Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Sensibilité…

mercredi 2 avril 2014

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« … La vérité, le vrai Dieu – non celui qu’a façonné l’homme – ne veut pas d’un esprit dévasté, petit, creux, étroit, limité. Il lui faut un esprit sain, qui puisse l’apprécier ; il lui faut un esprit riche, non de savoir mais d’innocence – un esprit vierge de toute trace d’expérience, un esprit libéré du temps. Les dieux que vous avez inventés pour votre propre réconfort acceptent la torture ; ils acceptent un esprit qui se laisse toujours ternir. Mais l’authentique, lui, ne veut rien de tout cela ; il veut un être humain total et complet, au cœur plein, riche, clair, capable de ressentir intensément, capable de voir la beauté d’un arbre, le sourire d’un enfant, et la détresse de la femme qui a toujours connu la faim.

Il faut que vous ayez cette extraordinaire capacité de sentiment, cette sensibilité à toute chose – l’animal, le chat qui passe sur le mur, la saleté, la crasse, la pauvreté des êtres humains vivant dans la misère, dans le désespoir. Vous devez être sensibles, ressentir les choses intensément, mais sans suivre de direction particulière ; il ne s’agit pas d’une émotion fluctuante, mais d’une sensibilité impliquant tout l’être – nerfs, corps, oreilles, voix. Vous devez être sensibles de manière absolue et permanente. Sans cette sensibilité extrême, absolue, il n’est point d’intelligence. L’intelligence vient avec la sensibilité et l’observation…

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… La première chose à faire, si je puis me permettre de le suggérer, est de découvrir pourquoi vous avez certains critères de pensée, et pourquoi vous avez une certaine manière de ressentir les choses. N’essayez pas d’y changer quoi que ce soit ni d’analyser vos pensées et vos émotions, mais prenez conscience des tendances spécifiques que suit votre pensée, ainsi que des motivations de vos actes. Bien que l’analyse permette de découvrir les motivations, de déceler certaines choses, cela ne peut être vrai : la vérité n’apparaitra que lorsque vous serez intensément conscients de ce qui se passe à l’instant même où se déclenchent votre pensée, votre émotion ; vous en verrez alors la subtilité extraordinaire, la finesse, la délicatesse. Tant que persisteront en vous un « je dois » et un « je ne dois pas », ces contraintes vous empêcheront de découvrir les méandres fugaces de la pensée et de l’émotion. Et je suis sûr qu’on vous a élevés à l’école des « il faut », « il ne faut pas » ; c’est ainsi que vous avez détruit pensée et sentiment. Vous avez été ligotés et mutilés par des systèmes, par des méthodes, par vos maîtres. Abandonnez donc ces « il faut », et « il ne faut pas ». Il ne s’agit pas de prôner la licence, mais de prendre conscience de cet esprit qui ne cesse de dire « je dois », « je ne dois pas ». Alors, telle une fleur qui s’épanouit par un beau matin, l’intelligence éclot : elle est là, active, créatrice – et la compréhension naît… »

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Extraits de : « Le Livre de la Méditation et de la Vie » 1° et 3 mai  Jiddu Krishnamurti 1895-1986.

Tableaux : 1/« Flora »  Alexandre Blum XIXème 2/ »Fleurs dans un vase de Delph »  Alexander Marshal 1620-1682.

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Ressentir la vie au plus profond de notre chair et de notre cœur…

BVJ – Plumes d’Anges.

Permettre…

lundi 24 mars 2014

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« N’essaie pas de regarder trop loin devant ou de faire des plans trop longtemps à

l’avance car, dans ce cas, ils pourraient bien changer. Il serait préférable de

permettre à toute chose de se déployer, et tu verras que cela arrivera bien plus

vite que tu ne peux l’imaginer. Ne sois pas impatient ; attends-Moi, simplement, et

vois toute chose s’ouvrir de façon merveilleuse. Mais cela doit se faire au bon

moment. Quand l’hiver s’installe, tu crois toujours qu’il ne finira jamais, mais

avant que tu réalises ce qui est en train d’arriver, le printemps commence à surgir

presque sans que tu t’en aperçoives. C’est le même processus avec le nouveau.

Comme le printemps, il est là, et l’hiver, l’ancien, est fini. Mais peut-être ne l’as-tu

pas pleinement compris ou accepté, et tant que ce ne sera pas le cas, tes yeux ne

s’ouvriront pas sur cette merveille. Ouvre les yeux et ne manque rien de ce qui est

en train de se passer en ce moment. »

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Extrait de : ” La petite voix” 24 mars  Eileen Caddy 1917 – 2006.

