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« … La vérité, le vrai Dieu – non celui qu’a façonné l’homme – ne veut pas d’un esprit dévasté, petit, creux, étroit, limité. Il lui faut un esprit sain, qui puisse l’apprécier ; il lui faut un esprit riche, non de savoir mais d’innocence – un esprit vierge de toute trace d’expérience, un esprit libéré du temps. Les dieux que vous avez inventés pour votre propre réconfort acceptent la torture ; ils acceptent un esprit qui se laisse toujours ternir. Mais l’authentique, lui, ne veut rien de tout cela ; il veut un être humain total et complet, au cœur plein, riche, clair, capable de ressentir intensément, capable de voir la beauté d’un arbre, le sourire d’un enfant, et la détresse de la femme qui a toujours connu la faim.
Il faut que vous ayez cette extraordinaire capacité de sentiment, cette sensibilité à toute chose – l’animal, le chat qui passe sur le mur, la saleté, la crasse, la pauvreté des êtres humains vivant dans la misère, dans le désespoir. Vous devez être sensibles, ressentir les choses intensément, mais sans suivre de direction particulière ; il ne s’agit pas d’une émotion fluctuante, mais d’une sensibilité impliquant tout l’être – nerfs, corps, oreilles, voix. Vous devez être sensibles de manière absolue et permanente. Sans cette sensibilité extrême, absolue, il n’est point d’intelligence. L’intelligence vient avec la sensibilité et l’observation…
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… La première chose à faire, si je puis me permettre de le suggérer, est de découvrir pourquoi vous avez certains critères de pensée, et pourquoi vous avez une certaine manière de ressentir les choses. N’essayez pas d’y changer quoi que ce soit ni d’analyser vos pensées et vos émotions, mais prenez conscience des tendances spécifiques que suit votre pensée, ainsi que des motivations de vos actes. Bien que l’analyse permette de découvrir les motivations, de déceler certaines choses, cela ne peut être vrai : la vérité n’apparaitra que lorsque vous serez intensément conscients de ce qui se passe à l’instant même où se déclenchent votre pensée, votre émotion ; vous en verrez alors la subtilité extraordinaire, la finesse, la délicatesse. Tant que persisteront en vous un « je dois » et un « je ne dois pas », ces contraintes vous empêcheront de découvrir les méandres fugaces de la pensée et de l’émotion. Et je suis sûr qu’on vous a élevés à l’école des « il faut », « il ne faut pas » ; c’est ainsi que vous avez détruit pensée et sentiment. Vous avez été ligotés et mutilés par des systèmes, par des méthodes, par vos maîtres. Abandonnez donc ces « il faut », et « il ne faut pas ». Il ne s’agit pas de prôner la licence, mais de prendre conscience de cet esprit qui ne cesse de dire « je dois », « je ne dois pas ». Alors, telle une fleur qui s’épanouit par un beau matin, l’intelligence éclot : elle est là, active, créatrice – et la compréhension naît… »
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Extraits de : « Le Livre de la Méditation et de la Vie » 1° et 3 mai Jiddu Krishnamurti 1895-1986.
Tableaux : 1/« Flora » Alexandre Blum XIXème 2/ »Fleurs dans un vase de Delph » Alexander Marshal 1620-1682.
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Ressentir la vie au plus profond de notre chair et de notre cœur…
BVJ – Plumes d’Anges.