Feux du ciel…

26 novembre 2023

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« Je te souhaite d’entendre les mots doux que l’on te dit en silence…

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… Je te souhaite des ciels qui s’ouvrent…

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... Je te souhaite de penser à la chenille que tu étais…

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… Je te souhaite un soleil nouveau chaque matin…

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… Je te souhaite juste ce qu’il faut d’ombre pour connaître la lumière…

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… Je te souhaite de trouver ce que tu ne cherchais pas…

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… Je te souhaite des présences qui prennent soin de ta solitude…

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… Je te souhaite d’accorder ton rythme à tout ce qui bat…

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… Je te souhaite des poussières flottant dans la lumière…

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… Je te souhaite des étoiles filantes où accrocher tes vœux…

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… Je te souhaite de voir comme tout est déjà là… »

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Un bijou ! Un petit bloc de 99 souhaits lumineux et bienveillants,

imprimés sur un épais papier blanc dans une élégante typographie.

– un souhait par page –

Couverture cartonnée,

un seul anneau retient le tout, qui s’ouvre et se ferme :

on peut ainsi détacher les feuillets pour en faire présent

 ou simplement s’en souvenir.

Chaque exemplaire est numérotée…

C’est simple et profond, c’est doux et léger, c’est un baume…

à offrir en toute occasion !

Extraits de : « des étoiles filantes »  Mélanie Leblanc.

Illustrations : 1/ « Lys »  Olga Wisinger  1844-1926  2/ « Dahlias »  Anna Syberg   1870-1914.

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Allumer des météores…

BVJ – Plumes d’Anges.

Feuilles volantes…

18 novembre 2023

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« J’ai écrit ces textes dans des carnets, des cahiers, sur des pages volantes, des agendas, des tickets, des listes, des enveloppes, des marque-pages ou dans mon téléphone ; je les ai écrits dans les gares, les trains, les hôtels, les cafés, chez moi, dans le métro, en ville et en d’autres lieux.

La poésie demeure pour moi comme une apparition, une attention portée à l’infime, comme le surgissement d’un éclat fugace au cœur de nos vies. L’éclosion d’invisibles soleils. Peut-être, à cet instant-là, les mots peuvent-ils saisir quelque chose de ce jaillissement…

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… un verger imaginaire pour

accueillir la floraison

de nos désirs

 

songe à tout ce bleu

qui attend ton réveil…

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… l’odeur d’herbe fraîche de la nuit

le cri d’un oiseau entre les feuilles

 

un vêtement oublié sur un banc

il frissonne comme

un bouquet abandonné

 

et peut-être il danse

lorsque tout dort au jardin…

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… je tente d’arranger mes jours

en bouquet maladroit

en jardin capricieux

 

et parfois entre les ronces

une floraison survient

 

un miracle

et je ne sais pourquoi…

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… et recoudre le soleil

sur nos ciels fatigués

 

abondance de rubans pour

caresser nos épaules et

 

accompagner ce pas de danse

qui se découvre

incrédule

joyeux

fragile…

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… une éclaircie sur la page

les mots viennent s’y poser

étonnés

 

une éclosion soudaine

une fête

et mes mains comme un perchoir

pour des oiseaux multicolores…

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… ralentir le monde

l’or est à cueillir entre nos mains

étonnées du miracle

la ronde archaïque de l’eau du soleil et du vent

 

poser doucement

le pied sur cette terre pour

danser aussi…

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… lenteur de la nuit

la grande nuit comme un feu bleu

 

la rumeur la voix des vivants et

les étoiles qui veillent sur

nos bruissements de cœur… »

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Ce recueil est un bijou d’une délicatesse absolue.

La belle écriture de Gaëlle Josse cisèle les courts poèmes évadés de son cœur,

 graines d’or offertes aux oiseaux que nous sommes pour nourrir notre âme.

Merci à cette grande dame

et merci à celle qui m’a offert ce livret exquis, à lire et à relire…

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Ne l’oublions pas :

« La sagesse commence dans l’émerveillement »

Socrate

Alors, émerveillons-nous !