Illustrations : 1/ « Printemps » 2/« L’Attente » Heinrich Vogeler 1872-1942.

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Chaque chose arrive à son moment, le bon moment…

BVJ – Plumes d’Anges.

Vraie nature…

samedi 22 mars 2014

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« … Les paysans lisent l’almanach. Quoi de plus beau pour eux ? Les jours qui viennent et les mois et les saisons, ce sont des jalons pour leurs projets. De l’année qui va suivre, on connaît d’avance certaines choses. D’abord ce qui est comme immuable, c’est à dire le départ et le retour des étoiles ; tel est le squelette de l’almanach. Une année, c’est un tour complet des étoiles (…) Les étoiles marquent les heures aussi ; les pilotes de Virgile suivaient les mouvements de la Grande Ourse autour de l’étoile Polaire ; ce mouvement indique à la fois l’heure et la saison ; au cours d’une année, le minuit de la Grande Ourse fait le tour du cercle ; en ce moment, et au commencement de la nuit, la Grande Ourse est presque au zénith ; cette grande aiguille marque la saison, le temps où le merle siffle, où les narcisses sont fleuris. Il en est de même tous les ans. Ce n’est pas un petit travail que d’expliquer la relation entre l’Ourse qui tourne au ciel et l’oiseau qui fait son nid ; mais encore faut-il commencer par le remarquer, je dirais même par l’admirer. Je crois que les hommes des champs ont un peu trop oublié ce regard vers les étoiles, qui apprit à l’homme les lois les plus simples. Les anciens savaient qu’Arcturus , qu’on nomme aussi le Bouvier, paraît le soir au temps des labours printaniers, et disparaît quand la saison froide et pluvieuse s’avance. Cette science paysanne s’efface. Le laboureur lit le journal. C’est la ville qui imprime l’almanach ; et, à la place des mois qui sont au ciel, elle nous dessine des casiers sans couleur, des semaines et des dimanches selon le commerce et les échéances. Heureusement, la nature célèbre aussi Noël et Pâques ; heureusement, la fête des Rameaux est écrite dans les bois. N’empêche que l’almanach des villes est un autre almanach. Dans l’almanach auquel je rêve, on verrait l’année tourner sur ses gonds ; c’est ouvrir les grandes portes sur l’avenir, et élargir l’espérance. Les hommes seraient plus près d’être poètes, et plus généreux, s’ils ne cessaient de lier leurs travaux à ce grand Univers … »

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Et qu’aurait-il pu dire sur l’agriculteur de notre époque ?

Extrait de : « Propos sur la nature »  Émile Chartier dit  Alain 1868-1951.

Tableaux : 1/« Peine floraison »   Hugo Darnaut 1851-1937  2/« Printemps à Eller » Hugo Mühlig 1854-1929.

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Se re-lier au cosmos…

BVJ – Plumes d’Anges.

Assieds-toi…

mercredi 19 mars 2014

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« … Prends soin de toi. Chaque fois que, en grandissant, tu auras envie de transformer les erreurs en justice, souviens-toi que la première révolution à accomplir se trouve à l’intérieur de soi, la première et la plus importante. Lutter pour une idée sans avoir aucune idée de soi est l’une des choses les plus dangereuses que l’on puisse faire.

Chaque fois que tu te sentiras perdue, indécise, pense aux arbres, souviens-toi de leur façon de pousser. Souviens-toi qu’un arbre avec beaucoup de feuillage et peu de racines peut être déraciné au moindre coup de vent, tandis que, dans un arbre avec beaucoup de racines et peu de feuillage, la sève court difficilement. Racines et feuillages doivent pousser dans les mêmes proportions, tu dois être dans les choses et au-dessus, ainsi seulement tu pourras offrir ombre et refuge, te couvrir de fleurs et de fruits quand ce sera la saison.

Et puis, quand plusieurs routes s’offriront à toi et que tu ne sauras pas laquelle choisir, n’en prends pas une au hasard, mais assieds-toi et attends. Respire profondément, avec confiance, comme le jour où tu es venue au monde, sans te laisser distraire par rien, attends encore et encore. Ne bouge pas, tais-toi et écoute ton cœur. Puis, quand il te parlera, lève-toi et va où il te porte. »

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Extrait de : « Va où ton cœur te porte » 1994  Susanna Tamaro.

