Faim de vie…

17 avril 2023

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« … Je regardais distraitement le paysage défiler devant mes yeux, le menton posé sur mes genoux.

Un spectacle naturel, à l’opposé de l’environnement artificiel qui était le mien la veille encore. Mon esprit avait du mal à faire la mise au point. Je me sentais comme perdue au beau milieu d’un décor de cinéma particulièrement réaliste. L’île aux citrons était un lieu charmant et accueillant, l’endroit idéal pour s’oxygéner. Partout où mon regard se posait, je ne voyais que beauté. Une beauté qui frisait la perfection. La mer s’étendait jusqu’à l’horizon dans toutes les directions. Une vue qui apaisait l’âme…

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… La thérapie du toucher de Madonna était différente d’un massage ou d’une séance de chiropraxie, dans la mesure où elle ne faisait que caresser mon corps. Ses mains étaient enduites d’huile essentielle d’agrumes récoltés sur l’île, et à chacun de ses gestes, je me retrouvais enveloppée d’un parfum frais et sucré. On aurait dit que l’île aux citrons m’entourait de ses bras.

Je me tournais sur le côté ou sur le dos, obéissant à ses instructions. La douleur s’envolait comme une nuée d’oiseaux sous les effets conjugués de l’odeur des agrumes et de la chaleur de ses mains…

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… J’ai fermé les yeux, les paupières serrées, j’ai pris une profonde inspiration. C’était le vérité. Je pouvais sentir le parfum, soyeux et léger, des pruniers. J’ai eu la sensation que cet air frais, que j’avais goulûment aspiré, faisait éclore des centaines de fleurs de prunier en moi. Il y avait également un parfum d’agrumes, mon préféré. J’ai poussé une longue expiration.

Lorsque je concentrais toute mon attention sur le moment que j’étais en train de vivre, les tourments du passé et les affres de l’avenir s’envolaient. Il n’existait plus alors que l’instant présent.

Il y avait des choses, pourtant simples, qu’on ne réalisait qu’avec le temps. Être heureuse ici et maintenant me suffisait amplement désormais. (…) Je voulais simplement partager la vue qui s’offrait depuis cet endroit avec mon père et ma petite soeur. Leur en faire cadeau. Qu’ils rentrent à la maison non pas chargés du poids de la tristesse de nos adieux, mais avec l’image magnifique de l’union de la mer, du ciel et de la lumière. Car c’était le seul cadeau que j’étais en mesure de leur faire. Et admirer ensemble ce somptueux paysage était à mon avis le plus beau de tous les cadeaux.

J’étais heureuse d’être en vie.

Ivre de joie d’avoir pu vivre un jour de plus.

Il m’était impossible de retrouver le corps qui était le mien lorsque j’étais en bonne santé. Mais j’avais pu retrouver l’esprit qui l’habitait alors. Et j’en étais très fière.

Il soufflait en moi un vent de gratitude, comme une bourrasque de printemps…

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… La vie est semblable à une bougie. Elle ne peut allumer ou souffler sa flamme elle-même. Et une fois la flamme allumée, il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre qu’elle se consume et disparaisse, en laissant la nature suivre son cours. Mais il arrive parfois qu’elle s’éteigne, soufflée par une force supérieure, comme cela a été le cas pour vos parents biologiques.

Vivre, c’est être la lumière de quelqu’un d’autre.

User sa propre vie en offrant sa lumière à l’autre. Et de cette façon, s’éclairer l’un l’autre. C’est ainsi que vous et votre père, l’homme qui vous a élevée, avez vécu. J’en suis certaine.

La bougie allumée en votre honneur a brûlé toute la nuit d’avant-hier devant l’entrée de la Maison du Lion.

C’était une nuit exceptionnellement venteuse, mais la flamme a continué de brûler, sans jamais s’éteindre, jusqu’à ce qu’elle disparaisse tranquillement, comme dans un dernier soupir, et que la fumée s’envole, aspirée par le ciel.

Je pense en secret que ce mince filet de fumée qui s’est envolé dans le ciel est ce qu’on appelle l’âme. Et vous Shizuku, qu’en pensez-vous ?… »

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Imaginez une île posée sur une mer intérieure du Japon – l’Île aux citrons sur la mer de Seto – et la lumière se déploie immédiatement, la couleur jaune envahit l’espace.

