Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Vers une autre vie…

lundi 7 novembre 2016

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« … Alors elle avait parlé des chevaux, des montagnes, d’une autre vie ; elle avait parlé de cet amour des chevaux qu’elle avait toujours eu et que Samuel aussi avait eu si longtemps en partage avec elle, même si depuis un an ou deux c’était un peu passé, c’est vrai. Mais les chevaux pourraient l’aider à reprendre goût à la vie, à comprendre des choses qui semblaient ne plus le toucher ou le concerner. Elle voulait qu’il sache prendre le temps de regarder un ciel de nuit, de s’émerveiller devant une montagne, elle voulait qu’il sache respirer et souffler, parce qu’elle voulait qu’il entende comment on pense par le souffle et que c’est par lui que la vie circule en nous…

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… Ils se parlent peu, ils économisent leurs forces et se concentrent sur ce qu’ils ont à faire, ce qu’ils voient, ce qu’ils entendent, ce qu’ils ressentent. Les mots sont ici comme tous ces poids morts dont on se débarrasse parce qu’ils ne servent qu’à alourdir les bagages…

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… Elle voudrait reprendre ses esprits, retrouver le calme. Ou pouvoir simplement reprendre un à un tous les éléments de la soirée et les remettre chacun à sa place, en faire un beau jardin à la française, bien ordonné, comme si tout pouvait sortir de la confusion, de l’agitation et trouver une place où tout, à la fin,  participerait de la même organisation, de la même planification logique et rassurante, comme une cosmogonie tracée, ordonnée simplement, sans efflorescence ni chaos, sans accident ni profusion ni rhizomes. Mais la vérité c’est que le monde part totalement en vrille, il se déploie en lianes, en racines, il défonce les pavés et l’ordre des idées, il est comme une tumeur, organique, viscéral – elle veut juste arrêter de penser, calmer son esprit, ça suffit ; elle essaie de souffler lentement, comme quelqu’un qui vient de courir veut retrouver sa respiration. Elle marche et même si elle a froid, le froid n’est pas un ennemi, il lui fait du bien, la redresse. La blessure qu’il lui inflige est bonne, vivifiante…

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… Si on a peur des autres, on est foutu. Aller vers les autres, si on ne le fait pas un peu, même un peu, de temps en temps, tu comprends, je crois qu’on peut en crever. Les gens, mais les pays aussi en crèvent, tu comprends, tous, si on croit qu’on n’a pas besoin des autres ou que les autres sont seulement des dangers, alors on est foutu. Aller vers les autres, c’est pas renoncer à soi… »

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Extraits de : « Continuer » 2016  Laurent Mauvignier.

Illustrations : 1/« Lever de soleil » 2/« Arc en ciel »  Arkhip Kuindzhi 1842-1910.

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Retrouver le  fil de notre histoire…

BVJ – Plumes d’Anges.

S’élever…

lundi 24 octobre 2016

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« … En cours d’islandais, le professeur, un homme qui ne croyait pas aux rêves, donna pour sujet de rédaction à ses élèves : Réaliser ses rêves ; avec en sous-titre : Mes objectifs principaux dans la vie…

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… Comme l’a dit un sage : Le seul vrai voyage consiste à surmonter ses propres obstacles, à atteindre la cime de sa propre montagne…

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… Le monde réside dans l’œil de celui qui regarde. (…) Oui, c’est ça, sa dissertation traiterait de l’île vue d’en haut. Une fois atteinte l’altitude suffisante, tout se déploierait à ses pieds, en gravissant quelques mètres de plus, les choses rétréciraient deviendraient minuscules, et encore plus haut, tout finirait par se confondre, chaque élément s’enfoncerait dans l’autre pour s’y inclure, le monde formerait un ensemble harmonieux : prés verdoyants, champs de lave violette, landes et cratères de-ci de-là – et les deux lacs des plateaux pleins de truites grasses – et la Montagne – tout ne ferait plus qu’un, mer et terre seraient confondues, mer et ciel également, et rien n’aurait plus d’importance, car là-haut régnerait la stabilité de la certitude. Comme une évidence…

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… Ce qu’il y a de bien dans l’ascension d’une montagne, c’est qu’il n’y a qu’une seule voie, une seule option. Monter. Aucun risque de perdre sa route, de s’égarer dans des déviations ou de tourner en rond : elle suit d’un pas chancelant une piste étroite tracée par les moutons, jonchée de crottes et d’herbes mouillées écrasées, alchémille et saxifrage. Elle avance avec peine le long de la piste, place un pied devant l’autre pour gravir la côte à pic. Ça fait travailler les biceps.

