Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Divin bon sens…

lundi 2 avril 2012

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 » Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l’idée qui la dirige est d’une générosité sans exemple, s’il est absolument certain qu’elle n’a cherché de récompense nulle part et qu’au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d’erreurs, devant un caractère inoubliable…

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… C’était un beau jour de juin avec grand soleil, mais sur ces terres sans abri et hautes dans le ciel, le vent soufflait avec une brutalité insupportable…

… Il me sembla apercevoir dans le lointain une petite silhouette noire, debout. Je la pris pour le tronc d’un arbre solitaire. A tout hasard, je me dirigeai vers elle. C’était un berger. Une trentaine de moutons couchés sur la terre brûlante se reposaient près de lui…

… Le berger qui ne fumait pas alla chercher un petit sac et déversa sur la table un tas de glands. Il se mit à les examiner l’un après l’autre avec beaucoup d’attention, séparant les bons des mauvais…

… La société de cet homme donnait la paix…

… Arrivé à l’endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes…

… Il s’était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement, avec ses brebis et son chien. Il avait jugé que ce pays mourait par manque d’arbres. Il ajouta que, n’ayant pas d’occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses…

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… Je lui dis que, dans trente ans, ces dix mille chênes seraient magnifiques. Il me répondit très simplement que, si Dieu lui prêtait vie, dans trente ans, il en aurait planté tellement d’autres que ces dix mille seraient comme une goutte d’eau dans la mer…

… Il étudiait déjà, d’ailleurs, la reproduction des hêtres et il avait près de sa maison une pépinière issue des faînes. Les sujets qu’il avait protégés de ses moutons par une barrière en grillage, étaient de toute beauté…

… Le côté d’où nous venions était couvert d’arbres de six à sept mètres de haut. Je me souvenais de l’aspect du pays en 1913 : le désert… Le travail paisible et régulier, l’air vif des hauteurs, la frugalité et surtout la sérénité de l’âme avaient donné à ce vieillard une santé presque solennelle. C’était un athlète de Dieu. Je me demandais combien d’hectares il allait encore couvrir d’arbres…

… Sur l’emplacement des ruines que j’avais vues en 1913, s’élèvent maintenant des fermes propres, bien crépies, qui dénotent une vie heureuse et confortable. Les vieilles sources, alimentées par les pluies et les neiges que retiennent les forêts, se sont remises à couler. On en a canalisé les eaux. A côté de chaque ferme, dans des bosquets d’érables, les bassins des fontaines débordent sur des tapis de menthes fraîches. Les villages se sont reconstruits peu à peu…

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… Quand je réfléchis qu’un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu’il a fallu de constance dans la grandeur d’âme et d’acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d’un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu… »

Extraits de la MERVEILLEUSE nouvelle  : « L’Homme qui plantait des arbres »  Jean Giono  1895-1970.

Tableaux : 1/« Paysage avec moutons »  Franz van Severdonck 1809-1889  2/« Berger et troupeau »  Félix-Saturnin Brissot de Warville 1818-1892  3/« Forêt »  Ivan Chichkine 1831-1898.

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Retrouver notre divin bon sens…

BVJ – Plumes d’Anges.

Roses pensées…

vendredi 30 mars 2012

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… »Un jour, ou plutôt une nuit, j’ai fait un rêve insensé…

J’étais assis sur un banc de pierre, entouré de fleurs toutes plus belles les unes que les autres, toutes plus colorées, toutes plus parfumées…

J’étais en extase devant ces merveilles, ces chefs-d’œuvre de formes, de couleurs et de parfums.

Je me disais :

– Mais qui a inventé tout ça ? Qui  les a conçues ? Qui les a programmées ?

J’en étais là de mes réflexions lorsque je vis un homme coiffé d’un immense chapeau de paille, le jardinier sans doute !

Il était en train de faire des trous dans la terre avec son index.

Dans chaque trou, il déposait quelque chose d’invisible à mes yeux, de si minuscules graines qu’elles étaient invisibles à l’œil nu.

Je m’approchai.

