. Et quand je levais la tête, les constellations comme les moraines, leurs cygnes, leurs ourses, leurs lièvres, leurs chevaux et leurs chiens, traversaient le ciel, prises elles aussi dans le même interminable éboulement… »

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Zsazsa quitte son compagnon Thomas, abandonne Paris (pour une année au moins) et part dans les montagnes en vue d’étudier la langue des oiseaux, . Elle arrive la nuit, sous la neige, dans une baraque (dessinée par Jean Prouvé) au cœur de la forêt. Elle apporte dans ce lieu de solitude juste l’indispensable, deux livres d’Emily Dickinson publiés aux éditions Corti, deux livres de poésie chinoise  (de Li Bai et de Du Fu), un livre signé du russe Isaac Babel, un IMac 27 pouces, un téléphone portable, un duvet, des draps…

Ce soir là, elle fait la connaissance sur EBay de Sayo, celle-ci vend sous le pseudo de Kat-Epadô, des fringues de la célèbre marque Comme des garçons. Ce qui interpelle la narratrice, c’est le style de la petite annonce accompagnant la photo du vêtement : un texte court, étrange, poétique, mystérieux, elle tombe immédiatement sous le charme. S’en suit une relation entre ces deux « oiseaux » qui évoluera au fil des pages…

J’ai adoré cette lecture, une sorte de petit roman japonais où l’on s’attache à la délicatesse des mots, à l’essence des choses. Zsazsa  questionne et se questionne, tout a son importance mais tout est dérisoire aussi. C’est la quête de deux femmes qui vont grappiller un peu de l’autre, elles sont à une étape de leur vie, elles cherchent à entrevoir qui elles sont vraiment et vers où elles veulent aller.

L’écriture de l’auteure est toujours belle, ses descriptions de la nature, son côté sauvage et érudit, cet attachement aux maladresses et aux petits détails qui illuminent le présent sont un enchantement.

Sans se voir, sans se connaître, on peut tisser des liens, de lumineux liens.

AIFELLE en avait parlé –>

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Extraits de : « La langue des oiseaux »  2014  Claudie Hunzinger.

Illustrations : 1/ « Oiseaux »  Elise Konstantin-Hansen  1858-1946  2/ « Roses »  Elizabeth Bigelow Greene  1837-1915.

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Chercher un sens…

BVJ – Plumes d’Anges.

Fleurs et fleurettes…

lundi 11 septembre 2023

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« J’aimerais que mes souvenirs qui clignotent souvent soient munis d’un interrupteur

afin que je puisse au besoin les rallumer après les avoir éteints un certain temps. »

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« Toute vie est un hasard

Pourtant mes yeux ont vu trop de choses

Pour vivre comme un simple visiteur. »

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Dans les après-midi pré-automnales, je ne veux encombrer mon esprit,

j’aspire à la sérénité, j’appelle des souvenirs fleuris, j’en fais un doux bouquet.

Des forces lumineuses et colorées se tissent, se sculptent, se disent, se chantent,

des bulles d’énergie s’élèvent pour peindre dans le ciel de nouvelles étoiles.

Ainsi va la vie, elle nous montre que nous sommes en vie,

que la lumière est là en nous, à côté de nos zones d’ombre.

Ne perdons pas de temps à ressasser,

choisissons nos lignes de force,

 le tableau de notre quotidien se fera harmonieux et joyeux…

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Poèmes du sud-coréen Eom Won-tae  « Dans une région obscure »  2023

Tableaux : 1/ « Jeux d’enfants »  Alexei Harlamov  2/ « Fleurs dans un verre »  Albert Edelfelt

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Choisir notre lecture du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Joie de l’âme…

vendredi 25 août 2023

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« … la joie, à l’inverse du plaisir, ne se décrète pas. Nous pouvons chercher le plaisir, et l’obtenir presque à coup sûr, par la satisfaction d’un besoin ou d’un désir : manger, boire, faire l’amour, s’adonner à une activité que nous aimons. La joie est une émotion beaucoup plus intense que le plaisir et elle nous tombe dessus, comme une grâce. Elle transporte notre cœur, notre esprit et notre corps…

