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« … Mains
Avez-vous prêté attention aux mains dans le retable de la Tour-du-Pin ? Les mains du Christ ? Celles de sa mère ? Les mains de Madeleine ?
Je dirais presque : avez-vous reconnu la main du maître. Je prononce ces mots sans ostentation, en sincère humilité. C’est aux mains qu’on reconnaît le maître. Les mains de Roger. Les mains de Léonard. C’est dans les lignes de la main qu’on discerne la nature du peintre. Là il révèle sa personnalité, son style, qu’on appelle : sa main. Là, il se trahit.
Un soir j’ai observé le retable et j’ai constaté qu’il avait une manière propre. C’était ma manière, personne d’autre. C’était ma main.
Je me suis senti seul, très seul.
J’ai regardé ma main. Ses lignes. Sa paume.
J’ai vu que de l’unique paume plusieurs doigts sortaient. Ils s’écartaient doucement. Il s’éloignaient les uns des autres, chacun dans sa direction. Seul… »
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Les balades prennent souvent naissance dans un petit détail : voir, revoir, découvrir… un lieu, un objet, une personne… Ce dimanche là, c’est un tableau dont j’avais entendu parlé dans la presse locale qui, à la question, « Où pourrions-nous aller ? » m’a fait immédiatement répondre « Et si nous allions à…! ». Et la récompense fut BELLE !
Le hasard heureux s’ajouta à la fête, deux jours après, je découvrais avec grand plaisir un petit livre, Le Maître de La Tour-du-Pin, il racontait l’histoire d’un tableau et du chemin d’apprentissage et de la vie de son auteur au début du XVIème. Les secrets d’atelier étaient transmis aux apprentis et aux compagnons qui travaillaient sous l’autorité d’un maître. Des différences existaient entre le nord et le sud de l’Europe et c’est pourquoi les disciples voyageaient d’une ville à l’autre, d’un pays à l’autre, avec des recommandations…
J’ai aimé cette réflexion sur les mains, j’ai aimé celles-ci dans le tableau de Brea tout comme j’ai aimé ses visages d’une intense beauté… La presse locale racontait à ce propos que Ludovic Brea avait perdu l’amour de sa vie lors d’une épidémie de peste, dans nombre de ses tableaux était représenté le visage de celle-ci…
Il y a d’amusantes coïncidences entre l’histoire narrée dans ce livre et celle de ce maître niçois !
Comme dans nos vies, non ?
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Extrait de : « Le Maître de La Tour-du-Pin » 1988 Jan Laurens Siesling.
Illustration : Polyptyque d’une « Vierge à l’enfant«
(Église Saint Jean-Baptiste aux Arcs-sur-Argens dans le Var – Image Wikipédia)
Ludovic Brea 1450-1523.
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Suivre le chemin des coïncidences…
BVJ – Plumes d’Anges.