Mots inspirés…

7 novembre 2019

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Signes

 

« Ils ramassent des coquillages

Ils cherchent des formes dans les nuages,

dans les lointains horizons.

 

J’ai cherché des signes

J’ai interrogé le ciel, les constellations,

ces fragments de destin

qui viennent des étoiles.

 

Un signe peut-être m’aurait fait signe,

Une voix parmi les voix.

 

Il n’y avait rien à comprendre.

Alors j’ai ramassé le néant. »

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Jardin secret

 

« Il est assez grand pour contenir nos rêves.

Sur ses murs,

lichens et mousses dessinent nos chimères.

Jardin d’herbes folles et de brindilles jaunies

plus vaste que le monde !

Jardin secret dans le creux de nos mains. »

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Ombre

 

« À l’ombre de soi

est la demeure de l’ombre.

 

Sables et pierres,

strates de l’âme,

le fond de l’être obscur.

Aller jusqu’à l’extrême de soi

pour trouver le désert

sans déplacer les pierres,

sans réveiller l’écho ni la lumière.

 

On ne connait son ombre

que dans l’ombre. »

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Inachevé

 

« Regarder pour le plaisir

les images dans l’eau,

perpétuelle recherche de la lumière.

Indicible écriture des eaux jamais en repos,

poursuivant des profondeurs secrètes.

Paysages de nos pensées

vivants parce qu’inachevés. »

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Une très belle écriture qui courre entre ombre et lumière.

Fruits de méditations, les mots s’envolent et se posent comme des oiseaux,

sur des mousses, des pierres, des âmes…

À lire et à relire.

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Extraits de : « La forme des pierres après le passage du vent«   (Encres de Fabienne Verdier)  2005  Anne Pion.

 

Illustrations : 1/« Mont Kuriko »  Takahashi  Yuichi
1828-1894   2/« Mémoire »  Elihu Vedder
1836-1923.

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Saupoudrer nos jours et nos nuits de poésie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Murmures des hauteurs…

4 novembre 2019

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« … Une plume inconnue, jaune et bleu gris, gît sur le sentier dans le scintillement du mica et l’éclat de pierres surprenantes. Et une intuition aigüe, où l’intellect n’a rien à faire, me persuade que dans cette plume sur la piste argentée, dans les rythmes du cuir et du bois, dans le soleil, le vent et le bouillonnement de la rivière, dans ce paysage sans passé ni avenir, dans cet instant, dans tous les instants, le transitoire et l’éternité, la mort et la vie ne sont qu’un…

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… Et bientôt tout ce que l’on entend, tout ce que l’on voit et ressent prend une imminence, une imminence comme si l’attention de l’Univers entier se trouvait éveillée, un Univers dont on est le centre, un Univers autre que Soi, et qui cependant n’en diffère pas, même scientifiquement parlant : l’homme comme les montagnes est composé d’hydrogène, d’oxygène, de calcium, de phosphore, de potasse et d’autres éléments. « Tu ne jouis jamais du monde tant que la Mer ne coule pas dans tes veines, que tu n’es pas vêtu des cieux, couronné des étoiles, et tant que tu ne te perçois pas comme l’unique héritier de l’univers entier et plus encore, car chacun des hommes qui y vit en est l’unique héritier comme toi*…

* Thomas Traherne   « Les Centuries « 

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… Et voilà que tout autour de moi, les monts s’animent ; la Montagne de Cristal bouge. Bientôt me parvient le murmure du torrent très loin en contrebas sous la glace : il semble impossible que je puisse l’entendre. Même en l’absence totale de vent, le bruit des rivières va et vient, s’élève et se réduit, comme le vent lui-même.  D’instinct je m’épanouis en laissant toute la vie pénétrer en moi, exactement comme une fleur se remplit de soleil. Se dégager de cette vieille gangue, libérer son énergie, voler…

(…) J’abaisse mon regard des pics immaculés aux épines luisantes, aux nappes de neige, aux lichens. Bien que je ne la voie pas, la Vérité est proche dans la réalité de ce roc sur lequel je suis assis. Ces pierres dures font percevoir à mes os ce que mon esprit n’a jamais pu comprendre dans le Sutra du Cœur, que « la forme est vacuité et la vacuité forme », que le Vide de l’espace bleu-noir est contenu dans tout. Parfois lorsque je médite, les énormes rochers dansent.

