Etincelles…

10 octobre 2015

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« … La neige qui va à pas feutrés porte entre ses mains blanches une couronne de lumière. Elle cherche une âme pure pour la lui remettre…

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… L’âme est une petite fille qui n’en finit pas d’apprendre à lire. Assise sur une chaise d’ombre, suivant du doigt une phrase de lumière, ses pieds qui ne touchent pas terre se balancent au rythme de ses trouvailles…

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… Le verger laissé en friches s’élève de jour en jour au paradis des graminées. Une mésange charbonnière va et vient dans un arbre creux au pied duquel des dizaines de marguerites s’illuminent, fraîches comme une neige de l’au-delà. J’ai toujours su que je n’étais pas de ce monde…

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… Les agneaux dévalaient le sentier comme une coulée d’innocence. Ce n’est pas la mort qui est à craindre, seulement la vie, et ce n’est même pas la vie, seulement les gens – autant dire nous-mêmes…

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… Le vent, en secouant les feuillages, fait tomber quelques gouttes de lumière sur mon âme étonnée. Il suffit de s’asseoir sur une chaise et d’attendre une heure, un jour, une vie pour que cette attente soit récompensée. Chaque jour la même énigme, un jour la solution… »

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Extraits de : « Une bibliothèque de nuages » 2006  Christian Bobin.

Illustrations : 1/« L’ile Borgoya »  Lars Hertervig 1830-1902   2/« Portrait de Rose Latouche »  John Ruskin 1819-1900.

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Juste suivre les petits cailloux blancs qui étincellent sur notre chemin de vie…

BVJ – Plumes d’Anges.


Fête…

8 octobre 2015

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Hier, j’avais vingt ans… mais c’était hier,

le temps qui passe est une drôle de blague,

mieux vaut en rire, non ?

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Ne retenir que la joie du monde,

la partager,

remercier la vie encore et toujours…

Photo BVJ

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Choisir la joie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Forces…

4 octobre 2015

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« … Calmement, clairement, je regarde le monde et je dis : tout cela, que je contemple, que je perçois, que je savoure, que je flaire et que je touche, tout cela est une fiction de mon esprit.

C’est à l’intérieur de mon crâne que se lève et se couche le soleil. À l’une de mes tempes apparaît le soleil, à l’autre il disparaît.

C’est dans mon cerveau que brillent les étoiles…

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… Dieu lutte dans chaque chose, les mains tendues vers la lumière. Quelle lumière ? Celle qui est au-dehors et au-delà de chaque chose !

L’essence de notre Dieu n’est pas seulement la douleur, ni l’espérance d’une vie future, ni cette espérance terrestre, ni la joie ni la victoire. Chaque religion, érigeant en un culte l’un de ces aspects primitifs de Dieu, rétrécit notre cœur et notre esprit.

L’essence de notre Dieu est la LUTTE. Dans cette lutte se déploient et œuvrent sans cesse la douleur, le joie et l’espérance.

L’ascension, le combat contre le courant contraire, engendrent la douleur. Mais la douleur n’est pas le monarque absolu. Chaque victoire, chaque équilibration provisoire au cours de l’ascension emplit de joie chaque être vivant, qui respire, se nourrit, aime et met au monde.

Mais du sein de la joie et de la douleur jaillit éternellement l’espérance d’échapper à la douleur, de dilater la joie.

Et recommence encore l’ascension – la douleur ; la joie revient et l’espérance rejaillit. Jamais le cercle ne se referme. Ce n’est pas un cercle, c’est une spirale qui monte sans arrêt, dilatant, filant et dévidant la lutte des trois éléments.

Quel est le but de cette lutte ? C’est la question que pose le misérable esprit de l’homme, toujours individualiste, oubliant que le Grand Souffle n’œuvre pas dans le temps, l’espace et la causalité de l’homme.

Le Grand Souffle est au-dessus de ces questions humaines. Il a de riches élans, vagabonds, que nous imaginons, à cause de la courte vue de notre esprit, contradictoires. Mais dans l’essence de la divinité, ils fraternisent et se battent tous ensemble, collaborateurs fidèles.

