Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Abondance…

lundi 17 juin 2013

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« … Son sourire enlève à la glace son opacité, son sourire enlève au monde entier son opacité… Ils se regardent longtemps… Les deux sourires bavardent. Très, très longtemps…

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… Non, je n’ai pas envie d’une piscine. Est-ce que j’ai seulement envie de quelque chose ? J’ai tout. Chaque matin j’ouvre les yeux et je me découvre milliardaire : la vie est là, discrète, bruyante, colorée, petite, immense. Le chaos, les siècles et les étoiles ont bâti cette merveille pour moi, pas que pour moi, bien sûr, mais est-ce ma faute si je sais reconnaître un cadeau, si je ne fais pas grise mine devant ce trésor, est-ce ma faute si je n’ai pas le goût de faire le tri et si tout me vient comme une chance, même les migraines, même cette douleur au gros orteil du pied gauche ? Je n’aurais pas dû entrer dans ce champs pour cueillir des coquelicots. Je le savais pourtant : les coquelicots, il faut les aimer avec les yeux, pas avec les mains. Dans les yeux, ils flambent. Au bout des doigts, ils fanent… Vraiment, j’ai tout. Pourquoi aurais-je envie de quelque chose de plus ? Y a-t-il quelque chose de plus que tout ?…

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… Il a trouvé mieux. Il a trouvé ce qui était sous ses yeux, au réveil, après l’ouverture des fenêtres de sa chambre. Un marronnier. Un marronnier gigantesque, respirant, bourdonnant. Albain a pris son petit déjeuner devant l’arbre. Le petit déjeuner a duré une dizaine d’heures. Mon Dieu, comme cette vie est belle et comme elle est bien faite : en nous, quelque chose a faim. Au-dehors, une quantité infinie de nourriture, plus que de raison.

Albain était arrivé de nuit à l’hôtel. Les arbres dans la nuit sont comme des gens râleurs dans une foule. On ne comprend pas ce qu’ils disent. On ne distingue aucun détail, on passe sans s’attarder. Les arbres dans le noir ressemblent à des enfants boudeurs, peu attachants. Mais dans le jour, quelle splendeur ! Le marronnier devant lequel Albain mange son croissant au beurre est un chef indien, un maître international des échecs, un génie de la musique, un chef-d’œuvre de la littérature. Corpulent, agile, il danse sur place, joue, fredonne, écrit. Ce marronnier est dans le sein de Dieu. Il tutoie les plus grands de la hiérarchie céleste… »

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Extraits de : « Geai » 1998  Christian Bobin.

Tableaux : 1/ »Lac de montagne » Fritz Chwala 1872-1936  2/« Le châtaignier des cent chevaux sur les pentes de l’Etna »  Jean-Pierre Houël 1735-1813.

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Savourer le festin de la nature…

BVJ – Plumes d’Anges.


Vie en or…

vendredi 14 juin 2013

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« Elle aimait la pluie comme le soleil. Ses moindres pensées avaient une couleur réjouissante comme de belles fleurs bien saines, qui plaisent toutes. »

Alain

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« … Un matin, je regardais un arbre avec quelques fleurs rouges et une douzaine de moineaux. Tout ce que je voyais produisait en moi un sentiment de jubilation intérieure et de perception de la pureté infinie des phénomènes. Puis je me suis imaginé une situation d’ « échec », suscitant toutes sortes de sentiments négatifs. Brusquement, l’arbre m’apparut poussiéreux, les fleurs étiolées et le pépiement des moineaux agaçant. Je me suis demandé quelle était la façon correcte de voir les choses. La raison qui me fit penser que la première était plus juste tient au fait qu’elle engendre une attitude ouverte, créatrice et libératrice, et se traduit par une plus grande satisfaction. Cette attitude permet d’embrasser spontanément l’univers et les êtres et d’abolir toute séparation égocentrique entre soi-même et le monde. En revanche, lorsqu’on s’en tient à une perception « impure » des phénomènes, il y a quelque chose qui cloche : on se sent « déconnecté » de l’univers, qui apparait alors comme une image terne, étrangère, lointaine et artificielle.