Le secret des montagnes est qu’elles existent, simplement, comme je le fais moi-même : les montagnes existent simplement, ce que je ne fais pas. Les montagnes n’ont pas de « signification », elles signifient ; elles sont. Le soleil est rond. Je résonne de vie, les montagnes résonnent, et quand je puis l’entendre, nous partageons cette résonance. Je comprends tout cela, non par le truchement de mon esprit, mais par celui de mon cœur, conscient de l’inanité qu’il y a à tenter de percevoir ce qui ne peut être exprimé, sachant que ces mots ne seront plus que des mots quand, un jour, je les relirai…

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… Ces doutes me désespèrent. Dans mon souci de l’avenir, je dépouille le présent, dans mon évasion je laisse derrière moi une authentique liberté… »

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Ces jours derniers, j’étais ailleurs, en voyage, un voyage virtuel, un voyage livresque.

C’était un cheminement dans de hautes montagnes au milieu de pics glacés, de troupeaux, de cascades, de pierres, de drapeaux de prières, de rêves d’apparitions…

J’étais au pays du Léopard des neiges – merci Dominique, les éditions Gallimard ont enfin réédité ce titre épuisé –  j’ai vraiment aimé ce périple aux côtés de Peter Matthiessen. Il accompagnait alors le zoologiste George Schaller venu étudier le comportement des bharals en rut, et tous deux souhaitaient ardemment apercevoir des léopards des neiges.

Les précieuses connaissances et observations que nous livre l’auteur font basculer dans un autre monde, celui de la spiritualité, celui de l’ombre et de la lumière pures, celui des extrêmes qui semblent ici cohabiter dans de nombreux domaines. J’aurais envie de dire que pour certains voyages, comme pour le Chemin :  « on ne fait pas le voyage, c’est le voyage qui nous fait ».

Un moment très fort, la semaine prochaine je repars en compagnie de « La panthère des neiges« , j’espère que la vibration sera aussi forte…

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Extraits de : « Le léopard des neiges »  Peter Matthiessen  1927-2014.

Illustrations : 1/« Paysage enneigé »  Albert Bierstadt  1830-1902  2/« Rhododendrons »  Adrienne Jacqueline’s Jacob  1857-1920.

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Voir avec le cœur, pour mieux comprendre…

BVJ – Plumes d’Anges.

Force d’un prénom…

25 octobre 2019

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« … Il ouvre son sac et en sort un paquet qu’il pose sur la table.

– C’est ton cadeau d’anniversaire, ma petite Hekla. De ma part et de celle de ton frère. C’est Örn qu’il l’a emballé.

Il s’agit d’un livre, Images et Souvenirs, d’Asgrimur Jonsson. Je l’ouvre à la première page.

– Ce sont les mémoires de l’artiste qui a peint le tableau le plus monumental représentant l’Hekla. Ton grand-père était cantonnier dans la province des Hreppar à l’époque où Asgrimur y avait installé son chevalet pour peindre la mère de toutes les montagnes ainsi que plusieurs endroits de la région d’Arnessysla, en observant les lieux par l’ouverture de sa tente. Il avait monté une grande tente-cantine en toile brune qui sentait le moisi – sans doute parce qu’elle avait été repliée encore humide. Ton grand-père était allé le saluer, il m’a raconté que le coin d’herbe sur lequel l’artiste s’était installé avait été transformé en gadoue par la pluie et que c’était un véritable bourbier. Ça ne l’a pas empêché de percevoir la présence d’une chose plus grande, plus vaste. Vois-tu, Gottskalk, je crois que cette chose, c’était la beauté, m’a-t-il expliqué.

