Liberté d’expression…

15 novembre 2018

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« … si tu devais donner juste une raison, intuitivement, de pourquoi Charlie ; tu dirais laquelle ? Pourquoi ça concernait tout le monde ? Oui. Liberté d’expression. C’est n’importe quoi je dis, il y a eu dix cas précédents qui auraient du être beaucoup plus fédérateurs. Par exemple ? Hrank Dink. Qui ? Je n’arrive même pas à prononcer correctement son nom. Hrank Dink, le créateur du premier journal bilingue turc-arménien Agos, charismatique et infatigable promoteur de la paix, assassiné par un nationaliste en pleine rue à Istanbul en 2007. Tout le monde connait Hrank ici, on l’appelle simplement par ce prénom qui m’est si difficilement articulable. Il aurait pu devenir un symbole universel, non ? Pourquoi à ce moment-là, le monde entier ne s’est-il pas levé pour la liberté d’expression…

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j’en profite pour poser des questions basiques ; que signifie le nom du journal, Agos. Jean fait le geste de semer des graines par poignées. Agos, c’est Le Sillon. C’était un mot partagé par les Turcs et les Arméniens ; en tous cas par les paysans, à l’époque où ils cohabitaient…

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… D’après la traductrice Dominique Eddé, Hrank aborde son lecteur non comme une personne qu’il lui faut convaincre, mais comme deux personnes en désaccord qu’il cherche à rapprocher…

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… Même si bien sûr nous sommes solidaires de nos confrères qui sont dans le viseur me dit prudemment Danzikyan, sans aller plus loin. Je sais que Hrank n’aurait pas eu cette prudence, lui qui disait que « la présence et l’initiative sont d’autant plus nécessaires qu’il y a absence de dialogue ; si nous existons, c’est aujourd’hui qu’il nous faut être là » – mais Hrank est mort et personne ne veut plus mourir à sa place. 

« Le sacro-saint dialogue promu ces dix dernières années est extrêmement sournois, corrige Ece Temelkuran, qui a retenu la leçon. » (…) » J’essaie d’être celle qui raconte l’histoire, sans prendre partie, mais dans son intégralité. Car si vous la racontez d’un seul point de vue, vous n’entendez plus l’autre et, plus grave, il ne vous entend plus. »… »

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C’est un livre très fort, qui pose de vrais questions, l’auteure me semble avoir une belle personnalité ainsi qu’une grande maturité. Dans cette histoire, on navigue entre deux rives, l’Europe et l’Asie et entre deux genres, le roman et l’enquête journalistique. Valérie Manteau nous fait prendre conscience de notre ignorance quant à ce qui se passe dès les portes de l’Europe. Il nous faut aller chercher l’information, prendre du recul, la croiser avec d’autres sources et ne pas se satisfaire de ce que la plupart des journaux, radios et télévisions nous servent…

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Extraits de : « Le Sillon »  2018  Valérie Manteau.

Illustrations :1/ »Colombe  » Joseph Grawhall  1861-1913  2/ « Plantes »  – détail du tableau Saint Jérome à l’étude – Antonello da Messina  1430-1479.

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Préserver la si importante et si fragile liberté d’expression…

BVJ – Plumes d’Anges.

Tout est possible ?…

12 novembre 2018

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Petit intermède entre deux averses, une balade comme un fil d’inspiration…

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Une légende raconte que ce massif de porphyre rouge doit son nom

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à une Fée nommée Esterelle. Les femmes en mal de maternité l’invoquaient…

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 Est-ce pour cela que le célèbre architecte Antti Lovag  construisit ici deux

de ses maisons Bulles ?

La seconde, en cours de construction, fut achetée par le couturier Pierre Cardin en 1992.

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Étonnantes constructions, ce créateur, enfant du cosmos,  adepte des rondeurs,

avait un credo : « Tout est possible ! ».

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Les feuillages alentour y croient, ils se font artistes eux-aussi, ils cisèlent la matière et

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brodent inlassablement en donnant à leurs robes des couleurs flamboyantes…

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Du grand art, l’automne est merveilleux même si le ciel lui, boude un peu…

Photos BVJ à Théoule.

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Si tout est possible, qu’attendons-nous ?

BVJ – Plumes d’Anges.