La pente accompagne fidèlement chacun de ses pas ; rien qui puisse troubler ou égarer l’esprit à cette altitude…

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… Tout commence désormais à rapetisser ; plus haut, tout deviendra si minuscule que rien n’aura plus d’importance. Délivrée des petites misères du quotidien, elle connaîtrait bientôt la jouissance d’être au-dessus de tout ce qui traîne en bas, riche d’une vue d’ensemble perpétuelle, en long et en large, des vastitudes de la nature inhabitée… »

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Extraits de : « Le rouge vif de la rhubarbe » 2016 (en France)  Audur Ava Olafsdottir.

Illustrations : 1/« Maison de pêcheur » 2/ »Montagnes en hiver » Harald Sohlberg 1865-1935.

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S’élever au-delà de soi-même…

BVJ – Plumes d’Anges.

Histoires d’amour…

lundi 17 octobre 2016

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« … Le simple fait de remettre sur ses pattes un cloporte coincé sur le dos était pour moi une joyeuse rencontre. La chaleur d’un oeuf fraîchement pondu contre ma joue, une goutte d’eau plus belle qu’un diamant sur les feuilles mouillées de rosée, une dame voilée cueillie à l’orée d’un bosquet de bambous, son superbe capuchon pareil à un dessous de verre en dentelle flottant dans mon bol de soupe miso… la moindre petite choses me donnait envie de déposer un baiser sur la joue du Bon Dieu…

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… Ce n’est pas quelque chose que l’on m’avait appris et je ne savais d’ailleurs pas exactement quand j’avais commencé à le faire, mais avant de cuisiner, je suivais toujours le même rituel. J’approchais mon visage, mon nez, des aliments, j’écoutais leur « voix ». Je les humais, les soupesais, leur demandais comment ils voulaient être cuisinés. Alors, ils m’apprenaient eux-mêmes la meilleure façon de les accommoder…

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… Si tu cuisines en étant triste ou énervée, le goût ou la présentation en pâtissent forcément. Quand tu prépares à manger, pense toujours à quelque chose d’agréable, il faut cuisiner dans la joie et la sérénité.

Ma grand-mère me le disait souvent…

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… Dans la vie, nous sommes impuissants face à certaines réalités, je le sais bien. Très peu de choses dépendent de notre volonté, dans la plupart des cas, les évènements nous entraînent comme le courant d’un fleuve, ils s’enchaînent sans rapport avec notre volonté sur l’immense paume de la main d’une instance supérieure…

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… Il y a ce qui a disparu pour toujours.

Mais qui, néanmoins, demeure éternellement.

Et puis il y a aussi, si on cherche avec ténacité, tout ce qu’on peut conquérir, toutes ces choses qui nous attendent…

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… Un repas, c’est parce que quelqu’un d’autre le prépare pour vous avec amour qu’il nourrit l’âme et le corps… »


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Extraits de : « Le restaurant de l’amour retrouvé » 2008  Ogawa Ito.

Tableaux : 1/« L’orchidée » 2/« Litchi » « Fujishima Takeji 1867-1943.

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Faire les choses avec amour…

BVJ – Plumes d’Anges.

Poussières…

lundi 10 octobre 2016

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« … Nous croyons parfois avoir tout oublié, que la rouille et la poussière des ans ont désormais complètement détruit ce que nous avons un jour confié à leur voracité. Mais il suffit d’un son, d’une odeur, d’un contact furtif et inopiné pour que soudain, les alluvions du temps tombent sur nous sans compassion et que la mémoire s’illumine avec la brillance et la fureur de l’éclair…

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… Le temps finit toujours par effacer les blessures. Le temps est une pluie patiente et jaune qui éteint doucement les feux les plus violents. Mais il est des brasiers qui brûlent sous la terre, des crevasses de la mémoire si sèches et profondes que jusqu’au déluge de la mort, ne suffirait pas, quelquefois, à les faire disparaître. On essaie de s’habituer à vivre avec ces plaies, on amasse silence et rouille sur le souvenir et quand on croit qu’on a tout oublié, il suffit d’une simple lettre, d’une photographie, pour faire éclater en mille fragments la dalle de glace de l’oubli…

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… Le temps passait avec tant de douceur, il glissait entre les maisons et les arbres si lent et si imperturbable, que je n’arrivais même pas à réaliser qu’il s’évaporait entre mes doigts comme un flacon d’alcool…

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… Le bois que j’avais préparé à cette fin était toujours humide, je l’avais pourtant coupé au printemps, avec la lune à son dernier quartier, pour que le vieux tilleul de l’école ne souffre pas et que son bois puisse résister très longtemps sous la terre. Le secret, je l’ai appris de mon père quand j’étais encore enfant. On ne le sait pas, mais un arbre est vivant, il perçoit les choses, il souffre et il se tord de douleur quand la hache entre dans ses chairs, formant stries et nœuds par lesquels pénètreront plus tard la moisissure et les vers qui finiront un jour par le pourrir. Mais avec la lune descendante, les arbres sont endormis et, comme un homme mourant soudain dans son sommeil, ils ne se rendent même pas compte qu’on est en train de les couper. Ainsi leur bois reste lisse, compact, impossible à pénétrer, capable de se maintenir des années sous terre.