Le souffle primitif se ramifie, se répand, lutte, échoue, réussit, s’exerce. Il est la Rose des Vents !

Nous naviguons nous-aussi et nous voyageons, bon gré mal gré, que nous le sachions ou non, parmi les expériences divines. Ainsi, pour nous aussi, notre marche a des éléments éternels, sans commencement ni fin, elle vient au secours de Dieu, elle court des risques avec lui… »

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Extraits de : « Ascèse »  Nikos Kazantzakis 1883-1957.

Illustrations : 1/« L’aurore » 2/« Iris et l’Arc en ciel »  – Projets pour un plafond –  Felice Giani 1758-1823.

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Naviguer ensemble, vaillamment…

BVJ – Plumes d’Anges.


La vie…

30 septembre 2015

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« … La vie,

c’est comme porter un message que t’aurait confié l’enfant que tu as été un jour

au vieillard que tu seras,

et il faut faire en sorte que ce message ne se perde pas en route… »

Paroles cueillies dans le film « Human » 2015  Yann Arthus-Bertrand.

Tableau : « La mère heureuse »  Max Bohm 1862-1923.

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Prendre soin du message que porte notre enfant intérieur…

BVJ – Plumes d’Anges.

Plumes…

27 septembre 2015

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« … J’ai semé des mots sur la page.

En jaillit un arbre moussu…

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J’obture le vide

Avec un brin de lune, des poèmes

Ou des baisers…

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La solitude m’a rapproché des oiseaux.

Et appris à voler…

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La statue et moi

Avons emprunté les ailes

Du moineau pour accéder

Au ciel inexplicable…

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Les mots de mes poèmes

Je les ai appris des astres,

Des oiseaux, des feuillages

Et des marchands errants…

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L’oiseau est bleu dans le ciel

Vert quand il est dans l’arbre

Et rouge dans ton cœur.

Dans la cage ?

Dans la cage, il est sans couleurs…

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À chaque halte obscure

Entre les mots,

Tu déposes une étoile…

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Un rouge-gorge a déposé

Son chant à ma fenêtre

Et s’est envolé

Silencieux…

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Je me tais.

Mais les mots bruissent en moi.

Sur la table un oiseau en papier

Se met à gazouiller… »

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Poèmes extraits de :  » Ciel sans passeport »  Fereydoun Faryad – Traduction de Jacques Lacarrrière – Revue Caravanes n°7.

Illustrations : 1/« Trois oiseaux sur une branche »  Watanabe Shotei 1851-1918  2/« Archange Gabriel-Annonciation »  Filippino Lippi 1457-1504  3/« African Marigold » textile dessiné en 1876  – William Morris 1834-1896.

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Déployer nos magnifiques ailes…

BVJ – Plumes d’Anges.

Au-delà…

24 septembre 2015

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« … Par-dessus mon épaule, sa voix résonna à mon oreille : « Ne sois pas accablé par la tristesse. Songe que cette lumière née de la nuit est dispensée partout et à tous. Elle ne cloisonne pas, elle élève ; elle ne sépare pas, elle réunit. » Et de m’inviter à voir plus loin que le ciel étoilé, à déceler la Présence des présences qui nous donne à boire un lait autre que celui versé par la Voie-lactée, le lait de compassion et de tendresse… »

Extrait d’« Assise » 2014 François Cheng.

Illustration : « Signe zodiacale du Capricorne »  Mikalojus Konstantinas Ciurlionis 1875-1911.

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Voir plus haut, plus loin…

BVJ – Plumes d’Anges.

Lumière de brume…

21 septembre 2015

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 » Monsieur Pou était un homme riche et heureux. Il passait des journées sereines à contempler ses trésors, à caresser ses vases, à déguster à petites gorgées le thé parfumé dans une tasse à la transparence de glacier.