Coïncidences…

8 novembre 2018

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« … Le moineau de Chine a les yeux tout noirs. Les paupières sont bordées d’une fine ligne d’un rose tendre, comme si on avait cousu un fil de soie. À chaque battement de paupières, les deux fils se rejoignent aussitôt pour n’en former qu’un. Mais déjà, l’œil s’arrondit de nouveau. À peine avais-je sorti la cage, l’oiseau a mis la tête de côté et ses yeux noirs se sont tournés vers moi pour la première fois. Puis, il a pépié doucement…

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… L’oiseau a remué deux ou trois fois sa tête ronde. Peu après, la petite masse blanche a quitté le perchoir. À peine un battement d’ailes, et les ongles de ses pattes délicates se sont accrochés au rebord de la mangeoire. Le minuscule récipient qui pourtant semblait près de se renverser sous mon petit doigt était aussi immobile que la cloche d’un temple, c’est dire à quel point le moineau de Chine est léger. J’ai cru voir voltiger devant moi l’âme d’un flocon de neige…

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Un jour, tandis que j’étais dans mon bureau, occupé comme d’habitude à confier au papier des choses mélancoliques, un bruit étrange est parvenu à mon oreille. La véranda bruissait. On aurait d’abord pu croire qu’une femme avançait en retenant le bas de son kimono de soie, mais le froissement de l’étoffe sur le plancher était par trop vif pour un simple bas de robe. J’ai alors comparé ce bruit au crissement des plis de l’ample pantalon que porte le chambellan, lors de la fête des Poupées, évoquant le glissement de la soie sur les marches du palais fictif. Laissant mon roman, je suis sorti sous la véranda, le stylo entre les doigts : le moineau de Chine prenait son bain.

L’eau venait d’être changée. L’oiseau avait plongé ses fines pattes délicates au milieu de la petite baignoire et il enfonçait son plumage dans l’eau jusqu’au jabot. De temps à autre, il déployait ses ailes blanches, se penchait légèrement comme pour s’accroupir, appuyait son ventre sur l’eau, et il secouait d’un seul mouvement son plumage. Puis, il s’est posé avec douceur sur le bord du récipient. Au bout d’un moment, il a de nouveau plongé. Le diamètre du bassin ne dépassait pas deux pouces. Quand il avait plongé, sa queue dépassait, sa tête dépassait, son dos aussi naturellement. Seules les pattes et la poitrine étaient dans l’eau, ce qui ne l’empêchait pas de faire ses ablutions, méticuleusement… ».

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Dehors le temps était à la pluie… ces nouvelles de Sôseki m’ont enchantée,

j’ai particulièrement apprécié les lignes concernant ce moineau à la triste destinée…

Quel ne fut pas mon étonnement le lendemain quand un ami m’envoya ce petit film,

ce —> bain d’oiseau,

quelle coïncidence tout de même !

Remarquez-vous, vous aussi, dans votre vie, ces étonnants hasards ?

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Extraits de : « Une journée de début d’automne »  Natsume Sôseki  1865 – 1915.

Illustrations : 1/ »Rose »  2/« Moineau friquet »  Kawahara Keiga  1786-1860.

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Noter les coïncidences, elles ont peut-être quelque chose à nous apprendre…

BVJ – Plumes d’Anges.

Temps des métamorphoses…

5 novembre 2018

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« … Notre corps, comme les états de conscience ou les différents climats qui l’habitent, peut être une idole ou un icône.

Le corps idole, c’est le corps dans lequel la Vie est arrêtée, identifiée aux organes et à la forme dans laquelle elle se manifeste. Elle devient alors un « objectif », un objet de consommation, de séduction et de possession.

Le corps icône, c’est le corps dans lequel la Vie n’est pas arrêtée, enfermée dans sa représentation ; elle se donne à travers cette forme, mais cette forme n’est jamais considérée comme étant le but du désir, de la dévotion ou de l’intellection. C’est la Vie elle-même qui est désirée, connue et aimée à travers ce corps ou cet univers…

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… Étudie, pense, réfléchis, médite, toi qui as un cerveau aux multiples facettes et facultés, la conscience est Une, ne te contente pas de compter, d’analyser et de faire des synthèses, prends le temps de méditer, de contempler le Réel qui est là, présent. La Conscience dans laquelle mille et une choses t’apparaissent. « Ephata, ouvre-toi », ne t’arrête pas dans le connu, ne te satisfais pas de tes petits repères ou explications, laisse-toi porter par la question toujours plus loin, toujours plus proche de la Conscience qui anime ton cerveau et par qui toutes choses sont…

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Viens, vois, écoute, va… »

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Un petit livre lumineux, qui demande peut-être plusieurs lectures pour en saisir le sens profond.

S’appuyant sur des écrits anciens, l’auteur tente d’éclairer notre chemin sous d’autres angles. Je ne me sens pas « religieuse » du tout, les religions sont, il me semble, des histoires d’hommes et de pouvoir. En revanche certains textes interpellent, ils parlent de spiritualité et nous interrogent sur de belles questions existentielles. J’aime infiniment ce « Viens, vois, écoute, va… »…

Extraits de : « Les portes de la transfiguration «   2018  Jean-Yves Leloup.