– Que plantez-vous là ? lui demandai-je.

– Des pensées, me répondit-il !

– Des fleurs ?

– Non, des pensées… des idées, si vous préférez ! Chaque fois que j’ai un embryon de pensée, je l’implante dans la terre, afin qu’elle germe, s’enracine puis cristallise ma pensée.

– Ne me dites pas que toutes ces fleurs que je vois autour de nous sont nées de vos pensées ?

– Hélas non ! Elles ont été conçues, alors que j’étais encore dans les limbes, par des cerveaux beaucoup plus imaginatifs que le mien ! Regardez ces belles roses ! Si je pouvais savoir qui en a eu l’idée, je lui enverrais des fleurs !

– Ici, vous n’avez que l’embarras du choix…

– Non, monsieur, les miennes de fleurs ! Toutes ces fleurs ont été créées par d’autres, des esprits surdoués. Mais moi, je voudrais apporter ma petite pièce à cet immense bouquet… »

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« Pensées créatives » Extrait de « Rêvons de mots »  Raymond Devos 1922-2006.

Tableaux : 1/ »Petit jardinier respirant le parfum d’une fleur »  Jean-Paul Haag 1854-1906  2/ »Roses avec poupée bleue »  Karoly Ferenczy 1862-1917.

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Puissent nos pensées exhaler de doux parfums d’étoiles ! …

BVJ – Plumes d’Anges.

Dans la nature…

mercredi 28 mars 2012

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… » En Juin, l’herbe pousse, les feuilles croissent.

Autour de ma cabane, les arbres fond de l’ombre.

Les oiseaux sont contents d’avoir leur refuge,

Et moi je suis content d’avoir un pauvre toit.

Quand j’ai sarclé mon champ et tissé mon lin

Je prends un livre et m’en vais lire à l’ombre.

Il y a des ornières dans mon étroit chemin

Et parfois la charrette des amis doit faire demi-tour.

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Je me verse une tasse de vin du printemps

Et vais cueillir une laitue fraiche au potager.

Une petite pluie vient de l’est

Puis un vent doux abat la pluie.

Je lis les chroniques des temps très anciens,

Je regarde les images du vaste monde.

Je dis « oui » à l’univers.

Si cela n’est pas le bonheur, où donc est le bonheur ? »…

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Poème (extrait de « Chant du retour » ?)  Tao Yuanming 365-427.

Tableaux : 1/ »Printemps »  Elisabeth von Eicken 1862-1940  2/ »Fruits »  Emilie Preyer 1849-1930  3/ »Jour d’été dans le Sognefjord »  Thérèse Fuchs 1849-1898.

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On est riche de choses simples…

BVJ – Plumes d’Anges.


Observation…

lundi 26 mars 2012

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« Lorsque l’archer tire sans aucune intention de gagner, il est en

possession de tous ses moyens ; lorsqu’il tire pour gagner une boucle

de cuivre, il est nerveux ; lorsqu’il tire pour gagner un objet en or, il est

aveugle, voit deux cibles et perd l’esprit. Son talent est toujours le

même, mais la perspective des prix à gagner le neutralise. Il pense

beaucoup plus à la récompense qu’au tir ; le besoin de gagner lui ôte

son pouvoir. »

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Tranxu sage chinois cité par Anthony de Mello 1931-1987  dans « Quand la conscience s’éveille ».

Tableaux : 1/« Jeune garçon à la flèche »  Giorgione 1477-1510  2/« Nanette Kaula »  Joseph Karl Stieler 1781-1858.