Monsieur Pou était aussi généreux qu’il était riche : ses amis lui rendaient souvent visite et repartaient, qui avec une gravure, qui avec un bijou… Il avait coutume de dire : « Les objets ne nous appartiennent vraiment qu’au moment  où nous les donnons ; nous en séparer nous en rend vraiment propriétaire. »

C’était un homme paisible ; aussi bien au début ne s’émut-il pas lorsqu’il entendit parler de collections brisées et de livres brûlés. « Nul ne peut vivre sans beauté », c’était là une autre de ses phrases favorites. Il se sentait protégé par cette certitude jusqu’au soir où, porte défoncée à coups de bottes, ils entrèrent chez lui, le tirèrent de son fauteuil par les cheveux et mirent à sac la maison. Piétiné le tendre jade, écrasé le céladon couleur de nuage, déchirés les paysages de brume et d’eau ; tout fut consciencieusement réduit en miettes ou en échardes. Pour finir, la maison brûla et monsieur Pou trouva refuge dans la bicoque du gardien.

Allongé sur le plancher rugueux, il regrettait ses biens disparus ; mais c’était la haine dans les regards de ses tortionnaires qui faisait le plus souffrir Monsieur Pou.

Puisqu’il était devenu impossible de ne rien acheter d’autre en ville que des bols de terre mal façonnés ou des vêtements rapiécés, il décida de créer lui-même la beauté.

Retrouvant pinceaux et encre grâce à ses amis, il prit goût à tracer des signes, des nuages d’encre, des lignes dansantes. Il se mit à dire en souriant à nouveau : « La joie naît du contentement. Le contentement naît du peu  » – réconfort qu’il n’avait eu que peu, il faut le dire, l’occasion de mettre en pratique jusque-là. Jusqu’au soir où ils revinrent, traînèrent Monsieur Pou par les oreilles avant de faire disparaître dans le feu papiers, encre, murs grossiers et toit fuyant.

Monsieur Pou passa plusieurs jours sur le ciment de la cour, hagard, sans la moindre maxime à se mettre sous la dent. Inquiets, ses amis l’emmenèrent hors de la ville.

Monsieur Pou s’assit au bord d’un ruisseau le regard rêveur : il ne connaissait les arbres et les fleurs qu’à travers les peintures délicates et les rouleaux de soie.

Mais après quelques semaines, œil vif, mine éclatante, Monsieur Pou remerciait tous les dieux : il avait découvert la brume au parfum plus léger que l’encens, l’éclat du soleil plus brillant que l’or, la caresse du vent qui fait onduler les herbes, mieux que les traits du plus subtil des calligraphes…

Oh, il n’avait pas perdu tous ses réflexes de collectionneur : il essayait de décrocher la toile d’araignée plus fine que la soie, il cueillait les fleurs bleues et s’étonnait de les voir dépérir, il voulait garder la rivière dans ses mains closes. Mais il apprenait, et petit à petit, le vert de la prairie emplissait son corps et il n’était nul besoin de musique puisque le vent dans les pins chantait dans sa tête.

Lorsqu’ils revinrent, ils eurent beau chercher partout, ils furent incapables de voir Monsieur Pou : il n’y avait plus que le grand ciel bleu et toute la beauté du monde. »

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« La vraie vie de Monsieur Pou » extrait de « Journal de mon jardin zen » 2009  Joshin Luce Bachoux.

Tableaux : 1/« Paravent argenté » Frank Weston Benson 1862-1951  2/« Ruisseau »  François-Louis Français 1814-1897.

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Aller vers l’essentiel…

BVJ – Plumes d’Anges.

Merveilleuse réminiscence…

19 septembre 2015

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Petite divagation à cœur ouvert…

Cet été, protégée par le magique Sorbier,

mon esprit vagabondait et jouait avec les mots…

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Au cœur de la journée…

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j’ouvre mon cœur…

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et tant que le cœur me battra…

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de gaieté de cœur…

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je laisserai parler mon cœur !

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« Toute chose est un arrêt du souffle, provisoire, un repos d’un instant pour la divinité perpétuellement respirante. L’univers entier comme un souffle suspendu. Ainsi quand le vent tombe dans le jardin ; puis il reprend, et les choses changent ; mais rien n’est perdu ; la divinité respire éternellement.