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nous ne pouvons pas programmer la joie comme il est possible de programmer le plaisir, mais nous pouvons créer un terrain favorable à l’émergence de la joie. En étant présents et attentifs à ce que nous faisons, la joie peut survenir…

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... Si nous contemplons avec attention la beauté d’un paysage ou d’un sourire, une joie immense peut soudain inonder notre âme. De même, la joie jaillit souvent dans un cœur reconnaissant envers la vie…

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si nous pratiquons la gratitude, si nous savons remercier la vie et les autres chaque jour pour ce qu’ils nous apportent de beau, de bon ou d’utile – parfois même à travers des difficultés ou des épreuves – , alors la joie envahira souvent notre âme. Il en va de même pour la bienveillance…

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La joie est aussi l’expression de l’augmentation de notre puissance vitale. Plus nous sommes capables d’agir et d’agir librement, plus notre esprit est joyeux…

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La joie accompagne la croissance de notre être, de notre intelligence, de notre cœur, de notre créativité, de notre conscience. La joie est d’autant plus forte que l’effort a été intense pour y parvenir ou combler nos espoirs…

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La joie est le fruit d’un dévoilement. Comme l’amour, elle réside au plus profond de l’esprit et du cœur de tout être humain. La joie de vivre est naturelle chez les enfants. Elle est comme une source jaillissante…

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Puis les soucis de la vie, les peurs, les déceptions et les tristesses vont progressivement obstruer cette source. Il s’agit de se débarrasser des idées et des croyances erronées, des peurs, des tristesses et des colères qui empêchent la source de jaillir…

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L’eau pourra alors couler et inonder l’âme de joie. C’est ainsi que nous redevenons comme ces petits enfants, qui se réjouissent d’un rien, qui vivent dans l’instant présent, qui s’émerveillent de tout et ne cessent de rire… »

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Rencontrer certains paysages peut transporter notre âme.

L’heure parfaite, la lumière idéale, une température vivifiante,

tout devient merveille dans la découverte :

les rochers de granit poli d’une exquise douceur,

la musique et le scintillement de l’eau, un camaïeu de bleus divins…

La joie fait irruption et l’onde quelques jours après est toujours présente.

Pour accompagner ces moments magiques,

le hasard avait mis dans nos bagages divers livres,

dont les deux tomes de « L’Âme du monde » de Frédéric Lenoir,

conte philosophique très à propos dans ces lieux propices à la méditation. 

Merci la vie !

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Extraits de « L’Âme du monde » tome II  2019  Frédéric Lenoir.

Photos BVJ – Suisse Août 2023 – Torrent du Val Cristallina dans le Tessin.

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Se sentir à sa juste place, joie absolue…

BVJ – Plumes d’Anges.

Livres de vie…

lundi 14 août 2023

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« … Un dimanche (1960)

Un dimanche normal. Je suis très inquiète pour l’œil de Pa, j’espère que tout ira bien. Pourquoi a-t-il tous les malheurs ? Je les voudrais pour moi. Je veux que Dieu me donne un œil malade à la place de Pa. Chaque fois que je souhaite la même chose, c’est toujours le même bon vieux souhait « faites en sorte que tout le monde soit heureux ». Hier j’ai inventé un hôpital, les chambres auraient des roses sur le papier peint ; et l’oeil de Pa pourrait être massé tous les jours et Ma pourrait avoir de la psychothérapie et ils se sentiraient comme les chefs du monde.

J’ai appris des choses sur Dieu aujourd’hui. Je m’interroge beaucoup à propos de Lui, ça doit être une bien étrange personne, est-ce-que c’est un homme, a-t-Il un corps ? S’Il n’en a pas, est-Il un vide ? Et si c’est un vide, comment peut-Il exaucer nos souhaits ?

Je me sens tellement plus adulte maintenant que j’ai acheté du rouge à lèvres et que mes seins ont enfin réussi à pousser. Je travaille plus dur et je pense différemment. J’ai des bas* et des petites crush sur moi…

* Soixante deniers, une opacité grandiose. Et s’ils étaient filés, on pouvait les raccommoder, je sais toujours le faire… »

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Extrait de : « Munkey Diaries » – Journal, 1957-1982   Jane Birkin 1946-2023.