Illustrations : 1/« Portrait de sa fille Jaroslava »  Alfons Mucha 1860-1939  2/ « Flore des serres et des jardins d’Europe »  Louis van Houtte 1810-1876.

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Se poser un temps pour emprunter le bon chemin…

BVJ – Plumes d’Anges.

Espoirs…

lundi 10 mars 2014

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« … Il existe sur cette planète des êtres accomplis, merveilleux, non parce qu’ils ont collectionné les diplômes, mais parce qu’ils sont comme ça, dans leur nature même. Cependant, encore une fois, le cadre dans lequel nous vivons n’encourage pas vraiment à cela. Lorsqu’une nation fonctionne sur la compétitivité, elle n’engage pas l’homme à s’améliorer. Nous naissons tous de la même façon, certains sur de la terre battue et d’autres dans des palais. Mais notre condition humaine est la même. L’un est noir, l’autre blanc, le troisième jaune… c’est tout ce qui nous différencie. Après, ces êtres sont abîmés parce qu’on les fait entrer petit à petit dans la comparaison, dans la compétition. Je crois profondément que nous portons tous en nous un héritage inconscient qui nous a été donné, imposé par nos aïeux. Nos parents nous transmettent l’idéologie, la logique ou le mode d’existence qu’ils ont reçus. Or, je pense qu’on ne doit pas angoisser l’enfant, mais lui dire au contraire : « Voilà l’autre, ce n’est pas ton rival mais ton complément. » Et je ne parle pas du statut des femmes ! Au nom de quoi l’histoire les a-t-elle subordonnées et continue-t-elle à le faire alors que ce sont bien deux énergies, féminine et masculine, qui font que nous existons ? Il s’agit là d’un des plus grands facteurs de déséquilibre que l’humanité doit résoudre…

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… Peu à peu, j’ai pris conscience que la vie est un chemin initiatique, du moins l’ai-je prise comme tel. Géographiquement, physiquement, on a l’impression de rester immobile. Mais elle nous fait avancer au plan intérieur, au plan de nos concepts, de nos perceptions. Alors, soit on prend les évènements qui nous arrivent comme des faits ordinaires défilant les uns après les autres selon la loi du hasard, soit on estime qu’ils sont porteurs de signes. Et moi, j’ai eu peut-être la chance de comprendre assez vite que tout ce qui m’arrivait, de bon ou de moins bon, formait un ensemble d’éléments qui présidait à mon évolution. Alors, soit je me place dans une posture plaintive – « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive cela ? » – , soit je me dis : « Ce qui m’arrive exprime un message que je dois décrypter. »…

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… Je rêverais de congrès internationaux qui réuniraient les enfants du monde pour les aider à prendre conscience de leur identité planétaire, et les préparer ainsi à l’estime mutuelle, à la solidarité au sein de la maison commune…

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… Dire que certains prétendent imposer la paix avec des chars d’assaut, des avions de guerre, des bombes atomiques ! Quelle aberration. Lorsque, à l’école, les maîtres exaltent l’héroïsme guerrier et qu’on apprend aux enfants le garde-à-vous, le salut militaire, comment voulez-vous y arriver ? On pourrait pourtant s’attaquer aux racines du mal en commençant par apprendre aux élèves à se montrer généreux les uns envers les autres. Demain, à la place de la concurrence, de la compétitivité, des éternelles comparaisons entre le bon et le mauvais, le supérieur et l’inférieur, le dominant et le dominé, il serait possible d’instaurer une pédagogie de la paix où les valeurs seraient mutualisées à l’avantage de tous. Aucun être ne doit être subordonné à un autre. Pas plus la femme que l’enfant…

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… Une chose pourtant est claire dans mon esprit : je donne ce que je reçois et ne suis pas la source du bien mais son serviteur. Je crois en l’existence d’un monde positif, en un monde lumineux, en un monde beau que nous ne cessons d’abîmer, de transformer en enfer…

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… Je suis comblé d’émerveillement en observant les miracles de la nature, le ciel, cela semble banal, le ciel, et pourtant ça ne l’est pas. Et dans ce domaine, oui, chaque jour je découvre du nouveau, un peu comme s’il s’agissait d’une sorte de voie initiatique illimitée, et cette voie-là n’a pas d’objectif, de destination, ce n’est que du chemin. Malgré cela, je ressens au fond de mon être comme une souffrance en me disant que le monde, la vie, les êtres humains pourraient être autrement. Je porte cela en moi, à la fois l’émerveillement et la déception, beaucoup d’interrogations sans réponse mais aussi d’aspirations. Ce sont les aspirations qui nous maintiennent dans l’action. On aspire toujours à quelque chose.  On pourrait faire mieux, on peut faire mieux…

