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… « Au cœur du bleu un accord de rouge
vibre puis s’estompe ! Langueur
et nostalgie du chromatisme…
Quand le bleu se fait mélodie
les feuilles frissonnent,
jaunes sous les trilles,
et accompagnent le récitatif du soir.
Alors le bleu peint la conscience
avec des brosses qui dégorgent
d’anges, d’arbres et de sonates. »
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« Il faudra prendre les plus belles couleurs,
se saisir des pigments et des pierres broyées,
y ajouter le blanc de l’œuf,
il faudra préparer le mur, consolider le mortier
et déplier encore et le lys et le sourire de l’ange
près des ailes qui palpitent dans la fraîcheur du matin.
Le frère avait donné ses instructions à la cantonade,
la Parole pouvait enfin s’accomplir. »
Fra Angelico I
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« La joie, il la connaissait, la vraie joie quand il déversait aux pieds de l’archange en salutation les petites fleurs rouges qui grésillent sur le vent des prairies et qu’il répandait, plus légères dans les airs, les lettres d’un message auquel il croyait plus que tout. Mais il aimait surtout ses couleurs. Il ignorait que viendrait la Peinture, qu’en d’autres temps les hommes continueraient, après avoir révoqué les dieux, son interminable travail. Mais de son cœur qui battait devant le jaune des chemins et le rose des tuniques montait la joie qui emplit les siècles avec la force indestructible de la douceur. »
Fra Angelico II
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« Après matines, quand le jour peint ses oiseaux sur la surface déjà bleue d’un ciel de fête, ils quittent le monastère et vont observer les bourgeons sur les branches et le vent dans les marguerites. Chaque abeille leur est connue. Chaque coccinelle est leur amie. Quand sonne la cloche des vêpres, ils se dépêchent de regagner la chapelle et lisent sur les fresques l’étonnante histoire de ces messagers célestes semblables à de grands papillons bariolés qui butinent, parmi les fleurs des champs, le suc d’une nouvelle aurore. »…
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Ayant été conviée à une soirée POÉSIE organisée par deux jeunes et lumineuses professeures de Français, chaque invité devait apporter un ou plusieurs poèmes, les lire ou les déclamer. Nous avons écouté Aragon, François Cheng, Alicia Gallienne, Anna Akhmatova…
En recherchant des textes nouveaux, j’ai découvert « Vies silencieuses » de Daniel Kay – c’est le titre qui m’a attirée, le poète était pour moi un parfait inconnu – et j’avoue avoir ressenti du plaisir à lire ce recueil dont je partage ici quelques extraits. Au fil des pages, Daniel Kay explore des tableaux ou déambule dans des paysages qui ont inspiré des Peintres, il questionne, il se fait voyageur transportant mots et couleurs.
Il y a toujours à s’émerveiller sur le chemin de la vie pour peu que l’on s’ouvre à d’autres horizons, guidé(e) par un signe…
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Extraits de : « Vies silencieuses » 2019 Daniel Kay.
Illustrations : 1/ « Étude de nuages » Edgar Degas 1834-1917 2/ « Annonciation » – détail d’une fresque et 3/ « Jardin de Gethsémani » – détail – Couvent San Marco Fra Angelico 1395-1455 .
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Veiller silencieusement, l’œil ouvert…
BVJ – Plumes d’Anges.







































