Vraie nature…

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« … Les paysans lisent l’almanach. Quoi de plus beau pour eux ? Les jours qui viennent et les mois et les saisons, ce sont des jalons pour leurs projets. De l’année qui va suivre, on connaît d’avance certaines choses. D’abord ce qui est comme immuable, c’est à dire le départ et le retour des étoiles ; tel est le squelette de l’almanach. Une année, c’est un tour complet des étoiles (…) Les étoiles marquent les heures aussi ; les pilotes de Virgile suivaient les mouvements de la Grande Ourse autour de l’étoile Polaire ; ce mouvement indique à la fois l’heure et la saison ; au cours d’une année, le minuit de la Grande Ourse fait le tour du cercle ; en ce moment, et au commencement de la nuit, la Grande Ourse est presque au zénith ; cette grande aiguille marque la saison, le temps où le merle siffle, où les narcisses sont fleuris. Il en est de même tous les ans. Ce n’est pas un petit travail que d’expliquer la relation entre l’Ourse qui tourne au ciel et l’oiseau qui fait son nid ; mais encore faut-il commencer par le remarquer, je dirais même par l’admirer. Je crois que les hommes des champs ont un peu trop oublié ce regard vers les étoiles, qui apprit à l’homme les lois les plus simples. Les anciens savaient qu’Arcturus , qu’on nomme aussi le Bouvier, paraît le soir au temps des labours printaniers, et disparaît quand la saison froide et pluvieuse s’avance. Cette science paysanne s’efface. Le laboureur lit le journal. C’est la ville qui imprime l’almanach ; et, à la place des mois qui sont au ciel, elle nous dessine des casiers sans couleur, des semaines et des dimanches selon le commerce et les échéances. Heureusement, la nature célèbre aussi Noël et Pâques ; heureusement, la fête des Rameaux est écrite dans les bois. N’empêche que l’almanach des villes est un autre almanach. Dans l’almanach auquel je rêve, on verrait l’année tourner sur ses gonds ; c’est ouvrir les grandes portes sur l’avenir, et élargir l’espérance. Les hommes seraient plus près d’être poètes, et plus généreux, s’ils ne cessaient de lier leurs travaux à ce grand Univers … »

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Et qu’aurait-il pu dire sur l’agriculteur de notre époque ?

Extrait de : « Propos sur la nature »  Émile Chartier dit  Alain 1868-1951.

Tableaux : 1/« Peine floraison »   Hugo Darnaut 1851-1937  2/« Printemps à Eller » Hugo Mühlig 1854-1929.

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Se re-lier au cosmos…

BVJ – Plumes d’Anges.

8 commentaires sur “Vraie nature…”

  1. ventisqueras dit :

    aggascinata da questa incantevole presentazione sull’equinozio della primavera. ti auguro che la bionda fata ti danzi nel cuore

  2. Dominique dit :

    Alain ! une vieille connaissance j’aime beaucoup l’extrait que tu as choisi tu vas me donner envie de retomber dedans un de ces jours
    Quel charmant jardin avec  » sa porte étroite qui chancelle « 

  3. Daniel dit :

    Impossible pour moi de vivre sans la nature. Je l’aime trop et je ressens cette nécessité de se relier au cosmos. Je le fais souvent d’ailleurs. Bonne journée Brigitte

  4. angedra dit :

    « élargir l’espérance » voilà qui serait bien venue actuellement !
    Difficile actuellement de se baser uniquement sur l’almanach de la nature, d’autant que nous la maltraitons. Revenir à plus de respect pour elle serait déjà un grand pas.
    Quant à l’agriculteur d’aujourd’hui, difficile pour lui de ne pas penser « rendement » « économie » « prix de revient »……… et « subventions ».
    En attendant, sachons apprécier tout simplement ce très beau texte.
    Belle journée à toi.

  5. Lauriza dit :

    La nature n’a pas d’heure, elle arrive à son heure et peu importe les dates. Un peu plus tôt, un peu plus tard quelle importance ! Chaque saison se manifeste et on sait bien quand elle est là. Le printemps est arrivé, le merle a sifflé, les narcisses sont fleuries, les oiseaux viennent nicher. Tout est bien en place et on a plus qu’à apprendre le langage des étoiles qui nous guidera pour les saisons suivantes. Vivre au rythme des saisons serait peut-être plus reposant pour le corps et l’esprit. Dans la nature, on se ressource, elle est si belle ! Belle semaine pour toi. Lauriza

  6. Ariaga dit :

    Tu m’as fait penser avec émotion à ma grand mère quand elle lisait son almanach. Elle y trouvait des recettes, des conseils pour planter, des recettes de cuisine, des blagues … C’était une partie importante de son petit cosmos. Amitiés.

  7. Patrick dit :

    La nature est vraie, l’homme la dénature et la fausse.
    Belle introspection.

  8. Lily dit :

    Lisant François le champi de George Sand, il y a bientôt deux ans, j’ai remarqué combien elle se référait au calendrier et aux fêtes de l’année pour raconter les divers évènements de son histoire. Tiens d’ailleurs demain nous serons à la Mi-Carême. La moitié du chemin vers la fête de Pâques. Des bises Brigitte.

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