Souffle de l’Âme…

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Olga Boznanska est née à Cracovie dans un milieu aisé en 1865. Adam, son père, polonais, était ingénieur des chemins de fer, Eugénie Mondan, sa mère, française,  professeure de français et peintre à ses heures. C’est elle qui apprend à Olga le dessin, ainsi que le pastel.

Olga suit une formation académique très poussée. À l’âge de 21 ans elle se rend à Munich et rejoint un groupe de peintres polonais dont le « chef de file » est un ami de la famille, Jozeph Brand. À cette époque, l’académie des Beaux Arts ne reçoit pas de femmes, elle suit donc des cours dans des ateliers privés (celui de Carl Kircheldorf et celui de  Wilhelm Dürr) et participe à ne nombreuses expositions dans de grandes villes européennes.

Elle est alors très sensible, nous dit-on, à la poésie de Maurice Maeterlinck et à la peinture japonaise.

À 33 ans, elle s’installe à Paris, y rencontre  un grand succès, les expositions de ses tableaux  se succèdent.  Son travail est très lent, indépendant de tout courant de mode. C’est une femme libre qui ne s’est jamais mariée par crainte de perdre le droit de s’exprimer picturalement.  Les années passent, elle reçoit de nombreux prix puis vient un temps d’épreuves, les guerres, le suicide de sa sœur cadette Izabela… Elle s’isole du monde, vit de manière recluse et meurt en 1940 dans un vif dénuement, laissant une œuvre considérable.

Une grande exposition lui sera consacrée à Varsovie en 2015…

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En regardant de près les toiles, j’invente souvent une histoire, j’aime les présenter par paire, j’ai la sensation qu’un dialogue s’instaure.

Ces deux enfants assis sur les marches d’un escalier, vêtus de tabliers en lin brun-rouge, un œil droit un peu étrange pour le petit garçon, un chapeau semblable à une auréole pour la petite fille, ces deux enfants, qu’observent-ils ? Leurs yeux ronds couleur aigue-marine semblent voir ou attendre quelque chose, ou sont-ils éblouis par une apparition, mais laquelle ?

L’autre tableau montre un intérieur coquet, la palette de couleurs est  délicieuse, un fin rideau s’agite dans la brise, plusieurs bouquets de fleurs fraiches – peut-être cueillies dans le jardin que l’on aperçoit sur la gauche.  Le verre mercurisé du miroir ancien ne dévoile pourtant rien. Que se passe-t-il dans l’invisible ?

Tout est mystère, là se love peut-être le cœur de l’inspiration. Quel est le point de départ d’une œuvre ? une réalité ? un fait vécu ? une émotion ? une vieille mémoire ? un rêve remontant telle une bulle sous les pinceaux du peintre ?

Ces deux toiles me semblent converser l’une avec l’autre, j’imagine une discussion intime, un temps suspendu, une illumination captés par l’artiste, un souffle de l’Âme… Qu’en pensez-vous ?

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« … Il est bon de croire qu’un peu plus de pensée, un peu plus de courage, un peu plus d’amour, un peu plus de curiosité, un peu plus d’ardeur à vivre suffira quelque jour à nous ouvrir les portes de la joie et de la vérité. On peut espérer qu’un matin tout le monde sera heureux et sage ; et si ce matin ne vient pas, il n’est pas criminel de l’avoir attendu… »

Extrait de : « La sagesse et la destinée » Maurice Maeterlinck  1862-1949

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Illustrations : 1/ « Enfants assis sur les marches d’un escalier »  2/ « Intérieur »  Olga Boznanska  1865-1940.

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Recevoir l’Illumination…

BVJ – Plumes d’Anges.

18 commentaires sur “Souffle de l’Âme…”

  1. Tant de peintres femmes à découvrir encore ! Merci pour cette découverte ci. Quant à la citation de Maeterlinck, je la recopie.
    Bonne fin de 3ème dimanche de l’Avent.

  2. Florinette dit :

    Il y a aussi l’expression de l’émotion ressentie au moment où l’artiste pose son pinceau sur la toile que l’on peut percevoir. Tout comme ces enfants qui effectivement regardent quelque chose avec un grand étonnement. C’est ce mystère qui me plaît, ce côté indicible qui nous fait nous poser tant de questions. Merci Plumes d’Anges pour ce beau partage et douce fin de journée, je t’embrasse.

