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« … Il n’est pas bien difficile de comprendre pourquoi les habitants de Monterchi sont aussi attachés à cette image. Elle est née là, fresque peinte sur le mur d’une petite chapelle qui marquait la limite entre la Toscane et l’État de l’Église ; puis la chapelle fut englobée dans le cimetière ; en 1911, on détacha la fresque du mur pour qu’elle échappe à l’effondrement de la construction et on la transporta à Sansepolcro en 1917, où elle demeura dans le musée communal jusqu’en 1925, date à laquelle, une fois encadrée, on la rapporta à son ancien emplacement. C’est donc pour les habitants de Monterchi, une Vierge familière, une Vierge née dans le village : Piero della Francesca venait de Sansepolcro mais on dit que sa mère était originaire de Monterchi ; quand il peignit cette fresque, il voulut peut-être honorer la mémoire de sa mère et , dans ce portrait, il se la représenta en pensée telle qu’elle devait être quand elle était jeune et qu’elle était enceinte de lui.
Le décor entourant la vierge est de style traditionnel. Deux anges, placés symétriquement aux deux angles inférieurs de la peinture, soulèvent, chacun de son côté, les lourdes tentures d’un pavillon royal, de forme conique comme la tente de la célèbre fresque du Songe de Constantin…
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… Mais le mystère que dévoile ces deux anges n’a rien de royal ni de divin. C’est là la nouveauté sublime de cette révélation : le mystère en question est tout entier humain et terrestre. l’intérieur du pavillon fourré d’hermine se trouve une femme de cette terre, de ce peuple, vêtue modestement, sans manteau royal ni riches vêtements, sans aucun ornement symbolique visant à la faire paraître différente des autres femmes : c’est une fille du peuple qui se montre à la porte de sa maison. Mais la jeune femme est enceinte et dans la simplicité pensive de son attitude, elle ne cherche pas à dissimuler les signes visibles de son état, au contraire elle s’en glorifie presque en elle-même : tel est le miracle que révèlent les anges… »
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Merveilleux petit livre et sublime fresque !
Piero Calamandrei, juriste, auteur, professeur, recteur d’université et photographe à ses heures se promène avec des amis dans les villages de Toscane et d’Italie centrale. Ils visitent en ce printemps de 1938 le Monastère de Camaldoli, quand l’un de ses amis propose d’aller jusqu’à Monterchi pour « faire la connaissance » de la Madonna del Parto.
À cette époque elle se trouvait dans une chapelle « enfermée dans le cimetière ». Puis la guerre arrivant, elle fut miraculeusement épargnée lors des destructions d’œuvres d’art par les allemands et les gouvernants fascistes (qui dictaient ordres et contre-ordres pour mettre à l’abri les trésors italiens). Elle fut aussi protégée par les femmes du village auxquelles s’associèrent de nombreux hommes…
Je vous laisse découvrir ce très beau texte admirablement illustré dans lequel on perçoit l’émotion de l’auteur face à cette découverte, son imagination vagabonde vers d’autres œuvres, il nous parle d’art et de beauté…
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Je viens de faire ce voyage – énergisant – et j’ai pu admirer la Madonna del Parto.
Cette vision est magique, tout est délicieusement simple et infiniment merveilleux dans cette représentation. La Madonna est plongée dans son intériorité, elle vit l’attente et le mystère, son regard presque mélancolique invite à se porter sur l’essentiel, les teintes de l’œuvre restaurée (en 1990) sont douces, plus douces que celles employées par l’artiste à Arezzo.
La seule petite ombre au tableau serait l’écrin qui abrite la fresque, c’est l’ancienne école du village dont l’intérieur a la froideur d’un crématorium, mais ceci n’est qu’un détail…
Dominique en avait parlé –> LÀ
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Extraits de : « Rencontre avec Piero della Francesca » Piero Calamendrei 1889-1956.
Photos BVJ.
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Partir à la rencontre du beau, du simple, du vrai…
BVJ – Plumes d’Anges.
Bonjour Brigitte, je me souviens bien du billet de Dominique, le tien complète fort bien le sien.
Quelle chance tu as eue de voir cette merveille, simple et si humaine, tes photos le montrent si bien.
Merci pour tout, la dernière est superbe aussi.