J’ai toujours voulu mourir ainsi : comme un arbre assoupi, comme un tilleul envoûté, dans la paix de la nuit, par la lueur de la lune… »

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Extraits de : « La pluie jaune » 1985 Julio Llamazares.

« Illustrations : 1/« Paysage »  Charles Webster Hawthorne 1872-1930  2/« Lune au-dessus de la forêt »  Charles Warren Eaton 1857-1937.

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Traverser les nuits de la vie, avec confiance…

BVJ – Plumes d’Anges.

Des vies…

jeudi 6 octobre 2016

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« … Y en a pas beaucoup des occasions dans la vie où tu peux dire ce que tu penses et en plus, de le dire bien… De le dire avec des mots déjà trouvés… De te servir d’un personnage inventé par quelqu’un d’autre pour passer en contrebande des trucs que toi aussi, tu trouves précieux… De dire qui tu es… Ou qui tu voudrais être… Et de le dire mieux que tu ne pourrais jamais le faire si t’avais pas déjà sous la main des phrases déjà si belles…

Extrait de : Billie.

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… Tu sais, Mathilde, si tu tiens vraiment à quelque chose dans la vie, eh bien, fais ce qu’il faut pour ne pas le perdre…

Extrait de : Mathilde.

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… – Mais, Yann… Mon jeune ami… Bien-sûr que je la connaissais. Les gens qu’on aime, on ne les rencontre pas, voyons, on les reconnaît. Vous ignoriez cela ?… »

Extrait de : Yann.

Extraits de : « Des vies en mieux » 2016  Anna Gavalda.

Illustrations : 1/« Martin-pêcheur » Peintre anonyme – Collection William Farquhar XIXème 2/« Flore » (détail)  Francesco Melzi  1493-1570  3/« Junonia orithya » Planche 33 du volume 2 des « Papillons exotiques »  Jacob Hübner 1761-1826.

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Illustration 2 : le très beau tableau de F.Melzi dans ce billet —> Pourquoi pas

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Vivre et tendre à mieux vivre…

BVJ – Plumes d’Anges.

Sage opération…

vendredi 30 septembre 2016

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– Avant propos du livre

« Du grec anagramma, « renversement de lettres », l’anagramme est un mot formé à partir de lettres d’un autre mot, placées dans un ordre différent. Il n’est tenu compte ni des accents ni de la ponctuation. Cette opération malicieuse peut s’appliquer à tout type d’énoncé : nom, expression, phrase… C’est ainsi qu’on découvre des  pensées d’artistes dans la  tasse des peintres.

Tous les énoncés et les anagrammes sont signalés par des caractères gras…

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…  » Cueille le jour sans te soucier du lendemain« 

On le rencontre chez Horace, dans une ode adressée à une voyante ; on le trouve chez Ronsard, dans un sonnet dédié à une belle Hélène. Pourtant, c’est dans un quartier reculé d’Athènes, à l’époque hellénistique, que le Carpe diem a vu le jour. « Jouissons pleinement de l’instant, car le présent seul est le temps du pur bonheur d’exister. » L’homme qui rédige ces mots se nomme Épicure. Il a trente-cinq ans et vient de s’acheter un jardin pour un montant de quatre-vingts mines, une somme considérable – le prix d’une trirème avec son équipage. Il y « vit caché », selon son propre précepte. Existence simple et frugale. Végétalien, il s’accorde toutefois un morceau de fromage de temps en temps. Un verre de vin lui suffit. Peu s’en faut que ses hôtes ne vivent au pain et à l’eau ! La jouissance n’est pas affaire de quantité. Ainsi, dans l’enceinte du Jardin, les œuvres fleurissent, qui montrent la voie de la félicité.

Au seuil du Jardin,

une école, cent mille roses… »

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Extraits de : « Anagrammes pour lire dans les pensées » 2016 Raphaël Enthoven – Jacques Perry-Salkow  – dessins de Chen Jiang Hong.

Illustrations : 1/« Roses » Grace Jane Joel 1865-1924   2/« Jardin en mai »  Maria Oakey Dewing 1845-1927.