La puissance invisible, le cœur du monde un instant reprend son souffle : naissent les arbres, les montagnes ; mais au regard attentif, apparaissent leur précarité, leur mouvement, leur nature de suspens et de passage. »


« La promenade de fin d’été » Philippe Jacottet.

Photos et divagation BVJ

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Écouter son cœur…

BVJ – Plumes d’Anges.


Trésor des choses simples…

15 septembre 2015

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« … Ils tiennent les rênes – ou tout au moins le croient-ils – de la culture, de la politique, de l’industrie, de la finance, de je ne sais trop quoi. Ils ont propension à s’afficher, à pérorer, à trahir, à commander, à soumettre. Mais le plus important, ils l’ont oublié. La mort rôde autour d’eux comme une guêpe.

À leur conversation monstrueuse, je préfère celle des bois, des nuages, des enfants. J’y vois plus de clarté et, surtout, plus de bonté. Ce monde est mort car ils ont piétiné tout amour. Je préfère de loin l’amour de ma grand-mère pour ce Dieu auquel je ne crois pas, que toutes les paroles des hommes qui suscitent les guerres, la haine et le combat. La parole de la lumière sur le mur de la grange est chargée d’amour, cela suffit à la vie invisible que je mène. Mon esprit ne réclame aucune autre nourriture que celle des choses simples, bienfaisantes. C’est une leçon de cette femme du bout du monde.

Combien les Grandes choses ont raison de se tenir aux lisières, dans la belle lumière des sous-bois. Ce qui est grand ne se montre pas. Ce qui ne se montre pas est éternel…

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… Comme tout un chacun, j’aurai passé ma vie à chasser la souffrance. La souffrance est une sotte chose qui vous prend à la gorge et ne vous lâche pas. Si j’ai écrit des livres, quelques poèmes, c’est pour qu’elle s’en aille très loin de moi, qu’elle laisse enfin la place à cette vie paisible que nous n’atteignons jamais. La vie paisible n’est pas la monotonie. Elle est la très haute clairvoyance…

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… Une passante me visite chaque jour, frappant doucement à la fenêtre sans s’arrêter jamais. Elle ne cesse d’être là, de s’absenter aussi, d’aller infiniment. Son nom est lumière. Elle est une mendiante qui ne réclame rien mais donne tout. Je lui suis redevable des trésors que la vie m’apporte. Mon bien est maigre : un étroit jardin sous un pan de ciel, quelques arbres, des essaims d’oiseaux, une solitude inépuisable. Il conviendrait de jouir de plusieurs vies pour venir à bout de cette immense chose qui ne s’attarde pas : la grâce, la grâce est une épée de lumière.

Souvent, je m’en vais très loin, emportant son visage avec moi… »

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Extraits de : « Rumeurs du silence » 2012  Joël Vernet.

Tableaux : 1/ « Nuit d’été »  Kitty Lange Kielland 1843-1914   2/ »Portrait d’enfant »  Lilla Cabot Perry 1848-1933.

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Emprunter des chemins de lumière…

BVJ – Plumes d’Anges.

Lumière intérieure…

13 septembre 2015

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Dans le brouhaha ambiant,

faire le calme à l’intérieur de soi,

cultiver cette vibration comme une fleur rare…

Être de plus en plus nombreux à désirer vivre cet état,

ainsi cette onde bénéfique opèrera un changement de monde…

Laisser tomber les vieilles querelles et les vieilles chimères,

regarder plus loin, plus haut,

être vivant,

se souvenir,

créer en nous une lumière nouvelle qui illuminera,

une source nouvelle qui abreuvera…

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Illustrations : 1/« Éclipse totale de soleil observée au Wyoming le 29 juillet 1878 » dessin d’ Etienne Léopold Trouvelot 1827-1895   2/« La jeune fille aux cygnes » conte d’Elena Nyblom illustré par John Bauer 1882-1918.

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Calmer l’esprit, créer une nouvelle résonance…

BVJ – Plumes d’Anges.