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Extraits de : « et recoudre le soleil »  2022  Gaëlle Josse.

Illustrations : 1/ « Plantes vertes dans un verre »  Joakim Frederik Kovgaard  1856-1933  2/ « Rose dans un verre »  Franz Krüger 1797-1857.

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Capter notre lumière intérieure…

BVJ – Plumes d’Anges.

Instantanés d’antan…

13 novembre 2023

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« L’odeur de la nuit était celle du jasmin« …

Sur les traces de l’imaginaire de Marguerite Duras.

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« Maroc, un temps suspendu« …

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« Les rêveries de Lavinia« …

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La Maison Tamaris Pacha accueille FLORE,  une artiste photographe exceptionnelle qui travaille à l’argentique sur les émotions, les souvenirs, les mots lus ou entendus, les traces, merveilleuses ou douloureuses, l’imaginaire. Elle vagabonde, s’arrête, développe ses clichés, agrandit, teinte, cire. Ces métamorphoses nous donnent des œuvres délicates, ouatées, sombres et lumineuses à la fois. Nous entrons dans un univers singulier, une sorte de cahier de voyages qui nous emmène vers une Indochine qui n’existe plus, ou vers un Maroc ou une Égypte d’antan. Elle nous parle avec poésie de mondes perdus, nimbés de brumes, de ses souvenirs à elle, elle témoigne par petites touches, de la fragilité des choses.

J’aime cette réflexion liée à la photographie argentique, il faut il me semble réfléchir au sujet, à la prise, à la composition, au support, au grain, on éclaircit, on assombrit, on change le temps de pose… le résultat est définitif, il ne faut pas se tromper. C’est un vrai travail de création de la part de l’artiste et FLORE est l’exemple parfait.

Le dernier étage de l’exposition est un terrible témoignage sur le « Camps de Rivesaltes, lieu de souffrance« . Là, dit-elle, pas de photographies d’art…

C’est une exposition de grande qualité à mes yeux.

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« Je n’aime plus que les voyages, la rêverie, la solitude, le bruit du monde,

pour le traverser et en rire, puis la poésie pour supporter le passé(…) ».

George Sand – Lavinia.

FLORE – Exposition Villa Tamaris Pacha à La Seyne sur Mer dans le Var.

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Suivre son chemin…

BVJ – Plumes d’Anges.

Beau thé…

8 novembre 2023

 

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« La première tasse humecte mes lèvres et mon gosier

La deuxième rompt ma solitude

La troisième fouille mes entrailles mises à nu

et y débusque mille volumes d’étranges idéogrammes

La quatrième suscite une légère sueur

– et tout le noir de ma vie se dissout à travers mes pores

À la cinquième tasse, je suis purifié

La sixième m’expédie au royaume des Immortels

La septième – ah, je ne saurais en absorber davantage !

Je sens seulement un souffle de vent frais gonfler mes manches.

Où est Peng Lai Shan* ?

Ah ! Laissez-moi chevaucher cette douce brise et m’envoler loin d’ici ! »

* Peng Lai Shan : un des paradis taoïstes.

Poème de Lu Tong  795-835.

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« On boit du thé pour oublier le bruit du monde »

Lu Yu  733-884.

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« Alors que jadis les œuvres des artisans avaient toutes un caractère esthétique, conscient ou non, elles sont divisées aujourd’hui en deux catégories : les œuvres avec art et les œuvres sans art. Or, rien de ce qui est fait par la main de l’homme ne peut être bien indifférent : ou ce sera beau, élevant l’esprit, ou ce sera laid et avilissant. Les objets dépourvus d’art sont tellement dangereux ; ils blessent par le seul fait de leur existence et aujourd’hui leur nombre prédomine tellement que pour trouver les œuvres d’art nous sommes obligés de nous mettre à leur recherche, car les choses privées de sentiment d’art sont chaque jour les compagnons ordinaires de notre vie…

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« … Si vous voulez une règle d’or, qui convienne à tout le monde, la voici :

