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« … Ils tiennent les rênes – ou tout au moins le croient-ils – de la culture, de la politique, de l’industrie, de la finance, de je ne sais trop quoi. Ils ont propension à s’afficher, à pérorer, à trahir, à commander, à soumettre. Mais le plus important, ils l’ont oublié. La mort rôde autour d’eux comme une guêpe.
À leur conversation monstrueuse, je préfère celle des bois, des nuages, des enfants. J’y vois plus de clarté et, surtout, plus de bonté. Ce monde est mort car ils ont piétiné tout amour. Je préfère de loin l’amour de ma grand-mère pour ce Dieu auquel je ne crois pas, que toutes les paroles des hommes qui suscitent les guerres, la haine et le combat. La parole de la lumière sur le mur de la grange est chargée d’amour, cela suffit à la vie invisible que je mène. Mon esprit ne réclame aucune autre nourriture que celle des choses simples, bienfaisantes. C’est une leçon de cette femme du bout du monde.
Combien les Grandes choses ont raison de se tenir aux lisières, dans la belle lumière des sous-bois. Ce qui est grand ne se montre pas. Ce qui ne se montre pas est éternel…
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… Comme tout un chacun, j’aurai passé ma vie à chasser la souffrance. La souffrance est une sotte chose qui vous prend à la gorge et ne vous lâche pas. Si j’ai écrit des livres, quelques poèmes, c’est pour qu’elle s’en aille très loin de moi, qu’elle laisse enfin la place à cette vie paisible que nous n’atteignons jamais. La vie paisible n’est pas la monotonie. Elle est la très haute clairvoyance…
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… Une passante me visite chaque jour, frappant doucement à la fenêtre sans s’arrêter jamais. Elle ne cesse d’être là, de s’absenter aussi, d’aller infiniment. Son nom est lumière. Elle est une mendiante qui ne réclame rien mais donne tout. Je lui suis redevable des trésors que la vie m’apporte. Mon bien est maigre : un étroit jardin sous un pan de ciel, quelques arbres, des essaims d’oiseaux, une solitude inépuisable. Il conviendrait de jouir de plusieurs vies pour venir à bout de cette immense chose qui ne s’attarde pas : la grâce, la grâce est une épée de lumière.
Souvent, je m’en vais très loin, emportant son visage avec moi… »
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Extraits de : « Rumeurs du silence » 2012 Joël Vernet.
Tableaux : 1/ « Nuit d’été » Kitty Lange Kielland 1843-1914 2/ »Portrait d’enfant » Lilla Cabot Perry 1848-1933.
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Emprunter des chemins de lumière…
BVJ – Plumes d’Anges.
Je ne connais pas du tout ce livre, mais j’ai été passionnée par l’actualité du 1° paragraphe; on sent qu’il parle des médias, des journalistes, des politiques; c’est si juste à cette lumière. tiens, au fait, je crois que c’est toi il ya quelques temps qui citais la petite lumière d’anotnio Moresco, je l’ai acheté, juste feuilleté, ça semble magnifique et étrange; c’était toi qui en parlais?
Un texte qui éveille en moi beaucoup d’échos. Merci et amitiés.
un poète que j’ai découvert il y a peu et que j’aime beaucoup
J’aime le choix que tu as fait
Quel beau texte ! En vieillissant, je ressens l’importance de simplifier sa vie. Le silence et la solitude permettent d ‘apprécier la densité de la vie.
Oui, un très beau texte, je viens de mettre un extrait de Marie Rouanet sur mon blog ‘d’un trait de plume’, elle aussi va à l’essentiel et j’aime la lire, surtout quand j’ai un jour un peu sombre! Belle soirée à toi Brigitte
C’est magnifique, simple, apaisant !
J’aime aussi la solitude, la nature, la contemplation.
Pour se trouver et trouver les autres …
C’est un auteur que je ne connais pas, le texte d’aujourd’hui et très beau.
Merci pour ce texte magnifique que je vais imprimer pour le relire et le faire lire à ceux qui me sont chers Je vais même me procurer le livre de Joël Vernet auteur que je ne connais pas
Belle journée
Un nom à retenir, Joël Vernet. Un beau texte également sur le site du Printemps de poètes. Pour trouver la joie et la paix.
La lumière ! Ne jamais la perdre et en saupoudrer sa vie même dans les instants les plus sombres. Quelques étincelles nous rappellent que nous pouvons réveiller la lumière qui nous guide.
Magnifique texte !
Il est beau ce tableau, le noir fait ressortir l’enfant….
Cela me rappelle des tableaux de Caravage où le noir fait resplendir les couleurs
Bisous peints
Un texte qui me touche beaucoup ! Je le trouve juste. Merci pour tous ces billets dont je me délecte en silence… Bonne semaine