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« … Personne ne se souvient des mêmes détails d’un même évènement car le souvenir est fait comme un patchwork, il est composé de morceaux de vérité…
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… On me dit souvent : « Tout ça, c’est parce que tu avais un bon tempérament ! » Ce mot tempérament, nous l’employons dans les théories de l’attachement mais il n’a rien à voir avec la génétique ou l’inné. Le tempérament traduit le fait qu’au cours des interactions précoces, c’est à dire dès les premiers mois de la vie, si l’on est entouré par une mère, par une famille ou un substitut maternel sécure, cet adulte transmet quelque chose de cette sécurité qui lui appartient. Ma mère m’a certainement transmis quelque chose de cette sécurité, car lorsque je suis arrivé ici, à la synagogue, en ce jour de janvier 1944, j’étais très gai. C’est probablement ce tempérament -qui est une acquisition pré-verbale très précoce, dès les premiers mois de la vie, peut-être même les derniers mois de la grossesse- qui a fait que j’ai réussi, avec pas mal de chance tout de même, à résoudre ce problème invraisemblable et à m’évader.
Le tempérament, c’est l’apprentissage d’un style de relation. C’est une sorte de « goût », c’est ce « goût du monde » que l’on acquiert très tôt dans la vie. Il y a des gens qui goûtent le monde de manière amère, d’autres qui le goûtent de manière sucrée, il y a des goûteurs gais et des goûteurs tristes, des goûteurs accueillants et des goûteurs hostiles. Et ce « goût du monde » explique nos réactions souriantes ou méfiantes, intellectuelles ou désespérées. Ce goût du monde est une empreinte très précoce… »
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Extraits de : « Je me souviens… » 2009 Boris Cyrulnik.
Tableaux : 1/« Madone et enfant » 2/« Portrait d’enfant » Marianne Stokes 1855-1927.
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Nous avons l’immense pouvoir de transmettre…
BVJ – Plumes d’Anges.