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« … Selon la mythologie de l’ancienne Égypte, l’arbre représente les trois mondes : souterrain par ses racines, visible par son tronc et ses branches, invisible grâce au mystère de son enseignement. Dans les traditions, un des secrets de l’arbre est constitué par sa sève. Elle demeure présente dans le tronc, lors du dépouillement du feuillage. Ainsi la mort hivernale n’est qu’une apparence et non une réalité. Elle indique un changement de vie. À tous les moments de son existence, l’arbre est considéré tel un pont aérien entre la Terre et le Ciel…
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… Le tronc et les feuillages – pour les arbres fruitiers, les fleurs et les fruits – offrent une écriture. Les branches, tels des bras, s’équilibrent en se répartissant à droite et à gauche du tronc. Elles soulignent des gestes définitifs car immobiles…
À l’égard de la connaissance de soi en rapport avec l’Arbre, un texte contemporain apparaît particulièrement précieux. Dans un dialogue entre Jean Biès et Jacques Brosse, ce dernier dira : « Je suis né sous le signe des Arbres. » Son premier souvenir remonte à sa petite enfance. Dans un landau, il est quotidiennement mené, à Paris, au Jardin des plantes, afin de prendre l’air. Un jour de printemps, sa voiture d’enfant est arrêtée au pied d’un Arbre. Il écrira : avoir pris conscience de sa propre « existence face à l’univers immense, le bleu du ciel entre les feuilles à peine écloses, encore translucides, à travers lesquelles filtrent les rayons du soleil. Je sais dit-il, qu’alors, je fus ravi, transporté, je jubilais. Cela, je n’ai pu l’oublier ; aujourd’hui encore, il suffit que je m’allonge au pied d’un arbre au printemps pour retrouver cet état, tel que je le vécus alors. » Ce contact avec l’Arbre provoqua son éveil…
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… L’arbre est à la fois « une demeure, une sorte de château du rêve* ». Le nid dissimulé dans les feuillages ne convient pas qu’à l’oiseau. Les jeunes gens peuvent escalader les branches, s’installer dans les frondaisons, se laisser bercer au gré du vent entre terre et ciel. « L’arbre est une réserve d’envolées » écrit Bachelard, « un nid immense balancé par les vents* ».
Le cosmos souffre. L’arbre aussi. »L’arbre tourmenté, l’arbre agité, l’arbre passionné peut donner des images à toutes les passions humaines. » Ainsi « l’arbre souffrant met un comble à l’universelle douleur* ». La tragédie manifeste une des faces de l’existence humaine. Au printemps l’arbre est magnifié. Une joyeuse fécondité survient. Renouvellement. Après avoir bourgeonné, les feuillages apparaissent. L’homme, loin d’être jaloux, doit pouvoir communier avec l’arbre en partageant sa splendeur… »
* » L’Air et les Songes. Essai sur l’imagination du mouvement. » Gaston Bachelard
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Extrait de : « L’arbre – Les symboles » 1997 Charles Hirsch et Marie-Madeleine Davy.
Photos BVJ.
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Honorer la splendeur du renouveau…
BVJ – Plumes d’Anges.
Ah, quand je vois le nom de Marie-Madeleine Davy, je respire d’un seul coup ! on l’oublie un peu trop à mon goût cette grande dame.
Majesté intemporelle. Enfant, j’enterrais des petits billets secrets au pied d’un magnifique chêne, mon meilleur ami et confident… Bises, chère Brigitte
Quelle poésie dans cet article !
Chaque année, j’observe avec admiration, les amandiers fleuris qui annoncent la fin de l’hiver…
Bises du lundi ma grande 🙂
Bien d’accord avec Aifelle
Moi c’est le nom de Bachelard qui d’un seul coup me donne envie de rouvrir ses livres
mais pour êtes franche je crois que par dessus tout je piquerai bien une branche fleurie pour mettre le printemps chez moi et éloigner les trombes d’eau
Je tiens beaucoup à mon cerisier. Il est proche de la maison et dispense une ombre agréable sur ma véranda. Il me protège des mauvaise vibrations qui pourraient arriver. J’aime lorsqu’il fleurit au printemps. Ses fleurs s’envolent dans le vent et retombent sur la pelouse comme des flocons de neige.
C’est vrai, l’arbre est dans 3 mondes à la fois… Tes photos sont magiques, et tes mots aussi.
Tu sais ce que je fais avec les arbres ? J’entoure le tronc de mes bras et je l’embrasse… C’est tellement bon le contact avec les végétaux, autant qu’avec les animaux, c’est différend mais j’apprécie autant. Je sais je suis un peu « toc toc » mais les arbres sont si mystérieux, ils vivent, ce ne sont pas des objets.
J’ai une amie artiste, elle est Bouddhiste, et chaque matin, elle ouvre sa fenêtre, un oiseau, toujours le même, vient se poser sur sa balustrade, elle descend dans le jardin, l’oiseau se pose sur l’arbre et une joie se répand entre les 3 êtres, (elle rit parfois) l’arbre, l’oiseau et elle. Cela dure environ un quart d’heure, mais elle ne maquerait cette joie pour rien au monde. J’aimerais bien vivre cela aussi…
Bisous Brigitte et douce semaine
Ce texte résume formidablement bien l’importance et les mystères de l’arbre ! Les branches sont une écriture : ah c’est beau… Il est le lien entre la terre et le ciel voilà pourquoi je l’aime tant, je me sens si proche de lui ! « un nid immense balancé par les vents » : des mots que j’aime lire à haute voix. Tes photos subliment ce texte très touchant ! Merci beaucoup… Bises
Quelle chance d’habiter le pays des amandiers ! On devient alors le premier qui honore l’arbre en fleurs et en générosité ! Profiitez-en !
Encore un merveilleux texte, Brigitte, et le constat qu’il est impossible pour nous les humains, d’intégrer même en imagination la sidérante spiritualité des arbres!
Ils sont nos semblables et nous aident tant à vivre!
Depuis la semaine dernière, au milieu du noir, du gris et du blanc des intempéries, il y a ce signe d’espoir qu’ils sont c’est vrai les premiers à nous offrir, ces branches roses éblouissantes et délicates que tu as photographiées et qui nous font revenir à la vie!
Tout est si bon ici-bas, quel spectacle, et dire que tout cela est pour nous!
On danse?
Quelles merveilles, ces branches fleuries ! Vivement que le printemps arrive ici.
J’ai une admiration particulière pour les arbres et j’aime beaucoup les extraits du texte de Bachelard que tu as choisis.
Bonne soirée !
Vous me donnez envie de relire Bachelard. Merci.
già la primavera col suo piede leggero solca le prode e i prati, già sulla collina mimose e mandorli elevano il loro canto di rinascita
una raffinata scelta di testi e immagini apre al mio cuore la letizia