Notre Dame…

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« … Toute spirale possède valeur d’espoir – un espoir plus grec que chrétien. L’espoir chrétien nous conduit droit vers l’avenir et la fin du chemin débouche dans la lumière. La spirale du colimaçon, elle, recompose son permanent retour. L’éternel retour est dans l’escalier à vis. Tout visiteur de Notre-Dame tient du derviche tourneur.

Je pensais au génie de ces architectes qui inventèrent le colimaçon. Avaient-ils observé la nature pour mettre au point leur trouvaille ? S’étaient-ils inspirés de la graine du tilleul tombant de la branche en tournicotant ? Avaient-ils été influencés par la coquille de l’escargot ? Peut-être avaient-ils tenu à incarner un symbole, car la spirale recèle une dimension métaphysique. Toute méditation a la forme d’une spirale : la pensée tourne sur elle-même, s’enfonce lentement dans les tréfonds psychiques…

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… Que signifie l’effondrement ? Y-a-t-il le moindre enseignement à tirer d’un brasier ? Il est peut-être temps de se calmer. Trop d’empressement à faire table rase mène peut-être à ce genre de désastre. Et si l’effondrement de la flèche était la suite logique de ce que nous faisons subir à l’Histoire ? L’oubli, le ricanement, la certitude de nous-même, l’emballement, l’hybris, le fétichisme de l’avenir… et un jour, les cendres ?

Peut-être un peuple va-t-il se porter au chevet de sa reine ? Peut-être va-t-il se souvenir qu’il n’est pas né hier ? Mais peut-être rien ne changera-t-il et continuerons-nous à nous espionner les uns les autres, à nous haïr, à nous conspuer.

Alors on se dira que la flèche a bien fait de se retirer. »

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Petit voyage à Paris… merveilleux !

Un soir, juste avant que la nuit se lève, nous sommes allées rendre visite à la Grande Dame. Une atmosphère étrange l’enrubannait, un silence cotonneux, une absence de lumière, un rempart de palissades, des hommes armés en uniformes, des passants qui chuchotaient, des bâches… La sensation est étrange, le recueillement devant ces pierres chargées de mémoire et cette beauté blessée est inévitable.

L’hommage de Sylvain Tesson va droit au cœur, lui, écrivain blessé dans sa chair.

La couverture du livre représente une magnifique photo de Bernard Hermann, représentant l’édifice fléché avec une bannière accrochée en façade :

« La poésie vous menace : succombez !« 

C’était fort, très fort !!!

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Extraits de : « Notre-Dame de Paris«    2019   Sylvain Tesson.

Photos BVJ.

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Entendre, dans la force du silence…

BVJ – Plumes d’Anges.

14 commentaires sur “Notre Dame…”

  1. J’aimerais aussi aller la voir pour lui rendre hommage. Je comprends l’émotion que tu as ressentie. J’ai entendu dire que le parvis allait de nouveau pouvoir être ouvert, ainsi que la crypte.
    Bonne journée.
    De ce côté-ci de la rade, du soleil.

  2. Adrienne dit :

    merveilleux! merci pour ce billet, vraiment!
    tout ce qui parle d’espoir et d’humanité me parle 🙂

  3. Anne dit :

    Sylvain Tesson. Il la connait cette cathédrale où il jouait avant son accident, au funambule……
    Merci pour l’article très intéressant………………….Mille pensées!

  4. Anne dit :

    PS: j’ai partagé l’article (avant d’acheter le livre) avec une de mes filles amoureuse de la cathédrale……..

  5. Mayalila dit :

    Justement, j’étais à Paris, de façon totalement inopinée, vendredi. Et de Saint-Michel bondé de touristes et de voitures, nous avons voulu marcher vers Notre-Dame pour nous rendre à l’Hôtel de Ville. Mais c’était barré. Ainsi nous nous sommes contentés de la photographier depuis le Pont Saint-Michel : toujours égale à elle-même… pas changée… et avons traversé par le marché aux fleurs : une merveille !

  6. Fiorenza dit :

    Comment retourner dans ce quartier Notre-Dame où j’ai passé tant d’heures mémorables,
    où bat réellement le coeur de Paris ?

    Il est vrai que notre capitale évolue dans un sens qui ne me plaît guère !
    le bruit et la fureur y ont remplacé la vie trépidante mais belle d’antan …

    Fiorenza, disciple de Philippe Muray ce matin, en toute amitié !

  7. Aifelle dit :

    J’ai entendu moi aussi ce matin que le parvis serait peut-être réouvert la semaine prochaine. J’avoue appréhender le moment où je retournerai à Paris et irai la voir. Tu y as vécu un beau moment pourtant .. Bon lundi Brigitte.

  8. Je suis passée dans le vent, vendredi soir, en revenant du marché de la Poésie.
    Oui, la poésie va si bien aux ruines. Peut-être parce qu’elle leur donne sens et les rend supportables.

  9. Tania dit :

    Beaucoup d’émotion dans ce billet, je peux l’imaginer. Cet incendie a suscité en nous des remous singuliers, une expérience collective et pourtant indicible par certains côtés. Merci, Brigitte.

  10. Dominique dit :

    les petits livres ont fleuri sur Notre Dame c’est une bonne chose pour ne pas oublier trop vite
    le côté funambule de Tesson par contre me laisse de marbre !

  11. Poussy dit :

    C’est une sensation extraordinaire de sentir son coeur battre au même rythme que celui d’un lieu » habité », c’est incroyablement émouvant, cette immense cathédrale blessée, debout, silencieuse, vivante.
    Je suis heureuse d’avoir vécu cette expérience d’amour.

  12. Célestine dit :

    C’est beau…
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

  13. claudeleloire dit :

    tu as raison de le souligner, et si cet incendie pouvait enflammer nos pensées … une flèche tombée qui nous réveillerait le coeur des hommes, pour plus de solidarité à l’encontre de toutes ces haines qui polluent l’atmosphère ambiante … une cathédrale peut toujours se reconstruire, même si elle prend des aspects différents mais quand les hommes s’entretuent … c’est … le désastre …
    amitié .

  14. dasola dit :

    Bonjour Plumes d’anges, depuis le 15 avril, je n’ai pas eu le courage d’aller voir Notre-Dame et pourtant, je ne travaille pas loin. Très beau texte. Bonne journée.

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