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… Je reste fasciné par ce mot – « harmonie » – et tout ce qu’il suggère. J’ai beaucoup goûté, étant enfant, sous les cieux nocturnes du désert, la clarté lunaire et la voûte céleste avec ses constellations plus éclatantes que nulle part ailleurs. Rien de plus fascinant que le ciel. Le regarder nous mène aux portes de l’univers tout entier et c’est vertigineux. On comprend mieux pourquoi l’immense vacuité nous manque dans ce monde d’effervescence tapageuse, car tout cela est poésie. Il faudra que l’écologie, en plus de ses considérations factuelles qui font appel à des comportements respectueux de la vie, intègre la dimension immatérielle qui s’ouvre sur l’infini, la beauté et le mystère de la vie. J’aimerais que la poésie soit tellement incluse en nous, dans nos comportements, qu’elle aille jusqu’à s’incarner dans ce que nous réalisons quotidiennement… »

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Extraits de : « Pierre Rabhi semeur d’espoirs »2013  Olivier le Naire.

Illustrations : 1/« L’École d’Athènes » (détail) Raffaello Sanzio 1483-1520  2/« Sommet de colline »  Frank Weston Benson 1862-1951  3/« Le ballon »  Pal Szinyei Merse 1845-1920  4/« Étude de nuages » Knud Baade 1808-1979.

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Cultiver nos champs d’humanité…

BVJ – Plumes d’Anges.

Unis vers…

mercredi 19 février 2014

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« … Le pouce gauche sur le poignet droit, je sens battre mon cœur. Un long moment je reste à l’écoute de ce rythme fidèle et impérieux qui m’accompagne depuis ma naissance et constitue la trame de mon existence.

À travers la séquence ininterrompue des parents et des grands-parents qui me l’ont légué, ce battement sous mon pouce me relie directement au passé lointain de la vie terrestre et m’insère dans une histoire qui dure depuis des centaines de millions d’années.

Je m’inscris dans ce moment précis de l’histoire du monde. Pendant quelques décennies, je tiens le flambeau de la conscience que m’assure ce battement de cœur. Comme tant d’autres auparavant, il s’éteindra tandis que d’autres s’allumeront. Vertige de cette formidable aventure de la vie sur la Terre…

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… La forêt raconte la vie des arbres en images simultanées. Les jeunes pousses voisinent avec les spécimens adultes et les troncs vieillissants. Le sol est jonché de bois pourris. De leur substance se forme le terreau où germent les nouvelles graines.

La forêt nous enseigne à voir la vie sous son angle dynamique. À en avoir une perception d’ensemble intégrée dans la durée du monde…

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… Le beau est-il dans la nature ?

La beauté naît de la rencontre entre le monde et l’être humain qui le perçoit.

« J’ai vu une herbe folle

Quand j’ai su son nom

Je l’ai trouvée plus belle. »

Elle est devenue belle d’être vue et plus belle encore d’être nommée.

« Depuis que Monet a peint les nénuphars d’Île-de-France, ils sont devenus plus beaux, plus grands. » (Gaston Bachelard.)

La beauté naît du regard de l’homme. Mais le regard de l’homme naît de la nature…

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… La Terre tourne sur elle-même et, de ce fait, crée le jour et la nuit. Les effets de cette énorme et inexorable mécanique se font sentir dans d’innombrables évènements à de multiples échelles. Le Soleil disparaît à l’horizon et les lueurs crépusculaires s’éteignent lentement. Les hirondelles se perchent et les chauves-souris s’activent. Les belles-de-jour se ferment et les belles-de-nuit déploient leurs corolles pastel.

Des phénomènes à un niveau donné – ici la rotation des corps célestes – deviennent des cadres où s’inscrivent de multiples phénomènes à d’autres niveaux. Le mouvement de la Lune dénude et recouvre périodiquement les bords de mer. Et une multitude de plantes et d’animaux vivent au rythme des marées, dans cette zone dont on dit joliment qu’elle est « réclamée » par la mer. Ainsi se construit la réalité.