Illustrations : 1/« Soucis »   Koloman Moser 1868-1918   2/« Coucher de soleil sur un lac »  J.M.William Turner  1775-1851.

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Ne pas rester dans le connu…

BVJ – Plumes d’Anges.

Autres jardins…

1 novembre 2018

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« Je suis las des lieux

Où l’homme se donne en spectacle

J’ai assez vu le théâtre humain

Les gesticulations de ses pantins

Toutes leurs petites histoires

Ce qui m’intéresse à présent

Ce sont les champs silencieux

Qui s’étendent alentour

Les mouvements de la mer

Le ciel semé d’étoiles

Le rapport entre mon corps et l’univers

Entre les nébuleuses et mon cerveau. »

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Que la poésie est puissante, elle efface les bleus de l’âme et les petits désagréments,

les médias sont de plus en plus fatigants et

initient des grandes fêtes d’une qualité douteuse.

Nous avons eu aujourd’hui , mon mari et moi,

la très mauvaise idée d’aller faire un marché alimentaire

dans un temple de la consommation…

Nous en sommes sortis épuisés,

il y avait des animations autour Halloween,

c’était terrifiant !!!

Ce soir je me dis :

On ne changera ni rien ni personne,

c’est à nous de nous questionner,

à nous de nous adapter,

à nous de prendre du recul,

à nous d’explorer les possibles,

à nous d’enrichir notre esprit,

à nous de choisir nos chemins,

à nous de créer,

à nous de suivre les troupeaux ou d’en sortir,

à nous de nous ouvrir à un autre monde…

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MERCI AU POÈTE qui nous offre sa lumière.

Extrait de :   « Un monde ouvert » Anthologie personnelle – 2007 –  DU MERVEILLEUX Kenneth White.

Illustrations : 1/« Étude de fleurs »  Abbott Handerson Thayer  1849-1921   2/« L’adieu »  Mikhail Clodt  1832-1902.

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Emprunter d’autres chemins, découvrir d’autres jardins…

 BVJ – Plumes d’Anges.

Tic-tac-tic-tac…

28 octobre 2018

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Une heure en plus, comme un cadeau précieux, une perle fine, une douce friandise,

une heure offerte à chacun de nous dans un papier de soie…

Certains disent que ce sera la dernière fois

que les maitres du temps disposeront ainsi du nôtre,

ils ne sont pas tous d’accord entre eux.

Au printemps, ils nous en avaient volé une.

Il nous était conseillé de l’abandonner nuitamment,

entre 2 heures et 3 heures préconisaient les spécialistes.

J’en ai un peu assez des experts et de tous leurs ordres, pas vous ?

 

Aujourd’hui, cette heure en plus, nous pouvons choisir de la vivre à notre guise,

nous pouvons choisir son moment, le bon moment pour qu’elle soit une fête.

Il faut y réfléchir, comment l’employer au mieux,

dans le silence ou la musique, à l’intérieur ou à l’extérieur… ?

On peut la garder pour soi, la partager, on peut l’offrir aussi.

C’est important, tout ce qui est rare mérite qu’on s’y attarde,

qu’on ne cède pas à la facilité, au gaspillage.

Après, après seulement avoir dégusté ce divin présent,

l’heure sera venue de régler nos montres et autres pendules.

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Dessins anonymes de projets de pendules – XIXème siècle – Collection Cooper Hewitt.

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Rester libres, le plus possible…

BVJ – Plumes d’Anges.

Plein soleil…

24 octobre 2018

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Plein soleil, un jour de pleine lune… Cadeaux de lumière qu’il faut savourer…

Vacances scolaires, bains de mer, cueillette probable de champignons dans quelques jours.

Au milieu du bruit qui entoure ma maison du fait des travaux, mes pensées vagabondent et tentent de changer.

Après avoir vu les images de paysages dévastés en France ou en Italie,

je me dis qu’il n’existe nul chaos ici, simplement des désagréments, peut-être passagers,

une histoire que se racontent avec avidité d’autres gens, qui ne me convient pas certes

mais ainsi est la vie, ainsi est notre expérience, rien de grave en somme…

Partager la lumière, là est l’important il me semble.

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Photo BVJ (mosaïque à l’entrée d’un magasin – Aix-en-Provence).

Illustration : détail d’une étoffe pour un projet de lit avec alcove à chapiteau-Pavillon royal de Brighton  –  Frederick Grace 1779-1859.

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Ne retenir que la lumière…

BVJ – Plumes d’Anges.