N’ayez chez vous rien que vous ne sachiez utile ou ne croyiez beau »…

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Extraits de : « L’esthétique de la vie »  William Morris  1834-1896 (Wikiquote)

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Fermer les yeux, s’extraire de la triste réalité,

retrouver en soi ce petit espace de paix qui tel un nid d’oiseau

nous accueille et réchauffe notre cœur meurtri…

Se tourner vers les doux moments, s’abreuver de beauté,

la rechercher partout, même dans les plus petites choses de la vie…

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Illustrations : 1/ « Théière »  2/ « Pot à lait »  Dessins de l’artiste Beulah Bradleigh  1892-?

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La beauté nourrit l’âme, la beauté apaise…

BVJ – Plumes d’Anges.

Mise en scène…

29 octobre 2023

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L’automne est bien là, les jours raccourcissent,

la fraîcheur des petits matins et des soirées nous ébranle un peu.

Il nous faut imaginer des moments doux, à partager,

ils peuvent prendre différentes formes, sont créatifs et récréatifs…

Lorsque l’on découvre ce « livre d’art » culinaire de Monique Duveau,

on ne peut résister, on se laisse emporter par la vague gourmande.

Quelle recette choisir dans son univers féérique où fleurs et couleurs mènent la danse ?

Tout tout tout !

Les mises en scène se succèdent :

les photos de son compagnon José Esteves « poète de lumière » sont magnifiques,

l’imagination artistique des tables et des plats enchante le lecteur,

partez à la rencontre de ce beau livre,

vous serez conquis(es) par son élégance, par ses succulentes et poétiques idées.

miam miam…

« Il est une fois, dans la campagne percheronne, à quelques battements d’aile de la forêt de Bellême, un château des délices ; à vrai dire, une ancienne école de village, habitée depuis plus de vingt ans par une fée gourmande surnommée Mona et un artiste poète-homme des bois appelé José. Ils y coulent des jours heureux, et de leur amour et passions complices naissent autant de bons petits plats que de bouquets de saison et de mises en scène merveilleuses… »

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– CHARLOTTE POM-POM –

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Charlotte à préparer la veille…

– Ingrédients : 1,2 kg de pommes Pink Lady, 1/2 citron, 100 g. de beurre de baratte 1/2 sel, 150 g. se sucre roux.

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– Réalisation : Préchauffez le four à 160°. Épluchez les pommes, les couper en fines lamelles. Citronnez-les dans un saladier.

Chemisez le moule à charlotte avec du beurre et du sucre. Déposez en rosace les lamelles de pomme par couches. Intercalez des copeaux de beurre et du sucre entre chaque couche. Tassez bien le tout. Couvrez le dessus du moule de papier sulfurisé et faites cuire à four chaud pendant 1h15 (les pommes doivent être fondantes et transparentes). À la sortie du four, déposez un poids sur le papier sulfurisé pour compacter la charlotte. Laissez refroidir à température ambiante, puis reposer une nuit au frais.

Démoulez sur un plat creux avant de servir, décoré d’une pomme confite.

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« quelqu’un rend visite

à quelqu’un

crépuscule d’automne »

Yosa Buson

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Recette extraite du merveilleux livre « Vivre la campagne  » de Monique Duveau – 2023.

Tableau : « Pommes, pot et plateau »  Jan Ingenhoes  1882-1948.

Photos BVJ.

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Créer la fête…

BVJ – Plumes d’Anges.

Braise ardente…

23 octobre 2023

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« … Père – Le premier examen qu’Isor a passé à l’hôpital, c’était pour un trouble de l’attention. J’y étais allé seul, Maude n’avait pu déplacer sa garde. Je n’oublierai jamais ce moment, les sourcils velus et arrogants du médecin, un jeune interne en psychiatrie. Docteur Jard – fier comme un coq. Pour lui, tout était clair. Isor avait effectivement des difficultés à se concentrer, c’était tout.  Il avait passé trente minutes avec elle mais ça y est, il la connaissait mieux que nous, avait tout compris et me démontrait l’infinie supériorité de son expertise par une chiée de mots savants appris d’hier. J’avais beau lui parler des colères, des retards de langage, des regards déconcertants (ceux d’une adulte mélancolique, pire que cela, ceux des statues de grands hommes qui sondent l’Avenir, le Progrès ou l’Âme humaine), il ne m’écoutait pas, et son visage dur était figé dans une expression dédaigneuse.

