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« … Le cœur, quand il existe, se voit de loin : un mont Fuji dans la poitrine.
L’écriture doit venir nous chercher où nous sommes, nous sortir de la tombe de nos vies, faire revenir dans nos veines le sang vieil or de l’amour…
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… Ils sont partout sauf en eux, ces gens qui font le tour du monde. Le plus long voyage que j’ai fait, c’était dans les yeux d’un chat. Les bêtes sont des anges. Leur silence est proche de celui des livres. Leur silence est de l’encre. Il porte une tunique de papier, une ceinture d’encre. Il entre dans notre cœur et il parle. De l’intérieur de nous. Sans mots. Les livres qui n’ont pas cette grâce ne sont que des marchandises, pesanteur et poison. Les livres – anges, les livres – animaux s’endorment une joue plaquée contre la paroi intérieure de notre cœur…
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… Madame,
vous m’avez demandé ce que c’était que les anges. C’est vrai qu’ils s’attardent dans mes livres bien après la fermeture de l’encre. Quand les phrases dorment, ils veillent. (…) Ma réponse ne serait pas complète si je n’ajoutais qu’on peut être parfois si présent à ce qu’on vit qu’il n’y a plus besoin de paradis – aucun mot ne suffisant pour dire la vie et la mort dépassées.
La vraie réponse c’est sans doute vivre, simplement vivre sans oublier de jouer. Les anges protègent les châteaux de sable, pas ceux de pierre… »
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Extraits de : « Un bruit de balançoire » 2017 Christian Bobin.
Illustrations : 1/ « Fleurs d’Orchidée blanche et Bégonia » Léon Wyczolkowski 1852-1936 2/ « Chat blanc » Takahashi Hiroaki 1871-1945.
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Dans des choses simples se cachent des trésors…
BVJ – Plumes d’Anges.