Flamboiement…

19 octobre 2018

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Mettre en lumière la douce saison que nous traversons,

elle qui nous enveloppe de ses couleurs chaque année renouvelées…

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Prodige de la nature qui ne demande rien à personne et

continue inexorablement son évolution avec des hauts, avec des bas…

Est-ce parce que je me trouve à l’automne de ma vie

que j’apprécie de plus en plus cette période de l’année ?

Lorsque je vois ces feuillages se parer de teintes sublimes,

j’ai l’impression que nous pouvons en faire de même,

nous femmes et hommes dans cette saison de l’age,

parer notre cœur d’un chatoyant manteau

pour vivre encore et encore de nouveaux rêves en couleurs…

Qu’en pensez-vous ?

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Photos BVJ (La Bourboule, Six-Fours les plages et Aix-en-Provence)

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Flamboyer joyeusement…

BVJ – Plumes d’Anges.

Riche traversée…

15 octobre 2018

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« …  (M.G.) – N’avez-vous pas l’impression d’être surtout une intermédiaire,

un médium, enfin quelqu’un à travers qui est passé quelque chose ?

(M.Y.) Absolument. Et c’est pourquoi je n’ai au fond qu’un intérêt limité pour moi-même. J’ai l’impression d’être un instrument à travers lequel des courants, des vibrations sont passés. Et cela vaut pour tous mes livres, et je dirais même pour toute ma vie. Peut-être pour toute vie ; et les meilleurs d’entre nous ne sont peut-être eux aussi que des cristaux traversés. Ainsi, à propos de mes amis, vivants ou morts, je me répète souvent l’admirable phrase qu’on m’a dit être de Saint-Martin, « le philosophe inconnu » du XVIII° siècle, si inconnu de moi que je n’en ai jamais lu une seule ligne et n’ai jamais vérifié la citation : « Il y a des êtres à travers qui Dieu m’a aimé. » Tout vient de plus loin et va plus loin que nous. Autrement dit, tout nous dépasse et on se sent humble et émerveillé d’avoir été ainsi traversé et dépassé… »

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Ces entretiens passionnants nous montrent tout l’humanisme de cette grande dame. Elle s’exprime sur des sujets divers avec bonté, intelligence et lucidité, elle est lumineuse.

Extrait de : « Les yeux ouverts » 1980 –

Entretiens de Marguerite Yourcenar (1903-1987) avec Matthieu Galey (1934-1986).

Photos BVJ

(Pierres d’une digue protégeant le port d’Hyères dans le Var ; si j’étais plus jeune, j’entreprendrais volontiers des études de géologie pour décrypter le langages des roches…)

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Nous laisser traverser par nos richesses profondes…

BVJ – Plumes d’Anges.

Fatigue…

11 octobre 2018

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« …Il me semble qu’une des causes fréquentes de la fatigue chronique réside dans le fait de vivre constamment en désaccord avec son propre rythme. Tout être humain a un rythme biologique. Si on le contrarie de manière systématique, il finit par s’affaiblir et se fatiguer.

Carl Gustav Jung a établi que celui qui travaille dans le respect du rythme de la nature et de son propre rythme est plus performant que celui qui les néglige. Travailler contre son propre rythme revient en fin de compte à faire violence à sa propre nature. C’est usant. Le rythme de la nature nous régénère. En respectant le rythme de notre âme et de notre corps , nous nous maintenons en relation avec la source d’où nous tirons notre force créative. Travailler contre son rythme, c’est se couper de sa source intérieure. Bien des gens prétendent ne pouvoir vivre que l’œil fixé sur la montre. Ils veulent travailler, encore et toujours, quelle que soit l’heure. Ce faisant, ils se violentent eux-mêmes…

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… Le recherche sur le cerveau a établi que l’individu s’affaiblit quand il ne trouve plus en lui d’image qui le motive et suscite de nouvelles associations d’idées. Il est donc essentiel de se pencher sur ses propres représentations, de voir si elles sont paralysantes ou motivantes, si elles encouragent la vitalité ou la fatigue. De ces représentations dépend notre capacité à affronter les défis de l’existence. Si nous n’arrivons pas à y répondre activement, nous nous vidons de notre énergie… »

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J’ai apprécié dans cette lecture plusieurs observations de l’auteur qui nous amènent à une belle réflexion. Il nous faut avoir une vision pour donner du sens à notre vie, c’est elle qui nous donnera l’énergie nécessaire pour avancer…

Extraits de : « Retrouver le goût de la vie »   2013  Ansel Grün.

Illustrations : 1/« Danseuses en rose »   Edgar Degas  1837-1917   2/« Mésange sur une branche »  Christoph Ludwig Agricola  1667-1719.

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Respecter notre propre rythme…

BVJ – Plumes d’Anges.