Avec une immense délicatesse Ito Ogawa aborde un sujet difficile : la fin de vie pour des gens atteints d’une maladie incurable.

Shituzu, 33 ans, est accueillie par « Madonna » dans la Maison du Lion, havre de paix et de beauté qui propose à ses hôtes de vivre de doux moments avant l’inévitable grand départ. Le père de Madonna était très riche, il possédait beaucoup de terres sur cette île. Ayant hérité de sa fortune, elle a désiré la construction de ce lieu pour y recevoir des femmes et des hommes qui ne voulaient pas finir leurs jours seuls dans un hôpital, loin des leurs. Elle a passé les diplômes requis, s’est entourée de gens généreux – même les habitants participent à ce grand et beau projet. Mille et une attentions diverses et variées sont portées aux « invités ». Il y a par exemple – et il y en a tant d’autres à découvrir – ce rendez-vous du dimanche après-midi : tout nouvel arrivant, quand il se sent prêt, doit écrire une lettre et y relater le souvenir d’un dessert exquis ; les divines cuisinières tentent alors de reproduire ce met tant apprécié. Shituzu reprend goût à la vie, son cœur bat joyeusement dans l’instant présent aux côtés de Rocca une petite chienne affectueuse…

Ito Ogawa nous offre un cadeau avec ce livre d’une totale et élégante poésie, elle nous donne envie de nous dépasser pour accompagner les derniers temps de vie des êtres qui nous entourent. L’auteure peint un champs d’étoiles brillantes et scintillantes, c’est une lecture sensible, émouvante, MAGNIFIQUE…

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Extraits de : « Le goûter du lion »  2022 Ogawa Ito.

Illustrations : 1/ « Citronnier »  Hans Simon Holzbecker XVIIème  2/ « Mer et ciel »  Albert Bierstadt  1830-1902  3/ « Huppe sur une branche de citronnier »  Peinture anonyme – Inde XIXème.

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Accompagner la lumière…

BVJ – Plumes d’Anges.

Précieux écrins…

9 avril 2023

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 Notre-Dame de l’Assomption – détails – Sienne.

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Elles sont des coques, coquilles, coquillages déposés tels des écrins

au sein de villes petites ou grandes,

balises témoins d’un autre temps, offrandes à Dieu.

Des hommes désiraient ardemment, en s’approchant des cieux,

participer à la construction de ces merveilles.

Quand le regard profane rencontre une cathédrale,

il est d’abord attiré par les vastes proportions de l’édifice.

Puis il en scrute les parois de bas en haut, de haut en bas :

sidérante beauté, incroyables mosaïques, vitraux enflammés,

 marbres ciselés, rosaces, clochetons, porches,

flèches, colonnes, statues, symboles à profusion…

Les artisans étaient habiles, ils ne comptaient pas leur temps,

ils savaient qu’ils œuvraient pour une éternité.

Nul ne peut rester insensible face à la beauté de ces édifices,

l’imagination vagabonde

et l’on sait au fond de soi qu’il y aura toujours à découvrir…

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 Notre-Dame des Fleurs – détails – Florence.

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« … Le cœur émerveillé

J’ai interrogé mon cœur émerveillé

J’ai dit à mon cœur la merveille. »

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Leonardo Sinisgalli   1908-1981.

Photos BVJ  – mars 2023

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Pas à pas, croire en soi, se dépasser…

BVJ – Plumes d’Anges.

Épreuves…

3 avril 2023

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« En ce monde

Où la vie

S’émiette

Et nous fuit

 

Le poète

 

Enlace le mystère

Invente le poème

Ses pouvoirs de partage

Sa lueur sous les replis. »

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« Épreuves du poète »  Andrée Chédid  1920-2011.

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« En ces aubes où fermente la nuit

De quel élan

gravir ?

 

De quel œil contempler

villes visages siècles douleurs espérance ?

 

De quelles mains creuser un sol toujours plus fécond ?

De quelle tendresse chérir vie et terre

Abolir la distance

Cicatriser l’entaille ?

 

 À quelle lumière découvrir la beauté des choses

Obstinément intacte sous le squame des malheurs ? »

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« Épreuves de la beauté »  Andrée Chédid  1920-2011.