Il y a deux nombreuses façons de faire l’expérience du monde. Voir la vie en or, c’est essentiellement se rendre compte que tous les êtres, y compris nous-même, ont en eux un extraordinaire potentiel de transformation intérieure et d’action. C’est absorber le monde et les êtres avec confiance, ouverture et altruisme. Mais cela ne signifie pas qu’il faille voir la vie en rose, se voiler la face devant la réalité et déclarer avec une naïveté béate que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. À quoi bon se raconter des histoires ? … »

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Extrait de : « Plaidoyer pour le bonheur » 2003  Matthieu Ricard.

Tableaux : 1/ Femme japonaise »  Szekely Bertalan 1835-1910  2/« Fleurs et fruits »  Estevao Silva 1844-1891.

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Transformer notre vision du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Être heureux…

mercredi 12 juin 2013

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« … Si les bonheurs d’enfance permettaient d’accéder plus tard à toutes les formes de bonheurs adultes ?…

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… Le bonheur n’est pas une chance mais une intelligence. Qui peut s’apprendre et se développer…

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…Le bonheur ne souffre jamais de se sentir en dette vis à vis d’autrui ; il souffrirait plutôt de ne pas reconnaître ni assumer cette dette. Il grandit lorsqu’il se nourrit de cette gratitude, ce « sentiment heureux d’une dette infinie », selon les mots du philosophe Vladimir Jankélévitch… Cette gratitude quasi universelle n’est possible qu’avec un minimum d’humilité : nous devons reconnaître tout ce que notre bonheur doit aux autres. Mais cette humilité nous ouvre à une infinité d’autres bonheurs : se sentir héritier de toute l’intelligence humaine, de l’altruisme de ceux qui ont pensé, construit, agi avant nous, et finalement pour nous…

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… Le bonheur ne vit, ne respire et ne grandit que s’il est partagé et transmis. Comme l’a dit un jour un sage : »Ce que tu donnes, tu le gagnes. Ce que tu gardes, tu le perds »…

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… Que tout bonheur soit condamné à disparaître est certes une idée douloureuse. Mais lorsque le compte à rebours a commencé, que faire ?

Rien d’autre qu’apprendre à admirer et à aimer ces bonheurs finissants. À comprendre leurs apparitions et leurs disparitions comme une immense et interminable respiration du bonheur de notre vie terrestre…

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… L’intelligence de la vie appartient à ceux qui acceptent le temps qui passe, et continuent de se réjouir du temps qui est là. Cette intelligence-là, c’est aussi celle du bonheur…

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… Pour cultiver notre bonheur, nous avons à tourner tous nos efforts vers le présent. L’enrichir de notre passé, et non pas l’en alourdir ou l’en entraver. Faire la paix avec soi-même : une des clefs du bonheur…

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… La pratique du bonheur s’apparente ainsi à un patient jardinage de notre âme. Ou à l’apprentissage d’un instrument de musique : tous les jours faire des efforts, brefs et légers. Pour de temps en temps sentir l’apesanteur des moments de grâce…

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… Juste accepter ce qui vient, et revenir doucement au moment présent à chaque fois que notre esprit « s’en va »ailleurs… »

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Extraits de : « De l’art du bonheur » 2006  Christophe André.

Tableaux : 1/Le Lac d’Uri » 2/« Torrent de montagne par temps orageux » 3/« Paysage suisse »  Alexandre Calame 1810-1864.

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Décider d’être heureux…

BVJ – Plumes d’Anges.