Bonne soirée, un beso
J’aime bien ce que je viens de lire au sujet de ce tableau que je ne connaissais pas. Peut-être que, seule, je serais passé à côté sans voir la beauté. Il y a à la fois la peinture et son auteur, puis l’homme qui s’émerveille et commente et enfin toi qui a vu et admiré. Cela forme un trio bien réjouissant. Merci.
Merci, chères Brigitte, Marie et Dominique, vos impressions
raniment toutes nos émotions devant « la Madonna » singulière
de Monterchi !
Le lieu sur les marches de l’Ombrie, le village perché,
la campagne si douce, un miracle comme savent offrir
nos cousins italiens aux étrangers amoureux de leur « Renaissance »
éternellement vivante !
Le tableau figurera-t-il dans le livre-événement qui s’apprête
à déferler sur nos étals : « Les yeux de Mona »
s’ouvriront-ils devant les trois Grâces ici magnifiées ?
Mon petit doigt me dit que nous en reparlerons prochainement…
Que c’est beau ! j’ai bien en tête le billet récent de Dominique, quelle chance d’avoir pu faire le voyage et admirer cette fresque magnifique de simplicité. Bonne semaine Brigitte.
Un voyage qui fait rêver, heureuse que ce rêve se soit réalisé pour toi. Merci pour le partage.
ce fut certainement une belle rencontre merci de partager, un artiste majeur, cette oeuvre est un moment dans l’évolution des arts…
Sais tu ce que c’est que l’envie ? c’est ce que j’éprouve en te lisant 🙂
Quel bonheur pour toi, ce tableau est magnifique et quant aux environs ….
ce petit livre m’a enthousiasmé, comme quoi il n’est souvent pas besoin d’écrire des pavés pour donner du bonheur
merci pour ton petit clin d’oeil
quelle chance de faire ce voyage culturel. Merci pour ce partage
bonne semaine Brigitte
Chaque coin de ce monde, le plus reculé, recèle des trésors infinis.
Et tu nous en fais découvrir un superbe.
Merci ma Plume
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Ah ! mais je vois que la Madonna del Parto est ici aussi grâce à ce si joli livre de Calamandieri ! J’ai moi-même fait cette visite à cette fresque si intense ; au moment où je suis passée, le village de Monterchi était entouré de champs de soleils. Et j’y retournerai.
Encore une belle et émouvante découverte ! merci Brigitte et belle semaine à toi
J’ai vu il y a très peu de temps cette représentation de cette superbe vierge chez Dominique. Quelle chance que tu aies pu faire le voyage…comme je comprends ton bonheur ! Qu’importe la froideur de l’ancienne école, elle est magnifique et j’ai noté ce petit livre pour tenter de le découvrir. Les extraits sont superbes ! Merci
Je suis allée à Arezzo, (près de chez une amie avec qui je pars bientôt en Inde) mais je n’ai pas vu cette Madonna exquises, toute dans l’attente; il y a en Italie tant de merveilles…J’étais en septembre dernier, dans les Pouilles, et parfois, encore l’écrin est moyen, mais le chef d’œuvre conservé à l’intérieur superbe…Du coup, je vais regarder dans mes Palettes, le Piero della Francesca, voir de quelle oeuvre il parle( j’adore ces émissions, qu’on ne trouve plus sur Arte, ce serait « élitiste »!)
En matière d’art (mais rien à voir avec cell- ci) j’ai lu récemment La collection disparue de Pauline de Baer de Pérignon, je te conseille ce petit livre qui se lit comme un thriller, qui est l’histoire vraie d’un collectionneur (la plus grande collection de sisley…) Chez toi, on s’attarde, mais on y prend plaisir visiblement! Bises…..
Je ne connaissais pas cette statue de la vierge. Son regard, tourné vers le sol, m’intrigue: tristesse, mélanacolie, recul?
Une image pleine d’émotion…
Attente d’une naissance, de l’inconnu
Quelle chance d’avoir pu faire ce merveilleux voyage culturel !
Du bonheur et de l’émotion devant tant de beauté
Bises Brigitte et bon mercredi
Belle découverte pour un voyage qui nous fait rêver.
Agréable week-end Brigitte
Heureuse que tu aies pu voir cette merveille !
Elle nous avait impressionnés dans son écrin tellement simple. Mais c’est souvent ainsi en Italie.
Belle et douce journée Brigitte !