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« … la pivoine : jour après jour, elle nous étonne et nous émerveille par son épanouissement insolent. À un moment donné, nous croyons que le point culminant est atteint. Et bien non. Le lendemain et les jours suivants, encore et encore, quelque chose au cœur du calice continue à jaillir, telle une fontaine inépuisable, faisant frémir les pétales, déborder la coupe déjà trop pleine. Rilke, dans un des sonnets à Orphée, a écrit que lorsque la fleur s’apprête à s’ouvrir, c’est avec une telle volonté que, malgré son apparente fragilité, aucune force extérieure ne pourra l’en détourner. L’éclosion d’une fleur a beau être éphémère, elle est triomphante, comme si de toute éternité son irrépressible attention était enracinée dans la terre, comme si la terre ne pouvait pas ne pas donner une pivoine ou une rose, comme si la beauté d’une rose était suffisante pour justifier l’aventure de la Vie…
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… Entre source et nuage demeure cet espace intermédiaire où vivent les hommes, où se joue leur destin. Conscients de leur condition de mortel, ils sont aux prises avec le drame du temps irréversible.
En Chine certains sages ou poètes tels que Wang Wei tentent d’éclairer ce mystère, en partant du couple source-nuage. Dans presque toutes les cultures, le fleuve qui suit son cours symbolise le temps qui s’écoule sans retour. Les eaux du fleuve paraissent s’en aller en ligne droite, en pure perte.
En réalité, au fur et à mesure de leur écoulement, certaines eaux s’évaporent vers la hauteur, se transformant en nuages, et plus tard retombent en pluie pour réalimenter le fleuve à sa source. Entre ciel et terre s’établit alors cette miraculeuse circulation qui assure la marche réelle de la vie. Il en va de même pour ce qui est du temps. À l’image du fleuve, l’irréversibilité n’est pas la nature profonde du temps, qui lui se régénère. La reprise n’est pas la répétition : elle est voie ouverte à des transformations qualitatives… »
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Extrait de : « Et le souffle devient signe » 2001 François Cheng.
Illustrations livresques : 1/ »Pivoine à odeur de rose » Planche botanique extraite de « Les fleurs du jardin » Jules Eudes 1856-1938 2/« Etude comparative des principales cascades, iles, rivières, montagnes de l‘hémisphère occidental » Planche extraite de l’« Atlas de Tallis » John Rapkin 1815-1876.
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Se laisser transformer au fil des pages du livre de la vie…
BVJ – Plumes d’Anges.
Merveille de la puissance indéfinie du Pneuma … Bises et belle semaine, chère Brigitte
Chacun de tes billets est chaque jour ma méditation, ma prière.
Entre source et nuage, tu nous parles tous les jours du chemin de chacun.
c’est si précieux.
Merci Brigitte, je t’embrasse.
Dieu, que les choses sont magnifiquement faites ! Je suis admirative. Belle journée Brigitte. Amitiés. Joëlle
je ne sais pas ce que je préfère : le texte ou ce magnifique Atlas quelle merveille
J’ai toujours pensé qu’il n’y avait jamais de fin , seulement des transformations! Bonne semaine Brigitte.
La circulation, le flux et le reflux, l’éclosion, tout cela nous fait grandir dans la gratitude envers la vie. Merveilleux printemps qui nous ramène à ces profondeurs et à ses élans ! Bises Brigitte.
Vous citez François Cheng, dont je découvre l’univers si magnifique.
Merci. Bonne journée.
En est-ce ainsi pour les larmes qui montent aux yeux puis redescendent en coulant sur les joues ? 😉
Comme toujours, de belles réflexions à vivre.