Au moment de nous raccompagner à la porte, avec une politesse excessive et trop empressée pour être sincère, il jeta un dernier regard vers Isor. Elle était dans un coin depuis le début de notre entretien. Elle se tenait en face d’une bonne centaine de crayons alignés par taille et par teinte, selon un ordre allant du jaune au bleu. Elle nous faisait dos, mais on pouvait deviner à son immobilité qu’elle était parfaitement sereine. Ce ne pouvait être qu’elle qui avait fait cela, car, à notre entrée, les crayons gisaient tous en un tas informe.

L’interne s’est rassis à son bureau où il eut un moment d’absence. Puis il a simplement lâché : « C’est peut-être un peu plus compliqué que cela. »…

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… Mère – Quand Isor fait la sieste, son visage est si doux que j’ai pris l’habitude, parfois, de m’asseoir à côté d’elle.

Elle a la peau très fine et très blanche, encore plus que moi. C’est presqu’ une feuille de soie, un paravent chinois sur lequel affleurent et peuvent se lire ses moindres humeurs. Elles lui montent à la peau, elles la maquillent. À l’instar des mouches que les courtisanes appliquaient à la cour des rois, les emplacements de ces taches sur le visage d’Isor ont tous une signification particulière. Si son nez est rouge, c’est qu’elle se réjouit. Si c’est les paupières, qu’elle a pleuré. Les joues, qu’elle est embarrassée. Quand vient le tour des tempes, c’est qu’elle est en colère. Et le front enfin, cela veut dire qu’elle est épuisée. Ces taches persistent parfois une bonne heure après que le sentiment est retombé. Cela me permet de savoir ce qu’elle a ressenti en mon absence.

Lorsqu’elle dort, on peut presque voir sur sa peau de lait les ombres de ses rêves qui passent. C’est pour cette raison que je reste près d’elle ; et alors j’imagine tout ce à quoi elle pense…

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… (Lucien) – Et puis, un jour, tu es arrivée alors que je venais de lancer Les Quatre Saisons. C’était la fin du Printemps, les violons étaient déchaînés et tu as poussé un cri. Tu étais soufflée, terrifiée. Un sanglot montait en toi, je le voyais aux hoquets qui faisaient vibrer tes épaules. Comme quelqu’un qui viendrait de découvrir son reflet dans un miroir et serait bouleversée par sa propre image. Tu ne voulais pas que j’éteigne, tu te débattais. Tu as écouté le morceau jusqu’à la fin dans un état d’urgence, presque de survie. Il y eut un large silence. J’étais tétanisé à l’idée de t’avoir fait de la peine. Tu m’as regardé, en pleine catastrophe. Tu as pointé une dizaine de CD sur les étagères. Tu voulais les entendre. Tous. Nous n’avons fait que cela de l’après-midi. Et toute la semaine qui suivit. Tu voulais tout entendre. Avide. Tu aurais voulu être le compositeur, et puis l’instrument, et puis l’auditeur, et puis la musique elle-même. Tu écoutais comme on regarde un portrait de soi, fait par un inconnu. Avec sidération. Avec harmonie. La solitude enfin anéantie.

Avons-nous jamais été à ce point ensemble ?

J’admire tellement et je t’envie cette intelligence que tu as, une intelligence toute émotionnelle, toute corporelle. Moi aussi la musique me touche, me bouleverse même parfois, mais entre elle et moi, il y aura indéfectiblement cette médiation de l’intellect. Toi, tu accèdes aux vérités – de la musique comme du reste – avec un instinct quasi physiologique. Chez toi c’est le corps qui pense, il ne se trompe jamais… »

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C’est l’histoire d’Isor.