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Questionnements sans fin, parfois l’homme tourne en rond, il lui suffirait peut-être de gravir une marche ou deux pour observer le monde et les relations à l’autre sous un autre angle de vue.

La géographie resterait douce, l’exercice serait un pas de danse, un petit saut sur les dunes du quotidien, la lumière sculpterait des formes nouvelles, des bulles de beauté et de poésie, la vie en deviendrait plus douce… Sont-ce là des rêves ? 

Peu importe, c’est notre cœur qui doit parler et non notre tête ; elle, elle invente des histoires qui ne sont pas réalités, nous troublent et causent nos souffrances.

Petite méditation lors d’un joli voyage…

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Photos BVJ – Toscane – Mars 2023.

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Entendre le chant des dunes…

BVJ – Plumes d’Anges.

Blancs-tapis…

19 mars 2023

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« … Un peintre suisse du monde d’hier, Cuno Amiet, avait représenté, au début du XXème siècle, un skieur dans un paysage de neige : un point dans une nappe blanche, jaune plus exactement, enfin couleur de chair puisque la neige est la peau du ciel équarrie sur la Terre. Je voulais devenir ce personnage : une présence sans valeur dans un monde sans contours. Le voyage deviendrait un déplacement dépourvu de finalité, suspendu dans le monochrome. Ce serait l’action pure, parfaitement réduite à son seul accomplissement. Il y aurait la sueur, le silence et la trace. Les portes s’ouvriraient. J’entrerais dans le vierge, dilué…

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… Si nous avions eu pleine connaissance des crevasses sur lesquelles nous passions à l’aveugle, nous n’aurions jamais osé nous aventurer. Leçon pour la vie : ne pas tout savoir. La transparence est cet état qui, donnant à tout connaître, donne à tout redouter. La neige masquait l’ensemble et permettait de glisser dans l’inconscience, c’est à dire le bonheur. En ville, même principe. Si l’on se trouvait informé de la vie intime de nos proches, on n’accepterait plus le moindre contact…

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La nuit nous avait reconstitués. Nous foncions sur la fraîche. Du Lac commentait les devises des cadrans solaires sur les façades baroques : Horas Non Numero Nisi Serenas, « Je ne compte que les heures sans nuages ». L’homme serait inspiré de faire comme l’aiguille : retenir les rayons de la vie. Jamais les ombres.

Ces heures hautes et claires aidaient à l’exercice : effacer ce qui salit. Ne conserver ni rancune, ni dépit. Rester blanc. Comme neige…

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Le Blanc s’étendait dans l’indifférencié, par delà l’histoire et la géographie. Le Blanc ne constituait pas un milieu naturel, encore moins un paysage, mais une substance. Rapportée au monde abstrait, une substance s’appelle l’universel. Sa traversée s’appelle un rêve.

La neige était un élément transitoire, fragile et éphémère. Un jour, elle fondait. Le monde revêtait alors une forme que le manteau avait dissimulée. On croyait se glisser dans un décor. On s’invitait dans une parenthèse… »

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Sylvain Tesson et Daniel du Lac – guide de haute montagne – traversent les Alpes de Menton à Trieste avec skis et crampons en 85 jours, entre 2018 et 2021.  Il font une belle rencontre, un certain Rémoville – ingénieur de formation – qui se joint à eux. Ce livre est un « Carnet de voyage » relatant leurs quatre expéditions, La liberté, Le temps, La beauté et L’oubli en sont les titres poétiques.

Entrer dans le blanc n’est pas anodin, la souffrance y jouxte l’extase. S’extraire du quotidien et de ses vicissitudes, méditer, élargir son univers intérieur, ouvrir grand les yeux sur l’extraordinaire beauté du monde, s’alléger des fardeaux, se fondre dans les paysages, laisser monter en soi des bulles d’ivresse du passé, goûter au plaisir de la glisse et du feu qui réchauffe après avoir eu peur, avoir eu froid…

Cette immersion dans le blanc m’a touchée, peut-être parce que j’ai grand plaisir à « naviguer » dans les Alpes. J’ai apprécié le côté rebelle de l’écrivain voyageur, il nous offre un joli moment de lecture, très vivant, émaillé d’anecdotes ou de références littéraires, qui invite à partir maintenant, les blancs tapis ne sont pas éternels.