Il attrape le livre sur la table pour me lire les premières lignes qui parlent de l’éruption du Krakatindur, un des cratères de l’Hekla, en 1878. Je suis debout dans le champ, tout près de la ferme, gamin de deux ans, absolument seul. Soudain mon regard se porte vers le sud-est et là, tout à coup, des éclairs jaillissent dans l’air, gigantesques flèches rouges qui zèbrent la voute céleste enténébrée…« 

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ISLANDE, ce nom me fait rêver, j’imagine aussitôt des paysages sortis des premiers matins du monde – j’imagine mais je ne connais pas. Quand je vois sur la couverture d’un livre « Miss Islande », ce programme imagination s’enclenche immédiatement, si l’auteur est en plus Audur Ava Olafsdottir, mon cœur bat la chamade.

L’héroïne de l’histoire porte le nom d’un volcan, quand on sait ce qu’est la force d’un prénom, tout ce qu’il contient, on imagine volontiers sa personnalité. Hekla est une jeune femme déterminée, elle sait intuitivement ce qu’elle veut faire de sa vie, elle incarne la liberté même, celle de se donner les moyens de réaliser sa destinée. Elle est d’une générosité totale, ne se mettant jamais en avant, aidant ceux qui l’entourent, elle sait dire oui et elle sait dire non.  Sa créativité est permanente, elle ne cherche aucune gloire, elle cherche à ÊTRE dans toute la beauté du terme.

Décidément, je suis toujours en amour avec cette auteure, après lecture de son sixième roman…

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Extrait de : « Miss Islande »  2019  Audur Ava Olafsdottir.

Illustrations : 1/ et 2/ Carte de l’Islande montrant l’Hekla en éruption – Abraham Ortelius  1527-1598.

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Accomplir sa destinée…

BVJ – Plumes d’Anges.

Vivre conscient…

22 octobre 2019

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« … Vivre conscient n’est pas sans risques, et le recueillement pousse vite au désir de dépouillement, non pour s’appauvrir mais pour s’alléger…

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L’acceptation, finalement, suppose un choix paradoxal : celui de ne pas choisir ! De ne rien rejeter, de ne rien éliminer. Même le « pas désirable », le « pas bon », le « pas beau », le « pas bien »… On décide, à l’inverse, de tout accueillir, d’héberger ce qui passe et ce qui est. Par l’acceptation, on ouvre un espace intérieur infini, parce qu’on a renoncé à tout filtrer, à tout contrôler, à tout valider et mesurer et juger. En un sens, accepter, c’est s’enrichir et laisser le monde entrer en nous, au lieu de vouloir le faire à son image, et n’en prendre que ce qui nous convient et nous ressemble. C’est ce que disait à sa manière étrange Thérèse de Lisieux : « Je choisis tout. »…

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L’extase est une sortie de soi et une fusion dans autre chose de plus vaste : une révélation divine, ou parfois charnelle, l’accès à un autre monde que l’habituel, dans un autre état de conscience que l’habituel. Elle est une chute, un saut ou un détour – car, en général, on en revient – dans la transcendance et l’absolu. 

L’enstase est une chute en soi-même, et on y découvre que tout est là. C’est la douceur qui monte du dedans, le calme à qui l’on a permis d’émerger de l’intérieur. Tout à coup, éruption volcanique de sérénité. C’est toujours bouleversant de sentir cet apaisement autoproduit. Bouleversant de constater comme le calme enstatique nous relie au monde au lieu de nous en séparer. On se laisse alors transformer, au lieu de vouloir encore et toujours transformer ce qui nous entoure…

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Plutôt que le dépassement (de soi ou, pire, des autres), c’est l’accomplissement qui nous intéresse alors : ne plus penser sa vie en termes de victoires ou de défaites, mais d’expériences qui nous construisent… »

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J’ai beaucoup aimé ce livre, il est d’une grande bienveillance. Il se compose de 25 chapitres s’ouvrant chacun sur un tableau. L’auteur part de l’œuvre picturale pour soutenir son propos, son observation est fine, c’est très bien vu. Les mots nous parlent et élargissent notre univers.