Maude et Camillo, ses parents, sont désarmés face à leur petite fille qu’ils sentent différente, ils sont démunis face au monde qui porte sur eux des jugements parfois implacables. Ils s’isolent, s’organisent, observent, créent des petits bonheurs et imaginent d’éphémères possibles.

Un jour, un évènement (l’explosion de leur chaudière) fait qu’ils demandent à un voisin septuagénaire, Lucien, de s’occuper d’Isor le temps de la réparation par un homme de l’art. Entre Isor et Lucien, c’est une rencontre d’âmes, une rencontre de « faille à faille »… Isor est vaste, elle saisit tout, capte le monde, désire vivre en grand, aller au bout des choses. Son énergie sculpte l’histoire et tout va crescendo.

C’est un lumineux premier roman, plein d’amour et de beauté, c’est une mise au monde dans une langue originale et poétique,

c’est un conte, une pièce de musique qui nous emporte haut…

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Extraits de : « La Colère et l’Envie » 2023  Alice Renard.

Illustrations : 1/ « Lever de soleil sur l’île de Bornholm » Claus Johansen  1877-1943  2/ « Sommet de l’Etna »  Edward Peithner von Lichtenfels  1833-1913.

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Naître à soi-même…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chants de paix…

16 octobre 2023

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UN CHANT POUR LA PAIX

« Donnez au soleil de s’élever,

Au matin d’éclairer.

La force des prières

Ne nous fera pas revenir

Celui dont la bougie s’est éteinte

Et qui git dans la poussière,

Les larmes amères ne le réveilleront pas,

Ne le ramèneront plus ici.

 

Personne ne nous ramènera

Du fond de la fosse obscure.

Ici ne servent à rien

Ni l’allégresse de la victoire

Ni les cantiques de louange.

 

Alors chantez seulement

Un chant pour la paix,

Ne murmurez pas de prière,

Il vaut mieux que vous chantiez

Un chant pour la paix,

À grands cris.

 

Laissez le soleil entrer

À travers les fleurs.

Ne regardez pas en arrière,

Accordez le repos à ceux qui sont partis.

Levez les yeux avec espoir,

Et pas sur une ligne de mire.

Chantez un hymne à l’amour,

Et pas aux guerres.

 

Ne dîtes pas : « Un jour viendra »,

Faîtes le advenir !

Car ce n’est pas un rêve

Et sur toutes les places

Acclamez la paix ! »

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Shir la-shalum, chanson devenue l’hymne du mouvement pacifiste israélien,

chantée par  Yitzhak Rabin juste avant son assassinat, le 4 novembre 1995…

Auteur : Yaakov Rotblit – 1969

Compositeur : Yair Rosenblum

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« … La laïcité française n’oppose pas la foi à l’incroyance. Elle ne sépare pas ceux qui croient que Dieu veille, et ceux qui croient aussi ferme qu’il est mort ou inventé. Elle n’a rien à voir avec cela. Elle n’est fondée ni sur la conviction que le ciel est vide ni sur celle qu’il est habité, mais sur la défense d’une terre jamais pleine, la conscience qu’il y reste toujours une place pour une croyance qui n’est pas la nôtre. La laïcité dit que l’espace de nos vies n’est jamais saturé de convictions, et elle garantit toujours une place laissée vide de certitudes. Elle empêche une foi ou une appartenance de saturer tout l’espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu’il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d’un autre venu y respirer… »

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Extrait de : « Vivre avec nos morts » – Petit traité de consolation –  2021  Delphine Horvilleur.

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Delphine Horvilleur est une femme rabbin,

elle accompagne les morts et leurs proches avec une extrême humanité.

En 11 chapitres elle nous raconte des faits et le sens qu’elle a tenté de leur donner.

Avec humilité, elle parle de ses rencontres et de moments de son existence.

Très érudite, elle éclaire tous les sujets abordés d’une lumière singulière,

  nous offre une talentueuse célébration de la vie,

dit à la mort « tu n’auras pas le dernier mot »,

la traduction de cimetière en hébreu n’est-elle pas « maison des vivants » ?