Un vieux paysan termine sa récolte et rentre chez lui, la fourche sur l’épaule, dans la brume d’automne. Des nappes d’air froid descendent des régions septentrionales. Elles condensent la vapeur d’eau et couvrent la campagne d’un épais brouillard gris. Quand l’hiver se termine, la nécessité de juxtaposer physiquement les graines mâles et femelles provoque l’infinie multiplicité des parades nuptiales, des passions amoureuses et des peines de cœur.

La collision de la jeune Terre avec une autre planète est vraisemblablement responsable de l’inclinaison de son axe orbital autour du Soleil. Cet évènement cataclysmique d’il y a quatre milliards d’années ne fut observé par personne. Mais ses effets sont encore présents. Nous lui devons le cycle des saisons. Art de la nature de broder indéfiniment sur des réalités élémentaires…

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… Être « du côté de la vie ». La compassion universelle pour tout ce qui vit…

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… L’important se situerait dans la richesse du contact avec l’univers. À la jonction du monde intérieur et du monde extérieur. Il serait de l’ordre du plaisir et de la contemplation… »

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Extraits de : « L’espace prend la forme de mon regard » 1995 Hubert Reeves.

Illustrations : 1/« Urania, Muse de l’Astronomie »  Raffaello Sanzio 1483-1520  2/« Géographie des plantes »  Alexander von Humbolt 1769-1859  3/« le Grenadier » Détail d’une fresque de la Villa di Livia à Rome – époque JC.

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Prendre conscience de la grandeur de l’aventure humaine…


BVJ – Plumes d’Anges.


Joie parfaite…

mercredi 12 février 2014

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« … – L’enfant partit avec l’ange et le chien suivit derrière : Phrase du livre de Tobie dans la Bible –

Cette phrase convient merveilleusement à François d’Assise. On sait de lui peu de choses et c’est tant mieux. Ce qu’on sait de quelqu’un empêche de le connaître. Ce qu’on en dit, en croyant savoir ce qu’on dit, rend difficile de le voir…

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… Et si toute beauté pure procède de l’amour, d’où vient l’amour, de quelle matière est sa matière, de quelle nature sa surnature ? La beauté vient de l’amour. L’amour vient de l’attention. L’attention simple au simple, l’attention humble aux humbles, l’attention vive à toutes vies, et déjà à celle du petit chiot  dans son berceau, incapable de se nourrir, incapable de tout, sauf de larmes…

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… Et l’enfant grandit. Il grandit comme grandissent les enfants : comme un arbre, plongeant les racines de ses bras dans la terre maternelle, puisant sa nourriture dans les sous-bois d’une parole, multipliant les attaches, élevant les branches des pensées dans la lumière du dehors. L’enfance est ce qui nourrit la vie. Qu’est-ce qui nourrit l’enfance ? Les parents et l’entourage, pour une part. Les lieux, la magie des lieux pour une autre part…

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… Si l’on veut connaître un homme, il faut chercher celui vers lequel sa vie est secrètement tournée, celui à qui, de préférence à tout autre, il parle, même quand, apparemment, il s’adresse à nous. Tout dépend de cet autre, qu’il s’est choisi. Tout dépend de celui auquel il s’adresse en silence, pour la considération duquel il a accumulé faits et preuves, pour l’amour duquel il a fait de sa vie ce qu’elle est… »

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Extraits de : « Le Très-Bas » 1992 Christian Bobin.

Illustrations : 1/« Rosemary, fille de John Noble »  Alexander Fisher 1864-1936  2/« Tom »  Charles Sprague Pearce 1851-1914.

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Se nourrir des douceurs de notre enfance…

BVJ – Plumes d’Anges.

Splendeur…

lundi 10 février 2014

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« … Selon la mythologie de l’ancienne Égypte, l’arbre représente les trois mondes : souterrain par ses racines, visible par son tronc et ses branches, invisible grâce au mystère  de son enseignement. Dans les traditions, un des secrets de l’arbre est constitué par sa sève. Elle demeure présente dans le tronc, lors du dépouillement du feuillage. Ainsi la mort hivernale n’est qu’une apparence et non une réalité. Elle indique un changement de vie. À tous les moments de son existence, l’arbre est considéré tel un pont aérien entre la Terre et le Ciel…

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Le tronc et les feuillages – pour les arbres fruitiers, les fleurs et les fruits – offrent une écriture. Les branches, tels des bras, s’équilibrent en se répartissant à droite et à gauche du tronc. Elles soulignent des gestes définitifs car immobiles…

