Retour aux sources…

.

.

« … Si vous l’aviez connu, vous n’auriez rien pu deviner, son regard était toujours doux, souriant. À ses côtés, on se sentait aimé. Mon père voulait savoir ce qu’il pouvait faire pour vous. Comment vous aider. Quel était votre désir.

Guettant la moindre grimace, le plus infime souffle de contrariété auquel il répondait :

– Cœur qui soupire n’a pas ce qu’il désire.

Alors, il partait en quête de ce qui pourrait vous soulager.

Le passé n’existait pas, seul le présent comptait.

Il répétait :

– Il ne faut offrir que de bons souvenirs…

.

Pendant les cinq ans de l’Occupation, Gilbert a rencontré ce qu’il y a de meilleur et de pire dans l’humanité. De toutes ses forces, il a décidé qu’il ferait semblant d’oublier le pire et se tournerait vers le meilleur…

.

Alors qu’on glorifie la supériorité occidentale, qu’on se félicite des découvertes, que l’on justifie alors la colonisation, Lévi-Strauss lui apprend à se défier de ses croyances dans un monde de progrès qui irait « vers l’avant ». Il dévoile les dévastations qui conduisent vers d’autres dévastations.

Gilbert lit et reconnaît ce qu’il a vécu enfant et adolescent, mais dans cet ouvrage, il reconnaît autre chose qui lui plaît, l’encourage, le charme.

Nous allons vers notre perte, il nous faut décrire et vivre la grâce de notre monde tant qu’il en reste des traces. Le pourpre d’un lever de soleil, les arômes suaves d’un fruit de la passion, l’ « ivresse olfactive » ressentis à l’arrivée en Amérique par l’océan, il reconnaît la fraîcheur verte de l’Arnette, la rivière dans laquelle il plongeait les deux bras jusqu’au coude, fouillant sans peur les pierres gluantes afin d’attraper des truites.

Tristes tropiques est son manuel, Claude Lévi-Strauss lui accorde l’impatience, la curiosité, l’inquiétude, le désir, la beauté et sa perte.

Il faut observer et voyager, Gilbert répétait à ses enfants, il faut vous créer de beaux souvenirs, reconnaissant que ce qui est bon et beau ne peut durer… »

.

Ce roman est un voyage vers les origines. L’auteur tente de comprendre son père, Gilbert, le pourquoi de ses fuites, elle ressent des non-dits. Elle se tourne vers celles et ceux qui l’ont connu et vers les archives, celles de l’Allemagne nazie et de la guerre d’Algérie.

Après des années de questionnements, elle ressent enfin la lumière de la paix intérieure, une très belle lecture !

.

Extraits de : « Les guerres de mon père »  2018  Colombe Schneck.

Illustrations ; 1/ « Renoncules d’eau »  Eero Järnefelt  1863-1937  2/ « Colombe » – étude –  Constantino Fernandes  1878-1920.

…..

Trouver ce qui nous encourage…

BVJ – Plumes d’Anges.

16 commentaires sur “Retour aux sources…”

  1. Aifelle dit :

    Les extraits donnent envie de le lire. J’aimais bien quand elle animait des émissions à la radio. Bonne semaine Brigitte, bises.

  2. Comme cela me fait du bien de revenir du côté de chez toi, de lire un beau texte, admirer des images qui me parlent, désolée pour mon absence depuis quelques mois, peut-être vais-je retrouver un nouveau souffle? Je t’embrasse.

  3. Merci Brigitte pour ces lignes de Colombe Schneck. Son écriture est toujours sensible. Quelle tendresse ce père toujours à l’écoute ! Je retiens la phrase: « il ne faut offrir de beaux souvenirs ».
    Belle et douce journée à toi ! Je t’embrasse. Claudie.

  4. Adrienne dit :

    je ne sais pourquoi j’avais perdu le fil de ton blog…
    Quelles magnifiques illustrations, encore et encore!

  5. eki eder dit :

    je note, ce livre m’intéresse. Merci du partage.
    bonne soirée Brigitte

  6. claudeleloire dit :

    vivre au présent tous les moments de la vie qui passe si vite, tellement vite que dans nos souvenirs ne gravont que les bons moments … laissons malgré tout une légère trace des difficultés afin de les rayer tant que possible de notre avenir …
    amitié .

  7. Colo dit :

    Une attitude de vie, de survie sans doute aussi.
    Aucun doute, être positif, le partager, aide à vivre, merci Brigitte!
    Bonne journée.

  8. Tania dit :

    Cela me donne envie de sortir « Tristes tropiques » de ma bibliothèque pour le relire. Je note ce titre de Colombe Schneck. Un billet merveilleusement illustré, merci pour ces renoncules d’eau d’un peintre finlandais que je ne connaissais pas. Je te souhaite une bonne journée, bises.

  9. Dominique dit :

    ce passage est très beau
    je connais la journaliste mais pas l’écrivain
    Grâce à toi vient d’arriver chez moi Le maitre de la Tour du pin !!!

  10. Fiorenza dit :

    Une Colombe que j’ai longtemps suivie à la radio !

    Ses coups d’ailes dans le ciel des livres semblent également attirants ;
    j’en retiens une phrase qui me servira tout au long de cette semaine :
    « Il ne faut offrir que de bons souvenirs ».
    Idéal difficile…mais l’idéal est toujours difficile !

    Merci, chère Brigitte, tes cadeaux livresques ressemblent à tes œuvres 🎨🌟🎨

  11. daniel dit :

    Le passage que tu as choisi me paraît très positif. Oublier le pire pour se tourner vers le meilleur: Voilà un bon conseil !

  12. Célestine dit :

    Tu nous dévoiles des merveilles avec une telle régularité que j’en suis émue et admirative.
    Merci ma Plume pour cette plongée quotidienne dans le Beau.
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

  13. Mayalila dit :

    C’est une quête essentielle … ce « père »qui constitue une de nos racines les plus puissantes ; surtout si l’on sait l’élever à un niveau qui dépasse la personne et touche chacun intimement !

  14. naline dit :

    Offrir des beaux souvenirs : quelle belle mission de transmission !
    Beau week-end !

  15. Florinette dit :

    Beaucoup de personnes affrontent ces non-dits qui pèsent dans les familles, qui les alourdissent. Heureusement qu’à travers certaines quêtes, ou voire même grâce aux constellations familiales, des barrières sautent en apportant la compréhension et de ce fait la libération. Belle fin de journée Plumes d’Anges, je t’embrasse !

  16. bizak dit :

    Ah! si l’homme comprend dans quelle voie il s’est fourgué : les guerres, les inégalités, les racismes, le rejet de l’autre, l’inquisition ( dans le passé), il prendrait peut être le temps de se réapproprier son âme ( qu’il a perdu !). Il comprendrait alors que d’autres voies sont possibles et à moindre frais : reprendre son humanité, celle que nous supposions supérieure aux autres êtres sur terre, alors qu’elle est sagesse compréhension, solidarité. L’homme se cogne la tête et ne réalise sa défaite qu’au crépuscule de sa vie et du monde forcément.
    Merci pour cet extrait Brigitte qui résonne fort.

Laisser une réponse

*