Art de la Navigation…

jeudi 6 juin 2013

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« Lorsque nos mots se gercent

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Que nos rêves se plombent

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Que nos yeux s’emmurent

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La

Poésie

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À l’envers des talus

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Ramifie le sens   Élargit le secret

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Entraine dans un souffle

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Les poussières du jour  les maillons nocturnes  merveilles et détresses

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Vers un autre littoral »

Andrée Chédid


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« Débusque ce battement-de-nous gravé dans l’énigme

Explore cette trame-de-nous où l’univers s’avive

Le cœur percé de lucarnes

Reconnais la rencontre

Sacre l’éphémère »

Andrée Chédid

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Heureux habitants de Marseille

ou heureux « estivants » navigant dans les parages…

VENDREDI  7 JUIN 2013

CLAP d’ouverture au public

du

MuCEM

« Un bâtiment d’air, d’eau et de vent… »

—>  ICI

Photos BVJ :  1 à 8 : Intérieur de la Cathédrale de la Major 9 : Extérieur du Mucem – Marseille

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Naviguer poétiquement dans l’espace et le temps…

BVJ – Plumes d’Anges.


Traversée de désert…

lundi 3 juin 2013

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« … Debout avec le soleil et couché sous les étoiles, on prend part à la marche du monde, on bénéficie de ses beautés, d’instants de plénitude ; on pâtit de ses humeurs, ploie sous l’averse, peste dans la bourrasque. Le voyageur est ouvert à toutes les occasions ; disponible, il est le vagabond qui inquiète et qui fascine : il est libre…

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… « Ce qui caractérise la vie des nomades, ce n’est pas la dureté ni le dénuement, mais l’harmonie. C’est leur connaissance et leur maîtrise de la terre qui les portent, c’est-à-dire l’estimation exacte de leurs propres limites. »

J.M.G.Le Clézio

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… Ces bergers ont apprivoisé des univers particulièrement difficiles, afin de vivre en symbiose, en équilibre avec la nature. Ils n’affrontent pas les éléments, ils composent avec ces derniers…

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… L’itinérance est une école de volonté et d’opiniâtreté ; le voyageur, tel le nomade, doit faire preuve de ténacité, d’obstination sereine face à l’imprévu qui régulièrement obstrue son chemin…

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… Il faut supporter d’avancer avec l’impression de piétiner… Notre monde fini est entièrement balisé, nous sommes habitués à des couloirs qui canalisent. Le moindre chemin, le plus infime des sentiers est désigné par un panneau ou un trait de couleur. Composer avec l’infini n’est pas donné à tout le monde, d’où la nécessité d’un guide expérimenté et solide. Peu de zones, hors les océans, ressemblent à cette mer de sable jaune, vaguement ondulée. L’acrophobie horizontale guette le novice, l’engagement est énorme et fabuleux. Tout est plat, mais le ciel est terriblement haut, avec tous ces astres qui glissent inexorablement au-dessus des têtes. Le désert, telle la haute montagne ou la pleine mer, confronte l’homme aux éléments vitaux, permet de prendre conscience de son insignifiance face aux courbes ici palpables de notre planète. L’avance métronomique de la caravane mène pas après pas vers l’invisible but. Toute la cohorte des hommes est tendue vers cette ultime direction…

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… La patience est une notion fondamentale, indispensable à celui qui souhaite atteindre le désert…

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… Il faut savoir un instant courber l’échine pour mieux se redresser, affronter sans peur le danger de l’inconnu pour progresser… »

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Extraits de : « Le murmure des dunes » 2013  Jean-Pierre Valentin.

Illustrations : 1/« Traversée du désert »  Carl Haag 1820-1923  2/« Dromadaires »  Walter Heubach 1865-1923.

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Faire corps avec la vie et avancer…

BVJ – Plumes d’Anges.

Émotion…

mercredi 29 mai 2013

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« … Si vous avez une lunette de nuit un peu forte, comme celles où l’on regarde quelquefois pour dix sous, braquez-là sur l’étoile bleuâtre. Et je vous jure que cela vous saisira autant qu’un Blériot volant.