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Changer nos pensées et voir fleurir en nous des roses…

BVJ – Plumes d’Anges.

Coup de coeur…

lundi 26 septembre 2016

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 » On aurait dit le matin. Et on aurait dit le soleil. On aurait aussi dit que tous les lits étaient faits, les chaussures enfilées, les tabliers disparus, la rosée évaporée, toutes les fleurs de Liseron ouvertes. On aurait dit le silence et le désert.

Ce n’est qu’au dernier tintement de clochette de « Bonjour, Travail » que la fourmi ouvrit un oeil.

Et le referma aussitôt.

Elle replongea dans ce monde cotonneux et opaque où elle volait. Oui, elle volait, légère, sur une feuille de Tilleul parmi des immeubles rouge et miel… »

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– RENTRÉE LITTÉRAIRE 2016 –

« Derrière la brume »

Coup de cœur pour cette merveilleuse histoire

portée par de non moins merveilleuses illustrations !

Ramona Badescu et Amélie Jackowski

signent là, aux éditions Albin Michel, un très bel album cartonné,

un livre tendre et généreux,

destiné aux jeunes lecteurs.

On y parle de prêter attention à l’autre,

de l’accompagner, d’entendre sa souffrance,

de déculpabiliser,

mais aussi de savoir s’écouter…

Aminautes qui avez autour de vous, enfants ou petits-enfants,

partez à sa découverte, laissez-vous happer,

c’est du bonheur !

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Extrait de : « Derrière la brume » 2016  Ramona Badescu et Amélie Jackowski.

Le livre entre les jolies mains de Louba… Illustrations de couverture.

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Partager les belles valeurs avec les enfants…

BVJ – Plumes d’Anges.

La joie d’être…

lundi 19 septembre 2016

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« … J’aime la tendresse de la terre sous mes genoux et j’aime aussi quand je la prends dans mes mains, quand elle glisse entre mes doigts. C’est comme une pluie, la pluie la plus douce qui soit. J’aime le miracle de ce silence qui éteint le tumulte de la cour. Et dans le ciel cet avion qui laisse une trace blanche ; il ne manque rien. Oh, je sais, il y a bien ces barbelés, il y a bien ces miradors mais je m’y suis fait. Ces barbelés, je peux les regarder longtemps, la tête renversée, je contemple ces formes enlacées et alors ce ne sont plus des barbelés : ce sont des corps qui font l’amour, c’est le croquis d’un peintre ou autre chose encore. Le surveillant aussi, là-haut, perché sur son mirador, il suffit d’un peu d’attention et c’est lui le prisonnier, c’est lui le chien exilé dans le ciel.

Ma parcelle dans le potager, j’ai mis des mois à l’obtenir. Des mois de bonne conduite pour avoir le droit de planter ds tomates et des courgettes, des poivrons et des oignons, des salades, des potirons. Ce que j’aime par-dessus tout, ce sont les potirons et les tomates, je ne sais pas pourquoi, peut-être pour leur couleur, ou pour leur démesure, surtout celle des potirons lorsqu’ils se mettent à enfler. J’en prends un énorme à pleines mains, je le soutiens et j’ai l’impression de sentir la force sous l’écorce, la vie qui pousse et qui réclame, éclate la carapace. Je réajuste la tige contre le tuteur, je resserre un peu le lien et je sais que ça suffit : il ne lui en faut pas plus pour cesser de ployer et croître de nouveau. Il fait beau, si beau, j’aime cet orange, ce rouge, ce vert, cette lumière qui traverse les feuilles et je suis dans les îles, là où le rhum permet de supporter la chaleur et de voir briller des serpents à la surface de l’eau, je suis partout où les grillons chantent leur bonheur d’être au monde, je suis allongé dans le sable, les bras en croix, partout où souffle le vent tiède…

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… Il ne comprend pas qu’ici, les déceptions n’ont pas le même poids : ici, on peut mourir d’espérer. Je lui dis que c’est le réel qui compte, c’est lui et lui seul qui peut nous rendre heureux. Mais je vois qu’il n’entend rien. Il a les yeux baissés. Dans un murmure, il dit qu’il me plaint. Alors je lui ordonne de bien m’écouter et je lui dis de me regarder. Je lui dis que ma sortie, je n’y pense jamais. Jamais. Je lui dis que j’ai cette vie-là à aimer et que c’est bien assez. Je lui dis que je ne veux pas de son espoir parce que l’espoir est un poison : un poison qui nous enlève la force d’aimer ce qui est là…

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… Un mot revient souvent dans la bouche du médecin, le mot comportement. (..) Il me dit qu’il veut comprendre ce que je ressens. Il me demande si je peux nommer ce sentiment, si je peux mettre un mot sur ce dont j’ai parlé, cette chose qui monte dans le ventre et même dans la gorge et qui parfois surgit quand je ne m’y attends pas. Je crois que c’est de la joie. C’est le mot qui me vient. Ses mains sont jointes devant lui et sa tête penchée. Il me fixe toujours. Je ne sais pas s’il pense à autre chose ou s’il est concentré et puis c’est comme un cri du cœur : « Mais… il n’y a pas de raison ! »… »

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Extraits de : « La joie » 2014  Charles Pépin.