À l’égard de la connaissance de soi en rapport avec l’Arbre, un texte contemporain apparaît particulièrement précieux. Dans un dialogue entre Jean Biès et Jacques Brosse, ce dernier dira : « Je suis né sous le signe des Arbres. » Son premier souvenir remonte à sa petite enfance. Dans un landau, il est quotidiennement mené, à Paris, au Jardin des plantes, afin de prendre l’air. Un jour de printemps, sa voiture d’enfant est arrêtée au pied d’un Arbre. Il écrira : avoir pris conscience de sa propre « existence  face à l’univers immense, le bleu du ciel entre les feuilles à peine écloses, encore translucides, à travers lesquelles filtrent les rayons du soleil. Je sais dit-il, qu’alors, je fus ravi, transporté, je jubilais. Cela, je n’ai pu l’oublier ; aujourd’hui encore, il suffit que je m’allonge au pied d’un arbre au printemps pour retrouver cet état, tel que je le vécus alors. » Ce contact avec l’Arbre provoqua son éveil

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… L’arbre est à la fois « une demeure, une sorte de château du rêve* ». Le nid dissimulé dans les feuillages ne convient pas qu’à l’oiseau. Les jeunes gens peuvent escalader les branches, s’installer dans les frondaisons, se laisser bercer au gré du vent entre terre et ciel. « L’arbre est une réserve d’envolées » écrit Bachelard, « un nid immense balancé par les vents* ».

Le cosmos souffre. L’arbre aussi. »L’arbre tourmenté, l’arbre agité, l’arbre passionné peut donner des images à toutes les passions humaines. » Ainsi « l’arbre souffrant met un comble à l’universelle douleur* ». La tragédie manifeste une des faces de l’existence humaine. Au printemps l’arbre est magnifié. Une joyeuse fécondité survient. Renouvellement. Après avoir bourgeonné, les feuillages apparaissent. L’homme, loin d’être jaloux, doit pouvoir communier avec l’arbre en partageant sa splendeur… »

*  » L’Air et les Songes. Essai sur l’imagination du mouvement. »  Gaston Bachelard

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Extrait de : « L’arbre – Les symboles » 1997  Charles Hirsch et Marie-Madeleine Davy.

Photos BVJ.

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Honorer la splendeur du renouveau…

BVJ – Plumes d’Anges.


Grands espaces…

mercredi 5 février 2014

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« … Ce qu’il me faut avant tout en ce moment, c’est de l’espace, un grand espace de vie pour la méditation ultime…

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… Le sens du monde tout grand ouvert. Le sens de la matière brute. Le sens de l’espace américain. Les sens. On ne les approfondit jamais assez. Mais auparavant, il faut les ouvrir, tous. Peut-être, à la fin, un seul sens, immense. Cependant il ne faut pas non plus trop se hâter de créer des unités. Mieux vaut garder tout pluriel et en mouvement. Une cohérence ouverte… Nous ne voulons pas que Dieu, ou l’Un, s’immisce à nouveau en nous. Même si nous retournons à l’Un, ce ne sera pas le même…

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… La chose à faire aujourd’hui serait-elle de construire une bibliothèque atlantique, quelque part à la lisière du monde, un foyer d’énergie qui transcenderait tous les bavardages ? Ou bien, au-delà de toutes les bibliothèques devrions-nous essayer de mettre le doigt sur le pouls de notre terre vivante et laisser parler, même de façon fragmentaire, le monde primordial ?

Les deux, sans doute…

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… Ce n’est qu’une fois sortis du système que nous commençons à voir les choses dans une claire lumière. Le monde brille d’un éclat qui semble surnaturel simplement parce que, pour une fois, il est entièrement naturel, c’est à dire non sophistiqué, non corrompu par les notions scientifiques, philosophiques et utilitaires à l’aide desquelles nous recréons habituellement le monde à notre triste image…

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… Chaque fois qu’un espace vide se présente quelque part dans notre civilisation, au lieu d’y voir une occasion d’approfondir notre sens de la vie, nous nous empressons de le remplir de bruit, de jouets et de « culture ».

C’est pourquoi nous avons besoin de lieux comme le lac des Huttes Sauvages.

Des lieux où nous pouvons écouter le monde…

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Peut-être pouvons-nous apprendre à écouter le monde à nouveau. Qui sait quel secret se révèlerait alors à nous ?

