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« Sumire adore les oiseaux…
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… Quel beaux yeux elle avait ! Chaque fois que je les regardais, je tombais en admiration. Pareils à un lac mystérieux que les explorateurs et les aventuriers du monde entier auraient enfin découvert après avoir parcouru toute la Terre, ils viraient au bleu pâle, au vert mousse ou au bleu outremer en fonction des reflets de la lumière…
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… – Ton âme ?
Bien entendu je connaissais le mot, mais j’ignorais sa signification exacte.
– L’âme, c’est ce que nous avons de plus précieux. Si nous la souillons, nous perdons tout.
– C’est différent du cœur ?
– Bonne question, Hibari. Oui, c’est différent du cœur.
Sumire m’avait répondu sans hésiter. Puis elle a continué d’un air pénétré :
– L’âme est protégée par le cœur, qui est lui-même protégé par le corps.
Pendant quelques minutes, j’ai tenté de visualiser cela dans mon esprit. Le corps protège le cœur, qui protège l’âme, donc, en gros…
– C’est comme un daifuku* à la fraise ?
J’avais eu une illumination.
– Voilà, c’est exactement cela.
Sumire a écarquillé les yeux. Ils brillaient comme deux beaux lacs à la lumière du soleil.
– L’enveloppe de pâte de riz est le corps, la pâte de haricots rouges, c’est le cœur, et la fraise au milieu est l’âme, c’est tout à fait ça. Hibari, à votre avis, quel est l’essentiel dans le daifuku à la fraise ?
– La fraise !…
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… Parce que dans ce monde, pour construire son propre univers sans appartenir à un groupe, il faut une volonté inflexible…
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… Vous savez Hibari…
C’était ainsi qu’elle commençait quand elle s’apprêtait à me dire quelque chose d’important. Elle a continué doucement, le regard toujours tourné vers le ciel :
Quand il pleut, il faut se laisser mouiller par la pluie, et quand il vente, il faut se laisser fouetter par le vent. Faites comme vous l’entendez, Hibari. Mais…
Sumire s’est tue. Puis en me scrutant au fond des yeux, elle a repris :
Il n’y a que vous pour savoir ce que vous voulez vraiment. N’est-ce-pas ?… »
*daifuku —> ICI
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Extraits de : « Le Ruban » 2014 Ogawa Ito.
Illustrations : 1/« Perruches » Planche issue de « Le livre des Canaries et oiseaux de cage » 1878 2/« Fraises sauvages » Johann Adam Schlesinger 1759-1829.
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Chouchouter ce qui est précieux en nous…
BVJ – Plumes d’Anges.
Je ne suis pas sûre qu’à tout moment chacun sache ce qu’il veut vraiment, il saitt le plus souvent ce qu’il ne veut pas. Par contre, chacun à ses moments de vérité où là, il sait ce qu’il veut. J’aime aussi beaucoup la métaphore utilisée pour l’explication de l’âme. Utile pour expliquer aux enfants. Douce journée à toi Brigitte. Bises. Joëlle
J’aime énormément le tableau de fraises des bois. Tes choix iconographiques sont toujours un bonheur et une découverte. Merci Brigitte.
ANNE
je suis sous l’emprise de l’escargot aux pieds des fraises
Une très belle histoire, je vais attendre que le livre sorte en poche pour m’en régaler. Bonne semaine Brigitte 🙂
J’aime beaucoup la façon dont il explique l’âme !! J’en prends note, merci beaucoup Plumes d’Anges et belle journée, je t’embrasse.
Je suis comme Anne, touchée au coeur par ces fraises des bois qui sont là, comme un miracle.
Et pour le daifuku, et au risque de contrarier les japonais que j’adore, je ne prendrai que la fraise, et ce, sans état d’âme!
Quant au ruban qui relie les coeurs, il survivra à tout.
Ah, les beaux yeux d’oiseaux, et le cœur, et l’âme !
Doux échanges, belles questions, mais que savez-vous donc des daifuku ? Chez nous on les mange sans se poser de question, et sans consulter wiki.
Merci, bonne soirée, plumesdanges !
Coïncidence ? Je viens juste d’écrire un petit texte que je diffuserai prochainement
Une âme-fraise ? Jolie couleur si elle en avait une.
Comme les fraises, le coeur et l’âme le sont aussi, sauvages!…quel joli texte, je m’en souviendrai!
Tes illustrations m’enchantent, merci beaucoup et bonne fin de journée.
Quelle belle idée qu’un fond outremer pour des fraises des bois… Une merveille… Vert un peu Véronèse, rouge un peu Alizarine. Quel talent ce Schlesinger !
Des bises