Illustrations : 1/ et 2/ « Le jardinier potager »  Giuseppe Arcimboldo 1527-1593.

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Sublimer notre quotidien…

BVJ – Plumes d’Anges.

Instant paisible…

jeudi 15 septembre 2016

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Quand elle s’est faite attendre,

quand elle sait rester fine,

quand sa musique douce chante délicieusement,

quand la terre desséchée étanche enfin sa soif…

Consciente de ma chance, bien à l’abri, dans la maison,

je lis avec amour ces vers de R.M.Rilke

et envoie vers ceux qui souffrent de trop d’eau,

d’apaisantes vibrations…

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« Vois-tu venir sur le chemin, la lente, l’heureuse

celle que l’on envie, la promeneuse ?

Au tournant de la route il faudrait qu’elle soit

saluée par de beaux messieurs d’autrefois.


Sous son ombrelle, avec une grâce passive,

elle exploite la tendre alternative :

s’effaçant un instant à la trop brusque lumière,

elle ramène l’ombre dont elle s’éclaire. »

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Extrait de : « La passante d’été  (Vergers) »  Rainer Maria Rilke 1875-1926.

Illustrations : 1/« Pins près de la mer » 2/« Pluie »  Bertha B.Lum 1869-1854.

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Partager sa paix intérieure…

BVJ – Plumes d’Anges.

Plume légère…

lundi 12 septembre 2016

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« … D’abord, il verse l’eau dans le creux de la pierre à encre, puis frotte lentement le bâton en mouvements circulaires contre la paroi. Ensuite, il saisit le pinceau entre ses doigts, le dispose à la verticale et, d’un geste ferme, applique la pointe sur le papier. Il laisse alors glisser sa main avec légèreté, avant de terminer le geste en diminuant la pression peu à peu.

Un seul mouvement suffit. Et la calligraphie apparaît, comme un vertige, sous la main du maître…

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… Chaque matin, Maître Kuro sort dans le jardin. Nourrit les carpes. S’occupe de la taille des végétaux. Respire le parfum des fleurs. Et ratisse inlassablement le champ de gravier blanc.

À chaque jour, un nouveau paysage.

C’est là son seul luxe. Qu’il préfère nommer plaisir…

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… Être attentif à une branche prise dans le vent du matin. Observer le mouvement de la brume et des nuages. Vivre les lieux. Respirer les parfums de la nature. Saisir l’instant.

Puis s’enfermer dans son atelier. Et reproduire en un trait unique les nuances de la réalité.

Travail solitaire.

Souffle divin.

Comme tous les artistes sur cette terre, changer le monde de façon invisible.

Et cependant évidente…

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… L’existence de Maître Kuro pourrait continuer ainsi indéfiniment, dans un calme et une sérénité qu’on qualifierait aisément de zen. Mais l’équilibre d’une vie peut à tout moment être balayé par l’imprévu…

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… – Quel nom avez-vous choisi de donner à votre pinceau ? (…)

Yuna réfléchit. Petit à petit elle comprend ce qu’est le zen dans la voie de l’écriture. Un style inspiré de l’instant, une esthétique où l’ombre prime sur la lumière. Où il est nécessaire d’observer une concentration extrême pour libérer l’énergie et la faire converger vers la pointe du pinceau.

Unité et beauté.

Art semé de mystères.

– Le mien se nommera « Plume légère »…

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… – Ce qu’il vous faut voir, c’est ce qui se trouve déjà sur la feuille devant vous, et qui pourtant ne se voit pas.

À ces mots, la jeune femme a une révélation. Le nœud qui était en elle se relâche soudain et son esprit s’ouvre comme une fleur dans la lumière du jour… »

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Extraits de : « Zen » 2015  Maxence Fermine.

Illustrations : 1/« Bai-kei » encre sur papier Shuho Myocho (Daitō Kokushi)  1282-1337 2/ Sceau japonais.

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S’ouvrir au souffle précieux de notre vie…

BVJ – Plumes d’Anges.