C’est Saturne. C’est le bijou du ciel. Vous le voyez flotter dans un noir sans fond, et vous montrant autour de son globe son brillant anneau, assez incliné vers vous pour que vous aperceviez à droite et à gauche, deux petits creux d’ombre qui le détachent du globe, et font voir qu’il trace en ce pays-là un pont lumineux d’un côté du ciel à l’autre, quelque chose comme la trajectoire solidifiée de plusieurs centaines de lunes. Astre et anneau étincellent par le feu du soleil caché. On regarde de nouveau avec ses yeux ; c’est toujours la petite étoile bleuâtre ; on revient à la lunette ; on se prouve, non sans peine, que ce bijou existe ; on prend pied dans le ciel. J’ai entendu dire qu’un homme, illustre depuis, devint astronome du jour où il vit Saturne et son anneau. Comment s’en étonner ?

Mais je veux vous conter une histoire de lunette. Il y avait un château ; au-dessus du château il y avait le ciel ; dans le château il y avait des gens fort cultivés ; il y avait aussi un trépied dans un coin et une grande boîte sous le billard. On disait : « Il y a dans cette boîte une lunette qui vient d’un oncle » ; et l’on racontait l’histoire de l’oncle. Historiens grands et petits, on n’entend que cela. Saturne fait ses tours au ciel ; mais ils ne s’en souciaient point, parce qu’ils avaient appris au collège tout ce qu’un homme cultivé doit savoir là-dessus.

Il fallut qu’il vînt là un grand jeune homme à raquette, qui n’avait guère écouté ses maîtres, et qui flânait par le monde, grâce à l’argent qu’il avait. Cet ignorant savait qu’il y a un vrai ciel, et des lunettes pour les choses du ciel. Il tombe sur la boîte, l’ouvre, monte la lunette, tâtonne d’étoile en étoile, et dit finalement : « Il est là. » Sa voix tremblait un peu. Tous y coururent ; et ce jour comptera dans leur vie. Car l’habitude nous cache les choses  mais, quand on a vu cet anneau penché autour d’un globe, il faut qu’on revienne aux merveilles qui sont autour de nous, à nos pieds. Comment ne pas penser à cette vieille terre qui flotte, elle aussi, enveloppée de nuages, toute humide de ses océans ? Et comment n’y pas aller, je veux dire comment ne pas s’éveiller aux choses terrestres ? Quand on découvre Saturne au bout d’une lunette, c’est tout l’Univers qu’on découvre. »

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Extrait de :  » Propos sur la nature  (propos du 25 octobre 1909) »  Alain (Emile-Auguste Chartier 1868-1951.

Illustrations : 1/« Jeunes femmes regardant dans une lunette » 1882  Auteur inconnu 2/ « Saturne »  Paul Philippoteaux 1846-1923.

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Cultiver la curiosité, tout est là, à nos pieds…

BVJ – Plumes d’Anges.

S’accomplir…

lundi 27 mai 2013

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« … Réunir, ce n’est pas juste faire asseoir des gens dans la même pièce, un jour. C’est plus subtil. Il faut qu’entre eux se tisse quelque chose de fort…

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… Que le chant vide sa tête des images. Qu’il redevienne l’homme qu’il est aujourd’hui. Qu’il se laisse à nouveau, peu à peu, gagner par la beauté. Un arbre, la façon dont la ramure dessine contre le ciel un entrelacs très fin, aléatoire. C’est beau parce que c’est. Voilà. C’est tout. Contempler ces branches-là, ces feuilles-là, rien d’autre. Juste ce qui s’offre. Il n’y a aucune intention dans un paysage. Il n’y a aucune intention dans la ramure d’un arbre et ça, c’est un repos. S’absorber totalement à regarder. Se rendre. Sa façon de retrouver la paix…

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… Il se rend compte qu’il a toujours aimé voir quelqu’un à l’étude, que c’est une vision reposante de l’humanité. Il trouve le monde si paresseux. Il se dit que lui non plus n’a pas échappé à cette grande paresse. Quand on laisse la souffrance vous prendre trop longtemps, on finit par être paresseux de sa propre vie. Oui, il l’a été. Revisiter les splendeurs du jardin lui fait mesurer comme il s’en est privé longtemps…

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… Il se dit qu’œuvrer sauve de tout. Se concentrer totalement. Évacuer de sa tête de son cœur tout ce qui gène. Être entièrement à ce qu’on fait. Et c’est tout. La belle expression. Oui, c’est vraiment « tout ». Alors quelque chose s’ouvre. Une joie dans cette solitude. Et c’est ça qu’il a connu : cette joie-là, à nulle autre pareille, profonde, indicible.