  3. Fiorenza dit :

    Peintre inconnue pour commencer la semaine et belle expression
    à méditer : le souffle de L’ÂME !
    Que nous disent les regards que nous croisons, les miroirs
    qui « réfléchissent » ? Beaucoup de bienveillance si nous les observons
    calmement puisque les tourments viennent trop souvent…
    de la précipitation !

    Se poser, respirer, rêver et se moquer des « toupies »
    qui virevoltent « à la recherche de petits plaisirs mesquins
    qui suffisent à leur âme » selon la fameuse formule de Tocqueville !
    Merci, chère Brigitte, nous t’accompagnons sur la route vers…Noël 🔔

  4. Marie Minoza dit :

    Un grand mystère se cache dans les yeux étonnés de ces deux enfants…
    Émerveillement peut-être en regardant le joli intérieur tout fleuri

  5. Tania dit :

    Excuse-moi d’être terre à terre, mais au premier regard, j’ai cru entendre : « Ne bougez pas, les enfants ! » Ils ont l’air si impressionnés tous les deux. « Un temps suspendu », oui, aussi dans la deuxième toile.
    Merci, Brigitte, de nous faire connaître le parcours de cette artiste dont je ne connaissais que le portrait d’une petite fille en robe blanche, l’air très sérieux également : https://www.pinterest.co.kr/pin/485051822351935235/

  6. Thé âche dit :

    tant d’artistes femmes ont été oubliées, escamotées, vivre de son art est toujours difficile, merci de nous présenter une artiste peu / pas connue, Paris a beaucoup accueilli…. qu’en est il encore ?

  7. Colo dit :

    Quelle excellente peintre, merci de me la faire découvrir !
    Les deux enfants sont à croquer, peut-être attendent-ils sagement leur goûter dans la salle du 2º tableau???

    Je recopie moi aussi la phrase de Maeterlinck.

    Passe de bonnes fêtes, un beso

  8. Dominique dit :

    Les portraits d’enfants sont superbes, encore une peintre avec qui faire connaissance merci à toi

  9. Aifelle dit :

    Qu’il est beau cet intérieur et donne envie de s’y lover. Belle palette de couleurs. Merci de me faire découvrir cette femme peintre. Les petits ont l’air si sérieux, tout comme la fillette à la robe blanche. Ils me donnent l’impression d’être figés, un peu craintifs. Ils attendent peut-être une permission. Bon lundi Brigitte. Bises.

  10. Cathie Flore dit :

    Ces enfants me paraissent enfermés dans leur rigidité, voire leur tristesse. Je préfère la jeune fille au chrysanthème : https://fr.wikipedia.org/wiki/Olga_Bozna%C5%84ska . Quant à l’intérieur, il résulte d’une belle palette de couleurs et d’un goût affirmé pour les fleurs. Bonne semaine Brigitte.

  11. daniel dit :

    Je ne connais pas ce peintre mais j’aime bien ces deux toiles. Regards étonnés des enfants, fascinés par ce qu’ils voient……

  12. manou dit :

    Je découvre ce peintre et j’aime tout de suite le regard de ces deux enfants, tout comme cet intérieur à la fois chaleureux et romantique. Merci pour ce partage. Je ne connais toujours pas la poésie de Maurice Maeterlinck, je n’ai lu de lui que « la vie des abeilles » et « la vie des termites » quand j’était étudiante en sciences !! Il faudra que je le découvre…Bonne semaine

  13. eki eder dit :

    deux très beaux tableaux et merci pour cette découverte
    bonne semaine Brigitte

  14. Adrienne dit :

    très belles oeuvres! et oui, encore une femme peintre à (re)découvrir… Merci!

  15. Michèle Loss dit :

    Devant ces peintures, mes regards se teintent de nostalgie…des évocations d’un temps d’enfance révolu ? d’un temps de fragile innocence ?
    Agréable semaine à toi Brigitte, en douces pensées:-))
    Michèle

  16. Béa Kimcat dit :

    Jolie découverte de cette peintre.
    Qu’ils sont ces deux enfants !
    Biz

  17. Les petits semblent anxieux, dans l’attente d’une sanction. Enfin je vois les choses ainsi, l’instant figé me fait penser à mon jeune frère et moi, notre passé nous rattrape parfois..
    Je ne connaissais par cette femme peintre, ces tableaux révèlent beaucoup de maitrise et de sensibilité.
    Merci Brigitte de nous la présenter. Très amicalement.

  18. Angedra dit :

    Passe un beau Noël dans le partage et l amour des tiens
    Douce nuit de Noël.

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