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Aller sans peur, vers ce que l’on aime…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chemin d’amour…

vendredi 23 mars 2012

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… »La voie du cœur, qui s’arrache à tout émotionnel, à tout usage du pathos, est celle de la connaissance spirituelle, avec ce que cela suppose de recherche, d’étude, de réflexion, de silence, de discernement, d’écoute et d’expérience intérieure personnelle… Rude chemin mais chemin d’amour, cette connaissance faisant appel aux élans et aux ressources du cœur tels que l’enthousiasme, le désir, l’ardeur, l’émerveillement, le goût de la beauté… Comprendre, cela équivaut à embrasser : c’est relier, tenir ensemble contre soi, sur son cœur, c’est connaître par le cœur…

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… Le secret n’est pas ce à quoi nous parvenons au bout de la quête, mais ce dont nous partons. C’est à partir du secret que l’on a accès à l’univers… Prendre acte du secret des choses et des êtres, c’est découvrir que l’équilibre, voire l’harmonie du monde, d’un individu, vient non de leur solidité mais de leur légèreté. Le secret nous enseigne ce principe de légèreté. Le poids de la réalité, c’est celui de la buée, de la plume, du grain de poussière, de l’aile du papillon et, chez les hommes du sourire, du frisson et des larmes…

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… Devant l’exhibitionnisme émotionnel, devant la pusillanime ostentation des gens qui se croient importants, l’élégance qui consiste à se taire, à patienter, est la seule sauvegarde. C’est bien-sûr une conduite de beauté, refusant tout laisser-aller langagier, gestuel ou vestimentaire ; c’est aussi façon de rendre grâce à la beauté qui survit à tout et qui demeure la seule étoile dans un paysage brouillé…

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… Le secret illumine le monde… Privés de la lumière du secret, les hommes s’en tiennent à leurs yeux de chair, ils croient ce qu’ils voient et vivent dans un monde sans profondeur, sans surprise et sans grâce…

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… D’abord on cherche le sens des choses, on veut percer les secrets de la Nature, de l’homme. Puis vient non la lassitude mais l’écoute, l’attentive patience – le commencement de la sagesse. Dès lors le sens s’évapore, il ne pèse plus face au mystère sans fond et sans explication. Ce sens des choses si fiévreusement scruté fait place à la beauté des choses, une beauté tranquille, incompréhensible, presque stupéfiante dans son innocente, dans sa gratuité. L’homme qui cherchait, l’homme qui voulait savoir devient un homme éperdu : désormais la louange et la contemplation emplissent son cœur et toute sa vie…

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… « L’homme parfait est celui chez qui la lumière de la Connaissance n’éteint pas la lumière de l’Amour. » Ghazâli  XIème siècle. »…

Extraits de : « La puissance du cœur »  Jacqueline Kelen 2009.

Tableaux : 1/« Lac Majeur »  Ivan Aïvazowski 1817-1900  2/« Jeune femme »  Pierre-Auguste Cot 1837-1887  3/« Bouquet de fleurs »  Willem van Aelst 1625-1683.

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Aspirer à la légèreté de l’être…

BVJ – Plumes d’Anges.


Primus tempus…

mardi 20 mars 2012

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PREMIER JOUR DU PRINTEMPS…

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… »S’éveiller est toujours une surprise. »…

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… »Dans une âme pleine, il y a de la place pour tout et dans une âme vide, il n’y a de place pour rien. Qui peut comprendre ! »…

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… »L’amour,

s’il tient en une seule fleur

est infini. »…

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À TOUTES ET À TOUS, JE SOUHAITE UN BON PRINTEMPS…


Extraits de : « Les Voix » Antonio Porchia 1885-1968.

Tableaux : 1/ »Jeune fille avec roses dans les cheveux »  Friedrich Krepp XIXème  2/ »Madame Thomas Lynch » (détail)  Jeremiah Theus 1719-1774.

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Voir comme au premier jour…

BVJ – Plumes d’Anges.


Chaque jour…

samedi 17 mars 2012

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« Ici et maintenant

Chaque jour de la vie est un apprentissage

Apprentissage pour moi-même

Bien que l’échec soit possible

Vivant chaque instant

L’égal de toute chose

Prêt à tout

Je suis vivant

Je suis ce moment

Mon avenir est ici et maintenant

Car si je ne peux endurer ce jour

Quand et où le pourrai-je ? »

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Trouvé sur le net, extrait de  : « Paroles de tous les jours » Soen Ozeki (moine né en 1932).