Dans notre monde qui tourne à l’envers, Blanc est un livre qui fête le printemps nouveau avec ferveur…

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Extraits de : « Blanc »  2022  Sylvain Tesson.

Illustrations : 1/« Rochers sous la glace et la neige »  Pekka Halonen  1865-1933  2/« Neige et eau »  Arthur G.Dove  1880-1946.

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S’immerger dans l’énergie du blanc…

BVJ – Plumes d’Anges.

Long voyage…

11 mars 2023

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« … je descends la montagne et je suis à pied, je fais toujours ça pour soulager le dos de mon cheval avant de rentrer. Aru me guette, je ne sais pas comment il fait s’il me guette toute la journée tous les jours que je pars enfin il me repère toujours en premier et là il crie. Ce n’est pas un cri comme un cri c’est de la joie. Ça non plus je n’ai pas les mots pour le dire je le perçois dans ma poitrine et c’est gigantesque et le petit court vers moi il ne court pas vite il est petit. C’est là que c’est bizarre chaque fois ça me fait quelque chose dans le ventre et c’est de l’émotion que je n’arrive pas à retenir, de l’émotion de voir qu’il m’attend et qu’il n’attend que moi et sur son visage le bonheur qu’il y a je ne peux pas l’expliquer c’est immense – mais c’est aussi une sorte de pitié effrayante quand je le regarde cavaler pour me rejoindre, il est tellement petit tellement faible ça me fait peur ça me fait de la tristesse à  me broyer, je me dis qu’il sera tout le temps petit et fragile et pourtant je le sais que ce n’est pas vrai seulement je voudrais le protéger pour toujours.

Alors il y a ces instants terribles et puis Aru est là et il se jette contre mes jambes et d’un coup ça va mieux, comme si maintenant qu’il était avec moi il ne pouvait rien lui arriver. Et je sais que tout ça c’est faux parce que c’est sa mère qui s’occupe de lui et c’est sa mère qui le protège, moi ce n’est qu’une sensation mais elle c’est en vrai chaque jour que Dieu fait. Il y a quelque chose d’injuste dans la course d’Aru vers moi et pourtant je le prends et je le garde et Ava sourit en bas du champ je jure que je devine son sourire. Après je finis le chemin avec le petit bonhomme sur mes épaules. Ce sont les seuls moments où je suis vraiment avec lui, ça ne cherche pas bien loin je m’en rends compte et j’embrasse Ava et on est là tous les trois dans la montagne je crois que je suis heureux…

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… Alors à cet instant je me dis que j’ai le choix. Ça peut rester comme ça toute notre vie Aru et moi, ou bien je peux essayer de réparer quelque chose mais c’est maintenant ce n’est pas demain après ce sera trop tard. (…) C’est dur à venir et j’ai peur que le môme me repousse et si j’étais à sa place c’est sûr que je détesterais l’homme qui se lève et qui s’avance vers moi, c’est ça qui me noue le fond du ventre, s’il a un geste de recul s’il s’échappe. Puis soudain il y a son regard sur moi. Dans ce regard je vois, bon sang ce que je vois ce n’est pas ce que je croyais, pas ce que j’appréhendais. Un élan contenu – je vois la joie qui n’ose pas se dire et c’est pareil quand il court vers moi les jours où je rentre de la chasse et même s’il n’a rien oublié il n’attend que ça, ce que je fais là, et c’est ouvrir les bras pour qu’il s’y jette et il se jette, et mes bras je les referme autour de lui comme si c’était un oiseau blessé on y est…

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… je comprends que notre vie ensemble ça tient à des choses banales comme celle-là, des choses qui ne sont pas aussi anodines qu’elles en ont l’air. Alors je tapote la croupe de Dark pour appeler le gosse. Je lui dis viens là marche pas derrière il y a de la place pour deux. Il s’approche il a le regard tout brillant et l’instant d’après on est botte à botte. C’est drôle il s’est redressé en arrivant à ma hauteur, il a gagné cinq pouces mon môme, je le jurerais, et il n’est plus aussi minuscule que je le pensais… »

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Liam, le narrateur, cabossé par son enfance, quitte la maison familiale à l’age de seize ans et part en dehors du monde vers les montagnes. Il vit de la chasse, tanne et vend des peaux. Un jour il fait la connaissance d’Ava, elle s’installe chez lui, il ne change rien à son quotidien. Plus tard elle lui parle de son désir d’enfant, il refuse mais un jour nait Aru. Il laisse à Ava le soin de s’en occuper, il le regarde de loin, pourtant il perçoit de troublantes émotions en observant ce petit bonhomme, il n’ose se laisser aller au bonheur.