Il y a aujourd’hui pléthore en matière de livres sur le sujet, celui-ci me semble d’un belle profondeur, le propos est limpide, tout s’éclaire en nous. On a envie de revenir sur cette lecture, on a envie de suivre Christophe André, c’est un livre de chevet qui fait du bien à l’âme…

Extraits de : « Méditer, jour après jour »   2011   Christophe André.

Photos BVJ – Plage de l’Almanarre – 1° octobre 2019.

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S’alléger et se sentir plus léger…

BVJ – Plumes d’Anges.

Poètes botanistes…

18 octobre 2019

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« Tout

homme

a sous les pieds

le centre de la Terre »

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« Le monde

tourne en rond

Ouvre-lui

sa cage ! »

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« Réveillez

l’eau

qui dort »

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« Refusez

de

marcher

Volez ! »

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Évoluer dans la nature sauvage, lorsqu’elle est pénétrable, est envoutant, c’est d’une grâce infinie. Aucune promenade, ne ressemble à la suivante, l’expérience est à chaque fois nouvelle. La saison, la lumière, le ciel, les feuillages, les fleurs, les oiseaux – leur absence – , la nuit, le jour… tout, absolument tout, concourt à faire de ces instants un évènement unique…

Certains Êtres, éblouis par la beauté de notre planète,  portent en eux une vision. Tel fut le cas d’Eugène Mazel, qui investit toute sa fortune en 1856 pour la création de ce jardin unique à Générargues dans les Cévennes. Il réussit à acclimater des espèces exotiques venant de lointains pays, rapprochant ainsi les continents. Des femmes et des hommes ne cessent depuis lors d’entretenir ce lieu de paradis. Il abrite aujourd’hui des « forêts » de bambous, des ginkgos, des séquoias, des camélias, des érables, des espèces connues et inconnues…

La mise en scène du lieu est splendide, c’est une exquise invitation au voyage. Eugène Mazel n’est bien sûr pas le seul à avoir ainsi accompli son rêve, il y en a d’autres, ces Hommes nous laissent  en héritage des trésors d’une haute valeur, ces cadeaux me semblent très émouvants, on ne peut se lasser d’admirer un jardin…

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Photos BVJ – La Bambouseraie de Prafrance près d’Anduze.

Extraits de :  « La Clef du monde est dans l’entrée à gauche«  – 2008 –  Francis Combes.

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Prendre le temps d’admirer la nature…

BVJ – Plumes d’Anges.

Des airs poudrés…

14 octobre 2019

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Rien ne semble bouger ici…

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… aucune présence, pas le moindre oiseau, l’esprit, seul, vagabonde, loin.

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D’invisibles voyageurs ont posé leurs offrandes.

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L’imaginaire peut danser sur l’étendue poudrée.

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Les rêves galopent et l’on semble entendre à nouveau le chant frémissant du silence, il s’élève doucement.

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C’est un chant paisible qui cisèle délicatement l’espace d’un univers presque fantomatique.

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Le temps est suspendu, il n’y a plus ni début ni fin…

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… il ne reste que l’essence d’une beauté,

le sel de la vie.

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Photos BVJ – Étang du Fangassier en Camargue.

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Récolter le sel de la vie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Mots ailés…

11 octobre 2019

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« … Je crois que c’est ça, un artiste. Je crois que c’est quelqu’un qui a son corps ici et son âme là-bas, et qui cherche à remplir l’espace entre les deux en y jetant de la peinture, de l’encre ou même du silence. Dans ce sens, artistes nous le sommes tous, exerçant le même art de vivre avec plus ou moins de talent, je précise : avec plus ou moins d’amour…

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J’ai toujours été sensible aux voix déportées par le vent, aux voix qui ne s’adressent pas à vous et vous amènent, un instant, quelques paroles banales, les paroles éternelles de chaque jour. Un auteur du début du siècle, Maeterlinck, a écrit de belles pages sur la substance de ces conversations ordinaires. Il montre cinq à six personnes prises dans l’ennui d’un dialogue sur la pluie et le beau temps. Pendant que se diffuse la grisaille des paroles convenues, un autre entretien a lieu en silence entre les visages. Un entretien d’âme à âme et parce que ce second échange, d’une profondeur infinie, a besoin d’un peu de temps pour aller à son terme, les gens poursuivent la conversation ennuyeuse, ils la poursuivent inconsciemment. Maintenant ils se séparent, ils ne se sont rien dit d’important et pourtant ils se quittent réconfortés. Dans cette méditation de Maeterlinck je vois le lien de l’écriture à la vie : tout écrivain cultive cet art de la conversation parallèle. Les mots qu’il écrit ne sont là que pour donner le temps à d’autres mots de se faire entendre. Il y a toujours deux livres dans un vrai livre. Le premier seulement est écrit… »