Tableaux : 1/« La table du rat de bibliothèque »  Claude Raguet Hirst 1855-1942  2/« Jane Nassau Senior » George Frederic Watts 1817-1904.

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Chaque jour, apprendre avec son cœur…

BVJ – Plumes d’Anges.

Être soi…

jeudi 15 mars 2012

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… »Là où la nature repose complètement en soi, elle est environnée de silence. Tel un arbre, simplement, et comme il se tient là, et ne veut rien savoir d’autre. Un chevreuil qui pâture, et sa manière d’être totalement à ce qu’il fait en prenant sa nourriture. Un enfant qui s’adonne à son jeu avec un immense sérieux, entièrement absorbé. Là est ce silence, celui de la vie qui coïncide avec elle-même…

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… Le son de l’Être essentiel retentit sans cesse. La question est de savoir si, comme instruments, nous lui sommes assez accordés pour qu’il résonne en nous, et pour que nous l’entendions…

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… L’homme en chemin dit qu’il cherche son Essence. Mais il devrait dire qu’il eut se laisser trouver, car l’Essence ne fait que nous chercher… »

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Extraits de : « Le son du silence »  Karlfried Graf Dürckeim 1896-1988.

Tableaux : 1/« La violoncelliste » 2/« La joueuse de guitare »  Joseph Rodefer DeCamp 1858-1923.

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Qui suis-je ? Une vie pour le découvrir…

BVJ – Plumes d’Anges.


Salutation angélique…

mardi 21 février 2012

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… »Les cloches de Saint-Marc donnèrent le signal de la Salutation

angélique ; et leurs puissants éclats se dilatèrent en larges ondes sur le

miroir du bassin, vibrèrent dans les vergues des navires, se

propagèrent sur la lagune infinie. De Saint-Georges-Majeur, de Saint-

Georges des Grecs, de Saint-Georges des Esclavons, de Saint-Jean en

Bragora, de Saint-Moïse, de la Salute, du Rédempteur, et, de proche en

proche, par tout le domaine de l’Évangéliste, jusqu’aux tours

lointaines de la Madonna dell’Orto, de Saint-Job, de Saint-André, les

voix de bronze se répondirent, se confondirent en un seul chœur

immense, étendirent sur le muet amas des pierres et des eaux une seule

coupole immense de métal invisible dont les vibrations atteignirent le

scintillement des premières étoiles. Ces voix sacrées donnaient une

idéale grandeur infinie à la Ville du Silence. Partant de la cime des

temples, des hauts clochetons ouverts aux vents marins, elles

répétaient aux hommes anxieux la parole de cette multitude

immortelle que recélaient maintenant les ténèbres des nefs profondes

et qu’agitaient mystérieusement les clartés des lampes votives ; aux

esprits fatigués par le jour, elles apportaient les messages des

surhumaines créatures qui annonçaient un prodige ou promettaient

un monde, figurées sur les parois des secrètes chapelles, dans les

icônes des autels intérieurs. Et toutes les apparitions de la beauté

consolatrice qui invoque la prière unanime s’élevaient avec cette

immense rafale des sons, chantaient en ce chœur aérien, illuminaient

la face de la nuit merveilleuse…

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… Et puisque dans l’univers, la poésie seule est vérité, celui qui sait la contempler et l’attirer à soi par les vertus de la pensée, celui-là est bien près de connaître le secret de la victoire sur la vie. »…

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Extraits de : « Le Feu »  Gabriele d’Annunzio 1863-1938.

Tableaux : 1/ »Place Saint-Marc » cercle de Francesco Guardi 1712-1793  2/ »Place Saint-Marc la nuit »  Federico-Paolo Nerly 1842-1919 3/ »Place Saint-Marc, Palais des Doges et Campanile » 4/ »La Douane et Saint-Georges »  Johann Gottfried Steffan 1815-1905.

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Abaisser les paupières et capter la résonance divine…

BVJ – Plumes d’Anges.