Un soir, en rentrant des forêts, quelque chose n’est pas comme d’habitude, un drame fait basculer sa vie. Liam plonge dans un chaos total, une idée lui vient à l’esprit qui ne peut se réaliser, il lutte contre de vieux démons, des bribes de son enfance remontent, les cicatrices s’ouvrent à nouveau. Au fond de lui une petite étincelle fait son chemin. Aru, petit garçon fragile mais courageux, élevé avec amour par sa mère, attend patiemment, il n’a que cinq ans mais il montre à Liam  une voie d’humanité…

C’est une histoire difficile mais captivante, on ne peut la lâcher, on tourne les pages fébrilement jusqu’à la dernière. Une lecture intense qui nous raconte la naissance d’un père. Le style littéraire est particulier, il n’y a pratiquement pas de virgules dans les longues phrases mais celles-ci coulent comme des rivières…

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Extraits de : « On était des loups »  2022  Sandrine Collette.

Illustrations : 1/ « Tir réussi »  2/ « Jument blanche »  Winslow Homer  1836-1910.

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Chemin d’humanité, chemin d’amour, chemin de paix…

BVJ – Plumes d’Anges.

Premiers frissons…

5 mars 2023

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Être bien,

bien-être…

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Dehors, dedans, la nature s’illumine…

Une invite à convier le printemps frissonnant dans la maison.

Se nourrir de cette lumière, sentir qu’elle circule en nous,

renouveler l’opération si nécessaire et vibrer encore plus haut…

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Dès que l’habitude s’installe, naviguer vers d’autres lieux,

entendre le chant poétique de la nouvelle atmosphère,

percevoir en soi la douceur de l’éther,

renouveler l’opération si nécessaire et vibrer toujours plus haut…

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« Matin de printemps

Mon ombre aussi

Déborde de vie »

Kobayashi Issa

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Être bien,

bien-être…

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Photos BVJ – Autour de chez moi.

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Se nourrir des premiers frissons printaniers…

BVJ – Plumes d’Anges.

Redonner la lumière…

25 février 2023

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« Il meurt lentement

celui qui ne voyage pas,

celui qui ne lit pas,

celui qui n’écoute pas de musique,

celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux.

 

Il meurt lentement

celui qui détruit son amour-propre,

celui qui ne se laisse jamais aider.

 

Il meurt lentement

celui qui devient esclave de l’habitude

refaisant tous les jours les mêmes chemins,

celui qui ne change jamais de repère,

ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements

ou qui ne parle jamais à un inconnu.

 

Il meurt lentement

celui qui évite la passion et son tourbillon d’émotions,

celles qui redonnent la lumière dans les yeux et réparent les cœurs blessés.

 

Il meurt lentement

celui qui ne change pas de cap lorsqu’il est malheureux au travail ou en amour,

celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves,

celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n’a fui les conseils sensés.

 

Vis maintenant !

Risque-toi aujourd’hui !

Agis tout de suite !

Ne te laisse pas mourir lentement !

Ne te prive pas d’être heureux ! »

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Poème de Martha Medeiros – 2000

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Dans les déserts à traverser, dans les épreuves à vivre,

il y a l’acceptation puis la méditation.

Enfin vient le temps de l’action.

Celle-ci est parfois vaine, tous nos jours ne sont pas glorieux ou fructueux,

mais un matin arrive où l’on sent un souffle nouveau,

un besoin impérieux de rebattre certaines cartes,

d’initier un mouvement – peut-être le dernier –

et de repeindre notre univers aux couleurs de la VIE…

Avez-vous déjà arpenté ces chemins ?

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Illustrations : 1/« Femme aux chardons »  2/« Femme aux pivoines »  Alfred Agache  1843-1915.

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Redonner de la lumière à notre vie…

BVJ – Plumes d’Anges.