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Des pensées qui vagabondent en pays de poésie. Ce livre m’avait échappé et – ouf – j’ai pu en cueillir la sève. La richesse des images est infinie, des mots simples prennent ici une autre dimension, ils dansent et notre cœur chavire.

On ne peut jamais résumer les livres de Christian Bobin tant ils sont denses. Il peint les mots par petites touches, avec une immense délicatesse, il nous conduit au milieu des fleurs, des oiseaux et des papillons et l’on se prend à butiner ses mots, on se délecte de ses chants, il est un lumineux magicien et cette magie ne peut se refuser…

Extraits de : « L’épuisement »  1994  Christian Bobin.

Illustrations : 1/« La lectrice » Anton Laupheimer  1848-1927   2/« Graduation du cristal » Paul Klee  1879-1940.

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Trouver une autre dimension à notre monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Petit conte gourmand…

7 octobre 2019

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Petit conte souriant…

Une cerise, perchée sur un crémeux gâteau, s’ennuyait profondément.

Pourtant les bonnes fées d’un lointain verger, s’étant penchées sur son berceau, lui avaient promis un avenir radieux.

Son enfance fut heureuse, un ciel bleu l’accompagna, de fins nuages poudrés la protégèrent d’un soleil ardent.

Les jours passèrent, elle embellit, gonfla ses joues et rosit à souhaits !

Elle se mit à rêver d’un charmant prince et d’une lune de miel dans un lointain pays…

Quand un beau jour, elle fut cueillie, transportée dans une caisse, la caisse, dans un camion, puis dans un avion…

Nul paysage alentour ne ravit ses yeux, que de l’obscurité, du froid, du bruit !

Quelques jours plus tard, à l’autre bout du monde, elle se retrouva sur l’étal d’un marché. Une fort jolie dame, éblouie par sa fraicheur, l’acheta et l’emporta dans son château, demandant à la cuisinière de préparer le plus beau des gâteaux pour son fils chéri qui fêtait ses quinze ans.

La cuisinière, excellente pâtissière, se mit à sculpter la matière avec agilité. De ses mains expertes naquit un somptueux gâteau au sommet duquel elle plaça la dite cerise.

– « Quelle tristesse de me retrouver ainsi, seule au monde. » pensa-t-elle, un brin amère.

Les minutes passèrent et l’on apporta l’œuvre gourmande dans un magnifique salon avec tentures de soie et lustre « pampillant ». Elle n’avait jamais rien vu de si beau et de si féérique. Des bougies furent allumées pour ajouter de la fête à la fête.

Soudain, elle aperçut un jeune homme d’une incroyable beauté, son regard, son sourire charmeur l’envoutèrent.

– « Je le reconnais, dit-elle, le voilà mon charmant prince, celui qui habitait mes rêves. »

Et là, sous un rayon de lune, le jeune homme la saisit avec délicatesse et la croqua voluptueusement.

Son rêve était exhaussé !!!

Je précise aux lectrices et lecteurs de France, de Navarre et d’ailleurs, que ce conte aurait pu narrer l’histoire d’un bigarreau et d’une princesse charmante…

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Tableau d’Amélie Jackowski.

Conte gourmand et souriant (né lors d’une insomnie) – BVJ.

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Bien dessiner nos rêves…

BVJ – Plumes d’Anges.