Voyages intérieurs…

jeudi 16 février 2012

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… »Nos imaginaires creusent les sillons de nos destins. J’ai appris entre-temps à me méfier de mes souhaits car ils finissent toujours par se réaliser…

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… Lorsque la quête, d’extérieure se fait intérieure, il se passe une chose étrange. De trépignant et hargneux qu’il est au tout début, le piétinement sur place se fait d’abord morne puis songeur et peu à peu s’amorce un creusement subtil sous les pieds – un approfondissement. Jusqu’alors, toujours en partance, alertée, changeant de lieu et d’aventure, je m’accommode de rester à la surface des choses. En m’attardant où je suis, je fore peu à peu. J’ai enfin accès aux nappes souterraines, à la richesse nourricière. L’aventure pivote doucement sur elle-même, comme le mécanisme secret d’une serrure et révèle au contemplateur ébahi des salles immenses sous ses pieds, tout un univers de voûtes qu’une respiration secrète bombe d’arc en arc…

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… Tout ce qui tient debout sur terre le doit à la conspiration de l’amour…

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… La vie sur Terre comme sur tout grand navire au milieu de l’océan n’a pas de sortie d’artistes ou issue de secours. Qui s’embarque est du voyage jusqu’à la fin…

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… Sans strictement n’y rien comprendre et sans qu’aucun mérite ne m’en revienne – pour la seule raison que les cœurs des hommes sont des vases communicants même au-delà du temps et de l’espace et que j’ai ouvert le mien – je sens que circule, d’alambic en alambic, à travers les circonvolutions des serpentins et les multiples coudées, jusque loin dans le passé, la vapeur brûlante de la compassion…

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… Si son chien vivait encore, il l’eût reconnu – car les chiens ne sont pas des hommes. Ils ne se laissent pas leurrer par les apparences. Ils vont droit à l’être…

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… Comme il est manqué, flottant, frustrant, le jeu d’un être qui ne s’est pris que pour lui-même !

Face à ce royaume du gris, du terne et de l’enfermement se dresse la péninsule des Vivants.

Saisissante Réalité des existences ouvertes à la Louange et qui font du lieu où le vent les a soufflées un jardin des Quatre Saisons ! L’interminable cohorte des jours et des nuits les traverse, et la jeunesse, la vieillesse, la lumière, la pénombre, les échecs, les succès, les deuils et les fêtes !…

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… Oser braver l’instant ! L’entendre qui respire !…

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… Ces longues enclaves que je me ménage depuis quelques années et où je m’assois pour ne me préoccuper de rien – où je lâche leur bride à mes pensées pour les laisser brouter plus loin – sont désormais le plus grand luxe de ma vie, le seul. (Car peut-on parler de luxe quand il s’agit d’acquérir les choses qui s’achètent ! Dérision suprême de ce luxe-là !)…

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… Là où un homme et une femme se sont rencontrés et se sont reconnus, l’éternité est prise comme une bulle d’air dans un ambre…

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… La vie est bonne dans une maison où les caresses s’échangent…

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… Et Giacomo en apercevant Laura aura demandé à l’ange qui le guidait :

– Dis-moi, cette superbe femme qui s’avance vers moi et me sourit, qui est-elle ?

L’ange se sera mis à rire :

– Quoi, Giacomo, tu ne reconnais pas ton âme !

Celle qui vint te chercher dans une vie rutilante et clinquante, couvert que tu étais d’honneurs et de masques – pour te précipiter dans l’abîme du cœur ! Tu lui dois une fière chandelle. Ceux qui n’ont pas aimé comme fous sont comptés pour morts ici… »

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Extraits de « Rastenberg »   Christiane Singer 1941 – 2007.

Tableaux : 1/« Les escaliers d’or »  Edward Burne-Jones 1833-1898  2/ »Deux papillons »  Giovanna Garzoni 1600-1670  3/ »Fleurs sur dessus de table en marbre »  Rachel Ruys 1664-1750  4/ »Corail, plantes marines et coquillages »  Anne Valayer-Coster 1744-1818  5/« Roméo et Juliette »  Ford Madox Brown 1821-1893.

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Se tourner vers notre essence première…

BVJ – Plumes d’Anges.