Il se dit que les miracles c’est de là qu’ils viennent. Pas d’un dieu tout-puissant hors de chaque être humain. Les miracles prennent leur source dans la capacité à être totalement présent, il en est sûr…

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… Elle murmure J’avais lu les livres de poèmes dans votre cabinet, en bas, le jour de notre premier entretien. Il sourit. Ainsi chacun observe l’autre et l’on ne sait jamais ce qui de nous sera retenu, à notre insu. Elle ajoute Ça m’a rassurée. Le vieil homme poursuit Moi aussi ça me rassure. Quand je n’ai plus de refuge, je vais dans les mots. J’ai toujours trouvé un abri, là. Un abri creusé par d’autres, que je ne connaîtrai jamais et qui ont œuvré pour d’autres qu’ils ne connaîtront jamais. C’est rassurant, de penser ça…

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… Elle a toujours pensé que les mots détenaient une puissance qu’on ne voulait pas connaître vraiment. Les mots peuvent tout changer. Elle, elle s’est mise du côté muet de la parole, avec la peinture. Elle sait que c’est sa place. Mais elle n’ignore rien de la puissance des mots. Tout au fond d’elle..

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… Il a dit Votre manque d’attention a permis à la mienne de se ressaisir, en la regardant droit dans les yeux. Cet homme qui a passé sa vie à observer les autres, tenter de comprendre ce qu’eux-mêmes ne savaient pas de leurs corps, tenter de les aider. C’est cela la confiance avec lui. C’est tous ces moments passé à s’occuper des autres qui ont donné à son regard cette acuité, cette bienveillance infinie, comme si tout était excusable d’avance chez les humains. Pas de jugement. L’attention seule.

C’est si rare… »

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Extraits de : « Profanes » 2013 Jeanne Benameur.

Photos BVJ.

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Des liens, visibles ou invisibles, nous réunissent et nous aident à fleurir…

BVJ – Plumes d’Anges.


Être…

mercredi 22 mai 2013

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« … Qu’est-ce-que la vie ?

Pourquoi sommes-nous sur terre ? Pour jouir de la vie, en nous occupant de nous ?

Ou pour autre chose de plus vaste, de plus profond ?….

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… On a tendance à l’oublier, dans la vie il y a la vie. Il y a les hommes. Et puis il y a l’homme.


L’homme est la capacité extraordinaire de la vie, en étant capable de faire vivre la vie autrement. Par sa conscience. Par son cœur. Par son humanité.


On devrait toujours avoir à l’esprit que c’est l’homme qui confère un sens à la vie.


Et non la vie qui confère un sens à l’homme.


On a tendance à le perdre de vue.


Par passivité.


Parce que nous attendons que la vie extérieure donne du sens à notre vie au lieu de nous-mêmes donner un sens à la vie extérieure.


Si bien que c’est notre absence dans la vie que nous finissons par prendre pour une absence de vie dans la vie.


La vie humaine n’a pas de sens sans l’homme. Elle n’a de sens que par l’homme.


Elle est donc pleine de sens, pour peu qu’on s’y engage.


En toute conscience.


Avec cœur.


En toute humanité… »


Extraits de « Petit précis de philosophie – Être »  2005  Bertrand Vergely.

Photos BVJ – Abbaye du Thoronet.

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L’homme est un joyau…

BVJ – Plumes d’Anges.