 

Enigme…

18 février 2023

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« … Je suis là, derrière vous.

Vous ne me voyez pas, vous ne m’entendez pas.

Vous ne soupçonnez même pas ma présence.

Mais je vous observe, comme on observe des poissons rouges dans leur bocal.

J’ai à ma disposition toutes sortes de ruses.

J’ai de quoi vous faire tourner en rond durant des heures,

des jours, des semaines. Tous autant que vous êtes.

La partie va être longue.

Tant mieux…

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… Elle avait gardé Scarlatti pour la deuxième partie. Six sonates interprétées avec une délicatesse et une maestria qui ont laissé le public époustouflé. Ce n’était plus la célébrité brillante de la première intégrale ni la mélancolie de la seconde : Terzian le jouait dans une plénitude sobre, déterminée, accomplie. Elle retournait la musique comme un gant, elle lisait à travers elle comme à travers une eau cristalline. Ses mains noueuses, sa silhouette marquée par la voussure de l’age semblaient aimantées par le clavier.

Je pensais à la succession d’interprètes qui avaient fait vivre cette splendeur à travers le temps. À ces rares volumes manuscrits, qui auraient pu être dix fois détruits, mais qui avaient été copiés avec ferveur, échappant ainsi aux outrages de l’oubli pour être réinventés de génération en génération. À ces pièces qui, presque trois siècles après leur création, avaient gardé le pouvoir de rassembler, comme elles le faisaient, ce soir, des êtres que tout aurait dû séparer, l’age, le degré de richesse, l’éducation, la couleur de la peau. J’ai pensé que dans le monde, à cette heure, la fureur et la haine embrasaient la planète un peu partout, qu’on mourait ici dans le bruit des fusils, là dans la détresse des famines et des exils. Mais ce soir, une fraction d’humanité s’était donné rendez-vous, à l’abri des notes, pour se réconcilier, se recueillir dans la joie pure d’une communion musicale.

La fin du récital a été à couper le souffle. Pas tant à cause de la virtuosité de Manig Terzian que de sa subtilité dans l’interprétation du programme qu’elle avait composé. Aux pièces rapides et légères, elle parvenait à imprimer une forme de lenteur méditative, une profondeur délicate et poignante. L’or et le miel coulaient de ses doigts…

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Mon visage était humide quand elle a terminé de jouer ce dernier bis. Je n’ai pas l’habitude de me laisser aller en public. Mais cette femme m’avait rappelé que, malgré les coups de poignard, malgré les outrages que la vie nous inflige, elle pouvait encore, sans prévenir, nous inonder de joie, pour peu qu’on accepte de la laisser venir à soi… »

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Roman choral à six voix, sur fond de sonates pour clavecin de Domenico Scarlatti.  555 sont à ce jour répertoriées mais un bruit court : une nouvelle partition serait apparue.

Les personnages se dévoilent ici un à un, dans un ordre régulier à neuf reprises. Les facettes des caractères et des comportements sont diverses, les réactions des uns et des autres tantôt nous émerveillent, tantôt nous attristent. Ils se mettent à nu, nous livrent leurs qualités, leurs faiblesses, leurs amours, leurs trahisons, leurs doutes, leurs lignes de vie… Ils évoluent et se métamorphosent sous nos yeux, une formidable énigme les relient au cœur d’une histoire qui va crescendo et finit en apothéose. Celle-ci est comme une pièce musicale, elle a ses mouvements, ses adagio, allegro, staccato, vivace… Sa musique nous soulève, c’est une superbe lecture, je n’y mets aucun bémol,  et il est n’est pas interdit de lire en écoutant le divin Scarlatti

Dominique en avait parlé — >

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Extraits de : « 555 »  2022  Hélène Gestern.

Illustrations : 1/ « Visage » Étude   Friedrich Wilhelm Schadow  1788-1862  2/ « Nature morte » Bartolomeo Bettera  1639-1688.