Écouter le monde…

Je pense à la grande vision d’Élan Noir :

« Tout d’un coup il n’y avait rien qu’un monde de nuages, et nous étions seuls au milieu d’une immense plaine blanche, et de hautes montagnes couvertes de neige nous dévisageaient. Un grand silence régnait, mais il y avait des chuchotements. »

Et je pense à ce poème :

Écoutez vieil homme écoutez

écoutez sans bouger

longtemps longtemps écoutez

sur les chemins où se ruent les vents écoutez

au cœur des vents où vous êtes assis écoutez

soyez très vieux et écoutez.

Le yoga du lac des Huttes Sauvages.

Je reconnais que le mot yoga me gène. J’aimerais trouver une formule plus ordinaire.

Disons simplement : rester tranquille, attentif, s’ouvrir à l’univers.

Tout l’après-midi, je reste là à écouter.

Quand le soir tombe, je murmure ces mots :

Je vis aujourd’hui, mais je ne vivrai pas toujours

Soleil rouge, toi seul tu demeures

Lune blanche, toi seule tu demeures

Terre merveilleuse, toi seule tu demeures…

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Tout en déambulant, j’imagine un groupe d’hommes et de femmes venus de toutes les parties du monde, formant un archipel d’esprits ouverts. Non pas tant artistes qu’explorateurs de l’être et du néant. Erratiques et extravagants, à la recherche de nouvelles configurations, à l’écart du champs de la culture ordinaire.

Nouvelles énergies mentales. De l’air frais qui soufflerait sur le monde !… »

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Extraits de :  « La route bleue »  1983  Kenneth White.

Tableaux : 1/« Moine devant la mer » Caspard David Friedrich 1774-1840  2/ « Sommet des Sierras »  Thomas Moran 1837-1926  3/« Mont Hood »  William Samuel Parrott 1844-1915  4/« Femme indienne »  Cornelius Krieghoff 1815-1872.

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Se re-lier à la belle énergie du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.


Autre monde…

lundi 3 février 2014

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« Il n’est pas nécessaire de réfléchir longuement pour constater que tous les êtres, spontanément, recherchent le bonheur et détestent souffrir. Vous ne trouverez pas même un insecte qui ne fasse pas tout pour fuir la souffrance et se sentir bien.  Les humains ont en plus la capacité de réfléchir. Mon premier conseil est d’en faire bon usage.

Le plaisir et la souffrance reposent sur les perceptions sensorielles et la satisfaction intérieure. Pour nous, le plus important est la satisfaction intérieure. Elle est propre aux humains. Les animaux, à quelques exceptions près, en sont incapables.

Cette satisfaction est caractérisée par la paix. Elle prend sa source dans la générosité, l’honnêteté et ce que j’appelle le comportement moral, c’est-à-dire un comportement qui respecte le droit des autres au bonheur.

Une grande partie de nos souffrances vient de ce que nous avons trop de pensées. En même temps, nous ne pensons pas de manière saine. Nous ne prêtons intérêt qu’à notre satisfaction immédiate, sans mesurer à long terme les avantages et les inconvénients pour nous-même ou pour les autres. Or cette attitude finit toujours par se retourner contre nous. Il est sûr et certain qu’en changeant simplement notre façon de voir les choses nous pourrions réduire nos difficultés actuelles et éviter d’en créer de nouvelles.

Certaines souffrances, comme celles de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort, sont inévitables. La seule chose que nous pouvons faire, c’est réduire la peur qu’elles provoquent  en nous. Mais nombre de problèmes dans le monde, depuis les disputes conjugales jusqu’aux guerres les plus dévastatrices, pourraient être évités en adoptant tout bonnement une attitude saine. Si nous ne réfléchissons pas correctement, si notre vue est trop courte, nos méthodes sans profondeur, et si nous ne considérons pas les choses l’esprit ouvert et détendu, nous transformons en difficultés majeures ce qui n’était au départ que des problèmes insignifiants. En d’autres termes, nous fabriquons un grand nombre de nos propres souffrances… »

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Propos du Dalaï lama recueillis dans Bouddha Bouddhisme Enseignements par Lobsang Palde-2011.

Illustrations : 1/« Nymphe ailée soufflant parmi les roseaux » 2/ »Nymphe ailée au soleil levant »  Alexandre de Riquer 1856-1920.

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Penser de façon différente…

BVJ – Plumes d’Anges.

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