Univers moussu…

vendredi 3 mai 2013

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« Mousses d’un vert profond

la poussière du monde est loin »

Sen no Rikyû

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 »  … Il faut avoir parcouru les allées de ces jardins, dans un monde où l’omniprésence du vert vous plonge dans un état de rêve et de silence, pour sentir à quel point la mousse y semble un souffle exhalé du sol, posé telle une brume, et dont on sent bien, sans rien connaître de son écologie, qu’aucun lien ne l’attache à la terre dans la profondeur d’un enracinement…

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… Comme si l’omniprésence du vert qui nimbe le sol et emporte le regard, dans le fondu miraculeux d’une somptuosité et d’un dépouillement, transformait l’espace tout entier par l’effet de quelque rémanence ; les sons eux-mêmes, comme atténués ou disparus, font apparaître plus dessinés et transparents qu’à l’habitude, les chants d’oiseaux, les filets d’eau glissant vers l’étang et « l’île au brouillard » qui en forme le centre…

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« Pluie d’averse

sans un bruit sur la mousse

me reviennent les choses du passé »

Yosa Buson

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… Ce n’est pas tant que le tapis de mousse assourdisse effectivement les sons environnants ou que, faute de fleurs, les insectes soient moins présents. On dirait que dans ce caractère étale de la mousse recouvrant tout le sol et montant le long des troncs des cèdres, des camphriers, quelque chose d’une marée se suspend, arrêtant le mouvement du monde, refluant vers les racines sculptées des arbres comme un drapé de pierre vers les mains jointes d’un gisant. Ombreuse et douce, la mousse épouse la terre, la couvre d’un manteau comme on le dit de la neige, et pas davantage on n’en peut isoler les brins que les flocons. Elle est le printemps perpétuel comme la neige est l’hiver, et comme elle, restitue le monde à son silence…

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… Accepter ce que la nature nous donne dans l’ombre, jardiner « avec » et non « contre »…

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… En toute saison, et l’été plus encore, on répand de l’eau sur le chemin afin de donner aux mousses, aux pierres, l’éclat fugace d’une ondée, en un geste d’hospitalité nommé uchimizu ; et en toute saison vient la lumière qui tombe des arbres, dont la taille tout exprès irrégulière n’a d’autre but que de laisser filtrer un miroitement d’ocelles qui vibrent sur le chemin comme depuis les fenêtres hautes d’une cathédrale de feuilles…

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… Les mousses naissent du temps, du temps et de l’ombre – par quoi elles se lient au sommeil et au songe. Quand on les croit dépéries, elles ne sont qu’endormies… »

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Extraits de : « Louanges des mousses » 2012 Véronique Brindeau.

Photos BVJ

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Emprunter les chemins de la délicatesse…

BVJ – Plumes d’Anges.

Charmes…

mercredi 1 mai 2013

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« Je marchais à travers la forêt. La forêt était sombre

Et étrangement enchantée.


Et moi, j’aimais je ne sais qui,

Et moi, j’étais ému.


Qui a rendu si tendres les nuages

Qu’ils sont tous en douceur de perles ?

Et pourquoi le fleuve au ruisseau

Chante-t-il : serons-nous amis ?

Et pourquoi tout soudain le muguet

A-t-il soupiré, tandis qu’il pâlit dans l’herbe ?

Et pourquoi si suave, le gazon ?

Oh, je sais : c’est la Fée… »

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Extrait de « Quelques poèmes » : « Les charmes de la Fée »  Constantin D.Balmont 1867-1942.

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– PETIT MESSAGE  PERSONNEL À LA FÉE –

Dis, Princesse des Fées,

si tu pouvais en ce premier jour du mois de mai,

te souvenir et dire aux Princes de ce vaste monde

qu’on ne peut continuer à faire des promesses et à ne pas les tenir…

Rappelle-leur, s’il te plaît, qu’il est inscrit dans notre constitution

« Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi »…

Allez, au travail Princesse des Fées et fleuris-nous le bon muguet,

celui qui porte bonheur !

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Illustrations : 1/« Le Prince Grenouille »  Marianne Stokes 1855-1927  2/« Muguet » Janos Pentelei Molnar 1878-1924.

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Porter bonheur…

BVJ – Plumes d’Anges.