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« … Grand Canyon, 13 Août 1999

3 heures du matin. Insomnie dans le désert. On est allongé en sueur dans notre tente de camping derrière un immense rocher, Baby Ben, Charlotte, Kate et moi. Je n’avais pas rigolé à ce point depuis longtemps. Je suis la seule réveillée, comme d’habitude. J’ai oublié mes somnifs dans la voiture et je n’arrive pas à trouver mon pull. J’ai vu neuf étoiles filantes, alors il y en avait pour chacune des filles, plus Roman et Ben et Munga.

J’espère ne pas tomber de cheval demain, je les entends hennir et s’ébrouer depuis tout à l’heure. C’était si chouette de faire un feu de camp en mangeant des côtelettes, de regarder les étoiles et de partir se promener à travers les montagnes. Kate est vexée de s’apercevoir que Paris n’est pas le monde, j’ai dit que Londres ne l’est pas non plus, que la nature seule est extraordinaire, et tant pis pour la grande muraille de Chine ! Quoi qu’il en soit, ces immenses montagnes rouges ressemblent à des couches de plastique brillant superposées. À tout moment un Mohawk peut se pointer au sommet et on se retrouvera dans un film de Robert Mitchum. Roman a déposé son précieux scorpion sur un lit de coton dans ma boite de boule Quies.

Je dois essayer de dormir, ma lampe torche attire tous les insectes de l’univers. Kate a nettoyé mon visage poussiéreux avec de la crème pour les pieds du Dr Scholl, ça commence bien !

Dernière nuit avec les filles. J’ai tellement eu envie de tout leur raconter, mais j’ai décidé de ne pas le faire, c’est adorable de leur part de m’emmener faire ce voyage avec elles, alors je ne veux pas qu’elles s’inquiètent une seule fois pour moi… Tu sèmes un doute et il est impossible ensuite de le dissiper…

Nous sommes tous ensemble dans la même chambre carrée, tous ceux que j’aime, exceptée la petite Lou, et peut-être ça n’arrivera plus jamais. Les filles sont si terriblement drôles, chacune à leur manière, méticuleuses, délicates, pures et élégantes. Si féminines et belles…

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… 21 juillet 2004, message de Charlotte 

« Je viens de lire ton scénario, je suis tellement touchée, c’est toi qui me touches. Peu à peu on est envahi par ce qu’on comprend de ton personnage, c’est émouvant, drôle et barge, la manière dont tout est imbriqué, voilà c’est toi, ça te ressemble, tu dois absolument le faire, bisous, Charlotte. »

J’ai pleuré, ma fille croit en moi, comme Ma croyait en moi… »

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Extraits de : « Post-scriptum »  Journal, 1982-2013  Jane Birkin 1946-2023.

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J’ai aimé Jane Birkin et son sublime regard, j’ai senti en elle une belle âme, sa disparition me touche énormément.

Elle nous laisse beaucoup de cadeaux, ses films, ses chansons, ses combats, ses livres, ses journaux : deux qui se suivent, le premier fut rédigé en anglais, puis traduit, le second le fut en français, cela donne une écriture différente à ces deux ouvrages.

L’amour et l’amitié sont omniprésents dans toutes les notes prises au fil du temps, Jane met en valeur les personnes rencontrées ne voyant que leurs belles facettes, on découvre ce drôle de milieu qu’est le show biz. Elle semble avoir eu très peu confiance en elle et pourtant face aux échecs, face à la maladie, elle a vaillamment lutté.

Dans les extraits publiés de ses journaux, elle ne s’épargne jamais, elle est d’une immense franchise. Elle revendique sa liberté, va parfois très loin dans sa fantaisie. Elle nage dans un océan d’émotions, se soucie des autres et fait preuve d’une profonde gentillesse.

Ses filles sont très proches d’elle, elle s’arrête d’écrire le 11 décembre 2013 à la mort de Kate. La postface page 425 est plus qu’émouvante… Adieu Jane, merci de nous avoir accompagné(e)s depuis tant d’années.

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Illustrations : 1/« Pivoines »  Charles Ethan Porter  1847-1923  2/« Souvenir »  Arthur Bowen Davies  1862-1928.

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S’aimer, se soutenir…

BVJ – Plumes d’Anges.