Fraternité…

.

.

« … La révolte en paroles est aisée mais l’action est difficile, surtout lorsqu’elle se veut efficace…

.

… Il ne suffit pas d’aimer. L’intelligence doit s’unir au cœur pour forger la relation adaptée à la personne, au cas ou au pays. Lorsque je parle du respect et du souci de l’autre, j’entends aussi l’étude rationnelle du problème : genre de difficultés, nature des aspirations, nature des moyens matériels et spirituels. Seul ce type de relation garantit de ne pas imaginer des solutions à partir de nous-mêmes, mais nées de l’écoute et de la vision de l’autre. Cela exige persévérance et acharnement. Ce n’est pas du feeling…

.

… Voici le dilemme : est-ce que j’appréhende exclusivement le monde, la personne, la chose pour ce qu’ils vont m’apporter ? Ou bien est-ce que je considère aussi le monde, la personne, la chose pour ce qu’ils sont et que je peux leur apporter ? Cela demande des examens de conscience quotidiens…

.

… « Si je savais quelque chose qui me fût utile, et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose utile à ma famille, et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe, ou bien qui fût utile à l’Europe et préjudiciable au genre humain, je le regarderais comme un crime. »

Montesquieu 1689-1755.

.

…Chaque individu est la clef de la possibilité d’un monde plus juste, que le champ d’action soit important ou modeste…

.

… Sans détour, considérons aussi une des faces obscures de l’âme humaine. Devant une réussite, nous soulignons volontiers la part importante que nous y avons prise. Au contraire, qu’un échec se produise et c’est toujours plus ou moins la faute de l’autre ! De même, nous avons tous tendance à imputer aux autres la responsabilité de l’injustice structurelle. Les multinationales, les gouvernements, les élus ont certes leur part, mais qui achète des actions aux grandes entreprises, qui met tel ou tel à la tête de  l’État ? N’est-ce pas moi, n’est-ce pas toi, n’est-ce pas nous ? Esclaves de la consommation, ne sommes-nous pas trop obsédés par le désir de posséder toujours plus? Sommes-nous au contraire poursuivis par le souci de créer une société plus juste et plus équilibrée où nous accepterions d’avoir moins pour que d’autres aient plus ?…

.

… Chacun doit réaliser son affranchissement personnel selon sa vocation propre. C’est en découvrant en lui, en faisant jaillir de lui, ses qualités à lui qu’il atteint sa stature d’homme.

Le problème initial est, je crois, d’être lucide avec soi. Ce à quoi je suis le plus attaché me laisse-t-il finalement un sentiment de vide, de manque, d’éphémère ? M’en éloigner serait-il un affaiblissement ou une libération ? Voilà le vif du sujet. Dois-je me dépouiller de certains plaisirs, de certaines relations qui ne sont finalement qu’un champagne qui m’émoustille ? Dois-je choisir la joie plus austère d’amitiés profondes où la recherche du bonheur des autres comblera mon cœur ? Dois-je continuer ma course à l’argent et aux plaisirs, ou bien dois-je refuser une euphorie fugitive pour reposer mon âme dans ce qui la pacifie ? De la réponse à ces questions dépendent la valeur et le sens de ma vie. C’est à moi et à moi seul, en tout cas, de prendre ma vie en main…

.

… Que tu le saches ou non, quand ta main est large ouverte, quand ton cœur irradie l’amour, tu mets librement en ce monde quelque chose d’éternel… »

.


Extraits de : « Richesse de la pauvreté »  Soeur Emmanuelle (avec Philippe Asso) 1908-2008.

Tableaux : 1/« Pauvres mais riches »  Thérèse Schwartze 1851-1918  2/ »Le Manque de nourriture »  William S.Rose 1810-1873.

…..

Rencontrer et partager…

BVJ – Plumes d’Anges.

6 commentaires sur “Fraternité…”

  1. alba dit :

    « C´est à moi et à moi seule de prendre ma vie en main »

  2. Dominique dit :

    je viens de lire une biographie de Camus alors tout naturellement ton texte me fait penser à sa phrase devenue très célèbre mais qui était tronquée dont voici le texte exact

    J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice.

  3. Rencontrer et partager : tout au long de notre vie, on a tous une richesse particulière à partager…

    Ma Chère Brigitte, je suis ravie de te connaître et de partager avec toi nos images et nos textes !

    Une très belle fin de journée.

  4. Mathilde dit :

    Merveille que la dernière phrase…
    Chez Montesquieu , celle qui me touche:  » trouver les solutions non à partir de nous-mêmes mais de l’ écoute et de la vision de l’ autre.. »
    Je repense aussi à St Louis qui se flagellait quand il était obligé de prendre des décisions que son coeur de chrétien n’ approuvait pas…!!
    Il est très fort ton message…avec soeur Emmanuelle c’ est bien de rappeler ce dont nous devons nous imprégner
    On a du pain sur la planche…qu’ il soit béni..:-))
    Bisous Brigitte

  5. Phène dit :

    Bonjour Plume d’Anges,
    L’on ne peut vivre la véritable Fraternité si l’on ne trouve d’abord l’Enfant Unique… Bien à Toi, douce âmie

  6. naline dit :

    Moi, je méditerai sur « persévérance et acharnement ». Chaque jour…
    Voilà qui m’inspire comme belle résolution de Carême !
    Merci, Brigitte !

Laisser une réponse

*