Ce « petit traité » d’une grande richesse est à lire et à relire sans modération,

parce que la bienveillance n’a pas de prix…

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Photos BVJ  – octobre 2023 – La Sainte Baume dans le var.

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Chanter et chanter encore la paix…

BVJ – Plumes d’Anges.

Relation…

9 octobre 2023

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« Entre

Ce que je pense

Ce que je veux dire

Ce que je dis

Ce que vous avez envie d’entendre

Ce que vous croyez entendre

Ce que vous entendez

Ce que vous avez envie de comprendre

Ce que vous croyez comprendre

Ce que vous comprenez

Il y a dix possibilités que l’on ait des difficultés à communiquer

Mais essayons quand même … »

Bernard Werber – 1993 – « L’encyclopédie du savoir Relatif et Absolu ».

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Que difficile est la vie quand on ne parvient plus à communiquer avec l’autre.

Quel drame est la vie quand on ne tend plus la main à un être en souffrance.

Quelle tristesse est la vie quand on élimine celui qui pense différemment.

Quel désert est la vie quand on s’isole ne sachant plus que dire ou que faire.

Quel enfer devient la vie quand on entre en guerre parce que l’on veut avoir raison.

Il est toujours temps d’adoucir les angles des relations,

de métamorphoser les chemins caillouteux en ruisseaux de la communication,

qu’attendons-nous, qu’attendent-ils ?

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Illustrations : 1/ « Escalier »  2/ « La Seine – Paysage »  Carl Fredrick Hill  1849-1911.

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Fluidifier les cours, construire des ponts…

BVJ – Plumes d’Anges.

Merveilleusement…

2 octobre 2023

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… « J’épluchais une pomme rouge du jardin quand j’ai soudain compris que la vie ne m’offrirait qu’une suite de problèmes merveilleusement insolubles. Avec cette pensée est entré dans mon cœur l’océan d’une paix profonde. »…

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… « L’eau dans le verre de cristal danse imperceptiblement. »…

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Merveilleusement…

Avez-vous remarqué comme parfois il suffit d’un mot doux

cueilli au hasard d’une lecture ou d’une discussion

et en un éclair le sens donné à notre vie change.

Ce mot allège l’existence,

il est un halo de tendre brume, agit comme un baume étoilé,

nous aide à accepter la réalité.

On ne marche plus, on danse, on ne pense plus, on rêve.

Il nous faudrait inventer un dictionnaire des mots doux

pour illuminer nos relations,

pour la traversée d’épreuves, pour les jours de disette…

Quels mots pourrions-nous imprimer sur ses pages ?

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« Mieux vaut allumer sa petite bougie que maudire les ténèbres. »

Lao Tseu

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Extraits de : « Noireclaire »  Christian Bobin  1951-2022.

Illustrations : 1/ « Coupe de fruits » et 2/ « Panier d’oranges »   Léon Bonvin 1834-1866.

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Enrichir la douceur du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Envolées…

25 septembre 2023

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« … Je n’avais pas tout de suite remarqué que Kat Epadô, le pseudo de Sayo (sans doute parce qu’il résonnait rock, me faisant penser à Kat Onoma), était la première personne du présent du verbe grec : Chanter aux oreilles, Prononcer des paroles magiques, Ensorceler. J’avais trouvé ce choix bizarrement calé. Et même gonflé. Qui le lui avait soufflé ? De plus, un pseudo n’est jamais gratuit. Il vous camoufle et en même temps vous révèle. Je m’étais demandé pourquoi Sayo avait choisi un fragment de grec ancien. Pour le feu du son ou pour la cendre du sens ? Ou seulement pour l’élément mort d’une langue morte, complètement étrangère au Japon afin d’y passer elle aussi pour morte ? Et quand cessait-elle d’être Sayo pour devenir Kat-Epadô ? Qu’est-ce qui changeait alors en elle ? Je ne le lui ai jamais demandé.