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Parvenir à comprendre…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chant du changement…

12 février 2023

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« L’apparence des choses change en fonction des émotions ;

nous voyons la magie et la beauté en elles

lorsque la magie et la beauté sont en nous-mêmes. »

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Khalil Gibran

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 « Quoi que l’on comète

mettons-y des étoiles. »

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Sandrine Fillassier dans « Transe mission »

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 « Donnez à ceux que vous aimez

des ailes pour voler

des racines pour revenir

et des raisons de rester. » 

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Tenzin Gyatso Dalai lama

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 « Si tu vois tout en gris, déplace l’éléphant ! »

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Proverbe indien

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Quelquefois l’esprit semble vagabond, butine quelques fleurettes : son chant est capricieux…

Le cœur est en émoi, il cherche le sens du monde mais le monde a-t-il un sens ?

Il plonge son regard dans les eaux profondes de l’imaginaire,

cueille un rêve, quelques mots envolés,

deux ou trois couleurs pour peindre un autre ciel,

se laisse bercer par une sonate pianistique…

Le temps passe, une seconde, une heure, une journée et HOP,

le miracle a lieu, tout devient lumineux…

Faire confiance, dit le sage,

que la sagesse devienne un bien hautement contagieux !!!

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Illustrations : 1/« Ancien Testament » – image – Adolf Hult  1869-1943  2/« Constructions »  3/« Nature morte au réveil »  Olga Boznanska 1865-1940.

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Confiance garder…

BVJ – Plumes d’Anges.

Ondes lunaires…

5 février 2023

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« Ne t’accorde pas à ton siècle, laisse-le au contraire s’accorder à toi – 

Ne sois jamais l’enfant de ton temps ; voilà ce que m’enseigne la course du nuage. »

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« Par une nuit de pleine lune essaye de fixer la galaxie.

Tu verras qu’elle est cours d’eau, avec tes bras pour affluents, ta poitrine pour estuaire.

 

Aujourd’hui le ciel a écrit son poème à l’encre blanche. Il l’a appelé neige.

Ton rêve rajeunit tandis que tu vieillis.

Le rêve grandit en marchant vers l’enfance.

 

Le rêve est une jument qui au loin nous emporte sans jamais se déplacer.

Le nuage est las de voyager.

Il descend à la plus proche rivière pour laver sa chemise.

À peine a-t-il mis les pieds dans l’eau que la chemise se dissout et disparaît.

 

Une rose sort de son lit, prend les mains du matin pour se frotter les yeux.

 

Le palmier parle avec son tronc, la rose avec son odeur.

 

Le vent et l’espace vagabondent main dans la main.

 

Arc-en-ciel ?

Unité du ciel et de la terre tressés en une seule corde.

Il marche sur les versants de l’automne appuyé au bras du printemps.

 

Le ciel pleure lui aussi mais il essuie ses larmes avec le foulard de l’horizon.

Quand vient la fatigue, le vent déroule le tapis de l’espace afin de s’y allonger.

Dans la forêt de mes jours, aucune place, sauf pour le vent.

Pour toucher la lumière tu dois t’appuyer sur ton ombre.

Je sens parfois que le vent est un enfant qui crie porté sur mes épaules.

 

Comment décrire à l’arbre le goût de son fruit ?

À l’arc, le travail de la corde ?

 

Telle une main, la lumière se déplace sur le corps des ténèbres.

C’est l’épaule de l’espace qui s’effondre là-bas sous les nuages noirs.

L’espace dans l’œil de la guillotine est lui aussi tête à couper.

Tu ne peux être lanterne si tu ne portes la nuit sur tes épaules.

Je conclurai un pacte avec les nuages pour libérer la pluie.

Un autre avec le vent pour qu’il nous libère les nuages et moi.

 

La parole est demeure dans l’exil, chemin dans la patrie.

 

Qu’il est étrange ce pacte entre les vagues et le rivage –

le rivage écrit le sable, les vagues effacent l’écriture.

 

Mémoire – ton autre demeure où tu ne peux pénétrer qu’avec un corps devenu souvenir. »

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« Je me fatigue et me repose sur l’azur –

ma fatigue devient lune et soleil en un seul instant. »

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Ce soir… Pleine lune dite lune des neiges…

Restons calme au milieu des tourbillons cosmiques…

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Extraits de poèmes d’Adonis.

Illustrations : 1/« Clair de lune »  Oscar Pereira da Silva  1865-1939  2/« Étude de nuages »  Knud Baade  1808-1879.

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Offrir nos ondes positives…

BVJ – Plumes d’Anges.