Vœu d’humanité…

3 octobre 2019

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« … Ce livre ne parle pas de Tchernobyl, mais du monde de Tchernobyl. Justement de ce que nous connaissons peu. De ce dont nous ne connaissons presque rien. Une histoire manquée : voilà comment j’aurais pu l’intituler. L’évènement en soi – ce qui s’est passé, qui est coupable, combien de tonnes de sable et de béton a-t-il fallu pour ériger le sarcophage au dessus du trou du diable – ne m’intéressait pas. Je m’intéressais aux sensations, aux sentiments des individus qui ont touché à l’inconnu. Au mystère. Tchernobyl est un mystère qu’il nous faut encore élucider. C’est peut-être une tâche pour le XXI ème siècle. Un défi pour ce nouveau siècle. Ce que l’homme a  appris, deviné, découvert sur lui-même et dans son attitude envers le monde. Reconstituer les sentiments et non les évènements…

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Chaque chose reçoit son nom lorsqu’elle est nommée pour la première fois. Il s’est produit un évènement pour lequel nous n’avons ni système de représentation, ni analogies, ni expérience. Un évènement auquel ne sont adaptés ni nos yeux, ni nos oreilles ni même notre vocabulaire. Tous nos instruments intérieurs sont accordés pour voir, entendre ou toucher. Rien de cela n’est possible. Pour comprendre, l’homme doit dépasser ses propres limites. Une nouvelle histoire des sens vient de commencer…

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… « Attendez… Je veux que vous sachiez… Je n’ai pas peur de Dieu, j’ai peur de l’homme. » … »

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Une lecture bouleversante, un livre écrit douze ans et demi après le drame. L’auteure ne raconte pas les faits, ne prend pas parti, elle s’intéresse uniquement à ceux qui ont vécu Tchernobyl dans leur chair et l’on reste sans voix quant à ce qu’ils racontent, c’est vertigineux. C’est terrible de souffrir à ce point, de ne pas être reconnu dans cette souffrance et de se sentir oublié de tous.

Si le même évènement se reproduisait, comment réagirions-nous ? Qu’avons-nous appris de Tchernobyl ou plus récemment de Fukushima ?  Quand une catastrophe survient, les médias sont à l’affut d’images impressionnantes, ils ne prennent que peu de recul vis à vis de l’information (ou de la désinformation), les politiques manient avec maestria la langue de bois, on entend tout et son contraire. Et le peuple, que ressent-il, que fait-il de ses souffrances, de ses blessures, de ses morts, quels mots pourront un jour panser ses maux ?

Il y a encore un long chemin à parcourir pour que l’humanité soit humaine, on peut dessiner un autre monde, ce doit être possible si l’on en a la volonté profonde…

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Extraits de : « La Supplication »  1998  Svetlana Alexievitch.

Illustration : 1/« Ciel (La lumière qui n’a jamais été) »  2/« Fleurs sauvages »  Tom Thomson  1877-1917.

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Faire vœu d’humanité…

BVJ – Plumes d’Anges.

Le son du silence…

29 septembre 2019

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Ce qu’il y a d’extraordinaire quand on s’élève dans les monts, c’est la qualité du silence. Loin des foules, loin du monde,  juste de temps à autre, le chant d’un oiseau, le cri d’une marmotte, la cloche d’une vache. Écouter et entendre un silence total est vivifiant et aide au voyage intérieur. Le corps et l’esprit se détendent, une onde joyeuse parcourt notre être, tout parait simple et possible.

Regarder et voir devient alors une expérience nouvelle, nos sens se transforment, la vue se dilate, des milliers de détails inhabituels à notre quotidien apparaissent. La brume se lève, le souffle de la vie envahit l’espace, des parfums naissent et disparaissent dans la même seconde, la notion du temps semble différente.

J’avoue ne pas m’en lasser, je me sens aimantée par une force invisible, je pourrais rester des heures à un même endroit, ivre de cette envoutante beauté, de ce cadeau cosmique dont on est riche à jamais. Vous avez certainement vécu semblable situation, faîtes donc remonter en vous ces souvenirs et votre journée s’illuminera, je vous le souhaite de tout mon coeur…

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Photos BVJ, en Suisse.

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Se délecter du grand silence…

BVJ – Plumes d’Anges.