Le samedi 1° décembre, j’ai découvert la nouvelle annonce :

CdG  Tunique avec implant

Elle est en fine matière extensible, gris irisé.

Sur l’épaule gauche se trouve une longue forme qui entoure à moitié votre cou comme un implant bizarre

Moi je dis qu’elle est mon chat gris, mon chagrin, couché sur mes épaules  =^^^= …

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J’allume la radio, à chaque fois j’entends comme un immense tremblement de terre. Quelque chose s’écroule.

Je connais un oiseau qui chantait avec assurance au cœur de la dévastation, m’a soudain dit Emily D. La dévastation, on y est, ça c’est sûr, lui ai-je répondu. Mais comment chanter ? Chante, a dit Emily D…

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… Il existe toutes sortes de rencontres. On peut rencontrer un vêtement : il vous foudroie. On peut rencontrer un pseudo : il vous possède. On peut rencontrer un oiseau : il vous fait rougir. La plus petite rencontre contient sa part explosive qui fracture quelque chose en vous…

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Autour de nous, je sentais un immense territoire dressé, avide, vivant. La nuit quelque chose s’éveille, sort, se tend, tiré, étiré en un grand bond, un jaillissement, et ça pousse, ça marche, ça avance. Beaucoup plus qu’en plein jour. Les rochers aussi (il y en avait beaucoup là bas, le chemin traversait un paysage de moraines), même eux, les rochers qui après avoir roulé semblaient s’être immobilisés, étaient en route, comme nous, je voyais bien qu’ils étaient encore en route, à leur dos rond, à leur épuisement, et j’ai compris qu’on n’est jamais arrivé, que rien n’a jamais de fin, même pour les pierres. Et quand je levais la tête, les constellations comme les moraines, leurs cygnes, leurs ourses, leurs lièvres, leurs chevaux et leurs chiens, traversaient le ciel, prises elles aussi dans le même interminable éboulement… »

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Zsazsa quitte son compagnon Thomas, abandonne Paris (pour une année au moins) et part dans les montagnes en vue d’étudier la langue des oiseaux, . Elle arrive la nuit, sous la neige, dans une baraque (dessinée par Jean Prouvé) au cœur de la forêt. Elle apporte dans ce lieu de solitude juste l’indispensable, deux livres d’Emily Dickinson publiés aux éditions Corti, deux livres de poésie chinoise  (de Li Bai et de Du Fu), un livre signé du russe Isaac Babel, un IMac 27 pouces, un téléphone portable, un duvet, des draps…

Ce soir là, elle fait la connaissance sur EBay de Sayo, celle-ci vend sous le pseudo de Kat-Epadô, des fringues de la célèbre marque Comme des garçons. Ce qui interpelle la narratrice, c’est le style de la petite annonce accompagnant la photo du vêtement : un texte court, étrange, poétique, mystérieux, elle tombe immédiatement sous le charme. S’en suit une relation entre ces deux « oiseaux » qui évoluera au fil des pages…

J’ai adoré cette lecture, une sorte de petit roman japonais où l’on s’attache à la délicatesse des mots, à l’essence des choses. Zsazsa  questionne et se questionne, tout a son importance mais tout est dérisoire aussi. C’est la quête de deux femmes qui vont grappiller un peu de l’autre, elles sont à une étape de leur vie, elles cherchent à entrevoir qui elles sont vraiment et vers où elles veulent aller.

L’écriture de l’auteure est toujours belle, ses descriptions de la nature, son côté sauvage et érudit, cet attachement aux maladresses et aux petits détails qui illuminent le présent sont un enchantement.

Sans se voir, sans se connaître, on peut tisser des liens, de lumineux liens.

AIFELLE en avait parlé –>

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Extraits de : « La langue des oiseaux »  2014  Claudie Hunzinger.

Illustrations : 1/ « Oiseaux »  Elise Konstantin-Hansen  1858-1946  2/ « Roses »  Elizabeth Bigelow Greene  1837-1915.

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Chercher un sens…

BVJ – Plumes d’Anges.